Tonino Benacquista - Romanesque

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Romanesque: краткое содержание, описание и аннотация

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Un couple de Français en cavale à travers les États-Unis se rend dans un théâtre, au risque de se faire arrêter, pour y voir jouer un classique :
. La pièce raconte comment, au Moyen Âge, un braconnier et une glaneuse éperdument amoureux refusent de se soumettre aux lois de la communauté.
Malgré les mille ans qui les séparent, les amants, sur scène comme dans la réalité, finissent par se confondre. Ils devront affronter tous les périls, traverser les continents et les siècles pour vivre enfin leur passion au grand jour.
Tonino Benacquista livre ici un roman d’aventures haletant et drôle qui interroge la manière dont se transmettent les légendes : l’essence même du romanesque.

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Les époux se présentèrent, sans le moindre sou, sans une once de farine ni rien qu’on pût saisir. Cependant le couple insolvable constituait un cas d’espèce, n’étant ni concerné par les taxes fixes des cultivateurs, ni redevable de loyers ou de prélèvements sur la récolte obtenue. Ils n’utilisaient ni les moulins, ni les fours et pressoirs mis à disposition par le seigneur. Nul droit d’afforage à payer puisqu’ils ne mettaient aucun tonneau en perce. Profitant des produits de la nature, ils étaient néanmoins assujettis à l’impôt de terrage, dont on pouvait s’acquitter par des corvées au service du maître du fief.

On leur fixa soixante jours de servage durant lesquels ils prirent le chemin du château, pour réapparaître le soir, fourbus et sales. Pendant qu’elle aidait aux récoltes ainsi qu’à l’office, lui était assigné au nettoyage des fosses ou rabattait le gibier quand le seigneur était d’humeur chasseresse. Et plus les jours passaient, moins cette astreinte leur semblait pénible. En côtoyant les nantis, vêtus de soieries et nourris grassement, ils louaient leur propre ascèse comme un bien unique que les puissants n’auraient jamais assez d’or pour s’offrir. En les voyant tromper leur ennui, avides de festivités, étourdis de musique et de danse, ils les plaignaient d’être si las, si oublieux d’être bien nés, si nostalgiques de ce qu’ils auraient pu devenir, si déçus de ne plus en avoir la force.

*

Peut-être, le temps aidant, les villageois auraient-ils été capables d’oubli si cette demeure n’avait suscité la curiosité des contrées voisines — comment aurait-il pu en être autrement puisqu’ils avaient eux-mêmes répandu tant de mauvaise publicité. Existaient-ils vraiment, ces reclus volontaires, ces subversifs pacifiques, ces impies en règle avec l’Église, ces rebelles qui payaient l’impôt, ces promeneurs de la nuit, ces indolents du jour ? Les plus insistants visiteurs, se jurant bien de percer ce mystère, étaient les médecins.

À les en croire, l’obstination de ces jeunes gens à vouloir vivre selon leurs propres lois n’était pas le signe d’un caprice mais d’une déficience du cerveau ou d’une malfaçon de l’anatomie — combien de bizarreries dues à une indisposition de l’organisme ? Oisiveté et refus de tout commerce avec autrui étaient sans doute la conséquence d’une sévère mélancolie, qui elle-même découlait d’une anomalie du cœur, des tripes ou de la rate, rien que l’on ne puisse guérir avec des potions et des onguents. Quoi d’étonnant à ce que cet homme et cette femme se soient ensemble détachés du monde comme des compagnons d’infortune frappés par le même mal ? N’était-il pas d’usage de voir des lépreux cheminer à deux sur le chemin de la souffrance afin de partager leur détresse ?

Un petit symposium d’hommes en noir exigea des amants qu’ils se prêtent à un examen au nom de la science et de tous les malades à venir qui subiraient les mêmes tourments. En cette époque d’épidémies, de morts inexpliquées, de douleurs inouïes, le grand livre de la médecine ne cessait de s’écrire mais laissait encore tant de pages blanches.

On les ausculta, on souleva leurs paupières, on leur imposa des génuflexions et des toussotements, on leur posa cent questions des plus anodines aux plus intimes. Seul un mal pernicieux pouvait se dissimuler derrière l’œil frais, la peau claire, le souffle puissant, les muscles vigoureux, et surtout, le terrible rayonnement intérieur qu’on lisait sur leur visage. Chacun des médecins voyant là l’opportunité de dépister un mal inconnu, et de se distinguer ainsi auprès de ses pairs, défendit son diagnostic avec fermeté. Il fut question d’une fièvre de la bile qui ronge la volonté, d’un abcès du cerveau qui crée la léthargie, d’une vérole inédite qui échauffe les passions, d’un organe corrompu qui favorise l’invasion des sens, d’une humeur chaude qui bloque les voies de la raison, d’une glande sans nom qui sécrète la langueur, d’une nouvelle gale qui prête à la démence. Une seule page du grand livre de la médecine à remplir, c’était bien peu pour tant de praticiens. Qui un à un se plaignirent d’aigreur et de remontées de fiel.

Les souffrants, eux, s’étaient retirés devant leur âtre. La médecine n’était pas la science qui les préoccupait cette nuit-là, car leur moine instructeur, devenu avec le temps un complice, leur avait confié — petit trésor nullement censé quitter l’enceinte du cloître — un traité d’astronomie aux nombreuses enluminures, qui décrivait avec précision la sphère céleste dans une langue riche en allégories. Devant le livre ouvert, les amants philosophaient à leur façon sur l’infinité de l’univers ; en des termes naïfs ils tentaient de cerner le sens de la vie terrestre mais, faute d’aboutir à des conclusions pertinentes, ils se contentèrent de mesurer leur chance de vivre cette aventure-là.

Au-dehors, les docteurs étaient tombés d’accord sur un point : il fallait d’urgence écorcher ces deux spécimens afin de savoir comment ils étaient faits à l’intérieur. En attendant de revenir avec les instruments adéquats, ils allaient alerter les populations sur les risques de contagion pour qui s’approcherait des pestiférés.

*

L’ire de la gent médicale propagea plus de curiosité encore, notamment chez les poètes, qui se sentirent investis d’une mission. Chargés de chanter la geste d’un valeureux chevalier, de distraire les têtes couronnées, d’instruire le bon peuple par des fables, leur exercice consistait à traduire les émotions humaines à l’humain lui-même, trop affligé de servitudes pour percevoir ces choses de l’âme. Visités par les muses, dotés de manières gracieuses, tournant le verbe avec élégance, ils se devaient de rendre lisibles les mœurs de leur prochain, là où les philosophes et les scientifiques, trop encombrés de raison, vidaient les passions de leur substance sublime. Réunis une nuit autour de la maison silencieuse, les ménestrels, troubadours et baladins se tinrent prêts à transcrire, la flûte ou la vielle à la main, un message inaudible pour les êtres ordinaires.

Devant un tel parterre de talents, les amants saisirent cette chance inouïe d’assister à un concert d’exception. L’heure de la sérénade étant déjà loin, s’annonçait celle de l’aubade, occasion unique de réveiller en musique les paysans à l’heure cruelle. Messieurs, exaltez nos cœurs de vos notes, bouleversez-nous de vos chants, nous autres en sommes dignes autant que le roi de France.

Mis en demeure d’émouvoir, les artistes se sentirent soudain dépossédés de toute inspiration. Mais la vraie raison de leur vexation était bien plus profonde : l’histoire des amants insolents n’avait nul besoin de leurs vers pour être embellie. Elle se passait de leur approbation et de leur posture lyrique.

Défiant alors les muses qui les avaient abandonnés, ils composèrent des poèmes vengeurs qui bafouaient leur vocation à célébrer le beau et le juste. Ils chantèrent l’horreur du printemps, la mesquinerie du soleil, la stupidité des étoiles, l’insignifiance du ciel, la médiocrité de la nature, la perversité de la biche et la fourberie de son faon. Et ils consacreraient le reste de leur carrière à chanter la ballade désastreuse des deux rustres qui une nuit durant avaient fait taire les bardes.

*

S’estimant les seuls à pouvoir déchiffrer le phénomène, les spécialistes de l’occulte se donnèrent rendez-vous là. Les cassandres côtoyaient les cabalistes, les magiciens les devins, les extralucides les nécromanciens, il en arrivait toujours plus, le grimoire ou l’amulette à la main. Mais aucun ne parvint, quelle que fût sa mystique et malgré ses incantations, à faire sortir les reclus de leur refuge.

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