Frédéric Dard - À San Pedro ou ailleurs…

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À San Pedro ou ailleurs…: краткое содержание, описание и аннотация

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VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
IL y a des gens bizarres dans les bars, la nuit…
Des hommes et des femmes accrochés à la rampe du comptoir pour « laisser souffler » leur destin.
Des hommes, des femmes qui se regardent, qui se sourient… se disent quelques mots, n'importe lesquels :
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?
Et puis ils repartent dans la nuit, à la recherche d'un impossible bonheur, à la recherche d'eux-mêmes.
Ils s'en ont plus loin.
A San Pedro…
Ou ailleurs.
VOUS CROYEZ QUE LES MOUCHES AIMENT LE WHISKY ?

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Oui : l’enterrement de Maman…

J’occupais la couchette supérieure et la dépouille de notre amour gisait au-dessous de moi. Un train qui puait la vieille ferraille et le drap imprégné de fumée (bien que la ligne fût depuis longtemps électrifiée) ballottait son cadavre et mon désespoir, comme le corbillard ballottait le cadavre de ma mère et mon désespoir, quelques années auparavant.

Lors du sinistre trajet dans le fourgon funéraire, j’essayais de nous concevoir vus de l’extérieur. Je me rappelais des convois identiques, aperçus à un croisement de route. On avait tout juste le temps de découvrir une rangée de gens en noir, blafards, qui, malgré leur prostration chagrine, s’intéressaient malgré tout au mouvement ambiant. Ils regardaient la circulation, de leurs yeux rougis et l’on sentait que, déjà, la vie les avait repris en main, qu’ils commençaient à oublier celui ou celle qu’ils accompagnaient…

— Tu ne dors pas ?

Ceux qui m’apercevaient, depuis le trottoir, devaient ressentir la même impression. Les hommes se découvraient. Pourquoi salue-t-on les morts ? Qu’en ont-ils à fiche du salut, ou de l’adieu des vivants ?

— Hein, dis-moi, Jean, tu dors ?

— Comment veux-tu que je dorme…

— Je t’aime, tu sais !

Je répondis « Je sais ». Et c’était vrai : je savais que Danièle m’aimait, et qu’elle souffrait probablement autant que moi. Ma peine me purifiait. J’éprouvais enfin un chagrin dépouillé, authentique, sans arrière-pensées.

Le train s’arrêtait dans des gares quasi désertes. On entendait des grincements de chariots, des appels réverbérés par la sonorité creuse des marquises. Le convoi piaffait. Des heurts l’ébranlaient. Il reculait, avançait, reculait encore comme un cheval attelé, puis reprenait sa course dans une nuit que je savais brumeuse.

Dans le corbillard de maman, à quoi songeais-je, au juste ? À elle, naturellement, qu’on ramenait dans son village natal. Les gens de là-bas l’appelaient par son diminutif de petite fille : Didi . Pour eux, elle était restée toute sa vie la Didi Charron. Je pensais : « La Didi Charron rentre chez elle, après existence faite. » Beaucoup de travail et de noble amour… Mais je songeais à moi, aussi, à moi qui, en passant la grille du cimetière de campagne, allais replonger dans la vie. J’avais peur de ce qui allait suivre. Je sentais qu’une fois la Didi sous terre rien ne serait plus pareil, jamais.

On meurt par à-coups, comme on change de classe au lycée. Lorsque j’aurais quitté Danièle, je me trouverais à peu près en seconde. Mon départ de la maison avait également constitué un passage dans la classe supérieure. Que me resterait-il à franchir encore, comme épreuves ? L’instant où dans un lit d’hôpital ou les décombres d’un quelconque véhicule je comprendrais que ma fin est imminente ?

— Tu pleures ? demanda-t-elle en m’entendant renifler.

— Non. Je n’en ai pas envie.

Qu’allais-je faire ? Mon Dieu, qu’allais-je faire ? Où irais-je ? Qui verrais-je ?

Comme si elle suivait le cheminement de ma pensée, Danièle murmura :

— Que vas-tu faire ?

— Je ne sais pas encore.

— Tu as bien une idée ?

— L’idéal, ce serait de t’oublier. Mais c’est une tâche au-dessus de mes moyens.

— Je voudrais que tu travailles beaucoup.

— J’ai l’impression d’avoir oublié jusqu’à l’alphabet.

— Il faudra t’y mettre. Écrire ta pièce de théâtre. Des livres…

— J’essaierai, promis-je loyalement. Mais je vais déménager.

— Où iras-tu ?

— Je pense que je réaliserai mon rêve : loger dans un petit hôtel pouilleux de Levallois ou d’Asnières.

— Quelle idée !

— Une chambre quasi monacale, avec du vilain papier jaune aux murs, des meubles de bois blanc, un plancher qui se gondole, un lavabo jauni comme la denture d’un vieux cheval. Le robinet fuit… On est obligé de placer une éponge à l’endroit où il goutte, la nuit, pour ne plus l’entendre… Oui, peut-être que dans un endroit très médiocre je parviendrai à écrire…

— Pourquoi ?

Je me le demandais aussi. Peut-être par nostalgie de mon enfance pauvre ?

— En bas, il y aura un café-restaurant en guise de réception. Ma clé sera accrochée à un clou dans le couloir et j’aurai ma serviette dans un casier. Je boufferai des harengs-pomme à l’huile et des steaks-frites toutes minces…

« Ah ! je vais en faire des économies ! Avec le fric que j’ai en banque, j’aurai de quoi vivre là des années sans travailler.

« Je b… la bonniche. Une petite loucheuse, je la vois d’ici. Je boirai l’apéritif en compagnie du patron et, le soir, je ferai la belotte avec les habitués.

— Comme dans les films de René Clair ou de Carné, murmura-t-elle.

À sa voix, je compris qu’elle ne me croyait pas.

— Tu penses que je ne le ferai pas, Danièle ?

— Mais si, tu le feras.

— Mais pas longtemps, hein ?

— Jusqu’à ce que France-soir ou Paris-Match passe un reportage sur ta nouvelle manière de vivre. Jean Debise, trente millions d’anciens francs par film, a choisi de vivre chichement dans un bistrot de banlieue ! récita-t-elle. Ensuite, tu partiras en croisière, et tu retiendras l’appartement de luxe du Pasteur ou du France . À ton retour, tu prendras un studio à Passy ou un duplex dans l’Île-Saint-Louis.

— En somme, tu me méprises ? laissai-je tomber de mes hauteurs cahotantes.

— Non, Jean, mais je commence à bien te connaître. La gloire t’a transformé, sans que tu y prennes garde. Elle est devenue ton opium. Tu ne peux plus t’en passer. J’ai compris cela tout à l’heure, quand je t’ai suggéré de faire publier un démenti et que tu as refusé pour ne pas indisposer tes copains de la presse. Maintenant, tout ce que tu fais, tu le fais comme si les caméras de Gaumont-Actualités étaient braquées sur toi.

— Tu as raison, admis-je. Mais cela me passera, je te promets.

— La gloire se sera déshabituée de toi, avant que tu ne te sois déshabitué d’elle.

Le train hulula et s’engouffra sous un tunnel.

*

À six heures du matin, la gare de Lyon n’est belle que si l’on prend le train. Elle est effroyable lorsqu’on y débarque.

En posant le pied sur le quai, je me mis à claquer des dents. Un vieux porteur puant déjà le vin rouge achemina nos bagages vers la sortie morose où des gens mal réveillés attendaient dans la pénombre de l’aube d’autres gens encore endormis.

Il pleuvait. Tout était gris : les maisons et les visages. Le ciel aussi, d’où tombait une pluie imbécile.

— Vous voulez un taxi ?

— Oui.

« Mais pour aller où ? » me dis-je.

Pendant que le bonhomme en blouse bleue se hâtait vers la gauche de la gare, je regardai Danièle. Ma compagne était pâle et mal fagotée dans un manteau droit à col de fourrure. Elle paraissait relever de maladie.

— Je suis laide ? demanda-t-elle.

— On n’est pas très frais, convins-je. Ces trains de nuit, c’est mortel…Nous allons à mon hôtel, n’est-ce pas ?

Ma dernière chance. Le luxe du George V . Un bain mousseux. Un déjeuner confortable… Peut-être un revirement s’opérait-il en elle ? Je ne savais pas pourquoi mais je sentais la chose possible.

— Non ! Je veux rentrer…

Encore ce mot ! Le plus impitoyable de tous ceux qu’elle avait prononcés. Elle « rentrait ». Sous entendu, notre départ de San Pedro n’était qu’un petit voyage ! Elle avait choisi, pour revenir d’Afrique, le chemin des écoliers.

Un taxi se rangea devant nous, ayant le vieux porteur à son bord. On chargea nos bagages.

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