Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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XV

Toujours ces feuilles. Je finis par les reconnaître rien qu’en marchant dessus, sans les voir. Celles du chêne, qui font des résilles, celles du peuplier et du bouleau, plates et vite consumées, ne sont pas trop à craindre. Mais celles du marronnier, recroquevillées sur leurs nervures, celles du platane, qui pourrissent si mal et demeurent longtemps craquantes, vous rendent aussi discret que si tous vos boutons étaient remplacés par des grelots.

Toujours cette brume de terre, si différente du vrai brouillard qui tombe d’en haut et s’étale partout uniformément. Toujours cette brume, épaisse comme purée en certains endroits, légère comme tulle un peu plus loin, inexistante ailleurs ou déchiquetée par des jeux flous, de molles fantaisies, transformée en colonnes torses, en haillons pour fantômes, en petits tas d’ouate. Allez donc reconnaître quelqu’un, allez donc seulement vous aviser de sa présence, quand tout cela bouge, se déchire, étire de longues ombres blanches, quand une demi-lune noyée dans son triple halo se charge de parfaire la confusion en allongeant au sol de longues ombres noires !

Et toujours ce silence, toujours cette cadence, depuis que nous avons quitté la maison. Est-ce ma faute si Troche est arrivé, vers sept heures, en pleine scène de ménage, au moment où mon père, giflé à la volée, marchait sur ma mère et, sans un mot, sans un geste, sous la seule pression de son regard, la forçait à reculer jusqu’au mur ? Est-ce ma faute si ce pauvre Lucien, plein de bonnes intentions, mais gaffeur comme pas un, n’a pas su retenir sa langue et a osé lui dire dans la courette :

— Tu ferais mieux de la laisser, cette garce !

*

En principe, il devait venir avec nous : nous devions passer le prendre chez lui après dîner ; mais du coup Papa a préféré l’oublier et partir seul avec moi. Nous tournons depuis deux heures. Nous avons bien abattu nos huit kilomètres. Salués par les chiens de Bon-Retour , de L’Elmeraie , de La Devansette , de La Merlière , sifflant trois petits coups brefs devant chaque ferme — signal adopté depuis l’accrochage avec les gendarmes et qui devient en quelque sorte l’équivalent du « Dormez, bonnes gens » des veilleurs médiévaux, — nous avons fait le grand tour et sommes redescendus sur La Ravardière par le chemin du Grenier-aux-Chouans, le plus classique, le plus détestable chemin creux du pays, véritable cañon de glaise aux ornières insondables, aux talus hérissés d’énormes souches évasées, mortes depuis longtemps et toutes rhabillées de gros lierre. Nous marchons, silencieux, mais l’oreille saturée par les grenouilles et par les vingt espèces de chouettes qui se disputent l’empire nocturne du bocage. Nous marchons, entourés par les ricanements du petit-duc, les huées du hibou, les cris perçants d’écorché vif de l’effraie, et le « hou-hou-j’imite-le-loup » des hulottes qui s’enlèvent à tout moment, de leur vol large et mou, fatal aux taupes. Enfin, comme nous approchons de La Ravardière, un glapissement de renard en chasse jaillit à moins de cinquante mètres. Le déboulé du fauve et de sa proie, qui remontent au hallier entre deux rangées de choux, fait grêler les gouttes d’eau qui roulent toujours sur leurs grandes feuilles vernissées. On distingue très bien un double plongeon dans les épines. Le glapissement devient tout proche. Un léger trottinement passe sous les ronces, au creux du fossé, suivi par la ruée du renard qui brousse avec fureur. Papa abaisse son fusil instinctivement, puis le relève. Le glapissement s’éteint. Sur un coup de gueule qui happe, un faible cri expire dans l’épaisseur de la haie, vite remplacé par un bruit de mâchoire broyant de petits os.

— Il l’a eu, dit Papa d’un ton satisfait.

Il se frotte les mains et, presque aussitôt, lâche cet étonnant coq-à-l’âne :

— Après tout, tu sais, ta mère, c’est une pauvre fille. Si elle était heureuse, elle ne serait pas aussi méchante.

Rire étouffé d’une fille qui s’appelle Céline, qui se colle contre son père et lui murmure dans l’oreille :

— Je te trouve épatant ! Tu es donc heureux, toi ?

— Hein ?

— Eh bien ! tu dois être heureux, puisque toi, tu n’es pas méchant.

Papa repart sans répliquer, la tête basse, les épaules tombantes. Il tire la jambe, semble soudain très fatigué, s’accroche à mon bras, renifle à petits coups, nerveusement. Le coup de trompette d’un très lointain butor opérant quelque part dans les marécages de l’Argos, au-delà des limites de la commune, le fait sursauter. Il hâte le pas comme s’il avait peur. Le chemin d’ailleurs s’élargit, remonte au niveau des champs, se flanque de nombreuses barrières. Derrière un bouquet de pommiers, bien reconnaissables à leur tête ronde, qui se profile sur un fond de ciel plus clair, côté lune, surgissent les bâtiments de La Ravardière. Un premier chien gronde, lance deux ou trois avertissements graves. Un second le relaye, dans l’aigu. Puis tous deux, le bas-rouge comme le roquet, se jettent contre la barrière qui les sépare des « vigiles » et, dressés sur leurs pattes arrière, se mettent à hurler de concert. Papa siffle trois fois. De l’étable où veille une lanterne sourde, le vacher lui répond trois notes qui chantent longuement dans la nuit :

— Ho ! hé ! ho !

À moi de crier, de mon plus clair soprano :

— Colu, père et fille !

— Tais-toi donc, est-ce que cela le regarde ? Est-ce que tu devrais être là ? proteste Papa.

Éloignons-nous, poursuivis par l’odeur chaude de la paille et du fumier. Après avoir longé la ferme, le chemin continue. Mais il change de nom pour devenir le chemin des Alises et il change d’aspect en traversant, de plain-pied, la « plaine à Bouvet », territoire de trois cents hectares dont toutes les haies ont été rasées par un marchand de bestiaux pour le transformer en pâturage permanent et sur lequel la brume s’étend uniformément, très plate, très blanche, contrastant avec le ciel qui en devient noir, et pourtant si peu épaisse qu’elle parvient tout juste à la hauteur des genoux. Vus de loin, nous devons avoir l’air de marcher dans une mer de lait. Mais nous n’en buvons guère… Répondant enfin à l’exclamation de Troche, avec deux heures de retard, Papa gronde entre ses dents :

— La laisser, la laisser… Il en a de bonnes ! Une de perdue, dix de retrouvées, n’est-ce pas ? Surtout avec ma gueule…

Il s’est croisé les bras et s’avance ainsi, le menton dans la cravate, le regard surveillant les pieds, dans l’attitude d’un homme qui remonte l’allée centrale de l’église le jeudi saint, pour aller faire ses Pâques. Un peu plus loin, il avoue :

— D’ailleurs, je ne peux pas. Eva, c’est Eva. Et puis il y a toi.

Il m’attire contre lui et gronde plusieurs fois de suite : « Eva, c’est Eva… » Pas un mot, Céline ! Oreille ouverte, bouche cousue. Il faut le laisser se vider, se délivrer de ce qui l’étouffe. Il ne me parle pas vraiment, il se parle, et, quand on commence à se parler de cette façon-là, le moindre sourire, la moindre objection vous hérissent, vous rejettent aussitôt sous les verrous du silence. Si Maman n’a aucune discrétion et lance n’importe quoi à mes pauvres oreilles (beaucoup plus vieilles que moi, il faut croire), si M. Heaume a la confidence plus facile, Papa est de la race des contractés qui ont la langue courte, la salive rare, et qui n’admettent personne à contempler la collection secrète de leurs sentiments. Parmi les trois refuges : la confiance, le mutisme ou l’humeur, il ne connaît que les derniers. Voilà justement que l’humeur reprend le dessus.

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