Hervé Bazin - L'huile sur le feu

Здесь есть возможность читать онлайн «Hervé Bazin - L'huile sur le feu» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1992, ISBN: 1992, Издательство: Éditions Grasset, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «L'huile sur le feu»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

L'huile sur le feu — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «L'huile sur le feu», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Le téléphone ! Laisse. C’est pour moi, Céline.

J’avais déjà l’écouteur en main.

— Donne, donne… et va dans la cuisine, allons, va !

*

Dans la cuisine, il y a Julienne qui coud, qui coud, qui me regarde par en dessous, une horrible satisfaction répandue sur le visage. Celle-là ! Celle-là ! Je sens que je vais retrouver dans ma gorge l’accent, la formule, la fureur des conjurations puériles qui se lancent à voix pointue, tandis que les deux mains de leurs dix doigts lancent le sort à l’ennemie :

Je conjure
Sacripi
Qu’il t’assure
Goutte au nez,
Crotte sous le pied,

Peine au cœur,
Corde au cou,
Corps aux vers,
Et l’âme au diable !

Mais quel enfantillage ! Céline, ce qui se passe est trop grave. Ce qu’elle a réussi, cette guenon — qui pousse, qui pousse ta mère au pire — mérite bien plus qu’une petite rage. Écoute, Céline. La sonnerie s’est arrêtée. Allô ! Allô ! Non, il n’est pas là, il n’y a que Céline… Charmante petite mère ! Taisez-vous, mon ami, méfiez-vous, des oreilles ennemies m’écoutent. Pourquoi tant de prudence ? Et pourquoi répond-elle, d’abord ? Depuis trois mois, décidément, toutes les habitudes sont bousculées. D’ordinaire, Papa ne pénètre jamais dans la chambre, et Maman ne met jamais les pieds dans le bureau. En cas d’absence, seule, je suis habilitée à répondre, à décrocher l’appareil, à noter le nom, le numéro, le motif de l’appel avec un crayon qui pend au bout d’une ficelle près d’un bloc « Memoranda » en porcelaine lavable. Et voilà que chacun de mes parents fait des incursions dans le domaine de l’autre, sans l’en informer, cela va de soi. Pourquoi Maman de temps à autre fouille-t-elle le bureau ? Je le sais : le papier froissé, cela s’entend. Pourquoi Papa se risque-t-il dans la chambre à des heures indues ? Ah ! s’ils veulent ainsi pénétrer dans la vie de « l’autre », rêvant de raccommodage et nourrissant le secret espoir de redevenir ce qu’ils devraient être, je me rendrais volontiers sur les mains jusqu’à Notre-Dame du Chêne pour l’en remercier ! Mais ce n’est qu’une sorte d’effraction, et je sais, à mille signes, je sais que le temps des chamailleries est passé, qu’il fait place à quelque chose de plus grave, comme une petite infection chronique se transforme brusquement en infection aiguë.

— Une vacherie, moi aussi, j’en suis sûre…

Là-bas, Maman parle peu. Une personne inconnue lui tient d’interminables discours, qu’elle ponctue seulement d’interjections. Je ne peux pas m’empêcher de tendre l’oreille et, comme c’est toujours moi qui suis punie de ce qu’ils font, de ce qu’ils disent, me voilà châtiée. Ça y est. Ils sont tombés, les deux mots, les deux seuls mots que je n’aurais pas voulu, pas dû entendre :

— Oui, chéri.

Elle les a prononcés très, très bas, en réponse à je ne sais quelle question, mais sur ce ton et avec ce degré de douceur qui m’appartient, qui n’appartenait qu’à moi. Julienne baisse le nez, baisse le nez. Et, soudain, j’ai trop chaud, je saute dans ma chambre, je me mets à déboutonner mon chemisier, en comptant machinalement les vingt-huit boules de fausse nacre. J’ai seulement fermé les yeux, faute de pouvoir fermer les oreilles. Sept, huit, neuf, dix. Chéri . Le mot. Le seul mot qui, au masculin, n’ait jamais été prononcé à la maison Colu. Onze, douze. Un mot citadin, peu employé dans les meilleurs ménages de Saint-Leup, mais qui chez eux est possible. Un mot un peu louche avec son i planté au bout comme un bougeoir allumé. Treize, quatorze, quinze. Chéri , est-ce que cela force les gens qui l’emploient à être… Tais-toi, Céline, file de quinze à vingt-cinq, très vite. Vingt-cinq, vingt-cinq, vingt-cinq… On sait ce que c’est, la première page des journaux est pleine de ces choses-là, mais on y parle aussi de lèpre, de cancer et d’accidents, toutes saletés qui ne se sont jamais produites à la maison Colu. Vingt-six, vingt-sept. Sans me le dire, je sens confusément que si je n’ai jamais trouvé mon père et ma mère couchés ensemble dans ce grand lit, c’est un détail que j’ai fini par trouver tout à fait normal et qui ne leur a pas nui dans mon cœur. Au contraire. Ainsi s’éloignait de moi ce mystère humiliant pour l’enfance qui se découvre née d’une sorte de souillure. Vingt-huit. Chemisier déboutonné. Pourquoi ? Je le reboutonne très vite. N’est-ce pas Céline qui dans la glace regarde Céline ? Quelle drôle d’allure ! Je ne la voyais pas faite ainsi. Quelque chose a changé, quelque chose s’est effacé sur son visage. Un rien. Un duvet de papillon. Une certaine qualité naïve du trait. Peut-être bien l’enfance même.

*

À côté, dans la salle où ma mère est rentrée, on se concerte. Elle me déteste, Julienne, mais, tout de même, elle est femme, elle a le génie qui permet aux femmes de deviner les plaies et le réflexe qui les pousse à les soigner.

— La petite a dû t’entendre. Ça lui a fichu un coup.

— Tu crois, tu crois…

La voix de ma mère est toute tremblante, et ses chaussons se rapprochent. Ah ! non, non ! Ses bras, sa bouche, ses « Comprends-moi »… non ! Je le sais bien qu’elle m’aime ! Qu’elle m’épargne sa tendresse, ce soir ! Sa tendresse sale ! Qu’elle me laisse le temps de couler ma lessive dans cette salive et dans ces larmes qui ont toujours raison des péchés des nôtres. Quatre heures et demie. On mange à sept. Par la fenêtre, Céline ! Saute. Va faire un tour.

XIII

Tu t’en doutais, Céline. Mais voilà la preuve. L’irrémédiable preuve. Ce dont tu es née n’existe plus et c’est un peu comme si tu étais morte. Morte et souillée : ma mère, ô vestibule du monde ! Tu t’appartiens, mais tu m’appartiens : qui allume le feu lui promet son charbon, qui donne le jour engage ses nuits. Ma vie, qui procède de la tienne, est atteinte par tout ce qui l’atteint ; ce qui me gêne en toi me gêne en moi… Petite, quand tu changeais de linge, je changeais de linge aussitôt. Puisque le tien n’était plus propre, le mien ne devait plus l’être, et c’est exactement ce que j’éprouve, ce soir, en rougissant. Comme il est difficile d’être pure toute seule ! Comme la simple connaissance d’une faute nous empêche de le demeurer vraiment.

Je marche. Je comprends M. Heaume, je comprends Papa, ces grands marcheurs qui S’épuisent sur leurs pas, qui cherchent leur fatigue pour trouver ensuite leur repos. Et puis la marche — cette vieille nécessité militaire qui précède l’attaque — décide en vous le combattant. Allons, Céline ! Un peu d’humilité. Toutes les petites jeunes filles confondent Maman et la Sainte Vierge. Ta mère aime un autre homme que ton père, voilà. Au bout de quinze ans, elle est excusable, et il n’y a pas de quoi pousser de tels cris, de quoi t’arracher ton petit duvet d’oie blanche. Regarde-le, ton père ! Que tu l’aimes, toi, malgré… malgré sa tête, rien que de très normal. De fille à père, ce n’est pas difficile. Si l’on te donnait pour époux le beau Simplet…

Je marche. Comme par hasard, j’ai pris le chemin des Cormiers, puis celui de Bon-Retour ; Je monte vers les sapinières, vers le château. Au croisement, route de Candé, il y avait, bien entendu, les gendarmes. On ne peut plus faire un pas sans les trouver. Leurs motos pétaradent de tous côtés. « Deux par deux comme des nonnes » (dit Ruaux), ils sillonnent toutes les routes. À la Croix-Toussaint, calvaire qui marque l’endroit où le chemin de Bon-Retour rencontre le chemin de Noisière, j’en croise encore un qui furette sous les sapins. C’est dans ce coin-ci que Besson a fusillé Xantippe. Tout est calme aujourd’hui, la sapinière embaume la résine. Dans un mois et demi, les gens viendront ici — saccageant les replants malgré les cris de Besson — couper de petits sapins de Noël, peut-être celui-là même au pied duquel la chienne est crevée.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «L'huile sur le feu»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «L'huile sur le feu» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «L'huile sur le feu»

Обсуждение, отзывы о книге «L'huile sur le feu» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x