Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Brona a secoué la tête. Elle avait un visage maintenant dur et fermé. «Elle n'a pas de nom, a répondu Juanico après un assez long silence. Ceux qui l'achèteront lui donneront un nom.»

Mais quand je suis sortie de la maison, Juanico a dit tout bas: «Tu sais, ce n'est pas vrai. La petite fille, elle a un nom déjà. Elle s'appelle Magda.» J'ai pensé à Béatrice la rédactrice, à ce qu'elle avait dit à propos de l'enfant de Houriya, que si sa mère ne pouvait plus s'en occuper, elle aimerait l'adopter. J'ai dit à Juanico: «Écoute, si vraiment cette femme doit vendre sa fille, je connais quelqu'un qui l'achète.» J'ai dit ça avec la gorge serrée, parce que je pensais en même temps que quelqu'un avait dû dire la même chose autrefois, quand j'avais été volée, et que Lalla Asma avait dû répondre, elle aussi: «Moi, je peux l'acheter.» Il faisait gris et sombre ce soir-là, les autos roulaient de chaque côté de l'île des Gitans en faisant un grondement, dans le genre d'une rivière en crue. Juanico m'a accompagnée jusqu'à l'arrêt du bus, et je suis retournée à Paris.

11

El Hadj est mort trois jours après. C'est Hakim qui m'a fait prévenir par un copain. Je m'apprêtais à aller suivre le cours de philo au café de la Désespérance, quand la nouvelle est arrivée. J'ai pris tout de suite le train pour Évry-Courcouronnes. Il faisait toujours le même ciel gris et bas, on aurait dit que les jours n'étaient pas passés. On parlait même de neige à la radio.

La porte du petit appartement était entrouverte. Je suis entrée doucement, comme s'il était encore là et que je ne voulais pas le faire sursauter. La cuisine où il restait d'habitude était vide, et dans la chambre, le store était à demi baissé. J'ai vu d'abord Hakim de dos, près du lit, et puis d'autres gens que je ne connaissais pas, des voisins sans doute, des gens âgés, et une femme, grande et forte, j'ai pensé que ça pouvait être la mère de Hakim, mais elle était trop jeune, et elle avait plutôt un type arabe, la peau blanche, avec des cheveux permanentes et teints au henné. Peut-être que c'était seulement la femme de ménage, ou bien la concierge de l'immeuble. El Hadj était couché sur le lit, tout habillé, toujours avec sa longue chemise bleue sans col, et son pantalon gris au pli impeccable. Il avait même aux pieds ses grosses chaussures noires cirées, comme s'il s'apprêtait à partir en voyage. Je ne l'avais jamais vu comme ça: sa figure était fermée comme un poing, ses yeux aux paupières bouffies, sa bouche, même son nez, tout fermé, serré, avec une expression de douleur et de tristesse, et je pensais à ce qu'il racontait du fleuve Sénégal, de son village de Yamba et de la rivière Falémé, tout ce qu'il aimait au monde, et il était mort si loin, tout seul dans sa chambre, au huitième étage de la tour B de l'ensemble de la route de Villabé.

Maintenant, personne ne disait rien. Hakim me regardait pendant que je touchais le front de son grand-père, juste une seconde, le temps d'effleurer du bout des doigts sa peau froide, grumeleuse. C'était trop calme, trop silencieux. J'aurais voulu qu'il y ait du bruit, comme dans les films, qu'on entende des femmes pleurer à longs sanglots pathétiques et exagérés, qu'il y ait un brouhaha de voix d'hommes en train de boire le café des morts, ou comme chez les chrétiens, un marmonnement de prières. Un chien qui hurle dans la cour, même un glas. Mais il n'y avait rien. Seulement les éclats de la télévision quelque part, en haut de l'immeuble. Les visiteurs se retiraient d'un air consterné, en évitant de me regarder. J'aurais voulu que les joueurs de tam-tam du métro soient là et qu'ils jouent sans arrêt, en faisant rouler une musique comme le grondement du tonnerre à travers la forêt, le long des fleuves, et Simone chanterait de sa voix grave Black is the color of my true love's haïr. La grosse dame aux cheveux de henné est sortie doucement. Je trouvais qu'elle ressemblait à Lalla Asma. Elle avait le même regard un peu égaré des presbytes derrière leurs verres. Je ne sais pas pourquoi, je l'ai prise par le poignet, je l'ai ramenée vers le lit: «S'il vous plaît, restez encore un peu, ne partez pas.» Elle a secoué la tête. Elle avait une voix rauque, étouffée. «Il était gentil.» Elle a dit cela comme si elle s'excusait. Elle s'est dégagée lentement. Elle repoussait mes doigts, elle les défaisait un à un. Elle avait une expression d'effroi dans ses yeux verts, il me semblait que ses pupilles noires nageaient au centre de ses iris.

Finalement, c'est Hakim qui l'a libérée. Il me tenait par les épaules, comme on fait avec une folle hystérique. Hakim était mon frère. J'étais Marima. Je sentais sur ma figure les doigts usés de El Hadj, qui passaient doucement sur mes yeux, sur mes joues, sur mes lèvres. Je n'arrivais plus à respirer. Il y avait quelque chose qui se gonflait en moi, dans ma poitrine, qui obstruait ma gorge. «C'était mon grand-père, c'est vrai, maintenant qu'est-ce que je vais devenir?» Je balbutiais des paroles incohérentes, les mots m'étouffaient. Hakim croyait que je pleurais, mais ce n'étaient pas des larmes, c'était de la colère, j'aurais voulu tout casser dans cet immeuble, j'aurais voulu crever le ciel opaque qui avait empêché El Hadj de voir, casser les vitres et les stores, casser les wagons, les glaces des autobus, les rails du chemin de fer, le bateau qui mettait tant de temps à rejoindre les rives du fleuve Sénégal et Yamba sur la rivière Falémé.

Hakim me serrait si fort que je me suis écroulée par terre, à côté du lit, et je voyais tout ce qui avait ôté la vie à El Hadj, l'urinai, les flacons de cortisone. Tout ce qui était tombé, et que personne n'avait eu le temps de nettoyer pour la parade funéraire.

Il m'a tenue un bon moment serrée contre lui, parce que je crois que lui aussi avait besoin qu'on le console. À un moment, il m'a embrassée, et j'ai senti les larmes sur ses joues. Puis c'était fini. Je me suis relevée, et je suis partie. Je n'ai pas regardé le corps du vieil homme couché tout habillé sur son lit. Je croyais bien qu'il ne retournerait pas chez lui au bord du fleuve. Il resterait à Villabé, au cimetière on lui trouverait une petite place, et en guise de fleuve il entendrait la rumeur des autos sur l'autoroute. Est-ce que ces choses-là ont une importance? Dans le train, désert à cette heure-là, je regardais la nuit tomber à travers la glace sale. Je crois que je pensais plus à Magda qu'à El Hadj. J'avais la nausée aux lèvres. Je n'avais rien mangé ni bu depuis le matin.

Avant d'entrer dans Paris, je me suis laissé piéger par les contrôleurs. D'ordinaire, je surveille très bien, et je sais descendre au moment où ils montent. Mais ce jour-là, je m'étais oubliée, j'étais dans un rêve, engourdie, comme après qu'on a eu très mal. Peut-être qu'ils m'avaient déjà repérée. Quand je les ai vus, ils étaient sur moi. Ils sont venus droit vers moi, en ignorant les autres passagers. Des gamins gitans – ceux que j'avais rencontrés la première fois avec Juanico – ont détalé en leur montrant leur doigt, mais c'était moi que les contrôleurs voulaient. Au début, ils étaient polis, presque cérémonieux.

«Mademoiselle, vous n'avez pas de titre de transport, veuillez nous montrer une pièce d'identité.» Comme je leur ai dit que je n'en avais pas, et d'une, et que même si j'en avais, ils n'avaient aucun droit à me la demander, et de deux, ils sont devenus beaucoup moins polis. «Dans ce cas, vous allez venir avec nous au poste…»

Ils formaient un couple bizarre, l'un grand et fort, avec un double menton et une petite moustache blonde, l'autre, petit et brun, l'air nerveux, avec un accent de Toulouse. Ils m'ont chacun prise par un bras, et ils m'ont fait remonter le train de wagon en wagon, jusqu'à la motrice.

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