Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Ils m'ont fait m'asseoir entre eux sur une banquette dure, à côté de la porte. Je leur ai dit qu'ils commettaient un abus de force, qu'ils n'avaient pas à recourir à la violence, mais ça les a laissés indifférents. Le train continuait à rouler vers Paris, et maintenant il faisait nuit. Mes deux gardiens se parlaient au-dessus de moi, comme si je n'étais pas là, ils se donnaient des nouvelles du bureau, ils racontaient leurs potins. J'aurais pu les attendrir en leur racontant que mon grand-père était mort, et que c'était à cause de ça qu'ils avaient réussi à me surprendre. Mais je n'avais pas envie qu'ils aient pitié de moi en quoi que ce soit. Pour rien au monde, je n'aurais voulu me servir d'El Hadj pour obtenir une faveur de ces mercenaires.

À Austerlitz, ils m'ont emmenée dans un petit bureau derrière les guichets. Ils m'ont laissée attendre une bonne heure, et durant tout ce temps, ils sont restés devant la porte à fumer des cigarettes et à échanger leurs potins. Je pensais que j'étais un bien petit poisson pour des hommes si forts avec leurs uniformes, leurs menottes et un pistolet automatique. Mais peut-être qu'ils pensaient qu'il n'y a rien d'insignifiant dans la vie, il y a des gens qui aiment à le croire.

Leur chef est arrivé, il a voulu m'interroger. Il s'est mis tout près de ma figure. Il criait:

«Votre nom?

– Laïla.

– Vous êtes majeure?

– Je ne sais pas. Oui. Non. Peut-être.

– Où sont vos parents?

– En Afrique.»

Là, les choses se gâtaient. Le chef était un petit homme insignifiant, qui s'appelait M. Castor, c'est du moins le nom que j'ai pu déchiffrer à l'envers sur une enveloppe posée sur son bureau.

«Tu n'as pas de papiers?»

Le tutoiement était signe d'énervement.

Pour calmer le jeu, j'ai eu une bonne idée.

«Vous pouvez appeler mon avocate.

– Tu veux une claque?»

Ce n'était pas le bon moyen de les calmer. J'ai concédé:

«Bon, ce n'est pas vraiment mon avocate. C'est la dame qui s'occupe de moi. Une éducatrice, quoi.»

Le mot leur a plu. J'ai donné le nom et le téléphone de Béatrice. Rédactrice, éducatrice, ça n'était pas très différent. Je ne voulais surtout pas qu'ils remontent jusqu'à la rue du Javelot. Nono et Houriya avaient assez d'ennuis comme ça. Heureusement, dès que j'ai été à Paris, j'ai fait comme les commandos dans les films de guerre, j'ai enlevé tout ce qui pouvait servir à m'identifier.

Béatrice est venue tout de suite dans sa petite auto anglaise. Elle a tout payé, le billet, l'amende, elle a même eu droit à un sermon.

Il pleuviotait. Le balai de l'essuie-glace crissait sur le pare-brise, comme s'il pleuvait du sable. J'ai dit à Béatrice:

«Je ne peux pas rentrer chez moi.»

Elle m'a regardée une seconde, elle cherchait quoi répondre.

«Si tu veux, tu peux venir dormir chez moi. Raymond ne dira rien.»

Rien ne pouvait me faire plus plaisir. J'ai mis ma tête sur son épaule. Ce soir-là, j'avais besoin de croire que j'avais quelqu'un, une amie, une grande sœur.

Je suis restée un bon moment chez Raymond et Béatrice. Je crois que j'étais très fatiguée. Je ne m'en étais pas aperçue, parce que j'allais et je venais, il y avait tout ça, le bébé de Houriya, Nono, les cours, les courses, et Simone qui était chez nous, et El Hadj qui était mort. Maintenant, tout d'un coup, je n'avais plus de force, comme quand j'étais partie de chez Madame, et que Nono m'avait emmenée à la rue du Javelot.

Je suis restée dix jours, ou peut-être un mois, je ne pourrais dire. Dehors, il faisait froid, sombre, il neigeait peut-être. Je restais couchée sur le matelas, dans la partie du salon qui servait de bureau, mais Béatrice avait enlevé son laptop, elle s'était branchée dans sa chambre à coucher. Il y avait des livres partout, dans des cartons, sur les étagères. Je passais mon temps à lire, au hasard, des romans, des livres d'histoire, même des poésies. Je lisais Malaparte, Camus, André Gide, Voltaire, Dante, Pirandello, Julia Kristeva, Ivan Illich. Tous les mêmes. Les mêmes mots, les mêmes adjectifs. Ça n'était pas coupant. Ça ne faisait pas mal. Frantz Fanon me manquait. J'essayais d'imaginer ce qu'il aurait dit, comment il aurait parlé de la religion, son rire ironique devant de telles élucubrations. La poésie, c'était étranger. Comme si cela ne me concernait pas, ça n'était pas pour moi. En même temps, j'aimais bien collectionner les mots. Les mots, pour chanter, pour les lancer dans la chambre, les écouter rebondir, se briser en mille morceaux, ou au contraire tomber à plat sur le sol dans le genre d'un fruit blet. J'avais un cahier ouvert, tout le jour j'alignais des mots que j'avais trouvés, des bouts de phrases:

climat

ombres

oiseau-lyre

calandre de l'aube

diffracte

les vagues cognent

tric-trac du ciel

Ça ne voulait rien dire. Béatrice rentrait vers six heures, elle ouvrait la porte, elle faisait entrer avec elle une bouffée de ville, du bruit, de la fumée. Raymond venait plus tard. Il apportait du vin. On dînait tous les trois à la cuisine, des pâtes au pistou, du fromage. J'aimais bien être avec eux. Ils étaient si sûrs, prévisibles, si attendrissants.

Je retardais le moment de parler de Magda. Je me disais que, dès que j'aurais prononcé son nom, je n'aurais plus qu'à m'en aller. Il y aurait à nouveau la rue ouverte, les gens qui vous poussent, l'éclat des autos, et l'entrée de la rue du Javelot comme un corridor qui conduit au centre de la terre.

Ils parlaient de leur métier. Béatrice racontait le journal, les coups de gueule du patron, les coups de fil, des problèmes auxquels je ne comprenais rien, comme si tout ce monde-là était codé. Raymond parlait par monosyllabes. Il était stagiaire dans un bureau d'avocats à Sarcelles, ou à Fleury-Mérogis, loin, il s'occupait des affaires des autres.

J'essayais d'imaginer Magda chez eux, Magda dans la petite chambre repeinte en rose, un beau lit tout blanc, et les pendeloques à musique qu'on accroche dans ce pays au-dessus des bébés, pour leur apprendre la patience. Magda courant vers la cuisine, tendant ses petits bras vers Raymond, criant: «Dada!» Et lui: «Julie!» ou: «Romie!» En tout cas, il n'était pas question qu'ils sachent jamais son vrai nom. Un jour, peut-être, elle aurait grandi, je serais pour elle comme sa tante, et je lui apprendrais la vérité: «Je vais te dire aujourd'hui ton vrai nom, celui avec lequel tu es née.» Ou peut-être ce serait Juanico. Elle le croiserait dans le couloir du métro, à Réaumur-Sébastopol, et il l'appellerait, il crierait: «Magda! Ma cousine!»

Ils l'ont appelée Claire, parce que c'était le nom de la mère de Raymond. Et Johanna, parce que Béatrice aimait ce nom-là. Elle chantait: « Gimme hope, Johanna.» Elle avait eu quinze ans pendant la guerre du Vietnam, comme beaucoup d'autres.

Je n'ai jamais su combien ils avaient payé. J'étais restée dehors, dans le vent, j'écoutais le bruit du fleuve des autos autour de l'île. Il y avait des corbeaux dans le ciel, comme pour le jour de ma naissance, mais ils ne criaient pas d'épouvante.

C'est à cette époque-là que tout est arrivé. Peut-être que c'était à cause du départ de Houriya chez M. Vu. J'étais seule, maintenant. Pour gagner un peu d'argent, je m'étais fait engager par une association de sourds-muets, pour poser une carte sur les tables des restaurants, avec un porte-clefs, et ramasser les oboles. Je faisais très attention quand j'allais placer mes porte-clefs dans les restaurants du centre commercial, ou quand j'allais écouter la musique du métro Réaumur. Je ne passais jamais deux fois par le même endroit, j'évitais les corridors déserts, les portes cochères, je ne regardais personne dans les yeux.

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