Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Elle s'est installée dans le garage, elle a accroché un drap au travers de la pièce où se trouvait Houriya, pour que personne ne la dérange. Elle est restée là trois jours, presque sans sortir, sans parler. Elle trouvait que ça sentait mauvais, elle brûlait des bouts d'encens, elle fumait ses cigarettes. Ces journées-là, Nono et moi, nous ne pouvions pas rester en place, nous étions tout le temps dehors. Après le travail chez Béatrice, j'allais le retrouver dans la salle d'entraînement, à Barbès. Il boxait contre son ombre, il sautait à la corde. Je m'asseyais dans un coin et je le regardais bouger. Tout le monde croyait que j'étais sa petite amie. Même le député socialiste est venu me parler. Il ne disait pas «Nono» ou «Léon», mais il parlait de lui en disant son nom de famille, Adidjo. Il disait: «Il faut qu'Adidjo travaille, il ne faut plus qu'il déconne, dis-le-lui.» Je crois qu'il faisait allusion aux fréquentations de Nono, aux types qui cassaient les pavillons et les autos, aux sonos qu'il ramenait de temps en temps et qu'il revendait. Le député était un petit homme avec des cheveux en brosse, l'air d'un sportif, d'un policier. Je n'aimais pas qu'il vienne me parler. Je n'aimais pas qu'il dise comme ça «Adidjo» comme s'il avait des droits, comme s'il était du même bord. Une fois ou deux, il avait essayé de savoir où j'en étais avec la loi, si j'avais une carte de séjour. Je n'aimais pas qu'il me pose des questions, je n'aimais pas qu'il tutoie tout le monde, comme s'il n'y avait pas de différence entre lui et nous, mais peut-être qu'il était simplement amical. Il était amputé du bras gauche, et c'était peut-être pour ça. Il allait vers les gens, il leur disait, en parlant fort: «Tiens, aide-moi à mettre mon pull, tu veux?» Il avait l'amitié un peu agressive. Il disait presque tous les jours à Nono: «Ne t'en fais pas, ta carte c'est une affaire réglée.» Comme s'il pouvait y avoir quoi que ce soit de «réglé».

Et puis Houriya a accouché d'une fille. Quand je suis revenue de chez Béatrice la rédactrice, le bébé était là, accroché à la poitrine de Houriya. La sage-femme était fatiguée. Elle avait bu plusieurs verres de vin et elle s'était endormie profondément sur le sofa. Même la lumière du néon ne l'a pas réveillée.

Houriya avait l'air de somnoler, elle aussi. La chambre sentait une odeur forte, d'urine, de sueur, une odeur un peu aigre. S'il y avait eu une fenêtre quelque part, je l'aurais ouverte en grand, pour faire entrer l'air, le soleil. J'ai pensé qu'il fallait que le bébé s'en aille très vite, sinon il ne vivrait pas sous terre.

Les jours qui ont suivi, la fièvre est retombée. On était tous épuisés, comme si chacun avait fabriqué le bébé. Nous dormions à tour de rôle, en suivant le rythme des tétées. Houriya avait les bouts des seins gercés, elle avait du mal à allaiter. Il y avait du sang dans son lit. La sage-femme est revenue, elle a fait boire du lait et de l'anis à Houriya, elle lui a massé les tétons avec une pommade grasse. Houriya grelottait de fièvre, et le bébé hurlait. À la fin, Béatrice la rédactrice a envoyé une copine qui était interne, et elle a emmené Houriya et son bébé à la maternité. Il fallait qu'elle soit bien malade, parce qu'elle s'est laissé emmener sur une civière sans rien dire.

J'allais la voir tous les après-midi. Elle était avec d'autres mamans, dans une jolie chambre bien blanche, au rez-de-chaussée; par la fenêtre, on voyait des cyprès, des troènes, des moineaux qui voltigeaient. Même le ciel gris était magnifique. J'apportais des gâteaux secs, du thé dans une thermos. Pour l'amuser, je racontais n'importe quoi à Houriya. Je lui disais qu'on allait donner un nom au bébé. On l'appellerait Pascale, parce qu'elle était née au bon moment, avant que ne soit pris le décret d'application de la nouvelle loi du sang. Houriya était d'accord, mais elle voulait qu'on ajoute Malika, parce que c'était le nom de sa mère. C'est ainsi que le bébé s'est appelé Pascale Malika. Au registre de l'état civil, elle a voulu donner le vrai nom du père, Mohammed, pour que la fille ne soit pas de père inconnu. Même Hakim était venu la voir. Il avait regardé cette petite chose rouge et vivante, écrasée de sommeil dans le berceau, à côté de Houriya. Il avait dit: «Elle a bien l'air d'une petite Française.»

Houriya était tout à coup inquiète: «Mais si je veux rentrer chez moi, ils ne me l'enlèveront pas?» Je l'ai rassurée comme j'ai pu. «Personne ne pourra te l'enlever. Elle est à toi, rien qu'à toi.» Je pensais que c'était la première fois que Houriya avait quelque chose à elle, et malgré tout ce qu'elle avait subi, et l'incertitude de l'avenir, elle avait de la chance.

L'arrivée de Pascale Malika avait vraiment tout changé rue du Javelot. J'ai compris que plus rien ne serait comme avant, et ça valait mieux. D'abord, Houriya ne pensait plus à s'en aller. Elle ne voulait plus retourner chez elle. Maintenant qu'elle avait le bébé, elle se sentait plus forte, la ville et les gens ne lui faisaient plus peur. Chaque matin, elle enveloppait le bébé dans un grand châle, et elle allait dehors, dans les jardins, dans les rues ou bien elle rendait visite à son copain, M. Vu. Pour qu'elle ait du travail, j'ai demandé à Béatrice de l'engager à ma place. Béatrice a acheté un berceau pour le bébé; et chaque matin, Houriya allait travailler chez elle. Béatrice et son mari ne pouvaient pas avoir d'enfant, alors ils étaient émus de voir cette petite fille qui dormait chez eux. Et puis Houriya a pris l'habitude de la laisser plus longtemps, pendant qu'elle allait faire des courses, ou quand elle suivait ses cours d'alphabétisation. Pascale Malika avait une jolie chambre, Béatrice et son mari avaient enlevé le bureau et les étagères pleines de livres, ils avaient retapissé en rose, et c'était très calme, avec de la lumière et du soleil. Quand Houriya revenait dans le trou noir de la rue du Javelot, pour la nuit, le bébé criait et pleurait, ne voulait pas dormir. Ils ne l'ont pas dit, mais je crois que, dès le début, Béatrice et son mari ont pensé à adopter Pascale Malika.

J'ai revu Simone. Un soir, je suis retournée au métro Réaumur-Sébastopol. Il me semblait qu'il y avait des années que je n'étais pas revenue. Quand j'ai entendu les coups du tambour résonner de loin dans le couloir, ça m'a fait frissonner. Je ne savais pas à quel point ça m'avait manqué. Et en même temps, tout ce qui s'était passé, avec la naissance du bébé, m'avait changée, peut-être vieillie. Comme si maintenant je percevais ce qu'il y avait derrière tous ces gestes, tous ces actes, le sens caché de cette musique.

Dans le couloir, à la croisée des tunnels, les joueurs étaient assis, ils frappaient sur les tambours. Il y avait ceux que je connaissais, les Antillais, les Africains, et d'autres que je n'avais jamais vus, un garçon avec des cheveux longs, la peau couleur d'ambre, de Saint-Domingue, je crois. Simone ne chantait pas. Elle était assise, le dos contre le mur, le visage masqué par des lunettes noires. Je me suis installée à côté d'elle, et quand elle m'a reconnue, elle a eu un sourire, mais j'ai vu que sa joue droite était tuméfiée.

«Qu'est-ce qui t'est arrivé?»

Elle a haussé les épaules, elle ne m'a pas répondu. La musique des jumbés, des djun-djuns roulait doucement, c'était très lent, très calme. Ça roulait sous la terre, jusqu'à l'autre bout du monde, pour réveiller la musique de l'autre côté de l'eau. Comme un chant, comme une langue. J'en avais besoin, ça me faisait du bien, c'était pareil à la voix du muezzin qui passait au-dessus des toits et qui entrait dans la cour de Lalla Asma, pareil à la voix de mes ancêtres du pays des Hilal.

À un moment, il a dû y avoir un signal que la police arrivait, et tout le monde est parti très vite, les tambours, les spectateurs, et je me suis retrouvée seule avec Simone, comme la fois où j'étais allée chez elle. Mais elle m'a demandé, elle avait une voix étouffée, angoissée: «Laïla, est-ce que je peux aller chez toi cette nuit?» Elle savait où j'habitais depuis le soir où Martial m'avait déposée devant la porte du garage. Je ne lui ai pas demandé pourquoi. On est rentrées à pied à travers Paris, dans la bruine.

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