Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Poisson d'or: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Poisson d'or»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

Poisson d'or — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Poisson d'or», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Comme Hakim s'irritait, le vieil homme corrigeait avec malice:

«Mais laissons cela. Il n'y croit pas. Et toi,Laïla, est-ce que tu y crois?

– Je ne sais pas.

– Mais son… Fanon dit des choses très justes, c'est vrai que les riches mangent la chair des pauvres. Quand les Français sont arrivés chez nous, ils ont pris des jeunes hommes pour les faire travailler aux champs et des jeunes filles pour servir à leur table, faire la cuisine et coucher avec eux dans leurs lits, parce qu'ils avaient laissé leurs femmes en France. Et pour faire peur aux petits Noirs, ils leur faisaient croire qu'ils les mangeraient.

– Et ils les ont envoyés à la boucherie en France, sur les champs de bataille, en Tripolitaine.»

El Hadj se fâchait.

«Mais ça, ce n'était pas la même chose, on se battait contre l'ennemi de l'humanité.

– Vous saviez pourquoi vous alliez mourir?

– On le savait…»

Il y a eu un silence, pendant que El Hadj fumait rêveusement devant la fenêtre ouverte. La pluie tombait tranquillement. El Hadj portait une grande chemise africaine bleu pâle bordée de blanc, sans col, et un pantalon noir, et il était chaussé de gros souliers de cuir verni noirs, et de chaussettes de laine. Il se tenait immobile, assis bien droit sur sa chaise, la cigarette entre ses longs doigts.

Quand on est partis, il a de nouveau touché mon visage, effleuré mes yeux et mes lèvres. Il a dit lentement: «Comme tu es jeune, Laïla. Tu vas découvrir le monde, tu verras, il y a de belles choses partout dans le monde, et tu iras loin pour les trouver.» C'était comme s'il me donnait sa bénédiction. Et j'ai senti un frisson de respect et d'amour.

En sortant de l'immeuble, à la nuit tombée, j'ai vu pour la première fois le camp des Gitans, sur le terre-plein boueux, entre les voies de l'autoroute, pareils à des naufragés sur une île.

9

Comme ça, j'ai pris l'habitude de rendre visite à El Hadj. J'allais une fois par semaine, un peu plus, un peu moins. Ce qui était bien, c'est qu'il ne m'attendait pas, ou du moins il ne laissait pas voir qu'il avait pu attendre. Quand j'entrais dans la petite chambre, ce n'est pas à Hakim qu'il s'adressait. Il savait que j'étais là, il tournait la tête: «Laïla?» Hakim disait que les aveugles sont ainsi, ils ont un autre sens, ils sentent mieux les odeurs, comme les chiens.

Dans le train pour Évry, il y avait une bande de garçons et de filles, douze, treize ans à peine, encore des enfants. Dépenaillés, insolents, bruyants, mais j'aimais bien les voir. Ils m'amusaient, ils se passaient une cigarette, ils faisaient des grimaces, ils disaient très fort des grossièretés en regardant du coin de l'œil l'effet que ça faisait sur les banlieusards grognons. Un peu avant Évry, deux contrôleurs sont arrivés pour les arrêter, et la bande d'enfants s'est sauvée en sautant par la fenêtre sur le talus, juste avant la gare. Ils se suspendaient à l'extérieur, accrochés à la vitre, et ils lâchaient en criant.

C'est comme cela que j'ai rencontré Juanico.

À présent, je quittais tôt le squat du Javelot, j'allais travailler une heure ou deux dans le quartier, je faisais le ménage chez Béatrice, qui était rédactrice dans un journal, dans le V earrondissement, et chez un couple de retraités rue Jeanne-d'Arc. Houriya restait à faire la cuisine, elle sortait un peu vers midi, elle allait se promener toute seule, avec son gros ventre, dans le jardin des immeubles, au-dessus de nos têtes. Elle a fait la connaissance de M. Vu, un Vietnamien qui était gérant d'un restaurant, dans notre quartier.

Je ne voyais pas beaucoup Nono. Quand je partais, il dormait encore dans la salle-garage, sur ses feuilles de carton. Depuis la fois où il m'avait enlacée, après mon arrivée, je ne l'avais pas invité à se coucher contre moi. Je ne voulais pas. J'avais peur que ça ne devienne une histoire, si vous voyez ce que je veux dire. Je crois que ça le rendait très malheureux, mais il restait gentil avec moi, comme s'il ne s'était rien passé.

L'après-midi, j'allais retrouver Hakim dans un café près de la Sorbonne. Hakim l'appelait le café de la Désespérance parce qu'il disait que ça ressemblait à l'entrée de l'Enfer. Il apportait les livres, les cahiers, et je commençais à travailler. Il avait décidé que je devais brûler les étapes et me présenter au bac en candidate libre, ou à la capacité en droit. Pour le français, l'histoire et la philosophie, je n'avais aucun mal. Les leçons de Lalla Asma étaient exceptionnelles, elle m'avait façonnée à l'âge où d'autres jouaient à la poupée ou restaient des heures devant des dessins animés. Hakim me faisait lire des passages de Nietzsche, de Hume, de Locke, de La Boétie. Il m'apportait des photocopies. Il prenait ça très à cœur. Je crois que, tout d'un coup, c'était devenu plus important pour lui que de réussir à ses propres examens.

Il avait mis son grand-père dans le secret, et quand j'allais à Évry-Courcouronnes, El Hadj demandait: «Alors, où en es-tu de la philosophie?» On discutait des problèmes de morale, de la violence, de l'éducation, des idées sociales, de la liberté, etc. Et toujours il disait des choses très belles, comme si elles venaient du fond du temps et qu'il les avait retrouvées intactes dans sa mémoire.

Il disait: «Dieu fend le grain et le noyau, il fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant.» Il disait: «Sais-tu ce qu'est la frappante? C'est la journée où les hommes seront comme des papillons épars et les monts comme de la laine cardée.» Il disait: «Je me réfugie auprès du Seigneur de l'Aurore, contre le mal, contre la nuit qui se déroule, contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds, contre le mal du jaloux quand il jalouse.» Il tournait son visage vers la fenêtre, et c'était comme si les mots venaient du plus profond de lui, doux et sonores.

Il parlait du Prophète, et de Bilal, son esclave, qui avait le premier lancé l'appel à la prière. Après l'hégire, quand le Prophète avait rendu son dernier soupir dans les bras d'Aïcha, Bilal était retourné en Afrique, il avait parcouru les forêts jusqu'au grand fleuve qui l'avait conduit sur le rivage de l'océan. Il parlait de cela comme s'il avait connu Bilal, comme si c'était arrivé dans sa propre famille, et je voyais Hakim, assis par terre, qui buvait ses paroles. Je n'ai jamais oublié l'histoire de Bilal, et pour moi aussi, c'était ma propre histoire.

Hakim voulait que je vienne le voir à la cité U d'Antony. Là-bas, c'était un autre monde. Ça ne ressemblait pas à la rue du Javelot, ni aux stations de métro, et on était bien loin de Courcouronnes. C'était immense, entouré de beaux jardins verts comme à la campagne, avec des pies et des merles. Il y avait des étudiants du monde entier, des Américains, des Italiens, des Grecs, des Japonais, des Belges, même des Turcs et des Mexicains. Hakim m'invitait au resto U, il payait mon déjeuner avec des tickets. Je mangeais des raviolis, des lasagnes, des plats que je ne connaissais pas. Comme dessert, j'essayais les petits-suisses, les profiteroles, les beignets aux pommes, la frangipane. Hakim me regardait m'empiffrer, ça avait l'air de l'amuser. Lui était habitué. Il mangeait à peine, il grignotait un bout de biscotte. Il trouvait tout dégueulasse.

Après, il voulait que je monte dans sa chambre. Il disait qu'il voulait me montrer ses livres. Mais je n'avais pas envie de me disputer avec lui. Je savais qu'il voulait m'embrasser, et tout, et je n'avais pas envie que ça devienne comme ça avec lui. Je voulais qu'on reste amis, qu'on continue à aller voir El Hadj, pour l'écouter parler du Prophète.

Je savais bien que ça l'embêtait. Il était jaloux, parce qu'il croyait que Nono était mon petit ami. Mais il n'osait rien dire. On allait dans le salon, on s'asseyait sur le sofa, et je sortais de mon sac Par-delà le bien et le mal. «Explique-moi pourquoi Nietzsche parle de contrat. Tu m'as dit qu'il n'avait rien inventé, que c'était Hume qui avait dit que toutes les sociétés reposent sur un contrat.» Il me regardait derrière ses verres. Avec sa barbiche et ses lunettes d'acier, il avait l'air d'un homme dur. Je suppose qu'il voulait ressembler à Malcolm X, et pour ça aussi il ne sortait jamais sans avoir repassé ses chemises blanches et choisi sa cravate. Il ne voulait pas ressembler aux Africains de Nanterre ou aux Antillais des Saules avec leurs piggytails et leurs dreadlocks. Il détestait tout ça et, en même temps, il souffrait pour eux. Un jour, il m'a dit: «Tu sais ce qui me fait le plus mal? C'est de les regarder et de penser que même pas la moitié d'entre eux arrivera à l'âge adulte. C'est comme si tu étais dans le couloir de la mort.»

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Poisson d'or»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Poisson d'or» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Poisson d'or»

Обсуждение, отзывы о книге «Poisson d'or» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x