Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Quand j'ai eu fini, le bureau et le salon de Madame ressemblaient à un champ après une tornade. Alors, j'ai pris mon sac, mon vieux poste de radio, et je suis partie.

8

La rue du Javelot, c'était l'endroit le plus extraordinaire de Paris. D'abord, je ne voulais pas croire que ça existait. Quand Nono est venu me chercher avec sa moto (ou plutôt la moto qu'il avait empruntée) et que nous sommes entrés sous la terre, je croyais qu'il prenait un raccourci, qu'on passait un tunnel. Mais la rue tournait sous la terre, dans une galerie bétonnée, avec les portes des garages, et le bruit de la moto résonnait comme l'enfer. Il y avait aussi des autos qui roulaient avec leurs phares allumés, qui klaxonnaient. Après tout ce qui s'était passé, j'étais fatiguée, je m'étais accrochée au blouson de Nono, j'avais l'impression qu'on était perdus, je ne savais plus où j'allais, ce qui allait se passer. Je crois que le Rohypnol n'avait pas cessé de faire de l'effet.

Après, je suis tombée très malade. L'appartement de Nono, sous la terre, était petit, il n'y avait jamais de lumière, sauf par un puits qui descendait jusqu'à la cuisine. En fait, ce n'était pas un appartement, mais un garage, ou une cave. On avait aménagé un w.-c. pour tout le sous-sol et une cuisine. Le reste était divisé en cellules de béton, avec des lourdes portes de fer zébré d'éraflures et des plafonds en voûtains. Mais c'était bien, parce qu'on n'entendait pas de bruit, sauf de temps en temps le glouglou d'une canalisation, ou bien le bruit de respiration des ventilateurs. Je ne savais pas ce que j'avais. Je restais couchée presque tout le temps sur le matelas que Nono avait mis dans sa chambre, pour moi seule. Lui dormait dans la salle – c'était plutôt un garage, avec le sol en ciment peint en gris et une grande porte à deux battants. D'ailleurs, il garait là sa moto. Il dormait par terre sur des couches de carton, comme un clodo. Il était gentil, il m'avait donné sa chambre. Il était désespéré de me voir comme ça, immobile sur le matelas. Je fumais, je toussais. Je n'avais pas de forces, même pour bouger un bras, même pour tourner la tête. Je ne mangeais plus. Je n'avais jamais faim. Quelquefois, la salive emplissait ma bouche, il fallait que je me penche sur le côté pour cracher. Je n'avais plus mes règles. C'était comme si tout s'était arrêté au fond de moi.

Nono disait que c'était un yanjuc, un juju, un sort. Il avait l'air de bien connaître le sujet. Il disait tout ce qu'il fallait faire, jeter du sel dans le feu, poser des plumes ou des brins de paille, dessiner des signes sur le sol, souffler de la fumée. Je l'écoutais. Je buvais chaque parole, chaque rire qu'il avait. Il était la seule personne qui me rattachait à l'extérieur. Quand il revenait de l'entraînement, il sentait la rue, la sueur, les gaz des autos. Je lui prenais la main, sa main carrée, avec des doigts durs et la peau des paumes douce comme un galet usé. «Raconte-moi ce que tu as vu dehors, ce qui se passe dans les rues.» Il racontait qu'il avait vu un accident, un bus était rentré dans une bagnole, lui avait enlevé l'aile. Il racontait qu'il avait vu des Écossais qui jouaient de la cornemuse, qu'il avait revu Marie-Hélène. Il donnait des nouvelles de la rue Jean-Bouton. «Et ma tante Houriya?» Il secouait la tête. «Je ne l'ai pas vue. Mais il paraît que Mme Fro…» Il n'arrivait pas à dire le nom, ça le faisait rire. «Ta patronne, il paraît qu'elle te cherche. Elle t'en veut à mort. C'est cette vieille bique qui t'a jeté un juju. Je vais la tuer!» Il n'avait dit à personne que j'habitais chez lui, même pas à Marie-Hélène. Si Madame me retrouvait, elle me ferait jeter à la porte de la France comme une criminelle. Pourtant, je ne lui avais rien volé: c'était à moi qu'elle avait pris quelque chose, qu'elle avait menti.

Je faisais des cauchemars. Je ne savais plus si c'était la nuit ou le jour. Il me semblait que j'étais dans le ventre d'un très grand animal, qui me digérait lentement. Un jour, j'ai crié, et Nono est venu. Il m'a caressé la figure. Il me parlait doucement, comme à une enfant. Quand il a voulu retourner sur ses cartons, je l'ai retenu. Je l'ai serré le plus fort que j'ai pu. Je sentais les muscles de son dos comme des cordes. Il s'est mis contre moi, il a éteint la lampe. Il avait tout son corps bandé, il tremblait, et je ne sais pas pourquoi, ça m'a paru drôle que ce soit lui, et pas moi, qui ait peur. Nous n'avons rien fait cette fois, j'ai seulement dormi contre lui. Nono ne bougeait pas. Il avait mis son bras autour de moi, et il respirait dans mon cou. Un soir, il m'a fait l'amour, très doucement. Il s'excusait, il disait: «Je te fais mal?» C'était la première fois pour moi, et pourtant ça ne m'a pas étonnée. J'avais l'impression que j'avais connu cela depuis très longtemps.

Et puis tout est allé un peu mieux. J'ai commencé à bouger, j'allais jusqu'à la cuisine. Je disais à Nono, à l'heure du petit déjeuner: «Est-ce qu'il fait beau? – Attends, je vais voir.» Il poussait un tabouret, il ouvrait le vasistas, et il arrivait en se contorsionnant à sortir la moitié du corps jusque dans le puits de lumière. Il revenait avec de la suie sur son T-shirt. «Le ciel est tout bleu!» Il s'attendait que je monte avec lui sur sa moto, pour aller faire un tour.

Quand je suis ressortie pour la première fois, j'ai pris l'escalier, à côté de la porte du garage, puis l'ascenseur, et je suis montée jusqu'en haut de l'immeuble. C'était le matin, Nono était parti travailler dans la salle d'entraînement. Tout était très silencieux, juste la secousse à chaque étage. Je suis montée tout en haut, au quatorzième. C'était un bureau, des assurances, des avocats ou des armateurs, quelque chose comme ça. Je suis entrée dans les bureaux, et sans m'arrêter, j'ai marché jusqu'à la grande vitre. Les secrétaires ont vu cette fille noire, avec sa masse de cheveux, son jean fatigué et son regard fixe, et elles ont eu très peur. Je crois que pour la première fois j'ai réalisé que je pouvais faire peur à quelqu'un, moi aussi.

Je me suis appuyée sur la vitre et j'ai regardé. Un instant, je suis restée figée par le vertige. Je n'avais jamais vu une ville de si haut. Il y avait des rues, des toits, des immeubles, de grands boulevards à perte de vue, des places, des jardins, et plus loin encore, les collines, et même les méandres de la rivière qui brillait au soleil. C'était comme en haut de la falaise, dans le cimetière au-dessus de la mer, avec les mouettes qui planaient contre le ciel. Il y avait des fumées, et les carrosseries des voitures qui brillaient, toutes petites comme des scarabées. Le bruit me donnait le vertige, un grondement sourd et continu qui montait de partout à la fois percé par des coups de klaxon, par des sirènes d'alarme de la police, le hurlement des ambulances. J'avais les mains posées sur la vitre épaisse et je ne pouvais pas détacher mon regard de ce que je voyais. Le ciel était barré par un grand nuage noir, avec des rayons de soleil d'un côté, des rayons de pluie de l'autre! Je vous jure que je n'avais jamais rien vu d'aussi beau.

J'ai entendu derrière moi un bruit de voix un peu plaintives, une femme qui disait doucement, mais je ne comprenais pas tout de suite: «Mademoiselle! Mademoiselle! Vous ne vous sentez pas bien?» Je me suis retournée, je l'ai regardée en souriant. J'avais des larmes dans les yeux, parce que je me sentais heureuse tout à coup. «Non, ça va bien, ça va très bien, je -je voulais juste admirer le paysage.» Mon sourire n'a pas dû la rassurer, parce qu'elle s'est écartée. Elle était jeune, pâle, avec de longs cheveux blonds et des yeux verts. Avec elle, il y avait d'autres femmes, une un peu corpulente, et une autre qui ressemblait à Mme Fromaigeat. Elles avaient dû appeler la sécurité, parce que quand je suis sortie du bureau, vers l'ascenseur, les portes métalliques se sont ouvertes et un homme habillé en bleu portant des menottes à la ceinture est sorti et m'a dévisagée. Je suis entrée dans l'ascenseur, et tout s'est refermé. J'étais très fatiguée, un peu ivre. Quand j'ai retrouvé le garage, au sous-sol, je me suis allongée sur le matelas et j'ai dormi une grande partie de la journée. Même Nono, en rentrant de la salle de boxe, ne m'a pas réveillée. Il m'a regardée dormir, assis le dos contre le mur, sans faire de bruit, comme s'il était mon grand frère.

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