Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Elle a fait comme elle a dit. Je ne crois pas qu'elle avait de réelles mauvaises intentions. Elle pensait m'aider, et peut-être qu'au fond elle était un peu envieuse, elle aurait voulu, elle aussi, que quelqu'un d'important la remarque. Elle était si humble, Marie-Hélène, si trompée par la vie, avec sa fille et les années où son exmari la battait chaque soir. Il lui manquait une incisive du jour où il l'avait poussée, la figure en avant, contre une armoire à glace. Elle voulait que je m'en sorte. Elle disait: «Regarde-moi, ma vie c'est rien du tout.» Elle voulait que je quitte Houriya. Elle voulait que je devienne quelqu'un.

La maison de Mme Fromaigeat était à Passy, dans une petite rue tranquille, un grand portail de fer et deux piliers, le chiffre 8 en fer forgé, une façade blanche avec un toit pointu et une petite fenêtre sous le toit, que j'ai aimée tout de suite.

Marie-Hélène m'a présentée au docteur Fromaigeat. J'avais tellement entendu parler d'elle, j'avais peur de la rencontrer, je croyais rencontrer une de ces femmes du grand monde, comme Mme Delahaye à Rabat, avec ses bijoux en or et son tailleur gris impeccable, et un visage pâle avec des yeux froids, je m'étais préparée à l'idée que je m'enfuirais au premier mot désagréable. Mme Fromaigeat était tout le contraire. Elle était toute petite, vive, très brune, les yeux pétillants de malice, et avec ça vêtue bizarrement, un pantalon kaki trop large, et une sorte de longue blouse bleu ciel comme un tablier de campagne. Quand elle m'a vue, elle m'a embrassée. Elle s'est exclamée: «Mais elle est ravissante!» Elle nous a préparé du thé et des gâteaux, elle ne restait pas en place, elle sautillait à travers l'appartement comme un moineau. «Laïla, il faudra bien t'occuper de moi, veux-tu? Je n'ai pas d'enfants, tu seras ma fille, c'est toi qui vas tout organiser dans cette maison. Marie-Hélène m'a dit que tu t'occupais autrefois d'une vieille dame infirme? Eh bien, moi je ne suis pas si vieille et pas du tout infirme, mais j'ai besoin que tu me traites comme si je l'étais, tu comprends?» Je buvais le thé, je hochais la tête. J'avais du mal à croire qu'elle parlait ainsi de ma maîtresse, comme si réellement, ç'avait été mon travail, m'occuper d'une vieille infirme. Et au fond, je comprenais que c'était vrai, ç'avait été vraiment mon travail, depuis que j'étais toute petite.

J'ai bien aimé travailler chez Mme Fromaigeat Je restais chez elle toute la journée, je nettoyais la maison. J'avais retrouvé les gestes que je faisais autrefois, à la maison du Mellah, chez Lalla Asma. Je commençais par balayer la cour, puis le porche, je ramassais les feuilles qui tombaient des marronniers, les brindilles, les scories des immeubles voisins. Puis je lavais les carreaux, je secouais les tapis. Je balayais la moquette avec un balai de racines que j'avais trouvé à la cave. Un matin, Madame est venue, elle a éclaté de rire: «Mais non! Laïla, il faut utiliser l'aspirateur.» J'avais peur de cette machine qui grondait et sifflait et qui avalait tout, même les bas et les rideaux de tulle. Puis je m'y suis habituée.

J'allais faire les courses dans le quartier. Comme les magasins du coin étaient trop chers, je prenais le bus et j'allais jusqu'au marché d'Aligre, où j'achetais les oranges par paquets de deux kilos, les tomates, les courgettes, les melons. La cuisine débordait de fruits. Madame était ravie. Elle laissait un billet de cent francs sur la petite table de l'entrée, et dans une sou-coupe, je déposais le change, je m'efforçais de dépenser le moins possible. Je préparais sa salade, chaque jour différente, avec des olives de Tunisie, des raisins secs, des figues, des pâtissons, des kiwis, des avocats, des okras, des caramboles. Et de grandes feuilles de romaine, de frisée, de batavia, de la mâche, du pissenlit, des feuilles de courge, de chayote, du chou rouge. Je remplissais un grand bol blanc que je laissais sur la table, au centre d'une belle nappe blanche, avec l'argenterie qui brillait, et le pichet d'eau fraîche. Puis je m'en allais. Je retournais à l'appartement de Mlle Mayer, et là tout me semblait gris, triste, malheureux. Houriya était vautrée sur le sofa, elle grignotait du pain. Elle était arnère. «Tu m'abandonnes. Tu me laisses toute seule, et je passe ma vie à pleurer. Est-ce pour cela que je t'ai amenée ici?» Elle était jalouse, envieuse. «Maintenant que tu n'as plus besoin de moi, maintenant que tu as trouvé mieux que moi, tu vas t'en aller, tu vas m'oublier, et moi je mourrai dans ce trou noir sans personne pour me secourir!» J'essayais de la rassurer, je lui promettais que, dès que j'aurais économisé assez d'argent, nous irions vers le sud, à Marseille, à Nice. Je lui parlais comme à une enfant.

Peut-être qu'elle avait raison. Je voulais m'en aller. Je voulais être le plus loin possible de la rue Jean-Bouton, des hôtels minables, des trafiquants de came sur le trottoir, et des bandes de jeunes qui couraient avec leurs battes, pour frapper les Arabes et les Noirs sur leur passage.

Je ne me sentais bien que lorsque je poussais le portail de fer du 8, et que j'entrais dans la vieille maison silencieuse où j'avais tout rangé et tout agencé, comme si Lalla Asma était encore là, que c'était elle la véritable maîtresse de la maison.

Je pensais que, depuis que j'étais enfant, les gens n'avaient pas cessé de me prendre dans leurs filets. Ils m'engluaient. Ils me tendaient les pièges de leurs sentiments, de leurs faiblesses. Il y avait eu Lalla Asma, et puis sa belle-fille Zohra, et Mme Jamila, et Tagadirt, et maintenant, c'était Houriya. J'avais l'impression d'étouffer. Avec elle, je ne pourrais jamais m'en sortir. Il faudrait retourner, vivre à nouveau au Douar Tabriket, enfermée chez Tagadirt, avec comme seul horizon le bout de la ruelle défoncée et le pont de la future voie rapide, et les rats qui grincent sur les toits.

Ce n'était pas très gentil de ma part, j'en suis d'accord avec vous, mais je ne pouvais plus. À l'heure où je devais rentrer chez nous, rue Jean-Bouton, je suis restée chez Madame. J'ai continué à ranger la cuisine. J'astiquais les casseroles, les carreaux de faïence, les robinets. Je faisais cela pour ne pas réfléchir, pour ne pas penser.

Madame est rentrée un peu plus tôt. Quand elle m'a vue, elle n'a rien dit, elle a tout compris. Elle m'a embrassée, avant même d'ôter son imper et de lâcher ses clefs. Elle a dit: «Ça me fait bien plaisir, ma chérie, j'attendais ce jour-là, j'étais sûre qu'il arriverait.» Je ne savais pas trop ce qu'elle voulait dire. Elle m'avait déjà montré la chambre du fond, à côté de la cuisine, celle qui avait une sortie sur le palier de l'escalier de service. C'est là que j'avais posé mon sac, avec mon vieux transistor, tout ce que je possédais. Madame n'a pas posé de questions. Elle a fait tout de suite comme si c'était convenu, comme si j'habitais là depuis des mois et des années. Après Houriya, c'était reposant. Même Marie-Hélène était fatigante, elle voulait savoir, elle prenait parti. Je ne pensais même plus à Nono. Lui aussi m'enfermait dans ses nasses. Il voulait qu'on sorte ensemble, il voulait que j'accepte d'être sa fiancée. Il était gentil, il avait un bon rire, et je m'amusais bien avec lui, mais j'avais toujours peur qu'il ne se fasse ramasser par la police, parce qu'il était camerounais, sans papiers. J'avais l'impression que, tôt ou tard, il serait pris, et je ne voulais pas qu'on me prenne avec lui.

Chez Madame, c'était le repos. Ici, je savais que rien ne pouvait arriver. C'était un quartier bien, une petite rue courbe, de petites maisons avec des jardins, des immeubles riches, des enfants blonds en uniforme. La police ne venait pas rôder par ici. Les premiers temps, après mon installation à Passy, je dormais tout le temps. Il me semblait qu'il y avait des années que je n'avais pas dormi, parce que je vivais sous la menace d'avoir à m'en aller, ou parce que je craignais d'être reprise par la police de Zohra. Et à la rue Jean-Bouton, les disputes des Noirs et de Mlle Mayer, et les Punks qui couraient dans la ruelle armés de bâtons pour frapper les Arabes. Et la sirène de la police qui criait souvent, la nuit les ululements sinistres des ambulances.

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