Frédéric Dard - Le mari de Léon

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Le mari de Léon: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ce livre raconte l'histoire d'un ver de terre amoureux d'une étoile. Le ver de terre s'appelle Léon. L'étoile s'appelle Boris. »
San-Antonio Léon est l'humble serviteur de Boris, metteur en scène de renom. Il lui organise une existence douillette et, la rage au cœur, débusque pour lui le gibier féminin de son choix. Jusqu'au jour où la situation s'aggrave : survient une donzelle qui se met en tête de séduire « l'Illustre », de se l'attacher à tout jamais…

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« Pourquoi la moindre de tes attitudes est-elle un chef-d’œuvre ? »

Il lui parlait constamment. Langage à sens unique, intérieur, que le regard ne trahissait pas. Léon n’aurait jamais osé traduire à voix haute le centième de ce qu’il disait muettement à Boris. Boris, la clé de voûte de son existence ; l’être qui le fascinait depuis plus de vingt ans et auquel il se consacrait presque religieusement.

Lassef continuait de rester immobile, statufié par l’intensité de sa réflexion.

Comme toujours, il était entièrement habillé de noir, à croire qu’il charriait quelque deuil secret, infini. Pantalon, polo, chaussettes, mocassins noirs. Il portait un blouson d’astrakan dont la fourrure se trouvait à l’intérieur. Il le conservait dans l’appartement surchauffé sans paraître incommodé. L’une de ses particularités consistait à se vêtir ainsi pour la journée entière et à supporter la chaleur et le froid dans ce même appareil. Il quittait l’appartement pour plonger dans l’hiver sans même ajouter un cache-nez à sa tenue, indifférent aux variations de température.

Les conditions climatiques ne le concernaient pas, les convenances non plus, et il se rendait à des réceptions huppées dans la même tenue. On l’avait même décoré de la Légion d’honneur avec son fameux blouson de luxe, ce qui avait causé quelque perplexité au ministre, les griffes de la médaille refusant de s’enfoncer dans le cuir du vêtement. En fin de compte, l’Excellence s’était résolue à accrocher la croix dans la fourrure du coi, ce qui avait ravi les photographes qui couvraient l’événement.

La position équestre qu’il adoptait mettait en évidence ses longues jambes nerveuses. Boris ne pratiquait aucun sport, pourtant on devinait des muscles puissants à travers l’étoffe du pantalon. « Il est vrai, songeait Léon, qu’il doit accomplir des dizaines de kilomètres par jour en réalisant ses spectacles. » Et même quand il traversait une période intermédiaire, il galopait sans trêve, gravissant les escaliers d’immeubles au pas de charge, fonçant dans les rues, la tête rentrée dans les épaules en une galopade effrénée, car il se mettait toujours en retard. A son domicile, ou au cours de ses rendez-vous professionnels, il arpentait la pièce où il se trouvait, tel un prisonnier soucieux de conserver sa forme. Il ne pouvait travailler ou s’exprimer qu’en restant en mouvement.

Parfois, Léon se demandait à quoi ressemblerait Boris quand il serait mort. Le voir à jamais figé, pétrifié, serait insupportable à ses proches. A cet instant où Boris écoutait sans broncher la méchante musiquette de Léon, on sentait toujours fonctionner son énergie, il existait en lui comme un bouillonnement formidable dont « l’organiste » recevait les ondes ; Boris continuait de courir dans sa tête.

Visage de médaille ! Harmonieux et aigu, avec un nez parfait et une bouche charnue. Les sourcils proéminents assombrissaient ses orbites au fond desquelles veillaient deux intenses lueurs. Boris se rasait peu et cette mal-rasance ajoutait à son aspect de révolutionnaire russe d’avant Quatorze.

« Ah ! la sublime gueule, mon Boris ! »

Léon guignait dans la laque blanche de l’orgue son visage à lui, blême et anxieux, dont le regard était perturbé par un constant souci de dissimulation. « J’ai une gueule de valet », songeait-il. Il jouait Sganarelle, autrefois, tandis que Boris interprétait Don Juan. Et il le jouait mal. Un jour, leur professeur leur avait demandé de permuter les rôles et cela avait été la honte de sa vie. Il était brusquement devenu un Don Juan ridicule, tout à fait incrédible, alors que Lassef interprétait Sganarelle avec un brio machiavélique, d’une drôlerie grinçante, en conservant une grâce insolente. Les camarades du cours avaient acclamé Boris tandis qu’ils coulaient vers lui des regards gênés, presque apitoyés.

Léon était brun comme Lassef et copiait sa coiffure plate. Mais elle lui conférait une tête de démocrate chrétien de l’époque Francisque Gay, alors qu’elle apportait du romantisme à Boris, à cause probablement de sa mèche rebelle ?

Il sembla tout à coup que la sculpture que composait Lassef en méditation faisait explosion.

— Putain ! hurla-t-il en bondissant de sa chaise.

Il arborait son rire de loup cruel. Déjà, il parcourait le salon en tous sens, massant sa nuque, ce qui constituait son principal tic. Il gloussait d’aise en marchant. Léon cessa de jouer. Il sut que son ami venait de trouver ce qu’il cherchait, à savoir le titre de son prochain spectacle. Il attendit. Après quelques déplacements désordonnés, Boris s’approcha de l’orgue. Il posa ses deux mains sur l’instrument et, se penchant, déclara d’une voix sobre :

— Je m’appelle Naufrage du Titanic.

Léon restant de marbre, Lassef répéta sur le même ton :

— Je m’appelle Naufrage du Titanic.

— C’est-à-dire ? balbutia Léon.

Boris s’emporta :

— Mais il est con, ce mec, ou quoi ? Oh ! la la ! qu’il est con ! Je te dis : « Je m’appelle Naufrage du Titanic ». Ça te laisse froid ?

— C’est ton titre ? risqua Léon.

— Que veux-tu que ce soit ?

Cette fois, il déclama en y mettant un maximum d’expression :

— « Je m’appelle Naufrage du Titanic ». Putain ! la gueule que ça a ! Tu lis ça sur une affiche, Léo ? Plein les moustaches !

Il retira ses mains et ses empreintes subsistèrent, très marquées sur la laque couleur d’ivoire pâle. Léon les considéra avec un attendrissement qu’il ne s’expliquait pas. Tout ce qui était Boris (ou de Boris) l’émouvait. Il pensait toujours à lui comme à un être récemment disparu, avec un indéfinissable chagrin. Ce phénomène remontait au tout début de leur amitié. Léon se sentait perpétuellement en deuil de Boris ; pas exactement en deuil : si l’expression pouvait s’employer, il aurait plutôt parlé d’état de pré-deuil. Un peu comme lorsqu’on évoque ce que deviendra la vie après la mort d’un agonisant. L’amour de Léon pour Boris était si intense qu’il considérait « l’Illustre » comme étant « en partance », en « imminente disparition ». Pourtant, Boris éclatait de vie, d’énergie, d’appétit carnassier. C’était un conquérant qui n’aimait la lutte que pour la griserie fugace de la victoire.

Innocemment, Léon avança ses doigts en direction des empreintes laissées par Boris et leur superposa les siennes.

« En un acte de foi, Boris. En un acte de foi ! »

Lassef était reparti à travers le salon. Il allongeait sa foulée et continuait de se masser la nuque comme pour tenter de conjurer un début de migraine.

— Je m’appelle Naufrage du Titanic, psalmodiait-il. Je m’appelle Naufrage du Titanic.

Il fit une brusque volte semblable à celle qu’on exécute pour essayer de prendre un enfant en défaut.

— Et tu ne trouves pas ça bon, toi !

— Je ne t’ai pas dit cela, Boris. En fait, ça surprend. C’est tellement… inattendu !

— Voilà, tu l’as dit : c’est inattendu ; et c’est pourquoi c’est bon, Léon. Décomposons la phrase : Je m’appelle… Verbe pronominal dont la définition est « avoir pour nom ». Début banal. Je m’appelle Boris Lassef ; je m’appelle Léon Yvrard ; je m’appelle Rose Trémière. Et soudain, vlan ! Tu attends une identité, prénom et nom, et on te sort quoi ? Une catastrophe légendaire ! Naufrage du Titanic ! Ces trois fabuleuses syllabes : Ti-ta-nic ! Le romantisme qui s’attache à l’événement : un paquebot de rêve. Son premier voyage. Tu te rends compte ?

Son premier voyage, bordel ! La banquise ! C’est inexorable et superbe, une banquise, Léon. C’est énorme et ça brille. Du cristal ! L’orchestre qui joue Plus près de Toi, mon Dieu ! L’engloutissement en cette nuit d’avril, au large de Terre-Neuve ! Et plus de soixante-dix ans plus tard, l’épave repérée, visitée à quatre mille mètres de fond ! Les objets remontés des abysses, arrachés à ce cimetière marin ! « Je m’appelle Naufrage du Titanic. » Jamais je n’ai trouvé un titre aussi fort ! C’est superbe.

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