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Jean-Marie Le Clézio: Printemps et autres saisons

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Jean-Marie Le Clézio Printemps et autres saisons

Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Cet après-midi, avec Green, c’était la première fois que je manquais les cours. Je me souviens, j’ai demandé un bloc de papier et une enveloppe, et j’ai écrit moi-même le mot d’excuse. J’ai demandé à Green : « Pourquoi est-ce que vous m’avez emmenée ici ? Qu’est-ce que vous voulez ? » Il a dit : « Pourquoi vous me demandez ça ? Je ne veux rien. » On a marché dans les rues, j’avais trop froid pour aller en moto. À un moment, j’étais fatiguée, je me suis serrée contre lui, j’ai appuyé ma tête contre son blouson, il a mis son bras autour de mes épaules. On est restés un bon moment immobiles, comme si on regardait la mer. Il était très grand, jamais je n’avais été à côté de quelqu’un d’aussi grand. À un moment, des types sont passés près de nous, ils m’ont regardée avec un drôle d’air. Ils avaient des yeux inquisiteurs, méchants. L’un d’eux a dit quelque chose, et j’ai entendu distinctement, il disait : « Tu crois que c’est une Arabe ? » Ils se sont mis à rire. Joseph, lui, n’avait rien entendu. Je lui ai dit : « Allons-nous-en, vite ! » Je sentais comme une brûlure, mon cœur battait fort, je ne sais pas si c’était la peur, ou la colère. J’avais envie de dire : « Je suis une Zayane ! » Je me suis éloignée de Green, nous avons marché en sens inverse. Nous sommes retournés dans le petit jardin, sur un banc à l’abri. J’ai voulu fumer une cigarette américaine, la fumée s’éparpillait dans le vent. Il était tard déjà, il n’y avait plus de vieux, ni de pigeons. J’avais hâte de retourner dans la vieille ville, dans la rue de la Loge, monter l’escalier d’ardoise, jusqu’à l’appartement. Il m’a écrit son nom et son adresse, son numéro de téléphone. Je pensais que je ne le reverrais jamais.

C’est quand le printemps a commencé que j’ai pensé à Nightingale. J’allais avoir dix ans, à Mehdia, à l’embouchure de la rivière Sebou. Nightingale, c’était le nom de la ferme de Monsieur et Madame Herschel. Je ne me rappelle plus pourquoi elle s’appelait comme ça. Amie disait que c’était à cause d’un rossignol qui chantait le soir, dans un arbre, près de la maison que le Colonel faisait construire. Mais elle avait parlé aussi d’une femme qui s’appelait comme ça, pendant la guerre, autrefois. À Nightingale, la lumière et le ciel ne devaient pas cesser d’exister, jamais. Il y avait les champs de blé jusqu’aux rives du fleuve, et de l’autre côté, la forêt de chênes-lièges, jusqu’aux premières collines. Quelquefois, quand il faisait clair, on voyait les hautes montagnes qui brillaient au loin. Du côté de la mer, les dunes de sable jaune, semées de plantes épineuses.

Je vois cela comme dans un rêve, comme si ça n’était pas vrai, comme si une autre l’avait vécu à ma place. C’était le premier printemps où j’étais libre. À la fin de l’hiver, Amie m’avait retirée de l’école, parce que j’avais été gravement malade. J’avais eu une coqueluche qui avait déchiré ma poitrine pendant des semaines. Je toussais et je vomissais. J’avais les yeux pleins de sang. Pour cela, au début, quand je suis tombée malade, dans le petit appartement de ma mère, à la Loge, j’ai cru que ça allait être comme autrefois, mais cette fois j’allais mourir, puisqu’il n’y avait plus Amie pour s’occuper de moi.

Cette année-là, c’était en 56, je le sais à cause de ce qui s’est passé, les bombes qui explosaient dans les marchés, à Rabat, à Meknès, à Casablanca. Tout le monde disait qu’il allait y avoir la guerre. Les champs, autour de Nightingale, allaient jusqu’à l’infini. Les dunes aussi étaient sans fin, elles commençaient la mer. Je courais à perdre haleine à travers le blé et le sorgho, jusqu’à la route qui menait au puits, puis je remontais la colline, là où je voyais la ville, les remparts, et au-delà, la tache sombre des chênes jusqu’aux montagnes. Le soleil brûlait le visage et les mains, il me semblait que je n’avais jamais encore senti ainsi la brûlure du soleil. Loin des salles de classe de l’école des sœurs, poussiéreuses, fermées, loin du bourdonnement monotone des maîtresses, des cris aigus des enfants.

Mon ami, c’était Hassan, le fils du contremaître du Colonel Herschel. Il avait un an de moins que moi, mais il était vif et agile. Il avait la tête rasée, avec juste une mèche de cheveux qui pendait sur sa nuque. Il ne parlait aucune autre langue que le chleuh.

Avec lui, je partais en courant à travers champs. Je voulais qu’il cède, qu’il dise quelque chose, « arrête ! » ou « barka ! » même dans sa langue. Mais lui, hors d’haleine, s’arrêtait et me regardait de ses yeux sombres et brillants comme des pierres, sans dire un seul mot.

C’est cela que je voudrais retrouver, maintenant, cette impression de dureté et de bonheur, l’odeur de la terre sèche et des plantes, le goût de cuivre des raisins, le bruit coupant des feuilles de maïs qui s’entrechoquaient dans le vent. C’est en moi, c’est entré en moi comme un soleil, cette année-là, peut-être parce que c’était la dernière année à Nightingale.

Il y avait les bruits de la guerre qui grandissaient. Un jour, un ami du Colonel Herschel est venu à la ferme. Il s’appelait Buisson. Amie avait préparé un repas pour lui, du poulet avec des raisins secs. Il était venu avec ses chiens, deux grands chiens-loups qui avaient fait peur à notre chienne Lassie. Il mangeait, il parlait fort, il expliquait que les Arabes avaient un truc pour mettre le feu à retardement aux plantations de blé, avec une pince à linge. Pendant qu’il racontait cela, j’arrêtais de manger, je restais suspendue à ses paroles. Alors Amie me chassait de table : « Va jouer au jardin, ce ne sont pas des choses pour toi. » Je courais dans les champs, le cœur battant, je cherchais les pinces à linge partout, dans les sillons, dans les recoins de muraille, près des ceps de vigne, même du côté de la noria. Le soleil brûlait. Je sentais la chaleur dans mon dos, à travers la robe de toile. Lassie courait avec moi, elle haletait. Le soleil faisait battre mon cœur, il faisait un bruit de guerre. C’était le soleil des incendiaires.

Je suis sortie dehors. C’était la première fois depuis longtemps, je retrouvais les rues, j’avais le vertige. J’ai dû m’appuyer aux murs. C’est alors que j’ai rencontré Morgane, et que je suis entrée pour la première fois dans le Café des Aveugles, sur la place. Peut-être que je lui ai parlé la première, je ne me souviens plus très bien. Il y avait du soleil, l’air était léger et doux, il y avait du monde dans les rues, des filles à jupe courte, des hommes pressés, des vagabonds, des militaires, des femmes de ménage, des enfants qui n’allaient pas à l’école, des types patibulaires, des Italiens au regard naïf, des vieux qui parlaient nissart, des travailleurs kabyles encore couverts de laine, des gitans rémouleurs de ciseaux, rempailleurs de chaises, des touristes hollandais, américains, sud-américains, des bonnes sœurs en civil, des trafiquants, des policiers, des inconnus. Tous, allant et venant dans les ruelles encore dans l’ombre, et je me laissais porter par eux, sans savoir où j’allais, chancelante, éblouie, je marchais au milieu d’eux, j’étais vivante.

Je sentais cela tout d’un coup. Je sentais mon corps, mes mains, mon visage, je sentais le froid des caves, les odeurs, j’entendais les bruits, les voix. C’était comme si c’était la première fois.

Je me souvenais tout d’un coup de choses très anciennes, si lointaines que ça n’était plus qu’une vapeur qui flottait en moi, portant la lumière des années. Une voix étouffée et légère, qui chantait en moi, à mon oreille. J’étais si petite qu’on m’avait mise dans un carton à légumes, enveloppée dans un linge, à même le trottoir, et les gens passaient, s’en allaient, sans me voir. À côté de moi il devait y avoir une femme, une silhouette cachée dans un manteau en haillons, et qui tendait la main vers les passants. Les gens s’en allaient, s’en allaient. Et seule la voix chantonnait à côté de moi, et ce n’étaient pas des paroles, c’était avant les paroles, juste une musique qui m’entourait et me tenait chaud, une musique qui me protégeait des regards dans la rue.

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