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Jean-Marie Le Clézio: Printemps et autres saisons

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio: Printemps et autres saisons» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1991, ISBN: 978-2070383771, издательство: Éditions Gallimard, категория: Современная проза / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Jean-Marie Le Clézio Printemps et autres saisons

Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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C’était la première fois que je voulais cela très fort. C’était en moi, ça me faisait presque mal, dans le genre d’un coup qu’on reçoit et qui laisse une marque sur le ventre, ou dans le dos, et on ne peut pas cesser d’y penser. Tout était si beau au-dehors. Je sortais tôt le matin, dès que le soleil était apparu, ou même un peu avant. Je traversais en courant les ruelles sombres, jusqu’à la porte dans les remparts. Tout d’un coup j’étais au bord de la mer.

Il y avait le ciel, immense, très pur et très clair, irréel, contre la mer encore noire. L’air était froid de la nuit. Les oiseaux de mer commençaient leur traversée d’est en ouest, vers l’embouchure de la rivière. C’était à cause d’eux et du ciel que j’avais envie de disparaître. J’allais au bout de la digue, en sautant sur les brisants, j’attendais que le soleil monte au-dessus de la mer en faisant briller les vagues. Les oiseaux tourbillonnaient. Ils avaient faim. Quelquefois, j’emportais du vieux pain, ou des restes de viande, des pelures. Les mouettes mangeaient n’importe quoi. Elles criaient. Elles se disputaient la nourriture. Elles avaient des yeux cruels. C’était comme le ciel, net et coupant, sans fausse pitié.

Je pensais à ma mère, à la façon dont elle m’avait abandonnée. Je pensais à l’argent que Monsieur et Madame Herschel lui avaient donné pour qu’elle me laisse. Elle m’avait vendue. C’était cela, ma mère m’avait vendue comme une esclave.

Cela, je ne l’ai pas su. C’est ma mère qui me l’a dit. Durant l’hiver, quand je venais d’entrer dans le petit appartement de la Loge, sombre et humide, et j’étais si mal que je pleurais, je lui disais qu’elle n’était rien du tout, qu’elle n’était pas ma mère, que c’était Amie qui était ma mère. Alors elle m’a parlé de l’argent qu’ils avaient donné, beaucoup d’argent pour qu’elle s’en aille et qu’elle me laisse à eux. Quand elle m’a dit ça, d’abord je ne voulais pas la croire, mais elle l’a dit et redit, elle a dit combien, elle a dit qu’Amie avait apporté les billets, tout neufs, par petits paquets, sur la table de la salle à manger, devant elle, et ma mère faisait le geste de compter les billets l’un après l’autre, de les fourrer dans son sac. Elle était partie. Elle m’avait laissée, à Nightingale, dans une boîte en carton parce qu’elle n’avait pas de berceau. Elle disait cela, et elle pleurait sans faire de bruit. Elle avait seize ans.

Les gens venaient me voir. Il y avait des gens que je ne connaissais pas. Ils restaient debout, sur le pas de la porte, ils disaient des choses à ma mère, puis ils s’en allaient. Même Gianni est venu un jour, il avait apporté des fleurs. Il n’a pas osé entrer. Mais ça m’était égal qu’il soit venu, puisque j’allais mourir.

J’ai connu une femme très belle. Elle habitait un appartement d’une pièce au premier étage. Une fois j’étais passée devant sa porte, je l’avais aperçue. Elle avait un beau visage régulier, des cheveux teints au henné. Elle est venue s’asseoir à côté de mon lit, sur une chaise. Elle restait là pendant que ma mère sortait travailler, ou bien allait faire des courses. Je voyais sa silhouette à contre-jour. Elle était silencieuse, elle aurait pu être muette. Elle ne parlait presque pas français, juste quelques mots. Elle venait de Tunisie. Elle avait une longue robe blanche et un foulard blanc qui enveloppait ses cheveux. Elle n’avait pas d’âge. Parfois elle était très pâle, fatiguée, parfois elle semblait fraîche et jeune, avec des pommettes lisses et des yeux brillants. Elle s’appelait Samira. Après, j’ai su qu’elle s’appelait Semmana. Quand elle était petite, son père lui avait donné ce surnom parce qu’elle était grasse et ronde comme une caille. Moi aussi je l’ai appelée Semmana.

Je crois que c’est pour elle que j’ai recommencé à vivre. Elle venait chaque matin, elle s’asseyait sur la chaise à l’entrée de l’alcôve et elle me regardait. Elle ne disait rien. Elle était là seulement. Au début, je ne voulais pas d’elle, je criais : « Allez-vous-en ! » Mais elle restait immobile. Malgré la lumière du jour derrière elle, je pouvais voir briller ses yeux. Elle avait des yeux très grands et noirs, des yeux doux d’enfant. Quand elle était restée suffisamment, elle partait. Elle laissait un peu de bouillon chaud dans une tasse, sur une petite table, devant mon lit, et dès qu’elle était partie, je buvais. Ma gorge se desserrait, je sentais le liquide chaud descendre dans mon corps. Puis il y avait la nuit, et je dormais.

Un jour, je me suis levée. J’ai marché dans l’appartement. Il y avait si longtemps que j’étais restée couchée, ma tête tournait. C’était étrange. Je suis allée jusqu’à la fenêtre grillagée. En appuyant ma joue contre le carreau froid, j’ai vu un morceau du ciel.

Avec le ciel, je sais m’amuser. Je joue à disparaître. Je choisis quand je vais revenir. Dix ans, vingt ans après. Tout a changé. Personne ne se souvient plus de moi. Je peux marcher dans les rues, sans rien reconnaître. Je peux tout regarder avec un œil dur et froid, dans le genre des mouettes. C’est le ciel qui m’aide à faire cela. Il peut me rendre cruelle comme la lumière du matin. Le soir, ou l’après-midi, ce n’est pas pareil. Les nuages sont doux, il y a de la brume qui estompe. La nuit, il y a la peur, la tendresse, la chaleur des chambres, l’odeur de l’haleine sous les draps. Mais c’est le matin que je peux m’en aller, être une autre. Je suis allée comme cela très loin, de l’autre côté de la mer, jusqu’à Mehdia, et je suis revenue. J’ai volé comme une mouette, j’ai franchi tous les obstacles, je me suis battue contre tous les autres. La lumière s’est accrochée à ma peau comme une poussière de mica.

Quand ma mère m’a raconté cette histoire, à propos de l’argent que Madame Herschel lui avait donné, d’abord je ne pouvais pas y croire. Après, je suis tombée malade, et je suis restée enfermée dans le petit appartement froid et sombre, sans sortir. Monsieur et Madame Herschel ont voulu me voir, mais j’ai refusé, j’ai crié : allez-vous-en, ne revenez jamais plus ! Ils sont restés sur le pas de la porte, sans oser entrer, puis ils sont repartis. Après cela, j’ai guéri, et le printemps est arrivé. Jamais je n’avais attendu le printemps avec autant d’impatience. Maintenant, il était là, j’étais libre. J’allais disparaître. Je partirais dix ans, vingt ans, le temps qu’il faudrait pour qu’ils soient tous morts. Tous, Amie, le Colonel Herschel, ma mère, Morgane, Green. Qu’il ne reste que le ciel, la lumière qui explose, la mer.

J’ai oublié de parler de Green, et du petit jardin public adossé à la mer. J’aime bien ce jardin. Il n’y a presque personne, seulement quelques vieux qui lisent le journal au soleil, d’autres qui bavardent. C’est là que je suis venue m’asseoir la première fois, avec Green. Je l’ai rencontré en même temps que Morgane, à la fin de l’hiver. Il n’y avait pas encore la belle lumière cruelle du matin.

Je ne savais pas qui était Green, ni où il vivait. Je ne savais rien de lui. Nous nous sommes assis là, à l’abri de la haie de troènes, parce que le vent était froid. Il y avait toujours les mêmes vieux, les mêmes pigeons. Des enfants, peut-être, parce que c’était un mercredi. Je ne m’en souviens pas très bien. Nous avons parlé, parlé. Au début, ça m’intimidait, cet homme si grand, avec des rides sur son visage, ses yeux verts, ses cheveux où il y avait des fils blancs. Les filles du lycée l’appelaient comme ça, Green, parce qu’il était toujours habillé en vert, un blouson et un pantalon. Marie-Louise, elle, l’appelait par son prénom, un drôle de prénom, Joseph. Il venait quelquefois chercher Marie-Louise à la sortie du lycée, il avait une vieille moto Terrot, avec le joint de culasse qui était foutu. Un jour, comme elle n’était pas là, c’est moi qu’il a emmenée. On est allé à toute vitesse sur l’autoroute, puis il est revenu en ville, et on s’est arrêté pour parler, dans le petit jardin, près de la mer. On a parlé pendant des heures, et puis on a eu faim, et on est allé manger au café d’un grand hôtel, et ça aussi, c’était intimidant, cette salle sombre avec l’éclat des verres très blancs et les nappes, les assiettes bordées d’un fil doré, les roses dans les vases. Il y avait de la musique douce, une odeur d’encens, ou de poussière, des gens qui parlaient en anglais. Nous avons parlé longtemps, je ne sais plus de quoi. Il disait qu’il était journaliste free-lance, reporter, qu’il allait bientôt partir pour l’Afrique. J’ai mangé une salade, et Joseph du poisson. J’ai trempé mes lèvres dans son verre de vin, acide, un peu aigre. L’après-midi, une belle lumière d’or filtrait par les fenêtres. On n’entendait pas les bruits des autos, juste de temps en temps un coup de klaxon étouffé. La vie n’existait pas dans cet endroit, la vie était restée au-dehors. Après tout ce qui s’était passé, cette histoire de billets de banque et tout ça, j’avais été bien malade, je crois. J’avais perdu la tête, je restais couchée sur mon lit sans forces. Je ne bougeais plus, je ne voulais plus manger. Je buvais seulement un peu d’eau froide, et ma gorge se fermait. Ma mère ne comprenait rien. Elle préparait à manger, chaque jour, à deux heures, en revenant de l’atelier. Elle servait sur la petite table devant la fenêtre. Elle servait dans deux assiettes, et elle s’asseyait comme si j’allais venir manger. À travers mes cils je regardais sa silhouette frêle à contre-jour, la vapeur montait du plat de semoule. C’était bizarre, je ne reconnaissais plus les odeurs. Ma mère cuisinait les choses que j’aimais, de la ratatouille, des tomates, du douez. Mais l’odeur qui venait jusqu’à moi était incompréhensible. Parfois elle se changeait en une épouvantable odeur d’excréments, je devais boucher mon nez et ma bouche avec ma main. Ma mère ne disait pas : « Tu viens déjeuner ? » Elle attendait un instant, puis elle mangeait à toute vitesse, et elle allait jeter ce qui restait dans l’autre assiette, sans rien dire. Je pensais que j’allais bientôt mourir, et ça m’était égal.

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