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Jean-Marie Le Clézio: Printemps et autres saisons

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Jean-Marie Le Clézio Printemps et autres saisons

Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Pourtant, les premières semaines, je suis revenue un peu, comme ils l’avaient dit. Mais je ne voulais plus rester. Quelque chose avait changé en moi. J’allais jusqu’à la chambre rose, je restais assise sur le bord du lit, sans toucher à rien, sans écarter les rideaux, comme une étrangère. Eux m’avaient laissée seule dans la chambre, en pensant que j’allais retrouver mes habitudes, jouer, ou lire, ou me coucher sur le lit. Mais j’étais restée glacée, et j’étais ressortie de la chambre, le regard dur. Ensuite, pendant très longtemps je n’ai même plus voulu entrer dans cette chambre. Ce n’était plus ma chambre. Je n’étais plus la même. Je venais voir Monsieur et Madame Herschel juste quelques minutes, le samedi après-midi, et puis je retournais chez ma mère.

J’aime quand les jours deviennent longs et qu’ils semblent durer des mois, des années. J’ouvre les yeux, le matin, le jour se lève. Il y a déjà de la lumière dans la grande chambre, jusque dans l’alcôve. Ma mère est très pauvre. Elle n’a rien pour vivre, juste son salaire de mécanicienne. Elle travaille dans un atelier qui s’appelle Atlas. Elle fait des boutonnières sur des pantalons, elle coud des fermetures à glissière. Mon père l’a quittée, autrefois. Il a disparu. Il est parti un jour, et il n’est jamais revenu. Il est mort, quelque part en France, en travaillant sur un chantier. Ma mère ne m’en a jamais parlé. Je l’ai entendu un jour, c’était Madame Herschel qui racontait cela à quelqu’un, et je l’ai entendu. Ou bien peut-être que je l’ai inventé, je ne sais plus.

Je n’avais pas un an quand il est parti. Alors ma mère est partie, elle aussi. C’est Madame Herschel qui m’a recueillie. Ma mère a pris le bateau, elle a traversé la mer, toute seule. Elle est allée jusqu’à Paris, jusqu’en Allemagne. Elle est frêle et petite, quelquefois elle a encore l’air d’une enfant. Elle peut faire des choses très difficiles.

Quand mon père est mort, elle n’a rien gardé de lui, ni papiers, ni photos. Elle a seulement gardé son nom, Zayane. C’est un beau nom qui résonne bien. Elle a jeté tout ce qui lui appartenait. Personne n’est jamais venu la voir, personne ne lui a jamais écrit, ma mère est toute seule. Elle s’est brouillée avec toute sa famille. Les frères et les sœurs de son mari, naturellement, elle n’en parle jamais. Ils ne s’occupent pas d’elle. Peut-être que personne n’avait été content de son mariage. Je pensais souvent que les gens de la famille de mon père n’avaient pas approuvé son mariage. À cette époque-là, je crois qu’elle était la personne que je haïssais le plus au monde.

Ma mère a jeté tout ce qui avait appartenu à mon père, tout ce qui lui avait ressemblé. Je ne savais même pas à quoi il ressemblait. Est-ce qu’il était grand, petit, maigre ou fort ? Est-ce qu’il était très brun de peau comme elle, de quelle couleur étaient ses yeux ? Jamais je ne lui ai rien demandé, mais ma mère a des cheveux noirs et des yeux marron, et j’ai toujours pensé que j’avais les cheveux couleur d’acajou et les yeux jaune-vert à cause de mon père. À l’école, une amie m’a dit que les filles ressemblent toujours à leur père. Alors je me regardais souvent dans le miroir, pour essayer de le voir dans mon reflet. Je fronçais les sourcils et avec de l’eau je collais mes cheveux en arrière pour ressembler à un homme.

Quand je suis venue habiter cette maison lépreuse, dans la rue de la Loge, j’ai pu savoir tout cela mieux qu’avant. Le soir, il faisait si froid. Ma mère s’enveloppait dans une couverture grise, comme un Indien, et elle s’asseyait sur le lit dans l’alcôve, et elle cousait avec ses grosses lunettes de myope à monture de plastique. C’était comme s’il y avait un fantôme, assis à côté d’elle sur le lit, la silhouette de mon père. Elle écoutait la radio en sourdine, puis elle éteignait. J’entendais son souffle régulier, je crois qu’elle ne s’endormait jamais avant moi.

Au début, il y avait Gianni qui venait dans l’appartement. Gianni, c’était le petit ami de ma mère. C’est un Italien, grand et fort, un peu chauve avec encore des cheveux blonds bouclés, un visage tranquille marqué par les rides. Il a des mains et des pieds immenses, des épaules larges, mais il est doux et il a des yeux d’un vert très pâle que j’aime bien. Il travaillait sur un bateau. Il ne venait pas tout le temps, seulement deux ou trois jours par mois.

Je ne voulais pas lui parler. Quand il arrivait, je m’en allais. Ou bien, quand je revenais du lycée, j’entendais sa voix à travers la porte, je sentais son odeur jusque dans les escaliers. Je redescendais, je m’asseyais sur la marche d’ardoise du seuil, pour attendre qu’il s’en aille. Je ne supportais pas qu’il soit l’ami de ma mère.

Alors il laissait des cadeaux pour moi, souvent, du chocolat, un journal d’ Akim , des boucles d’oreilles, des petits savons parfumés. Mais je n’y touchais pas. Je laissais là ses cadeaux, là où il les avait mis, et ma mère les faisait disparaître.

Ça me fait quelque chose de ne pas savoir à quoi ressemblait mon père. Ça fait comme un trou dans ma mémoire, un vide. Au lycée, toutes elles savent comment est leur père, même celles dont le père est mort, comme Corinne Dario, avec qui je suis amie. Une fois, elle m’a montré une photo usée et écornée, qui représentait un homme très jeune, avec des lunettes, une petite moustache. Il tenait une jeune femme enlacée, et ils riaient tous les deux, ils avaient l’air heureux. Il s’appelait Henri, il est mort de maladie il y a très longtemps, quand Corinne était encore un bébé. Moi, je ne sais même pas comment s’appelait mon père, son petit nom. Je n’ai que le nom qu’il m’a laissé, ce nom de Zayane. Parfois, je crois que je vais arriver à me souvenir, puis ça s’en va. Je ne sais pas si c’est vraiment important, dans le fond. Peut-être qu’il n’a jamais existé.

Ce qui me fait quelque chose, c’est de penser qu’il y a des gens qui disparaissent, comme ça, même si ce n’est pas forcément votre père. Peut-être à cause de cela j’ai toujours eu peur que les gens ne s’en aillent, ne reviennent jamais. Peut-être que je rêve que mon père revient, non pas ici, en France, mais à Nightingale, et que rien ne reste inachevé. Je ne l’ai dit à personne. Je n’y pense pas vraiment. C’est seulement le soir, ça vient comme une ombre. Quand Amie allait à Mehdia, autrefois, et qu’elle tardait, quand le soir arrivait j’entendais les cris des merles dans le jardin, et je sentais une angoisse terrible grandir en moi. Je tournais dans la maison, je sortais dans le jardin, j’essayais de voir la route, au bout du champ, pour guetter la voiture verte. J’étais au bord des larmes. Le Colonel se moquait de moi, mais je crois qu’il finissait par ressentir la même chose. Depuis, je ne peux plus entendre les cris des merles le soir.

Quand ma mère est venue, et qu’elle m’a emmenée, je me souviens, j’avais tout préparé, j’étais prête à frapper, à mordre, j’avais en moi une dureté incomparable, une méchanceté. Je ne voulais pas qu’elle parle de mon père. Je ne voulais pas qu’elle dise son nom. Rien qui pouvait me faire croire qu’il avait existé.

Je crois bien qu’elle l’avait senti, qu’elle avait deviné cette haine, et c’est pour cela qu’elle ne m’avait rien dit. Je crois que c’est à ce moment-là qu’elle a dû jeter tous les papiers et les photos, pour qu’il ne reste rien de visible. Alors, quand j’étais sortie de ma maladie, j’avais vu cette belle lumière au-dehors, parce que maintenant le soleil se couchait tout à fait à l’ouest, loin derrière la ligne violette des collines, et j’avais eu envie de disparaître, comme mon père.

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