Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas

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Tempête. Deux novellas: краткое содержание, описание и аннотация

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En anglais, on appelle « novella » une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines.
J. M. G. Le Clézio

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Dans ma détresse j’ai invoqué l’Éternel
et il m’a exaucé.
Depuis le séjour des morts j’ai crié
et tu as entendu ma voix.
Tu m’as jeté dans l’abîme, au sein de la mer,
et les courants marins m’ont entouré.
Toutes les vagues ont passé sur moi.

Quand le jour est installé, je m’habille lentement pour la plongée. J’enlève mon jean et mon pull, mes sneakers, je range tout proprement dans un coin à peu près sec, sous un pan de rocher, et je pose un caillou par-dessus pour que le vent n’emporte rien. J’enfile la combinaison de caoutchouc noir, elle balle un peu aux épaules et sur le ventre, mais je suis plus grande que maman, les bras et les jambes s’appliquent bien à ma peau. Tout de suite je sens la chaleur de mon sang qui circule à l’intérieur de la combinaison, ça me donne l’énergie pour continuer. J’attache la ceinture de plomb. Les chaussures de maman sont trop petites, je préfère rester pieds nus, même si les rochers au bord de l’eau sont coupants. Je mets le masque sur mon visage. Pas besoin de bonnet. De toute façon, j’ai trop de cheveux, et j’aime bien l’idée qu’ils flottent autour de moi comme des algues.

J’entre dans la mer, et tout de suite je suis prise par les vagues. Mes pieds décollent des rochers gluants, je glisse à la surface de l’eau, dans la direction du soleil levant. Je sens une onde de bonheur, je vais partir, je vais au bout du monde. Je vais rejoindre la femme dont parlait Monsieur Kyo, je suis sûre qu’elle m’attend, qu’elle me reconnaîtra. Les vagues sont lentes et puissantes, je dois plonger pour franchir l’endroit où elles se cassent contre la falaise. Mais la mer est légère, infusée d’étoiles, elle coule et m’emporte dans un courant violent, elle lisse mon corps noir, elle lisse mon visage et mes cheveux, elle m’entoure de sa présence amie. Elle n’est pas douce, elle est amère et âcre, elle ouvre et ferme ses vallées sombres, les secrets, les douleurs. Je voudrais voir enfin la jeune fille de mon rêve, si grosse, si blanche, couchée au fond sur un tapis d’algues, sentir sur moi son regard transparent, son regard d’eau bleue. Les nuages de pluie passent au ras de la mer, jetant des poignées de gouttes, je renverse le visage et j’ouvre la bouche pour boire l’eau douce, je flotte un instant, je suis un morceau de bois ballotté par les vagues. La ceinture de plomb me tire vers la profondeur, je descends lentement vers les fonds d’herbes qu’agite le vent sous-marin. La lumière du soleil emplit peu à peu la mer, éclaire des objets brillants comme l’or, des roches blanches, des coraux. Je tourne sur moi-même, les bras en croix, je vole sous le ciel cassé de la surface de la mer.

Une ombre passe, une ombre pâle, et mon cœur tressaille de joie car j’ai reconnu le dauphin dont parlent les femmes de la mer, le dauphin de Kando. C’est le même qui a accueilli ma mère il y a très longtemps, quand elle est arrivée dans cette île. Il s’approche, il glisse et pivote et tournoie, son œil me regarde, une bille brillante au centre de ses paupières froissées. Malgré moi je sens du plaisir parce que d’un seul coup j’ai la réponse à la question que j’ai posée à la vieille Kando : noire est la couleur de son œil. Le dauphin passe juste derrière moi. Il s’arrête, il nage sur place, son museau tourné vers le ciel. Son corps est à l’oblique, à la lumière. Il m’attend. Il veut me montrer, à moi aussi, la cachette des ormeaux au milieu des pierres. Quand je remonte à la surface pour respirer, il est là, à côté de moi, il jette son souffle pressé, et moi, je crie, je lance mon nom dans la langue des femmes de la mer, dans la langue des dauphins, eeeaarh-yaaarh ! je n’aurai jamais d’autre nom maintenant. Le jour est tout à fait levé, les rideaux de pluie se sont écartés sous le soleil, l’écume brille le long de la côte, l’île est lointaine, pareille à un grand navire noir, je sais que je n’y retournerai pas, je sais que je ne reverrai plus jamais tous ces gens, ces minuscules êtres du village, de l’école, des cafés, ces gens faibles, ces bêtes au corps mou qui s’accouplent dans les arrière-boutiques, je regrette ma mère, mais je dois partir, elle comprendra, elle ne cessera pas de m’aimer.

Je m’en vais loin, profond, je vais retrouver la jeune fille étendue au fond de l’eau, je vais retrouver ses yeux ouverts, je vais rejoindre toutes celles qui ont disparu, toutes celles qui ont été abandonnées. Je vais plonger, j’ai fermé ma respiration, je descends lentement entraînée par le poids de ma ceinture, je vois les fonds multicolores, les algues vertes, brunes, rouges, longs rubans qui ondulent, les étoiles de mer qui luisent dans le sable noir, les poissons zébrés, les calmars transparents. Je vais m’endormir pour toujours, les yeux ouverts sur la mort. Je vais changer, je vais devenir une noyée, une autre, Philip Kyo le veut, il m’a donné son passé, il a rempli mon cœur de désir et d’amertume, il s’est libéré en moi, il m’a remplie de sa destinée. Et je descends vers le fond, la tête renversée, dans la lumière blanche du jour, dans le silence plein de murmures. J’ouvre mes bras en croix, j’ouvre mes paumes, je glisse à l’envers. Et je sens une peau contre moi, une peau tendre et grise, tiède, familière, qui m’enveloppe et me porte en elle, une peau très douce, très puissante, un corps lisse qui m’embrasse et me conduit vers le jour, vers la lumière du soleil, et lorsque je sors de la mer, j’entends son cri, rauque, aigu, le cri de ma mère, et à mon tour je renverse la tête et je pousse un cri, j’ouvre ma gorge, je vomis l’eau de mer et je crie mon nom, mon seul nom. Eeeaarh-yaaarh !

« Mon ami s’en va. » Elle ne crie pas, elle ne fait pas de scène. Elle est simplement assise par terre, dans l’arrière-boutique ou nous avons fait l’amour.

C’est le soir. Les autres nuits, tout commençait autour de cette heure, quand le ciel est encore clair et que l’ombre sort des abris et se répand dans les maisons. Je n’ai pas eu besoin de lui expliquer, elle est déjà au courant. C’est l’avantage d’être sur une île, tout se sait très vite.

Elle n’a pas allumé ses bougies parfumées. Juste l’ampoule électrique nue qui pend au bout de son fil, où les papillons de nuit se cognent et se brûlent. Nous ne nous parlons pas. Qu’est-ce que nous pourrions dire ? D’ailleurs, nous n’avons jamais vraiment parlé. Juste des petits mots, des mots pour rire, des mots sucrés pour se caresser, des mots pour explorer nos vices peut-être. Ou bien des petits cris, des petits grognements, des souffles et des coups de langue. C’est comme si elle n’avait pas de nom. Puisque nous n’avons pas de nom l’un pour l’autre, est-ce que ça veut dire que nous n’existions pas ? La fille de Hué n’avait pas de nom, elle non plus. Les soldats qui la violaient n’étaient pas des hommes, juste des machines de guerre. Je regarde cette femme, assise sur ses talons dans la petite pièce encombrée de cartons, il me semble que je suis trente ans en arrière, sur le seuil de cette pièce sombre où se préparait un crime.

Je ne peux pas m’asseoir avec elle. Je ne peux pas faire autre chose que rester debout, à la regarder, et elle ne me regarde pas, elle a tourné la tête vers le mur. La vie est amère. La vie n’a pas de générosité, sauf parfois, par miracle, quand tu rencontres quelqu’un que tu n’étais pas préparé à rencontrer, un ange, une messagère du paradis, une familiarité avec Dieu.

Elle, ici, dans son antre de pharmacienne, avec ses bocaux et ses shampooings, elle n’est messagère pour rien ni pour personne, elle ne connaît pas le paradis. Elle n’a jamais nagé en pleine mer pour rencontrer un dauphin, elle n’a jamais traversé le bras de mer à la nage. Elle est une femme comme toutes les femmes, ni meilleure ni pire. Elle est un corps, j’ai bien aimé sa peau, l’odeur de sa peau, quelque chose d’âcre et de pressant, quand le désir montait en elle, que j’écoutais sa respiration devenir rapide, le feulement dans sa gorge, les coups de son cœur dans les artères de son cou, la sueur qui nous collait l’un à l’autre et faisait un bruit de succion au moment où nous nous séparions. Puisque je dois partir, je m’arrache à son corps, je me retire, et je sens le vide qui envahit la petite chambre, le vide, le froid, mais toute autre sensation ne peut être qu’illusoire. Rien n’empêche la mort, le crime, la solitude. Je m’en vais.

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