Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
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- Название:Tempête. Deux novellas
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2014
- Город:Paris
- ISBN:978-2070145355
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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J. M. G. Le Clézio
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J’aime les femmes. J’aime leur corps, leur peau, l’odeur de leur peau, l’odeur de leurs cheveux. Pendant les années en taule, j’en ai rêvé à chaque moment. Je ne pouvais pas croire que ce soit fini, que la honte ferait de moi un paria, un homme condamné à vivre sans femme. Une nuit de violence à Hué. Les soldats emportaient tout ce qu’ils trouvaient, les statuettes des autels, la vaisselle, les robes brodées, les pendules, même de vieilles photos sépia dans leurs cadres, des livres de prière pliés en accordéon. Des liasses d’argent, des sacs de sous de bronze. Je suis entré dans la maison, une demeure bourgeoise construite du temps des Français, hauts plafonds, cour carrée décorée d’un bassin d’eau verte où flottaient des feuilles de nénuphar. Les soldats étaient entrés avant moi. Je ne les connaissais pas. J’étais un franc-tireur pour United Press, je cherchais à faire des clichés. J’avais déjà photographié des marines qui partaient en emportant des postes de radio ou des pendules. Les soldats n’ont pas fait attention à moi, ils ne m’ont même pas regardé. Ils cherchaient quelque chose, non pas un objet à piller, mais une femme qui s’était cachée dans la maison. Ils l’ont trouvée dans une pièce vide, l’ancienne buanderie sans doute, parce qu’il y avait un évier en pierre accroché au mur. Je me suis arrêté sur le pas de la porte, j’ai attendu que mes yeux s’habituent à la pénombre, et je l’ai vue. Elle était accroupie, le dos au mur, ses yeux brillaient, elle avait croisé ses bras autour de ses genoux, comme si elle attendait. Dans l’étroite pièce nue, il régnait une chaleur lourde, humide. J’ai vu les marques de moisissure sur les murs, les emplacements des meubles qui avaient été arrachés, les traces des rideaux. Les toiles d’araignées faisaient des étoiles grises au plafond. La lampe avait été arrachée, et les fils électriques pendouillaient. Il n’y avait plus qu’elle, cette femme que la peur rendait sans âge, ses cheveux noirs noués en un chignon hâtif qui s’était défait sur le côté. Les dos des soldats étaient larges, j’ai dû me déplacer, mettre un pied dans la chambre pour apercevoir le visage de cette femme, voir ses yeux, une seule fois je crois qu’elle m’a regardé, je le jure, elle n’a pas supplié, elle n’a pas crié ni imploré, seulement son regard qui a croisé le mien, un regard déjà vide, lointain, sans expression, simples billes noires dans le blanc des sclérotiques. Puis son regard a basculé. Dans la chambre est montée une odeur acide, une odeur de sueur et de peur, une odeur de violence.
J’étais venu ici, dans cette île, pour mourir. Une île est un endroit rêvé pour mourir. Une île, ou une ville. Mais je n’avais pas trouvé la ville. Toutes les villes étaient pour moi des extensions de la prison, avec leurs rues en corridors, leurs lampadaires jaunes, leurs places à miradors, les immeubles aux fenêtres fermées, les jardins étiques, les bancs de ciment où somnolent les vagabonds. Avec Mary, j’ai voyagé, j’ai réappris à vivre. Elle chantait, et elle buvait. Elle était une embellie. Son corps, son visage, sa voix. Pour moi elle chantait les hymnes de son enfance, et quand elle chantait, elle redevenait cette enfant, même si le pasteur la touchait, un artiste et un beau salopard, qu’elle a fui en quittant sa famille. Pour moi elle chantait, elle se tenait debout devant moi, éclairée par la lampe de la chambre, et j’écoutais sans bouger. Puis un jour elle est partie. Elle est entrée dans la mer et elle n’est jamais revenue.
L’île était un bon endroit pour mourir. Je l’ai su dès que nous étions arrivés. Mary voulait voir les tombeaux en haut des collines, de simples monticules ronds pareils à des taupinières. Un après-midi, nous avons été environnés de corbeaux. Par milliers, ils tournoyaient dans le ciel blanc, puis ils s’abattaient sur le cimetière. Mary les regardait avec une fascination horrifiée. « Ce sont les âmes des morts sans sépulture », a-t-elle dit. J’ai essayé de lui expliquer qu’ils avaient choisi cet endroit pour être tranquilles, mais elle ne m’écoutait pas. Elle parlait des injusticiés, tous ceux, toutes celles qui avaient été abusés, détruits. Elle était attirée par la mort. Était-ce elle, ou moi, qui avait choisi le refuge de cette île ? Dès qu’elle l’a vue, du pont du bateau, longue langue de terre terminée par un morne noir, elle a serré ma main. « C’est ici, c’est l’endroit que j’attendais. » Je n’ai pas compris ce qu’elle voulait dire, mais par la suite, c’est devenu évident. Elle cherchait un lieu au bout du monde, un rocher, une épave, pour consumer son désespoir. Elle avait besoin de cette île, non pas de moi, pour accomplir sa destinée, la destinée qu’elle avait imaginée. Que j’aie été un criminel et un pilleur d’images, condamné à la prison pour complicité de viol, pour elle ne changeait rien. Elle l’a dit un jour, en riant. Ses yeux étaient pleins d’ombre, sans doute avait-elle commencé à me haïr : « Toi, le tourmenteur. » Je ne lui avais pas parlé de ce que j’avais vu, les séances de noyades sur les prisonniers, les piqûres de penthotal, les électrochocs. Mais elle l’a deviné, sans doute les victimes savent-elles identifier les bourreaux.
J’aime le corps des femmes. En touchant la peau tiède, souple, en frôlant les boutons des seins, en goûtant du bout de la langue les sensations secrètes, interdites, indescriptibles, je sens la force renaître en moi, dans mes muscles, pas seulement dans mon sexe mais dans tout mon corps, dans mon cerveau, et jusqu’à cette glande, ce nœud, dont je ne sais pas le nom, qui est à l’occiput, à l’endroit où la colonne vertébrale rencontre le crâne. Sans ce désir je ne suis rien. Ma vie, mes écrits, les années de taule ne m’ont rien enseigné. Mais une nuit, une seule nuit près du corps d’une femme me donne mille ans ! Ici, dans cette île, un lieu proche de la mort, j’ai ressenti mieux qu’ailleurs la force du désir.
J’étais venu pour mourir, peut-être. Je ne sais plus. Pour trouver le lieu de passage vers le néant, et c’est la vie qui me reprend. À mon âge, je n’y croyais plus. Je n’espérais plus de miracle.
Pourtant, chaque nuit, tandis que le vent souffle et que la tempête siffle par les interstices des portes et des fenêtres, j’écarte le rideau blanc et je découvre le corps de la femme, nue dans la pénombre. Je me couche à côté d’elle, sur le matelas posé à même le sol, au milieu des flacons d’huile camphrée et d’herbes aromatiques, je regarde sa peau éclairée par la loupiote qu’elle allume pour me dire qu’elle m’attend. Je ne sais pas son nom. Elle me l’a dit le premier jour et puis je l’ai oublié. Pour elle j’ai inventé un nom. Elle ne sait rien de moi et je ne sais rien d’elle. Je sais qu’elle est mariée, qu’elle a eu des enfants. Je l’ai compris la première fois que je l’ai vue, à la façon qu’elle a eu de bander le genou de June. Les gestes lents, maternels, le gentil sourire. Ça m’est égal, ce n’est pas cela que je suis venu chercher. Nous ne nous parlons pour ainsi dire pas. Nous faisons l’amour, plusieurs fois, dans toutes les positions. Je me repose ensuite à côté d’elle, j’écoute le bruit du vent sur le toit de tôle ondulée. Je dors un peu, puis je me lève sans faire de bruit et je retourne à mon hôtel. Un jour, un jour de plus…
J’ai vu ce que je ne devais pas voir. Dimanche, vers la nuit, je suis revenue de la mer. Le ciel était bas, le temps à grains, avec bourrasques, mer formée, les femmes de la mer n’étaient pas à la pêche, les touristes étaient partis tôt par le ferry de l’après-midi. Sur le môle j’ai rôdé dans l’espoir de voir Monsieur Kyo une dernière fois, dans son nouveau ciré jaune canari. Les employés du port étaient dans la buvette, ils vidaient des bouteilles de bière en fumant, les vitres étaient enduites d’une buée grasse. Les chiens dormaient le nez dans leur ventre, perchés sur des tas de caisses pour ne pas sentir l’humidité du sol. Au village les magasins étaient fermés, même le pizza parlor , avec un écriteau sur sa porte qui disait : je reviens dans une heure, mais c’était sûr qu’il n’ouvrirait pas avant demain. Ça m’a contrariée, parce que je ne pouvais pas boire un café, les troquets du port ne m’auraient pas servie. De plus les clients se seraient moqués de moi, ils aiment bien être entre hommes, ils n’accepteraient jamais une gamine qui les regarderait quand ils sont saouls. Je ne pouvais pas non plus aller à la maison, parce que c’est le jour où maman reste à regarder la télé avec son boyfriend , les jeux, ou des telenovelas sirupeuses. Alors je ne sais pourquoi, je suis allée du côté de la pharmacie. Mes pas m’ont conduite là sans que je m’en rende compte, je crois que c’était instinctif, comme si je suivais une pente.
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