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Jean-Marie Le Clézio: Tempête. Deux novellas

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Jean-Marie Le Clézio Tempête. Deux novellas

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En anglais, on appelle « novella » une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines. J. M. G. Le Clézio

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L’hôpital est loin de la mer, sur la route de Tarkwa. Le dimanche, quand nous avons du temps libre, nous allons en bus jusqu’à la ville. Les autres filles vont se promener dans le centre, et moi je prends un taxi pour les plages. Je n’ai pas cherché à retrouver notre maison. C’est après la guerre, tout a été effacé. La plage ne ressemble plus à ce que je connaissais. Ou bien c’est moi qui ne m’en souviens plus très bien. Là où il y avait une étendue libre de sable blanc léchée par l’écume des vagues, maintenant il y a des sortes de cabanons en parpaings avec des toits de tôle qui imitent les huttes des resorts chics. Les pirogues des pêcheurs ont été remplacées par des gondoles et des pédalos, et un appontement en fer sert de refuge aux derniers pélicans. Je marche dans le sable mou, dans le vent d’hiver. Les nuages traînent bas, cachent l’horizon. Il paraît que Takoradi c’est fini, maintenant les touristes en quête de mer et de kitesurf vont plutôt à Kokrobite ou Amonabu.

Je me suis assise pour regarder la mer, en attendant l’heure de retourner vers Tarkwa. Il a dû y avoir une tempête les jours passés, parce que les vagues montrent un ventre jaunâtre, et l’écume n’est pas très blanche. Mais je reconnais cette odeur, elle me fait frissonner et elle entre au fond de moi, jusqu’au centre de mon crâne, une odeur douce et âcre à la fois, rien de calme ni de civilisé, une odeur de violence incompréhensible. C’est la première odeur que j’ai sentie quand je suis sortie du ventre de ma mère. Je n’avais pas encore d’yeux, mais j’ai ouvert toutes grandes mes narines et j’ai respiré l’odeur de la mer, pour le reste de ma vie. Je n’ai pas cherché à comprendre où j’ai été conçue, ce cabanon obscur dans lequel ma mère a reçu la semence de mon père. Peut-être après tout que c’était dans un de ces affreux bungalows décrépits, et sur la plate-forme en ciment de l’hôtel un orchestre bancal estropiait un reggae ? Quelle importance ? Ma naissance, je sais bien où elle a eu lieu, dans le dispensaire où je travaille. À l’époque, ce n’était pas encore un site officiel de l’action humanitaire (medecinsdumonde.org), mais juste un petit hôpital de campagne tenu par les bonnes sœurs de la Conception, quelques Irlandaises, des Nigérianes, un toubib anglais à la retraite. J’ai visité toutes les salles. La plus ancienne sert maintenant d’entrepôt au matériel médical, cartons de pastilles, seringues, goutte-à-goutte, poches de plasma. Il y a un gros réfrigérateur antédiluvien, avec une poignée rouillée, qui ronronne et parfois tousse un peu. La fenêtre donne sur la cour de terre battue, bordée de limoniers. Bien sûr je n’ai rien vu du tout quand je suis née, ni ici, ni sur la plage. J’ai vécu comme un petit animal abandonné, dans un berceau à deux places, poings et cœur fermés, juste bonne à téter et à salir mes couches, jusqu’à ce que quelqu’un de la famille Badou vienne me chercher et m’amène chez eux. Quelle importance ?

Le dispensaire n’accueille pas souvent des bébés. Les petites filles jetées vont dans les orphelinats de la capitale. À Tarkwa, ce sont les cas extrêmes. Hier, j’ai assisté à l’extirpation d’une tumeur du scrotum. Le patient est un homme de soixante ans, mais qui paraît plus âgé, à cause d’une vie agitée. Il est surtout préoccupé par ses futurs exploits sexuels, avant l’injection de l’anesthésie il me prend par la main, et il répète d’une voix geignarde : « Vous n’allez pas me l’abîmer, vous n’allez pas le couper ? » et moi je dois seulement lui dire : « Ben, vous allez être plus sage maintenant. » L’extirpation de la tumeur a été une vraie boucherie, du sang partout, sur mes gants, sur ma blouse verte, même sur mes chaussons en plastique. Un peu plus tard, je sors dans la cour pour fumer une cigarette avec les autres volontaires. Le soleil brûle à faire tourner la tête. « Comment c’était ? » demande une des filles qui n’a pas osé assister à l’affaire. Je ricane, peut-être parce que je pense à ce qui s’est passé ici, pour moi, il y a trente-trois ans.

« Ben, c’était pas pire qu’un accouchement. »

J’ai cherché Julia. Je ne sais pas son nom de famille. Je ne connais que ce prénom, c’est par les vieux de l’hôpital que je l’ai appris. C’était elle la sage-femme, du temps des sœurs de la Conception. Elle n’est pas religieuse, elle a quitté la maternité depuis longtemps, mais beaucoup se souviennent d’elle, parce qu’elle était la meilleure, celle qu’on appelait quand la naissance était difficile, le bébé ne se présentait pas bien, ou la maman ne dilatait pas assez. Elle avait des recettes, des décoctions, des prières, elle savait calmer l’angoisse des parturientes, elle savait masser les fontanelles des marmots.

À force de demander, j’ai pu avoir son adresse. C’est près du marché, Summer Road, à toucher la pharmacie Kenrich. J’y suis allée un dimanche, pour être sûre de la trouver. La maison est minuscule, entre deux blocs de béton. Elle survit aux réfections, comme une dent gâtée au milieu de prothèses trop blanches. Quand j’ai frappé à la porte de fer, c’est un garçon de quinze ans qui m’a ouvert, il m’a regardée avec méfiance. J’ai pensé qu’il me prenait pour une envoyée de la banque ou quelqu’un de ce genre, qui allait donner du papier timbré et prendre la maison. Quand j’ai dit le nom de sa grand-mère, il l’a appelée sans se retourner. Il continuait à me regarder, un air de défi dans son regard, avec sa casquette de faux rappeur et ses baskets. Julia est arrivée. Je ne la voyais pas comme ça, si menue, si simple. Avec sa robe tablier et ses tongs, elle ressemble à une paysanne. Ses cheveux gris sont tressés en nattes attachées au sommet du crâne, une coiffure de petite fille. Je l’ai regardée sans rien dire, et puis je n’ai pas pu résister, j’ai dit : « C’est Rachel, vous vous souvenez de moi ? Rachel. » Ridicule. Elle a dû en mettre au monde des milliers, des Rachel et des Judith, et des Norma.

Mais elle ne m’a pas renvoyée. Au contraire, elle m’a prise par la main et elle m’a fait entrer chez elle. Chez elle, c’est juste une pièce obscure, encombrée de fauteuils et d’une table sur laquelle trône une télé. Un rideau est tiré sur une porte que j’imagine être celle de sa chambre, une alcôve plutôt à en juger d’après l’ombre. Le garçon a disparu, il nous a laissées dans la salle, il est parti rejoindre ses copains. Nous restons, Julia et moi, sans rien dire. Le vert des murs et des rideaux, le rouge sombre des tomettes, les tapis et les napperons, les photos encadrées accrochées aux murs empêchent de parler, mais nous ne sommes pas dans le silence, parce qu’on entend le bruit de la rue, les klaxons des taxis collectifs, la musique des boombox dans les bars voisins. Quand je dis à Julia que c’est elle qui m’a mise au monde, il y a plus de trente ans, elle qui m’a donné le biberon et s’est occupée de moi, elle ne répond rien, seulement a-an , comme ça, en hochant la tête, et en se balançant un peu dans son fauteuil. Elle parle bien l’anglais, elle est allée à l’école. J’ai apporté les papiers que j’ai — pas le passeport tout neuf au nom d’une certaine Rachel Crosley, mais tout ce que j’ai sauvé de ma vie d’avant, les papiers de ma naissance, les vaccins et le livret de l’école. Elle les regarde l’un après l’autre attentivement. Je lui montre aussi une vieille photo que je n’ai jamais réussi à perdre, même quand j’avais perdu la tête, sur laquelle je suis avec Bibi, sur la plage de Takoradi, j’ai neuf ans, Bibi quatre, j’ai un bikini blanc et elle juste sa petite culotte, nous avons des chapeaux de paille, l’écume des vagues nous éblouit. Julia prend la photo, elle l’incline à la lumière pour mieux voir. Elle est souriante, mais je sens qu’elle est sur ses gardes. Qu’est-ce qu’une femme comme moi vient faire chez elle ? Peut-être que son petit-fils, le garçon à la casquette, lui a dit de se méfier, de ne rien signer. Elle me rend les papiers, bien rangés en ordre, sans faire de commentaires. Qu’est-ce que j’espérais ? Qu’elle se souvienne, qu’elle m’appelle par mon nom, qu’elle m’embrasse ? Pourtant, quand le moment est venu de m’en aller, Julia va dans sa chambre, elle revient avec un album, et elle me montre les photos de sa famille. Sur l’une d’elles, elle a une trentaine d’années, elle est habillée d’une blouse qui a dû être verte mais la photo n’a retenu que du gris. Sur la tête, une coiffe blanche à ourlet, et aux pieds des tennis blancs. Elle est souriante, derrière elle on voit des berceaux alignés, surmontés de moustiquaires. Je sais pourquoi cette photo m’émeut. C’est la première fois que je suis si près de ma naissance, je n’apprendrai plus rien désormais. Julia a compris mon émotion, un nuage passe sur son visage souriant, quelque chose comme le souvenir, mais c’est évidemment tout à fait impossible, il y a si longtemps. Mon nom et mes papiers ne lui ont rien dit, c’est juste quand je reste penchée sur cette photo, alors elle la détache de l’album et elle me la tend, elle n’a rien d’autre à me donner, rien d’autre à partager, et moi je ne peux pas accepter. Au moment de passer la porte pour me rejeter au-dehors, dans la lumière et le bruit de la rue, elle ouvre ses bras et je me serre contre elle, elle qui est toute petite et légère, mais ses bras sont puissants comme ceux des sages-femmes. Ma-krow , je lui dis, les seuls mots de twi que je connaisse, ma-krow auntie. Alors elle pose ses mains sur ma tête, elle me donne sa force, une pluie douce et chaude qui descend le long de mon corps et me fait frissonner. Elle retourne vers la maison et elle referme la porte. Moi je marche à nouveau dans la rue, vers la station des taxis. Je suis prise d’une sorte de vertige, la chaleur et la foule sans doute. Et puis c’est toujours un peu angoissant de commencer une nouvelle histoire.

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