Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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La mort est venue. Elle a commencé par les moutons et les chèvres, les chevaux aussi, qui restaient sur le lit de la rivière, le ventre ballonné, les pattes écartées. Puis ce fut le tour des enfants et des vieillards, qui déliraient, et ne pouvaient plus se relever. Ils mouraient si nombreux qu’on dut faire un cimetière pour eux, en aval de la rivière, sur une colline de poussière rouge. On les emportait à l’aube, sans cérémonie, emmaillotés dans de vieilles toiles, et on les enterrait dans un simple trou creusé à la hâte, sur lequel on posait ensuite quelques pierres pour que les chiens sauvages ne les déterrent pas. En même temps que la mort, c’était le vent du Chergui qui était venu. Il soufflait par rafales, enveloppant les hommes dans ses plis brûlants, effaçant toute humidité de la terre. Chaque jour, Nour errait sur le lit du fleuve, avec d’autres enfants, à la recherche des crevettes. Il plaçait aussi des pièges faits avec des lacets d’herbe et des brindilles, pour capturer les lièvres et les gerboises, mais souvent les renards étaient passés avant lui.

C’était la faim qui rongeait les hommes et faisait mourir les enfants. Depuis des jours qu’ils étaient arrivés devant la ville rouge, les voyageurs n’avaient pas reçu de nourriture, et les provisions touchaient à leur fin. Chaque jour, le grand cheikh envoyait ses guerriers devant les murs de la ville, pour demander de la nourriture et des terres pour son peuple. Mais les notables promettaient toujours et ne donnaient rien. Ils étaient si pauvres eux-mêmes, disaient-ils. Les pluies avaient manqué, la sécheresse avait durci la terre, et les réserves de la moisson s’étaient épuisées. Quelquefois, le grand cheikh et ses fils allaient jusqu’aux remparts de la ville, pour demander des terres, des semences, une part des palmeraies. Mais il n’y avait pas assez de terres pour eux-mêmes, disaient les notables, de la tête du fleuve jusqu’à la mer les terres fertiles étaient prises, et les soldats des Chrétiens venaient souvent dans la ville d’Agadir, ils prenaient pour eux la plus grande part des récoltes.

Chaque fois, Ma el Aïnine écoutait la réponse des notables sans rien dire, puis il retournait sous sa tente, dans le lit du fleuve. Mais ce n’était plus la colère, ni l’impatience qui grandissaient maintenant dans son cœur. Avec la venue de la mort, chaque jour, et le vent brûlant du désert, c’était le désespoir qu’il partageait avec son peuple. C’était comme si les hommes errant le long des rivages vides du fleuve, ou bien accroupis dans l’ombre de leurs abris, avaient devant les yeux l’évidence de leur condamnation. Ces terres rouges, ces champs desséchés, ces maigres terrasses plantées d’oliviers et d’orangers, ces palmeraies sombres, tout cela leur était étranger, lointain, pareil aux mirages.

Malgré leur désespoir, Larhdaf et Saadbou voulaient attaquer la ville, mais le cheikh refusait cette violence. Les hommes bleus du désert étaient trop fatigués maintenant, il y avait trop longtemps qu’ils marchaient et jeûnaient. La plupart des guerriers étaient fiévreux, malades du scorbut, leurs jambes couvertes de plaies envenimées. Même leurs armes étaient hors d’usage.

Les gens de la ville se méfiaient des hommes du désert, et les portes restaient fermées tout le jour. Ceux qui avaient voulu s’aventurer du côté des remparts avaient reçu des coups de feu : c’était un avertissement.

Alors, quand il a compris qu’il n’y avait plus rien à espérer, qu’ils allaient mourir tous, les uns après les autres, sur le lit brûlant de la rivière, devant les remparts de la ville impitoyable, Ma el Aïnine a donné le signal du départ vers le nord. Cette fois, il n’y eut pas de prière, ni de chants ni de danse. Les uns après les autres, lentement, comme des animaux malades qui déplient leurs membres et se relèvent en titubant, les hommes bleus ont quitté le lit du fleuve, ils ont recommencé leur marche vers l’inconnu.

Maintenant la troupe des guerriers du cheikh n’avait plus la même apparence. Ils marchaient avec le convoi des hommes et des bêtes, harassés comme eux, leurs vêtements en lambeaux, le regard fiévreux et vide. Peut-être qu’ils avaient cessé de croire aux raisons de cette longue marche, qu’ils continuaient à avancer seulement par habitude, à la limite de leurs forces, prêts à tomber à chaque instant. Les femmes avançaient, penchées en avant, le visage caché par leurs voiles bleus, et beaucoup n’avaient plus leur enfant avec elle, parce qu’il était resté dans la terre rouge de la vallée du Souss. Puis, à la fin du convoi qui s’étirait dans toute la vallée, c’étaient les enfants, les vieillards, les guerriers blessés, tous ceux qui marchaient lentement. Nour était parmi eux, guidant le guerrier aveugle. Il ne savait même plus où était sa famille, perdue quelque part dans le nuage de poussière. Seuls, quelques guerriers avaient encore leur monture. Le grand cheikh allait parmi eux, sur son chameau blanc, enveloppé dans son manteau.

Personne ne parlait. On allait pour soi, le visage noirci, les yeux fiévreux regardant fixement la terre rouge des collines, vers l’ouest, pour trouver la piste qui franchit les montagnes jusqu’à la ville sainte de Marrakech. On marchait dans la lumière qui frappe le crâne, la nuque, qui fait vibrer la douleur dans les membres, qui brûle jusqu’au centre du corps. On n’entendait plus le vent, ni le bruit des pas des hommes raclant le désert. On n’entendait que le bruit de son cœur, le bruit de ses nerfs, la souffrance qui siffle et grince derrière les tympans.

Nour ne sentait plus la main du guerrier aveugle agrippée à son épaule. Il avançait seulement, sans savoir pourquoi, sans espoir de s’arrêter jamais. Peut-être que le jour où son père et sa mère avaient décidé d’abandonner les campements du Sud, ils avaient été condamnés à errer jusqu’à la fin de leur existence, dans cette marche sans fin, de puits en puits, le long des vallées desséchées ? Mais y avait-il au monde d’autres terres que celles-là, étendues infinies, mêlées au ciel par la poussière, montagnes sans ombre, pierres aiguës, rivières sans eau, buissons d’épines dont chacune peut, par une blessure minuscule, donner la mort ? Chaque jour, au loin, au flanc des collines, près des puits, les hommes voyaient de nouvelles maisons, des forteresses de boue rouge, entourées de champs et de palmiers. Mais ils les voyaient comme on voit des mirages, tremblantes dans l’air surchauffé, lointaines, inaccessibles. Les habitants des villages ne se montraient pas. Ils avaient fui dans les montagnes, ou bien ils se cachaient derrière leurs remparts, prêts à combattre les hommes bleus du désert.

En tête de la caravane, sur leurs chevaux, les fils de Ma el Aïnine montraient l’ouverture étroite de la vallée, au milieu du chaos des montagnes.

« La route ! La route du Nord ! »

Alors ils ont franchi les montagnes pendant des jours. Le vent brûlant soufflait dans les ravins. Le ciel bleu était immense au-dessus des rochers rouges. Il n’y avait personne ici, ni homme ni bête, seulement parfois la trace d’un serpent dans le sable, ou, très haut dans le ciel, l’ombre d’un vautour. On avançait sans chercher la vie, sans voir un signe d’espoir. Comme des aveugles, les hommes et les femmes cheminaient à la suite les uns des autres, plaçant leurs pieds sur les marques de pas qui les précédaient, mêlés aux bêtes du troupeau. Qui les guidait ? La piste de terre serpentait le long des ravins, franchissait les éboulis, se confondait avec les lits des torrents secs.

Enfin les voyageurs arrivèrent au bord de l’oued Issene, grossi par la fonte des neiges. L’eau était belle et pure, elle bondissait entre les rives arides. Mais les hommes la regardèrent sans émotion, parce que cette eau n’était pas à eux, qu’ils ne pouvaient pas la retenir. Ils restèrent plusieurs jours sur les bords de l’oued, tandis que les guerriers du grand cheikh, accompagnés de Larhdaf et de Saadbou, remontaient la piste de Chichaoua.

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