Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Radicz s’arrête de parler. Il voudrait bien demander des choses à Lalla, au sujet de l’enfant qui est dans son ventre, mais il n’ose pas. Il a allumé une autre cigarette, et il fume, et de temps en temps, il donne la cigarette à Lalla pour qu’elle aspire une bouffée. Tous les deux, ils regardent la mer si belle, les îles noires comme des baleines, et les bateaux jouets qui avancent lentement sur la mer pleine de lumière. De temps en temps, le vent souffle si fort qu’on dirait que le ciel et la mer vont basculer.

Maintenant, Lalla regarde ses photos sur les feuilles des magazines, sur les couvertures des journaux. Elle regarde les liasses de photos, les planches de contact, les maquettes en couleurs où son visage apparaît, presque grandeur nature. Elle feuillette les magazines d’arrière en avant, en les tenant un peu de travers et en penchant la tête de côté.

« Elles te plaisent ? » demande le photographe, avec un peu d’inquiétude dans la voix, comme si cela avait de l’importance.

Elle, ça la fait bien rire, de son rire sans bruit qui fait étinceler ses dents très blanches. Elle rit de tout cela, de ces photos, de ces journaux, comme si c’était une plaisanterie, comme si ce n’était pas elle qu’on voyait sur ces feuilles de papier. D’abord, ce n’est pas elle. C’est Hawa, c’est le nom qu’elle s’est donné, qu’elle a donné au photographe, et c’est comme cela qu’il l’appelle c’est comme cela qu’il l’a appelée, la première fois qu’il l’a rencontrée, dans les escaliers du Panier, et qu’il l’a amenée chez lui, dans son grand appartement vide, au rez-de-chaussée de l’immeuble neuf.

Maintenant, Hawa est partout, sur les pages des magazines, sur les planches de contact, sur les murs de l’appartement. Hawa, vêtue de blanc, une ceinture noire autour de la taille, seule au centre d’une aire de rochers, sans ombre ; Hawa, en soie noire, un foulard apache autour du front ; Hawa debout dans le dédale des rues de la vieille ville, ocre, rouge, or ; Hawa debout au-dessus de la mer Méditerranée, Hawa au milieu de la foule du cours Belsunce, ou bien sur les marches de l’escalier de la gare Hawa vêtue d’indigo, pieds nus sur l’asphalte de l’esplanade grande comme un désert, avec les silhouettes des réservoirs et les cheminées qui brûlent ; Hawa, en train de marcher, en train de danser, Hawa en train de dormir, Hawa au beau visage couleur de cuivre, au corps long et lisse, qui brille dans la lumière, Hawa au regard d’aigle, aux lourds cheveux noirs qui cascadent sur ses épaules, ou bien lissés par l’eau de mer comme un casque de galalithe.

Mais qui est Hawa ? Chaque jour, quand elle se réveille, dans le grand living-room gris-blanc où elle dort sur un matelas pneumatique, à même le sol, elle va se laver dans la salle de bains sans bruit, puis elle sort par la fenêtre, et elle s’en va à travers les rues du quartier, au hasard, elle marche jusqu’à la mer. Le photographe se réveille, il ouvre les yeux, mais il ne bouge pas, il fait comme s’il n’avait rien entendu, pour ne pas déranger Hawa. Il sait qu’elle est comme cela, qu’il ne faut pas essayer de la retenir. Simplement, il laisse la fenêtre ouverte, pour qu’elle puisse entrer, comme un chat.

Quelquefois elle ne rentre qu’à la nuit. Elle se glisse à l’intérieur de l’appartement par la fenêtre. Le photographe l’entend ; il sort de son laboratoire et il va s’asseoir à côté d’elle dans le living-room, pour lui parler un peu. Il est toujours ému quand il la voit, parce que son visage est si plein de lumière et de vie, et il cligne un peu les yeux parce qu’en venant de l’ombre du laboratoire, il est ébloui. Il croit toujours qu’il a beaucoup de choses à lui dire, mais quand Hawa est devant lui, il ne sait plus ce qu’il voulait raconter. C’est elle qui parle, elle raconte ce qu’elle a vu, ce qu’elle a entendu, dans les rues, et elle mange un peu en parlant, du pain qu’elle a acheté, des fruits, des dattes qu’elle ramène chez le photographe par kilos.

Le plus extraordinaire de tout cela, ce sont les lettres : elles arrivent de tous les côtés, qui portent le nom de Hawa sur l’enveloppe. Ce sont les journaux de mode, les magazines qui les font suivre, en ajoutant le nom du photographe et son adresse. Lui, est à la fois heureux et inquiet de recevoir toutes ces lettres. Hawa lui demande de les lire, et elle écoute tout le temps avec la tête un peu penchée de côté, en buvant du thé à la menthe (maintenant la cuisinette du photographe est pleine de boîtes de gunpowder et de thé au jasmin, et de petits paquets de menthe). Les lettres disent quelquefois des choses extraordinaires, des choses très bêtes qu’écrivent des jeunes filles qui ont vu la photo de Hawa quelque part et qui lui parlent comme si elles la connaissaient depuis toujours. Ou bien des lettres de jeunes garçons qui sont tombés amoureux d’elle, et qui disent qu’elle est belle comme Néfertiti ou comme une princesse inca, et qu’ils aimeraient bien la rencontrer un jour.

Lalla se met à rire :

« Quels menteurs ! »

Quand le photographe lui montre les photos qu’il vient de faire, Hawa avec ses yeux en amande, brillants comme des gemmes, et sa peau couleur d’ambre, pleine d’étincelles de lumière, et ses lèvres au sourire un peu ironique, et son profil aigu, Lalla Hawa se met à rire encore, elle répète :

« Quel menteur ! Quel menteur ! »

Parce qu’elle pense que ça ne lui ressemble pas.

Il y a aussi des lettres sérieuses, qui parlent de contrats, d’argent, de rendez-vous, de défilés de mode. C’est le photographe qui décide tout, qui s’occupe de tout. Il téléphone aux couturiers, il note les rendez-vous sur son agenda, il signe les contrats. C’est lui qui choisit les modèles, les couleurs, qui décide de l’endroit où on fera les photos. Puis il emmène Hawa dans sa camionnette Volkswagen rouge, et ils s’en vont très loin, là où il n’y a plus de maisons, rien que des collines grises couvertes de broussailles épineuses, ou bien dans le delta du grand fleuve, sur les plages lisses des marécages, là où le ciel et l’eau sont de la même couleur.

Lalla Hawa aime bien voyager dans la camionnette du photographe. Elle regarde le paysage glisser autour des vitres, la route noire qui sinue vers elle, les maisons, les jardins, les friches qui se défont sur le côté, qui s’en vont. Les gens sont debout au bord de la route, ils regardent d’un air vide, comme dans un rêve. C’est un rêve peut-être que vit Lalla Hawa, un rêve où il n’y a plus vraiment de jour ni de nuit, plus de faim ni de soif, mais le glissement des paysages de craie, de ronces, les carrefours des routes, les villes qui passent, avec leurs rues, leurs monuments, leurs hôtels.

Le photographe ne cesse pas de photographier Hawa. Il change d’appareil, il mesure la lumière, il appuie sur la détente. Le visage de Hawa est partout, partout. Il est dans la lumière du soleil, allumé comme une gloire dans le ciel d’hiver, ou bien au cœur de la nuit, il vibre dans les ondes des postes de radio, dans les messages téléphoniques. Le photographe s’enferme tout seul dans son laboratoire, sous la petite lampe orange, et il regarde indéfiniment le visage qui prend forme sur le papier dans le bain d’acide. D’abord les yeux, immenses, taches qui s’approfondissent, puis les cheveux noirs, la courbe des lèvres, la forme du nez, l’ombre sous le menton. Les yeux regardent ailleurs, comme fait toujours Lalla Hawa, ailleurs, de l’autre côté du monde, et le cœur du photographe se met à battre plus vite, chaque fois, comme la première fois qu’il a capté la lumière de son regard, au restaurant des Galères, ou bien quand il l’a retrouvée, plus tard, au hasard des escaliers de la vieille ville.

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