Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Un homme de haute stature est debout devant leur table. Il est vêtu d’un complet noir, et sa chemise est aussi blanche que les nappes des tables. Il a une grosse figure ennuyée et molle, avec une bouche sans lèvres. Justement, il va ouvrir la bouche pour dire aux deux enfants de partir tout de suite, et sans faire d’histoires, quand son regard triste rencontre celui de Lalla, et d’un coup il oublie ce qu’il allait dire. Le regard de Lalla est dur comme le silex, plein d’une telle force que l’homme en noir doit détourner les yeux. Il fait un pas en arrière, comme s’il allait partir, puis il dit, d’une drôle de voix qui s’étrangle un peu :

« Vous… Vous voulez boire quelque chose ? »

Lalla le regarde toujours fixement, sans ciller.

« Nous avons faim », dit-elle seulement. « Apportez-nous à manger. »

L’homme en noir s’éloigne et revient avec la carte, qu’il dépose sur la table. Mais Lalla rend le carton, et ses yeux ne cessent pas de fixer ceux de l’homme. Peut-être que tout à l’heure, il se souviendra de sa haine, et qu’il aura honte de sa peur.

« Donnez-nous la même chose qu’à eux », commande Lalla. Elle montre le groupe à la table voisine, ceux qui les observent de temps à autre par-dessus leurs lunettes en se retournant à demi.

L’homme va parler à un des garçons qui vient en poussant un petit chariot chargé de plats de toutes les couleurs. Sur les assiettes, le garçon dépose des tomates, des feuilles de laitue, des filets d’anchois, des olives et des câpres, des pommes de terre froides, des œufs en poussière jaune, et beaucoup d’autres choses encore. Lalla regarde Radicz qui mange vite, penché sur son assiette comme un chien en train de ronger, et elle a envie de rire.

La lumière et le vent continuent à danser pour elle, même ici, au-dessus des verres et des assiettes, sur les miroirs des murs, sur les bouquets de fleurs. Les plats arrivent les uns après les autres sur la table, énormes, flamboyants, pleins de toutes sortes de mets que Lalla ne connaît pas : poissons nageant dans des sauces orange, monticules de légumes, assiettes de rouge, de vert, de brun couvertes d’un dôme d’argent que Radicz soulève pour humer les odeurs. Le maître d’hôtel cérémonieusement leur verse un vin couleur d’ambre, puis, dans un autre verre large et léger, un vin couleur de rubis, presque noir. Lalla trempe ses lèvres dans le breuvage, mais c’est la couleur qu’elle boit plutôt, en la regardant en transparence. C’est la lumière qui les enivre plus que le vin, et les couleurs et les odeurs de la nourriture. Radicz mange vite, de tout à la fois, et il boit l’un après l’autre les verres de vin. Mais Lalla ne mange presque pas ; elle regarde seulement le jeune garçon en train de manger, et les autres personnes, dans la salle, qui sont comme figées devant leurs assiettes. Le temps s’est ralenti, ou bien c’est son regard qui immobilise, avec la lumière. Dehors, les autos continuent de rouler devant les vitres, et on voit la couleur grise de la mer entre les bateaux.

Quand Radicz a fini de manger tout ce qu’il y a dans les plats, il s’essuie la bouche avec la serviette, et il s’appuie sur le dossier de sa chaise. Il est un peu rouge, et ses yeux brillent fort.

« C’était bon ? » demande Lalla.

« Oui », dit simplement Radicz. Il a un peu le hoquet, tellement il a mangé. Lalla lui fait boire un verre d’eau et lui dit de la regarder dans les yeux jusqu’à ce que son hoquet soit passé.

Le gros homme en noir s’approche de leur table.

« Café ? »

Lalla secoue la tête. Quand le maître d’hôtel apporte l’addition sur un plateau, Lalla la lui tend.

« Lisez-la. »

Elle sort de la poche de son manteau la liasse de billets froissés, et elle les déplie l’un après l’autre, sur la nappe. Le maître d’hôtel prend l’argent. Il va s’en aller, puis il se ravise.

« Il y a un monsieur qui voudrait vous parler, à la table, là-bas, près de la porte. »

Radicz prend Lalla par le bras, la tire violemment.

« Viens, on s’en va d’ici ! »

Quand elle s’approche de la porte, Lalla voit à la table voisine un homme d’une trentaine d’années, l’air un peu triste. Il se lève et vient vers elle. Il bafouille.

« Je, excusez-moi, de vous aborder comme cela, mais je — »

Lalla le regarde bien en face, en souriant.

« Voilà, je suis photographe, et j’aimerais bien faire des photos de vous, quand vous voudrez. »

Comme Lalla ne répond pas, et continue à sourire, il s’embrouille de plus en plus.

« C’est parce que — je vous aie vue, là, tout à l’heure, quand vous êtes entrée dans le restaurant et c’était — c’était extraordinaire, vous êtes — C’était vraiment extraordinaire. »

Il sort un crayon à bille de la poche de son veston, et il écrit vite son adresse et son nom sur un bout de papier. Mais Lalla secoue la tête et ne prend pas le papier.

« Je ne sais pas lire », dit-elle.

« Alors dites-moi où vous habitez ? » demande le photographe. Il a des yeux bleu-gris, très tristes et humides comme les yeux des chiens. Lalla le regarde avec ses yeux pleins de lumière, et l’homme cherche encore quelque chose à dire.

« J’habite à l’hôtel Sainte-Blanche », dit Lalla. Et elle s’en va très vite.

Dehors, Radicz le mendiant l’attend. Le vent rabat ses cheveux longs sur son visage maigre. Il n’a pas l’air content. Quand Lalla lui parle, il hausse les épaules.

Ensemble, ils marchent jusqu’à la mer, sans savoir où ils vont. Ici, la mer n’est pas comme la plage de Naman le pêcheur. C’est un grand mur de ciment qui longe la côte, accroché aux rochers gris. Les vagues courtes cognent dans les creux des rochers en faisant des explosions ; l’écume monte comme un brouillard. Mais c’est bien, Lalla aime passer sa langue sur ses lèvres et sentir le goût du sel. Avec Radicz, elle descend au milieu des rochers, jusqu’à une anfractuosité à l’abri du vent. Le soleil brûle très fort à cet endroit, il brille sur la mer, au large, et sur les rochers salés. Après le bruit de la ville, et après toutes ces odeurs bizarres du restaurant, c’est bien d’être ici, avec rien d’autre devant soi que la mer et le ciel. Un peu à l’ouest, il y a des îlots, quelques rochers noirs qui sortent de la mer comme des baleines — c’est Radicz qui dit cela. Il y a aussi de petits bateaux avec une grande voile blanche, et on dirait des jouets d’enfant.

Quand le soleil commence à baisser dans le ciel, et que la lumière s’adoucit, sur les vagues, sur les rochers, et que le vent aussi souffle moins fort, cela donne envie de rêver, de parler. Lalla regarde les minuscules plantes grasses qui sentent le miel et le poivre ; elles tremblent à chaque rafale de vent, dans les creux des rochers gris, devant la mer. Elle pense qu’elle voudrait devenir si petite qu’elle pourrait vivre dans un bosquet de ces petites plantes ; alors elle habiterait dans un trou de rocher, et une seule goutte d’eau suffirait à lui donner à boire pour un jour, et une seule miette de pain suffirait à lui donner à manger pour deux jours.

Radicz sort de la poche de son vieux veston marron un paquet de cigarettes un peu abîmé, et il en donne une à Lalla. Il dit qu’il ne fume jamais devant les autres, mais seulement quand il est dans un endroit qu’il aime. Il dit qu’avec Lalla, c’est la première fois qu’il fume devant quelqu’un. Ce sont des cigarettes américaines avec un morceau de carton et de coton à un bout, et qui sentent une odeur de miel écœurante. Ils fument tous les deux lentement, en regardant devant eux la mer. Le vent chasse la fumée bleue.

« Tu veux que je te raconte l’endroit où j’habite, là-bas, du côté des réservoirs ? »

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