Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Lalla écoute tous ces bruits, la nuit, allongée sur son lit, en regardant la tache jaune de l’ampoule électrique allumée. Les hommes ici ne peuvent pas exister, ni les enfants, ni rien de ce qui vit. Elle écoute les bruits de la nuit, comme à l’intérieur d’une grotte, et c’est comme si elle n’existait plus elle-même très bien. Dans son ventre, quelque chose tressaille, à présent, palpite comme un organe inconnu.

Lalla se love dans son lit, les genoux contre le menton, et elle essaie d’écouter ce qui bouge en elle, ce qui commence à vivre. Il y a la peur, encore, la peur qui fait fuir le long des rues et fait rebondir d’un angle à l’autre, comme une balle. Mais, en même temps, il y a une onde de bonheur étrange, de chaleur et de lumière, qui semble venir de très loin, d’au-delà des mers et des villes, et qui unit Lalla à la beauté du désert. Alors, comme chaque nuit, Lalla ferme les yeux, elle respire profondément. Lentement, la lumière grise de la chambre étroite s’éteint, et la belle nuit apparaît. Elle est peuplée d’étoiles, froide, silencieuse, solitaire. Elle repose sur la terre sans limites, sur l’étendue des dunes immobiles. À côté de Lalla, il y a le Hartani, vêtu de son manteau de bure, et son visage de cuivre noir est brillant à la lumière des étoiles. C’est son regard qui vient jusqu’à elle, qui la trouve ici, dans cette chambre étroite, dans la clarté maladive de l’ampoule électrique, et le regard du Hartani bouge en elle, dans son ventre, réveille la vie. Il y a si longtemps qu’il a disparu, si longtemps qu’elle est partie, de l’autre côté de la mer, comme si elle avait été chassée, et pourtant le regard du jeune berger est très fort ; elle le sent qui bouge vraiment au fond d’elle, dans le secret de son ventre. Alors, ce sont eux qui s’effacent, les gens de cette ville, les policiers, les hommes de la rue, les locataires de l’hôtel, tous, ils disparaissent, et avec eux leur ville, leurs maisons, leurs rues, leurs autos, leurs camions, et il ne reste plus que l’étendue du désert, où Lalla et le Hartani sont couchés ensemble. Tous deux sont enveloppés dans le grand manteau de bure, entourés par la nuit noire et les myriades d’étoiles, et ils se serrent très fort l’un contre l’autre pour ne pas sentir le froid qui envahit la terre.

Quand il y a quelqu’un qui meurt au Panier, c’est le magasin des pompes funèbres, au rez-de-chaussée de l’hôtel, qui s’occupe de tout. Au début, Lalla croyait que c’était quelqu’un de la famille du patron de l’hôtel ; mais c’est un commerçant comme les autres. Au début, Lalla pensait que les gens venaient mourir à l’hôtel et qu’on les envoyait ensuite aux pompes funèbres. Il n’y a pas beaucoup de monde dans le magasin, juste le patron, Monsieur Cherez, deux croque-morts, et le conducteur de la limousine.

Quand quelqu’un est mort au Panier, les employés partent avec la limousine, et ils vont accrocher de grandes tentures noires avec des larmes d’argent sur la porte de la maison. Devant la porte, sur le trottoir, ils installent une petite table recouverte d’une nappe noire avec aussi des larmes d’argent. Sur la table, il y a une soucoupe pour que les gens puissent mettre un petit carton avec leur nom, quand ils vont rendre visite au mort.

Quand Monsieur Ceresola est mort, Lalla l’a su tout de suite, parce qu’elle a vu son fils dans le magasin, au rez-de-chaussée de l’hôtel. Le fils de Monsieur Ceresola est un petit bonhomme gras avec pas beaucoup de cheveux et une moustache en brosse, et il regarde toujours Lalla comme si elle était transparente. Mais Monsieur Ceresola, lui, était différent. C’est quelqu’un que Lalla aime bien. C’est un Italien, pas très grand, mais vieux et maigre, et qui marche difficilement à cause de ses rhumatismes. Il est toujours habillé d’un complet-veston noir, qui doit être bien vieux aussi, parce que l’étoffe est usée jusqu’à la trame, aux coudes, aux genoux. Avec ça, il a de vieilles chaussures de cuir noir, toujours bien cirées, et quand il fait froid, il met un foulard de laine et une casquette. Monsieur Ceresola a une figure toute sèche et ridée, mais bien tannée par le grand air, des cheveux blancs coupés court, et de drôles de lunettes en écaille de tortue, raccommodées avec du sparadrap et de la ficelle.

Les gens l’aiment bien, au Panier, parce qu’il est poli et aimable avec tout le monde, et qu’il a un air de dignité, avec son habit noir démodé et ses souliers cirés. Et puis, tout le monde sait qu’il a été charpentier autrefois, un vrai maître charpentier, et qu’il est venu d’Italie avant la guerre, parce qu’il n’aimait pas Mussolini. C’est ce qu’il raconte quelquefois, quand il rencontre Lalla dans la rue, en allant faire ses courses. Il dit qu’il est arrivé à Paris sans argent, avec juste de quoi payer deux ou trois nuits d’hôtel, et qu’il ne parlait pas un mot de français ; alors quand il a demandé du savon pour se laver, on lui a monté un pot d’eau chaude.

Quand Lalla le rencontre, elle l’aide à porter ses paquets, parce qu’il marche difficilement, surtout quand il faut monter les escaliers vers la rue du Panier. Alors, en marchant, il lui parle de l’Italie, de son village, et du temps où il était ouvrier en Tunisie, et des maisons qu’il construisait, partout, à Paris, à Lyon, en Corse. Il a une drôle de voix un peu forte, et Lalla a du mal à comprendre son accent, mais elle aime bien l’entendre parler.

Maintenant il est mort. Quand Lalla a compris cela, elle a eu l’air si triste que le fils de Monsieur Ceresola l’a regardée avec étonnement, comme s’il était surpris que quelqu’un puisse penser à son père. Lalla est repartie très vite, parce qu’elle n’aime pas beaucoup respirer l’air du magasin des pompes funèbres, ni voir toutes ces couronnes de celluloïd, ces cercueils, et surtout ces croque-morts qui ont des yeux méchants.

Alors Lalla a suivi les rues, lentement, la tête baissée, et elle est arrivée comme cela jusqu’à la porte de la maison de Monsieur Ceresola. Autour de la porte, il y avait les tentures, et la petite table avec sa nappe noire et sa soucoupe. Il y avait aussi un grand tableau noir au-dessus de la porte avec deux lettres en forme de croissants de lune, comme ceci :

Désert - изображение 2

Lalla entre dans la maison, elle monte l’escalier aux marches étroites, comme quand elle portait les paquets de Monsieur Ceresola, lentement, en s’arrêtant à chaque palier pour reprendre son souffle. Elle est si fatiguée, aujourd’hui, elle se sent si lourde, comme si elle allait s’endormir, comme si elle allait mourir en arrivant au dernier étage.

Elle s’arrête devant la porte, elle hésite un peu. Puis elle pousse la porte, et elle entre dans le petit appartement. D’abord, elle ne reconnaît pas l’endroit, parce que les volets sont fermés et qu’il fait sombre. Il n’y a personne dans l’appartement, et Lalla avance vers la grande pièce, là où il y a une table recouverte de toile cirée, avec une corbeille de fruits. Au fond de la pièce, il y a l’alcôve avec le lit. Quand elle s’approche, Lalla aperçoit Monsieur Ceresola qui est couché sur le dos, dans le lit, comme s’il dormait. Il a l’air si tranquille, dans la pénombre, avec les yeux fermés et les mains allongées le long de son corps, que Lalla croit un instant qu’il est seulement assoupi, qu’il va bientôt se réveiller. Elle dit, à voix chuchotée, pour ne pas le déranger :

« Monsieur Ceresola ? Monsieur Ceresola ? »

Mais Monsieur Ceresola ne dort pas. Cela se voit à ses habits, toujours le même complet veston noir, les mêmes souliers cirés ; mais le veston est un peu de travers, avec le col qui se soulève derrière la tête, et Lalla pense qu’il va être froissé. Il y a une ombre grise sur les joues et sur le menton du vieillard, et des cernes bleus autour de ses yeux, comme s’il avait été frappé. Lalla pense encore au vieux Naman, quand il était couché par terre dans sa maison et qu’il ne pouvait plus respirer. Elle pense à lui si fort, que pendant quelques secondes c’est lui qu’elle voit, couché sur le lit, le visage effacé par le sommeil, les mains étendues le long de son corps. La vie tremble encore dans la pénombre de la chambre, avec un murmure très bas, à peine perceptible. Lalla s’approche tout près du lit, elle regarde mieux le visage éteint, couleur de cire, les cheveux blancs qui tombent sur ses tempes en mèches raides, la bouche entrouverte, les joues creusées par le poids de la mâchoire qui pend. Ce qui rend le visage étrange, c’est qu’il ne porte plus les vieilles lunettes d’écaille ; il semble nu, faible, à cause de ces marques qui ne servent plus, sur le nez, autour des yeux, le long des tempes. Le corps de Monsieur Ceresola est devenu tout d’un coup trop petit, trop maigre pour ces habits noirs, et c’est comme s’il avait disparu, comme s’il ne restait plus que ce masque et ces mains de cire, et ces habits mal ajustés sur des cintres trop étriqués. Alors, soudain, la peur revient sur Lalla, la peur qui brûle la peau, qui trouble le regard. La pénombre est étouffante, elle est un poison qui paralyse. La pénombre vient du fond des cours, elle suit les rues étroites, à travers la vieille ville, elle noie tous ceux qu’elle trouve, prisonniers dans les chambres étroites : les petits enfants, les femmes, les vieillards. Elle entre dans les maisons, sous les toits humides, dans les caves, elle occupe les moindres fissures.

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