Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Elle lui donne sa forme, son image, rien d’autre. Parfois le contact de la paume de sa main, ou l’étincelle électrique quand ses cheveux frôlent son corps, et puis son odeur, un peu âcre, un peu piquante comme l’odeur des agrumes, et le son de sa voix, son rire clair. Mais qui est-elle ? Peut-être qu’elle n’est que le prétexte d’un rêve, qu’il poursuit dans son laboratoire obscur avec ses appareils à soufflet, et les lentilles qui agrandissent l’ombre de ses yeux, la forme de son sourire ? Un rêve qu’il fait avec les autres hommes, sur les pages des journaux et sur les photos glacées des magazines.

Il emmène Hawa en avion jusqu’à la ville de Paris, ils roulent en taxi sous le ciel gris, le long du fleuve Seine, vers les rendez-vous d’affaires. Il prend des photos sur les quais du fleuve boueux, sur les grandes places, sur les avenues sans fin. Il photographie sans se lasser le beau visage couleur de cuivre où la lumière glisse comme de l’eau. Hawa vêtue d’une combinaison de satin noir, Hawa vêtue d’un imperméable bleu de nuit, les cheveux tressés en une seule natte épaisse. Chaque fois que son regard rencontre celui de Hawa, cela lui fait un pincement au cœur, et c’est pour cela qu’il se hâte de prendre des photos, toujours davantage de photos. Il avance, il recule, il change d’appareil, il met un genou par terre. Lalla se moque de lui :

« On dirait que tu danses. »

Il voudrait se mettre en colère, mais c’est impossible. Il essuie son front mouillé de sueur, son arcade sourcilière qui glisse contre le viseur. Puis, tout d’un coup, Lalla sort du champ de lumière, parce qu’elle est fatiguée d’être photographiée. Elle s’en va. Lui, pour ne pas ressentir le vide, va continuer à la regarder encore pendant des heures, dans la nuit du laboratoire improvisé dans la salle de bains de sa chambre d’hôtel, attendant en comptant les coups de son cœur que le beau visage apparaisse dans le bac d’acide, surtout le regard, la lumière profonde qui jaillit des yeux obliques, la lumière couleur d’ombre. Du plus loin, comme si quelqu’un d’autre, de secret, regardait par ces pupilles, jugeait en silence. Et puis ce qui vient ensuite, lentement, pareil à un nuage qui se forme, le front, la ligne des pommettes hautes, le grain de la peau cuivrée, usée par le soleil et par le vent. Il y a quelque chose de secret en elle, qui se dévoile au hasard sur le papier, quelque chose qu’on peut voir, mais jamais posséder, même si on prenait des photographies à chaque seconde de son existence, jusqu’à la mort. Il y a le sourire aussi, très doux, un peu ironique, qui creuse les coins des lèvres, qui rétrécit les yeux obliques. C’est tout cela que le photographe voudrait prendre, avec ses appareils de photo, puis faire renaître dans l’obscurité de son laboratoire. Quelquefois, il a l’impression que cela va apparaître réellement, le sourire, la lumière des yeux, la beauté des traits. Mais cela ne dure qu’un très bref instant. Sur la feuille de papier plongée dans l’acide, le dessin bouge, se modifie, se trouble, se couvre d’ombre, et c’est comme si l’image effaçait la personne en train de vivre.

Peut-être que c’est ailleurs que dans l’image ? Peut-être que c’est dans la démarche, dans le mouvement ? Le photographe regarde les gestes de Lalla Hawa, sa façon de s’asseoir, de bouger les mains, avec la paume ouverte, formant une ligne courbe parfaite depuis la saignée du coude jusqu’au bout des doigts. Il regarde la ligne de la nuque, le dos souple, les mains et les pieds larges, les épaules, et la lourde chevelure noire aux reflets cendrés, qui tombe en boucles épaisses sur les épaules. Il regarde Lalla Hawa, et c’est comme si, par instants, il apercevait une autre figure, affleurant le visage de la jeune femme, un autre corps derrière son corps ; à peine perceptible, léger, passager, l’autre personne apparaît dans la profondeur, puis s’efface, laissant un souvenir qui tremble. Qui est-ce ? Celle qu’il appelle Hawa, qui est-elle, quel nom porte-t-elle vraiment ?

Quelquefois, Hawa le regarde, ou bien elle regarde les gens, dans les restaurants, dans les halls des aéroports, dans les bureaux, elle les regarde comme si ses yeux allaient simplement les effacer, les faire retourner au néant auquel ils doivent appartenir. Quand elle a ce regard étrange, le photographe ressent un frisson, comme un froid qui entre en lui. Il ne sait pas ce que c’est. C’est peut-être l’autre être qui vit en Lalla Hawa a qui regarde et qui juge le monde, par ses yeux, comme si à cet instant tout cela, cette ville géante, ce fleuve, ces places, ces avenues, tout disparaissait et laissait voir l’étendue du désert, le sable, le ciel, le vent.

Alors le photographe emmène Hawa dans les endroits qui ressemblent au désert ; les grandes plaines caillouteuses, les marais, les esplanades, les terrains vagues. Pour lui, Hawa marche dans la lumière du soleil, et son regard balaie l’horizon comme celui des oiseaux de proie, à la recherche d’une ombre, d’une silhouette. Elle regarde un long moment, comme si elle cherchait vraiment quelqu’un ; puis elle reste immobile sur son ombre, tandis que le photographe commence à photographier.

Que cherche-t-elle ? Que veut-elle de la vie ? Le photographe regarde ses yeux, son visage, et il sent la profondeur de l’inquiétude derrière la force de sa lumière. Il y a aussi la méfiance, l’instinct de fuite, cette sorte de drôle de lueur qui traverse par instants les yeux des animaux sauvages. Elle le lui a dit, un jour, alors qu’il s’y attendait, elle lui a parlé doucement de l’enfant qu’elle porte en elle, qui arrondit son ventre et gonfle ses seins, et :

« Un jour, tu sais, je m’en irai, je partirai, et il ne faudra pas essayer de me retenir, parce que je partirai pour toujours… »

Elle ne veut pas d’argent, cela ne l’intéresse pas. Chaque fois que le photographe lui donne de l’argent — le prix des heures de pose — Hawa prend les billets de banque, en choisit un ou deux, et elle lui rend le reste. Quelquefois, même, c’est elle qui lui donne de l’argent, des poignées de billets et de pièces qu’elle sort de la poche de sa salopette, comme si elle ne voulait rien garder pour elle.

Ou bien elle parcourt les rues de la ville, à la recherche des mendiants aux coins des murs, et elle leur donne l’argent, par poignées de pièces aussi, en appuyant bien sa main dans la leur pour qu’ils ne perdent rien. Elle donne de l’argent aux gitanes voilées qui errent pieds nus dans les grandes avenues, et aux vieilles femmes en noir accroupies à l’entrée des bureaux de poste ; aux clochards allongés sur les bancs, dans les squares, et aux vieux qui fouillent dans les poubelles des riches, à la nuit tombante. Tous, ils la connaissent bien, et quand ils la voient arriver, ils la regardent avec des yeux qui brillent. Les clochards croient qu’elle est une prostituée, parce qu’il n’y a que les prostituées qui leur donnent tant d’argent, et ils font des plaisanteries et ils rient très fort, mais ils ont l’air bien contents de la voir quand même.

Maintenant, partout on parle de Hawa. À Paris, les journalistes viennent la voir, et il y a une femme qui lui pose des questions, un soir, dans le hall de l’hôtel.

« On parle de vous, du mystère de Hawa. Qui est Hawa ? »

— Je ne m’appelle pas Hawa, quand je suis née je n’avais pas de nom, alors je m’appelais Bla Esm, ça veut dire « Sans Nom ».

— Alors, pourquoi Hawa ?

— C’était le nom de ma mère, et je m’appelle Hawa, fille de Hawa, c’est tout.

— De quel pays êtes-vous venue ?

— Le pays d’où je viens n’a pas de nom, comme moi.

— Où est-ce ?

— C’est là où il n’y a plus rien, plus personne.

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