Tatiana Rosnay - Moka
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Lui raconter mes journées, leur douleur, leur poids. Ces trajets que je m'étais mise à faire dans le métro, pour aller nulle part, toute la ligne 6 ou 4 ou 13, aller-retour, yeux vitreux, tête dodelinante. Voyages sans destination, sans but. Il suffisait de monter dans le wagon, de tirer un strapontin vers soi, de s'asseoir, d'attendre. Plus rien à faire. Juste attendre. Le ballet des stations qui défilaient. Les visages de ces inconnus qui vaquaient à leur vie. Le signal sonore. Les cliquetis des portes qui se refermaient, qui s'ouvraient. La crasse du sol. La voix monotone des SDF qui venaient vendre un journal ou mendier. Au terminus, descendre, faire le tour du quai, remonter, repartir. Quand un adolescent montait, je baissais les yeux. Je ne regardais que les vieillards, les femmes de mon âge, les hommes, et les enfants. Impossible de regarder tout ce qui se rapprochait de Malcolm. Parfois, je pleurais. Larmes silencieuses. Sanglots contenus. Yeux surpris, puis indifférents. Les gens détournaient leurs visages pour ne pas me voir. D'autres me dévisageaient avec une insistance malsaine. Une seule fois, une femme, un peu plus âgée que moi, était venue vers moi me demander si j'avais besoin d'aide.
J'aurais voulu raconter mes nuits à Arabella. Le sommeil ne venait plus. Pour ne pas déranger Andrew, j'allais m'allonger sur le canapé du salon, et j'attendais que la nuit se déroule. Interminable. Le médecin me proposait des calmants, des somnifères, mais je les refusais. Lorsque je m'endormais enfin, d'un sommeil lourd, opaque, je me réveillais quelques heures plus tard, en sursaut, le souffle court, avec un poids immense sur la poitrine qui m'empêchait de respirer. Atroce sensation d'étouffement, de noyade. Mes doigts tâtonnants ne parvenaient pas à trouver l'interrupteur. Mon cœur battait à tout rompre. J'avais envie de crier, d'appeler Andrew tant j'étais certaine que j'allais mourir, là, étouffée.
J'aurais voulu dire tout ça à Arabella, me libérer de ce poids que je sentais encore sur moi, rien que d'y penser. Pendant qu'elle buvait son thé, Georgia installée sur ses genoux, Arabella me contemplait. Étranges yeux bleu pâle, tachetés de jaune. J'ai piqué du menton. Elle, si élégante, je savais bien ce qu'elle pensait. Que sa belle-fille se laissait aller. Cheveux négligemment attachés à la va-vite. Visage nu. Ongles rongés. Vêtements fripés. Mais son regard était empreint d'amour, d'encouragement.
— Ne perdez pas le foi, Djoustine. Ne le perdez pas, darling.
Je me suis souvenue alors de tout ce que je savais de ma belle-mère, sans jamais lui en avoir parlé. La maladie qu'elle avait eue jeune, et dont elle avait guéri de justesse. Un mariage laborieux, conflictuel avec Harry, union dont je ne savais pas grand-chose, sauf que c'était avec l'âge qu'ils avaient su faire la paix, et que l'enfance d'Andrew, et de sa sœur Isabella, avait pâti de cette longue discorde. Et, last but not least, le décès d'un petit dernier, Mark, quand Andrew avait huit ans, Isabella, six. Personne n'en parlait. Dans le grand duplex de Queensgate Place où Andrew avait grandi, parmi les photographies de lui et de sa sœur sur le mur de l'entrée, il y avait le cliché d'un bébé mystérieux, porté avec amour par Arabella et Harry. Andrew m'avait dit : « Le jour où Mark est mort, j'ai tout oublié. » Je n'avais pas osé le questionner. Mort de quoi ? Mort comment ? Où ? Je ne l'avais jamais su. Never explain, etc.
Je me suis souvenue de mon premier Noël chez mes beaux-parents, juste après notre mariage. La température glaciale de l'appartement que personne ne semblait remarquer, sauf moi. Le cérémonial joyeux du houx drapé sur chaque coin de tableau, d'embrasure de porte. Le gui sous lequel on s'embrassait affectueusement. La cuisinière en fonte bleue qui chauffait la journée entière et sur laquelle mijotaient toutes sortes de plats appétissants. La dégustation des mince-pie, petits gâteaux chauds et sablés, fourrés de confiture, qu'on mangeait pendant les fêtes de fin d'année. Il ne fallait pas parler pendant qu'ils étaient en bouche, sinon ça portait malheur. Isabella et Andrew faisaient tout leur possible pour faire rire leur mère, mais Arabella tenait bon, les ignorait, mâchait son mince-pie dans un mutisme stoïque.
En buvant mon thé, tandis que ma belle-mère admirait les dessins de Georgia, je contemplais son long visage à la Virginia Woolf, ses mains immenses et racées, ses bras d'échassier distingué. Arabella dégageait une énergie paisible, une harmonie qui parvenait à me calmer. Elle était bien la seule personne de mon entourage qui avait ce pouvoir-là sur moi. Pourquoi n'était-elle pas venue plus tôt ? Pourquoi n'avais-je pas pensé à elle dans ces moments si noirs, si difficiles ?
Elle me tendit un petit paquet de cartes. Un mot de Harry, très affectueux. Une longue lettre d'Isabella, d'une gentillesse et d'une tendresse qui m'ont fait venir les larmes aux yeux. Et des missives d'autres membres de la famille, Auntie Lilias, la sœur d'Arabella, qui vivait à Bath, Uncle Humbo, le frère de Harry, de son Ecosse brumeuse, et quelques cousines et cousins d'Andrew : Sarah, Virginia, Lawrence. Tous nous souhaitaient beaucoup de courage et nous envoyaient leur « love ». Oui, les Anglais envoient leur amour. Cela m'avait toujours enchantée. « Send you lots and lots of love. Send you ail my love. Send Malcolm ail our love. » Et les petites croix-xxx- pour signifier des baisers.
Plus tard, au chevet de Malcolm, alors qu'Arabella se tenait à mes côtés, son bras passé autour de mes épaules, j'ai perçu de plein fouet sa puissance prodigieuse. Je m'y suis accrochée de toutes mes forces. Arabella me galvanisait, m'obligeait à fuir toute passivité, à redresser la tête, à carrer mes épaules.
À voix basse, elle m'a demandé où cela en était avec l'enquête. Je lui ai tout dit. Les fausses pistes. Les fausses espérances. Les lenteurs de la police. Les vacances judiciaires. Andrew et sa patience qui me rendait folle.
Arabella se tenait droite comme un I, son profil acéré se découpait contre les murs trop blancs, trop lisses. Elle ne disait rien, mais comme toujours, je savais qu'elle m'accompagnait de sa pensée.
Sa main pesait sur mon épaule, et pour la première fois, j'ai puisé dans sa force, pour me nourrir d'elle, pour grandir avec elle.
Il était chez lui. Odeur de cigarette qui passait sous la porte. Match de foot en fond sonore. Il était seul. De temps en temps, il répondait au téléphone. Conversations. Rires. Bruit de frigo qui s'ouvrait, d'une bière décapsulée. Bientôt les vacances. Il devait aller rejoindre « Sophie à Hossegor », dans quelques jours.
La nuit tombait sur la ville poussiéreuse, sale. J'étais loin de chez moi. Cela faisait longtemps que j'attendais. J'avais chaud. Ce n'était pas grave. J'étais prête. C'était maintenant. Il était en pleine conversation, il répétait qu'il partait retrouver « Sophie à Hossegor », et j'ai sonné. Longuement. Il s'est tu. Je l'ai imaginé en train de jeter un regard rapide à sa montre, de se demander qui cela pouvait bien être, à cette heure-ci. Il a marmonné quelque chose, j'ai entendu le bruit du combiné qu'il posait, puis il a ouvert la porte d'un coup, sans exiger de savoir qui était sur le palier. D'un coup, comme ça, comme s'il n'avait pas peur de qui pouvait l'attendre, devant chez lui, si tard.
Quand il m'a vue et m'a reconnue, son visage s'est figé. Il ne savait pas quoi me dire. Il devait penser que j'étais folle, pour avoir trouvé son adresse, pour débarquer comme ça chez lui, à cette heure tardive. Il portait un T-shirt noir, un jean usé. Il était pieds nus. Il faisait plus jeune que dans son commissariat, vêtu de son uniforme. Derrière lui, un grand studio, une bibliothèque, une télévision allumée. Nous sommes restés assez longtemps à nous regarder, sans parler. Puis il a esquissé un pas en arrière et m'a laissée entrer. Je suis passée devant lui, et je me suis assise sur un petit canapé, face à la télévision. Il se grattait l'oreille, perplexe. Il a refermé la porte, doucement, puis a baissé le son de la télévision, sans l'éteindre.
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