Tatiana Rosnay - Moka

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Je lui répondais du tac au tac que cette remarque, on me l'avait tellement faite qu'il fallait trouver autre chose, pas très original, Éliane, tout de même. Alors elle regardait Malcolm comme s'il pouvait lui répondre, comme s'il l'entendait parfaitement, elle lui passait une main douce dans les cheveux, et elle lui soufflait au creux de l'oreille :

— Dis donc, ta mère ! Faudra lui expliquer, mon vieux, que les Angliches et nous, c'est des ennemis héréditaires, la guerre de Cent Ans, Jeanne d'Arc, tout ça, elle a rien compris ta maman, ça doit être l'amour, elle est folle d'amour pour ton grand et beau papa so british, hein mon trésor, qu'est-ce que t'en dis ?

J'aimais me convaincre que Malcolm l'entendait, qu'il aimait la voix un peu rauque de cette fille, son affection, sa gentillesse. Quand je m'effondrais, ce qui m'arrivait tout de même souvent, trop souvent, elle faisait le tour du lit, elle appuyait sa main sur le haut de mon dos, avec ces gestes fermes, sûrs qui trahissaient son métier, et elle me disait : « Courage, madame, courage, tenez bon, tenez bon pour lui, pour votre fils, pour votre petite fille. » Et je me redressais, je lui souriais à travers mes larmes, et je la remerciais.

Ma petite fille. Comment Georgia vivait-elle cette tempête ? Si calme, si silencieuse. Comme elle parlait peu, j'avais fait l'erreur de ne pas lui accorder toute mon attention. Un soir, elle m'avait apporté son carnet de correspondance. Il y avait un mot de sa maîtresse, qui voulait me voir. C'était urgent. Pourquoi elle veut me voir ta maîtresse, chérie ? Petit visage fermé.

— Je ne sais pas, maman.

Le lendemain, je suis allée à l'école, à l'heure du déjeuner. La maîtresse m'a dit que Georgia avait complètement décroché. Elle ne se concentrait plus, ses notes étaient en chute libre. Elle bavardait en classe, ce qui ne lui arrivait jamais. Je l'écoutais, abasourdie. La maîtresse m'a demandé, avec une certaine pudeur, si tout allait bien « chez nous ». Je lui ai dit, pour Malcolm. Un mois de coma, déjà. On avait emmené la petite le voir à l'hôpital, et devant son frère, elle était devenue blanche, silencieuse, on n'aurait peut-être pas dû.

La maîtresse est restée sans voix.

— Mais vous auriez dû me le dire, vous auriez dû prévenir la directrice tout de suite. Quelle tristesse, madame, quelle épreuve.

— Oui, j'ai répondu, oui, oui. J'ai oublié de vous en parler. Pardon. Le collège de Malcolm prend tout ça très à cœur. Je n'ai pas pensé à vous en parler, à en parler avec l'école. Pardon.

Penaude, je regardais mes mains sur mes genoux. Pardon, ma Georgia. Pardon de ne pas avoir pensé à toi, à ta détresse, à ta peur. Pardon, mon petit ange blond, pardon, ma beauté. Pardon. Une envie folle de la serrer dans mes bras.

— Je peux voir ma fille, madame ?

— Oui, bien sûr, elle est à la cantine, venez, je vous emmène.

J'ai compris, ce jour-là, combien je devais faire attention à Georgia, combien ses silences étaient trompeurs, combien elle souffrait du haut de ses neuf ans, autant que son père, autant que moi.

« Georgia on my mind. »

— Madame Wright ? C'est Laurent.

Enfin. Dix jours d'attente, et enfin il appelait.

J'ai juste soupiré. Il a dû entendre mon souffle. Il n'a rien dit. J'ai tout de suite compris.

J'ai crié, un râle étranglé.

— Ce n'est pas eux… C'est ça ?

— Oui, c'est ça. Pas eux.

J'ai fermé les yeux. Je tenais le téléphone si fort que j'en avais mal aux doigts. Andrew me regardait, anxieux.

— Mais vous en êtes certain ? Comment le savez-vous ? Comment vous pouvez en être sûr ?

Ma voix dérapait, devenait aiguë.

Sa voix calme à lui, un peu traînante.

— Le commissariat d'Orange a envoyé ses hommes. Le couple a été interrogé longuement. Les collègues ont tout vérifié. Les personnes n'ont pas quitté Orange le jour de l'accident.

— Mais ce n'est pas possible ! Pas possible !

Main d'Andrew sur mon épaule. Il m'a pris le combiné.

— Oui, bonsoir, c'est Andrew Wright.

Ce n'était pas eux. Pas les Secrey. Il fallait tout reprendre de zéro. Je suis allée dans la cuisine, j'ai passé mes poignets sous le robinet d'eau froide. Que disait Laurent à Andrew ? Aucune importance. Ce n'était pas eux. Il fallait tout recommencer. L'attente. Comment faire ? Comment ? Je ne savais pas. L'eau coulait sur mes paumes, et je restais là, immobile, le regard rivé à l'évier. Pas eux. Ce n'était pas eux.

Ces dix jours d'attente avaient été les pires. Dix jours. Dix nuits sans sommeil. Le médecin au long visage qui avait demandé à nous voir. On s'était retrouvés dans ce petit bureau que je commençais à connaître par cœur. Sa voix prudente, son regard grave. Il fallait nous préparer. Il fallait qu'on soit forts, avait-il dit. L'état de Malcolm n'était pas bon. Il préférait nous le dire, dès à présent. Le coma était profond. Il fallait qu'on se montre forts, pour notre fils. Nous l'avons écouté, sans parler. Nous sommes rentrés à la maison, sonnés.

Andrew m'a prise dans ses bras, dès le seuil franchi. Nous avons pleuré tous les deux, en silence. J'ai senti ce soir-là que ma vie s'effritait petit à petit, comme une falaise rongée par la mer. Puis, comme si tout cela ne suffisait pas, comme si quelqu'un là-haut s'amusait à s'acharner sur nous, il y avait eu l'appel de Violaine, l'avocate. Elle voulait nous prévenir que fin juin, c'était le début des vacances judiciaires. Même si on trouvait le chauffard demain, il ne se passerait rien avant septembre.

L'été. Les vacances. Personne n'osait nous demander ce qu'on allait faire pour les vacances. Quelles vacances ? Je ne savais plus ce que ce mot voulait dire. Vacances. On n'en avait d'ailleurs même pas parlé entre nous. Pourtant il fallait penser à la petite. Dernier jour d'école demain. Elle ne pouvait pas passer l'été à Paris, entre l'hôpital et la maison. Il fallait trouver une solution pour elle. Mes parents ? Mes beaux-parents ?

L'été dernier, on était allés en Italie tous les quatre. On avait loué une petite maison dans un village de Ligurie, San Rocco, entre Portofino et Gênes. Il fallait se garer sur un parking lointain et faire un long chemin à pied, valises aux mains, avant d'accéder à la maison qui dominait la baie. Elle était d'une simplicité rudimentaire qui nous avait plu d'emblée. Quatre grandes pièces, dotées d'un sol en dalles anciennes, inégales et fraîches. Pour descendre à la mer, on suivait un long sentier en terre battue, dont on se doutait que la remontée serait dantesque sous la chaleur qui croissait, et on débouchait sur une crique déserte, hérissée d'une masse de rochers gris et glissants. Pas de plage. Il fallait escalader les rochers, et plonger de leur extrémité pour se baigner. Les enfants, habitués au sable de nos plages, à pénétrer dans la mer petit à petit en ayant toujours pied, avaient peur. Les rochers les impressionnaient, surtout Georgia. Malcolm, lui, redoutait la profondeur de la mer transparente. Au fond, on devinait d'autres rochers, sombres, mystérieux, et des bancs de poissons moirés. On avait dû, Andrew et moi, faire preuve d'une patience infinie. Leur montrer qu'on ne risquait rien, qu'on était seuls dans cet endroit paradisiaque, qu'ils devaient nous faire confiance. Puis, enfin, une fois dans l'eau, émerveillés par la beauté et la tiédeur de cette mer bleu et vert, ils avaient crié de joie et de plaisir.

Cet été, on ne retournerait pas à San Rocco.

Andrew discutait encore au téléphone. Je ne l'écoutais plus. Il a enfin raccroché. Je suis restée très calme. Il devait s'attendre à une crise, à de la violence. Il n'y a rien eu de cela. Calme, un peu distante. Je sentais ses yeux sur moi, ceux de Georgia. Ils devaient se demander ce que j'avais. Pourquoi je parlais si peu. Pourquoi mon visage était dénué de toute expression.

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