Tatiana Rosnay - Moka
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La soirée s'étirait devant moi, morne, triste. Comment supporter le silence d'Andrew ? Les questions de Georgia ? La chambre vide de Malcolm ? Les coups de fil du soir, les incessants « Alors, comment il va ? ». Les amies, la famille, les copains, leur répondre encore et toujours : « Rien de neuf depuis hier. Rien. »
Le téléphone a sonné, me faisant sursauter.
— Allô ?
Une voix d'homme, inconnue.
— Bonjour, je suis Jacques Secrey, vous avez tenté de me joindre.
J'avais oublié que maintenant, grâce à la technologie moderne, le numéro et le nom de l'abonné s'affichaient à chaque appel. M. Secrey avait eu un blanc sur son répondeur, et sur son mouchard : « Wright Andrew », suivi de notre numéro.
Je suis restée parfaitement calme. J'aurais pu bafouiller, mais non. Ma voix n'a pas failli. J'ai dit :
— Je pense que c'est une erreur.
Mon cœur battait à tout rompre.
— Ah. Mais vous avez appelé chez moi, insista-t-il.
Toujours aussi calme (ce qui m'a étonnée, comment était-ce possible ?), j'ai répondu :
— Peut-être, mais je me suis trompée de numéro. Pardon, monsieur.
J'ai raccroché, les mains tremblantes.
Pardon, monsieur. Pardon au type qui avait renversé mon fils ! J'avais dit pardon ! Alors que j'aurais pu tout déballer, d'un coup. Envie de crier, de trépigner. Une peureuse, voilà ce que j'étais. Une trouillarde. Une pauvre créature, avec la peur au ventre. Une petite chose. Une petite merde. Une incapable. Emma, elle, elle aurait tout balancé, à ce Jacques Secrey. Emma, elle n'avait peur de rien. Quand on était petites, c'était elle qui prenait les risques, c'était elle qui grimpait aux arbres les plus hauts, c'était elle qui fonçait en skis, tout schuss, alors que moi je suivais d'un pleutre chasse-neige. Emma, elle aurait tout dit, à ce Jacques Secrey. Elle aurait gueulé. J'ai posé ma tête sur les avant-bras, et j'ai caché mes larmes. Je ne voulais pas que la petite me voie.
Mon frère au téléphone. Il n'osait rien me demander. Rien me dire. Gentil, respectueux. Trop gentil, trop respectueux. Enfant, adolescent, il se faisait houspiller par mon père, aduler par ma mère. Encore aujourd'hui, ma mère regardait son fils d'une autre façon. Elle ne le regardait pas comme elle regardait Emma et moi. Son fils. Olivier était « son fils ». Elle l'avait mis sur un piédestal. La trentaine passée, il n'en pouvait plus. Mais il ne le lui avait jamais dit. Mon frère n'avait pas l'énergie carnassière d'Emma. Il se laissait porter par la vie. Il était plus doux, plus sensible. J'aimais son visage rond, resté poupon malgré ses premiers cheveux blancs. Il a proposé qu'on se retrouve ce soir, après le dîner. Il serait dans notre coin, il voulait passer nous voir. J'ai dit oui, bien sûr. Pas un mot sur Malcolm. Mais je savais qu'il ne cessait d'y penser, jour et nuit. La seule fois qu'il s'était rendu à l'hôpital, il était devenu gris. Ses genoux avaient lâché. Il s'était laissé tomber sur une chaise, près du lit, et il avait enfoui son visage dans ses mains. Sans bruit, sans larmes. Sans bouger. Comme moi, Olivier avait passé des nuits entières devant son ordinateur à débusquer des informations sur le coma. Comme moi, il en savait à présent presque trop. Les risques, les séquelles, les durées. Andrew n'avait rien voulu savoir de tout ça, il écoutait simplement le médecin, il s'en contentait, alors qu'Olivier et moi, on traquait les informations, on s'en nourrissait. On avait appris que la première semaine d'un coma était décisive. Si Malcolm dépassait ces sept jours, il avait peut-être une chance de s'en sortir. Il l'avait fait. Presque trois semaines. Trois semaines de coma, déjà. Mais après… Après ? Ce qui m'impressionnait le plus, c'était l'EVC : l'état végétatif chronique, où un patient dans le coma pouvait ouvrir les yeux, respirer de façon autonome tout en n'étant pas encore réveillé. C'était cela qui me faisait peur, Malcolm en petit être végétatif, vide, sans voix, comme un petit pantin. J'en avais vu, à l'hôpital, des gens faussement réveillés, yeux ouverts, fixes, mais le visage affaissé, le regard mort. On leur parlait d'une voix forte et précise, comme on parle aux vieux. Ils ne réagissaient pas.
J'ai dit à Olivier que la police avait retrouvé un couple à partir de la plaque. Les Secrey, à Orange. J'ai dit que je n'avais pas encore de nouvelles de la police, que c'était une attente insupportable. Puis tout est sorti, d'un coup. Un torrent au téléphone. J'ai pleuré. J'ai dit à Olivier que j'avais l'impression de devenir folle, que je ne savais pas comment j'allais faire pour tenir. Que mon mariage allait péter. J'avais envie de fuir, mais je savais bien que je ne le ferais jamais. S'il ne se passait pas quelque chose, très vite, ce serait la fin. La fin de tout. Je n'avais jamais parlé comme ça à mon frère. C'était un type pudique. Il devait être embarrassé. Mais il n'a pas montré de gêne. Il m'a dit qu'il pensait très fort à nous, à Malcolm, Andrew, Georgia et moi. Qu'il nous aimait. Je me suis souvenue d'Olivier au moment où notre Titine avait eu une attaque. Du jour au lendemain, la voilà un légume, le côté droit paralysé, l'œil droit éteint, la bouche tordue. Ma sœur et moi, nous ne savions pas quoi lui dire. Nous entendait-elle ? Où était passée notre Titine, cette vieille dame flamboyante, cocasse, qui nous faisait tant rire, qui nous considérait comme ses propres enfants ? Celle qui nous avait appris, à Emma et à moi, à danser le chachacha, à mettre du khôl à l'intérieur des paupières inférieures, à marcher avec des dictionnaires sur la tête pour vaincre nos scolioses. Nous nous étions tenues au bout du lit, stupéfaites, horrifiées. Mon père contemplait sa belle-mère sans un mot. Maman restait digne devant les vestiges de sa mère. Et puis Olivier. Ce fut le seul à prendre la vieille main desséchée, parsemée de taches de soleil, à la serrer et à la porter à ses lèvres.
Le lendemain, sur un grand boulevard, je me suis retrouvée nez à nez avec une ancienne amie assez proche. Florence. J'ai tout de suite vu dans ses yeux qu'elle savait. Elle souriait trop, ses maxillaires se plissaient. Son regard me fuyait. Elle était incapable de me dire quoi que ce soit concernant Malcolm. Elle était terriblement pressée, en retard, devait emmener ses gamins chez le dentiste, elle trépignait : « Allez bisou bisou, embrasse ton mari, à bientôt, Justine, ciao ciao. » Je voulais la rattraper, la prendre par le bras, la secouer, lui demander de quoi elle avait peur. J'ai failli le faire. J'aurais dû. Je l'ai regardée s'enfuir à toute vitesse. Like a bat out of hell. En français, ça pourrait donner : ventre à terre. Elle devait croire que je portais la poisse. Ou alors, elle ne savait vraiment pas quoi me dire. Était-ce si difficile, pourtant, de murmurer : J'ai su pour ton fils, je suis avec vous, avec toi. Était-ce si dur de prononcer ces mots-là ? Moi-même, l'aurais-je fait, à sa place ?
Je me suis souvenue de certains amis chers qui, depuis l'accident, n'osaient plus nous téléphoner. La poisse, ça devait être ça. On portait la poisse. Mais j'ai pensé aussi aux plus fidèles, à ceux qui nous écrivaient, qui envoyaient des e-mails tous les jours, qui débarquaient le soir avec une bouteille de vin, comme ça, parce qu'ils étaient dans le quartier, par hasard, et qu'ils avaient vu de la lumière aux fenêtres. On n'était pas dupes, Andrew et moi, mais on était heureux de les voir. On avait besoin d'eux. Même si on passait la soirée sans prononcer le nom de notre fils, on se sentait soutenus par cette amitié, cette présence.
Je ne pouvais plus supporter l'absence de Malcolm. Son lit vide. Sa chambre silencieuse. Je ressortais les vieux albums de photos, je les parcourais avec une sorte de fascination douloureuse. Voilà toute notre vie, étalée sur ces pages cartonnées, estampillée de la petite écriture ronde d'Andrew. Des dates, des lieux. Des vacances, des anniversaires, des Noëls. Malcolm tour à tour rieur, boudeur, hilare, rêveur, son regard bleu, sa chevelure dressée d'épis. Une absence vaste, incompréhensible. Je me retrouvais souvent roulée en boule sur le lit, à gémir comme un chien blessé. Était-ce moi qui poussais ces cris de souffrance ? Oui, c'était moi. C'était moi qui débusquais la moindre trace de lui, ses cartes, ses mails, ses petits mots, ses textos. J'étais comme un Petit Poucet désespéré, égaré sur un chemin de larmes. Je ne devrais pas regarder tout ça, remuer tout ça. Trop dur, trop difficile. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Tout me ramenait à Malcolm, à son absence. Un adolescent longiligne croisé dans la rue, avec la même démarche nonchalante : coup de couteau dans la plaie. Une chanson de Supertramp à la radio : comme de l'alcool à 90° sur une blessure. Malcolm adorait Breakfast in America, School, Fool's Overture, surtout le moment où on capte en fond sonore la voix de Churchill. Malcolm faisait la moue, gonflait ses joues comme un bouledogue, prenait cet accent anglais parfait, hérité de son père, déclamait : « We shall never surrender. »
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