Tatiana Rosnay - Moka
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— Voilà, c'est fini pour vous, la petite vie pépère, tranquille, c'est fini, demain matin, la police va vous appeler et vous demander ce que vous faisiez le mercredi 23 mai à quatorze heures trente, boulevard M., à Paris. Et vous allez dire la vérité, vous allez dire que vous étiez pressés, et que vous n'avez pas vu le gosse, et que vous avez eu peur de vous arrêter. Vous allez dire tout ça, et on va vous embarquer, et votre petite vie de retraités, c'est fini.
Que faisaient-ils à Paris ce jour-là ? Madame au volant. Pressée. Étaient-ils montés d'Orange en voiture ? Un sacré bout de chemin, pour deux vieux. Avaient-ils de la famille à Paris ? J'ai tapé « Secrey » sur le site « pages blanches, région parisienne ». Plusieurs réponses. Dont une Estelle Secrey, 12, avenue S., dans le 15e. C'était peut-être leur fille. Ils étaient venus à Paris la voir, ce jour-là. Et madame avait brûlé le feu. Pourquoi ne s'était-elle pas arrêtée ? Une mère. Une grand-mère. C'était abominable. Incompréhensible. J'ai regardé la peau autour de mon pouce droit. J'avais tout rongé. Ça faisait des petits lambeaux rouges. C'était laid.
Je me suis souvenue de ce film avec Andy Garcia. Océans 11. George Clooney vient de cambrioler le casino de Garcia, d'empocher des milliards de dollars. Garcia n'y croit pas, n'a pas encore compris qu'il est victime d'un vol machiavélique et ingénieux. Garcia menace l'acolyte de Clooney, Brad Pitt, au téléphone. Il susurre :
— Run and hide, ass-hole, run and hide.
Je voyais encore sa lèvre supérieure se retrousser, dévoiler ses dents d'un mouvement à la fois animal et sensuel. Oui, j'avais envie de leur dire ça, à ces deux inconnus que je haïssais déjà, à ces deux vieux croûtons dont je ne connaissais même pas le visage, mais dont j'imaginais si bien la vie :
— Run and hide, ass-holes, courez vous planquer, trous du cul, mais il est trop tard, vous n'irez pas bien loin, parce que demain matin, c'est fini, demain matin, ce sera fini pour vous. Terminé. Over.
Andrew s'était penché par-dessus mon épaule. Il s'était approché sans bruit.
— Que fais-tu, darling ?
C'était ma traduction. Je ne lui en avais pas parlé. Il a posé son menton sur le haut de ma tête. Il a lu à voix haute les phrases dans l'anglais d'origine. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Son accent de la BBC qui prononçait ces mots obscènes. Ses mains sur mes épaules, sur mon cou. Je ne souriais plus, j'étais troublée. Andrew chuchotait.
— Comment tu traduirais dick, Justine ? Would that be « bite » or « queue » ? Et le pussy ? It's « chatte », isn't it ?
La voix d'Andrew dans le creux de mon oreille. Son souffle. J'ai fermé les yeux. Il s'est arrêté de lire. Sa bouche à la racine de mes cheveux, sur ma nuque. J'ai essayé de moins penser à l'accident, au coma. L'hôpital. Malcolm sur son petit lit blanc. J'ai laissé les lèvres, les mains d'Andrew prendre possession de moi. J'ai baissé la garde. J'avais l'impression de retrouver un chemin familier, perdu depuis longtemps. Le corps d'Andrew, sa puissance, son réconfort. Son odeur. Le grain de sa peau. Sa salive. Si familière, si délicieuse. Sa façon de me toucher, de m'investir, si particulière, qui n'était qu'à lui. Si longtemps, cela faisait si longtemps. L'espace de quelques instants miraculeux, j'ai pu effacer ce qui nous arrivait. Il n'y avait plus que nos deux peaux, collées l'une contre l'autre, nos souffles, notre urgence, nos mains qui se réapprivoisaient, nos bras qui se serraient avec violence, des baisers voraces, des caresses précises, exquises. La voix d'Andrew.
— You beautiful girl. Beautiful girl. Love my beautiful girl.
Sa voix m'ouvrait, me pénétrait. L'oubli. L'abandon. Mon corps comme un poing qui se desserrait. Mais au moment où le plaisir s'annonçait, où je le sentais poindre de loin, où je savais comment l'attraper, l'amadouer, brutalement le visage de mon fils s'est imprimé devant mes yeux. Sa peau blanche, ses yeux clos.
Tout en moi s'est barricadé. Je me suis débattue, dégagée comme une folle. J'ai repoussé Andrew avec violence. J'ai éclaté en sanglots. Larmes brûlantes le long de mes joues. Andrew silencieux à côté de moi. Immobile. Le silence dans la chambre. Mes sanglots. Puis sa voix grave.
— Life must go on, Justine. Life must go on.
Je ne voulais pas l'écouter. Il avait tort. Rien ne pouvait continuer. Plus rien ne pouvait continuer comme avant. La vie ne pouvait pas continuer comme avant. Il se trompait. Je ne pouvais pas faire semblant de jouir. Je ne pouvais plus faire l'amour comme si de rien n'était, comme si Malcolm n'était pas dans le coma. Encore une différence entre les hommes et les femmes. Entre un père et une mère. Lui pouvait faire l'amour dans de telles circonstances. Moi, non. Tant que Malcolm ne sortait pas de son coma, impossible de me laisser aller, impossible de me laisser pénétrer. Tant que le chauffard n'avait pas été retrouvé, impossible de jouir, de ressentir du plaisir. Mon corps s'était refermé. Il s'était endurci, comme une forteresse. Il me protégeait. Faire l'amour, c'était baisser ma garde. Faire l'amour, c'était ne plus penser à mon fils.
Je me suis levée, et je suis allée dans la salle de bains. Je suis restée longtemps, le temps que les sanglots cessent. Andrew n'est pas venu. Quand je suis retournée me coucher, il dormait.
Le lendemain, pas de nouvelles de Laurent. J'ai passé la matinée à regarder ma montre, le téléphone. Le temps s'écoulait. Le téléphone restait muet. En fin de journée, après avoir vu Malcolm à l'hôpital, retrouvé Georgia, avancé sur la traduction, j'ai appelé le commissariat. Laurent n'était pas là. J'ai dit : « Mais où est-il ? Pourquoi n'est-il pas là ? Il devait me tenir au courant de quelque chose de très important. » J'ai demandé qu'on me passe quelqu'un d'autre, quelqu'un qui connaissait mon dossier. Mais on m'a répondu qu'il n'y avait personne. Tout le monde s'occupait en ce moment d'une affaire très urgente, des menaces d'attentat dans le métro. On me rappellera, au revoir, madame. J'ai raccroché, excédée.
Georgia était dans la cuisine, en train de finir son goûter. Si sage, si silencieuse. Son frère lui manquait. « Dis, maman, si Malcolm il se réveille un jour, il sera comme avant ? Il sera pareil ? » Je n'avais pas su quoi lui répondre. De mon bureau, j'apercevais le haut de sa tête blonde, sa queue-de-cheval. Les petites épaules maigres, graciles. C'était Andrew qui lui avait choisi son prénom. D'après la chanson de Ray Charles. « Georgia on my mind. » Elle était très fière d'avoir sa chanson. Elle la fredonnait souvent. « A song of you cornes as sweet and clear as moonlight through the pines. » Le clair de lune entre les pins.
Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai saisi le combiné du téléphone, et j'ai composé le numéro des Secrey, noté devant moi, sur un Post-it jaune collé sur ma table de travail. Plusieurs sonneries. Puis une voix féminine, enjouée, avec un accent du Midi.
— Bonjour, vous êtes bien chez Jacques et Mireille, mais on n'est pas là ! Alors laissez-nous un petit message, et on vous rappelle très vite. Après le bip, c'est à vous !
Silence. Impossible de parler. Impossible de leur dire : Je m'appelle Justine Wright. Je vous appelle parce que je sais que vous avez renversé mon fils, il y a trois semaines, boulevard M. à Paris. Vous l'avez renversé et vous avez pris la fuite. Mon fils est dans le coma. On ne sait pas s'il va s'en sortir. Je ne sais pas si la police vous a déjà contactés, mais je vous appelle pour vous dire que je sais que c'est vous. Je le sais.
J'ai reposé le combiné. Je me suis frotté les yeux, ils me démangeaient. Je suis restée longtemps comme ça, sans bouger.
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