Tatiana Rosnay - Moka
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C'était nous.
Ce jour-là, en marchant dans les chambres, je me sentais mal à l'aise, triste. Je n'aurais pas dû venir. J'avais la sensation de contempler un pan de mon passé. Rien ne serait désormais comme avant. Allions-nous revenir ici passer le mois d'août, comme d'habitude ? Allions-nous revenir chaque week-end si Malcolm… Si Malcolm. Non. Ne pas dire les mots. Ne plus dire ces mots-là. En montant l'escalier, j'ai laissé ma paume caresser la vieille balustrade lisse. Un geste esquissé tant de fois. Comment les gens faisaient-ils pour tourner la page ? Les gens qui vivaient un malheur ? Les gens qui connaissaient le pire ? Comment faisaient-ils ? Peut-être qu'ils ne tournaient jamais la page. Peut-être que ces pages-là, les plus lourdes, les plus terribles, on ne les tournait pas. On devait apprendre à vivre avec. Comment ?
Dans la salle à manger, j'ai revu les repas de fête. Les anniversaires, les Noëls, les dîners à l'improviste. Mon père, quand il n'était pas encore le vieux monsieur qu'il voulait absolument être à présent, quand ; il était encore drôle, pince-sans-rire. Ma sœur avant son Marseillais. Mon frère, un gamin joufflu.
Maman, rayonnante, avant que papa ne la rende folle. Et mes beaux-parents, exquis, ponctuant chaque phrase de « marvellous », « splendid », « wonderful », leur verre de vin à la main, des géants aux cheveux argentés et aux pieds immenses, toujours si contents d'être là avec nous. Puis Andrew qui apparaissait, triomphant, les reins ceints de son tablier Sex Pistols, brandissant son rhubarb crumble. Je me suis souvenue des interminables parties d'« Ambassadeur », de l'équipe redoutable formée par Malcolm et Andrew. Il suffisait d'un regard, d'un geste, souvent infime, pour qu'ils se comprennent.
Tout me revenait, un boomerang chargé d'émotions, de souvenirs. Les premiers pas de Malcolm sur le gazon, son extase devant ses premières jonquilles, qu'il avait essayé de manger. Les œufs cachés dans le jardin pour Pâques, une année, ce fut sous la pluie, avec Georgia en larmes car son frère trouvait tout avant elle. Kaléidoscope d'un bonheur passé. De quelque chose d'évanoui. De parti. À jamais. Les moments difficiles. La mort de ma grand-mère, je l'avais apprise ici. La maladie d'un ami, ici aussi. Les deux cambriolages successifs, notre choc, notre consternation devant la maison chaque fois vandalisée. Et la septième année de notre mariage, Andrew m'avait avoué une aventure. La première. Celle qui fait le plus mal. Je m'étais effondrée, là, dans ce canapé. Soirée de pleurs, de cris. Les enfants, encore petits, dormaient, n'avaient rien entendu.
Notre dernier week-end. Les devoirs hâtifs du dimanche après-midi, sur la table de la cuisine. La nuque penchée de mon fils, longue et blanche, hérissée d'un duvet blond. Georgia occupée à ses dessins. Andrew qui lisait le Sunday Times sur l'écran de son ordinateur. Le silence studieux. Le feu qui crépitait dans la cheminée. Je n'ai pas voulu aller dans la chambre de Malcolm. Je suis passée devant, sans tourner la tête. C'était trop dur. Je me suis arrêtée dans celle de Georgia, je me suis assise sur son petit lit envahi de peluches, puis j'ai regardé par la fenêtre, au-delà du jardin, des arbres, du bois, jusqu'aux champs de colza au loin. Depuis notre dernière visite, le printemps s'était installé. Tout était vert, tout s'épanouissait. Ma saison préférée. Mais cette année, je n'avais pas envie de me réjouir des plantes qui poussaient, du premier coucou qu'on entendait venir du bois. Andrew faisait croire aux enfants qu'en entendant le premier coucou de l'année, il fallait courir. Une coutume anglaise. Ça portait bonheur, paraît-il. J'avais envie de lui dire qu'il s'était trompé, que ça ne nous avait pas porté bonheur, que ça nous avait porté malheur.
Dans notre chambre au plafond en pointe, coincée sous la vieille charpente, j'ai senti mon cœur se serrer. On avait tant fait l'amour, Andrew et moi, dans ce grand lit blanc. Malcolm et Georgia avaient été conçus ici. À Paris, notre chambre était trop près de celles des enfants, on avait souvent peur qu'ils nous entendent. Ici, on était dans notre coin, seuls à l'étage. J'ai fermé les yeux. J'ai pensé au long corps chaud d'Andrew, à sa tendresse, à ses mains, à sa bouche sur moi. Tout cela me manquait, me creusait. J'aurais voulu lui téléphoner, lui dire que j'étais là, que je pensais à nous, à notre amour. Mais je ne l'ai pas fait.
Mon portable a sonné dans mon sac. C'était Laurent, le flic.
— On est sur une piste. Venez.
Devant lui, au commissariat.
— Comment ça, vous ne pouvez pas me donner de nom ?
Il baissa les yeux.
— C'est comme ça, madame. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la personne habite dans le Vaucluse.
Je ne le lâchais pas.
— Mais vous allez faire quoi exactement ? Qu'est-ce que vous allez faire pour la choper, cette personne ? Vous allez lui téléphoner, vous allez envoyer quelqu'un là-bas pour l'interpeller ? Demain matin ?
Il me regardait avec un sourire ironique, mais gentil.
— Non, pas demain matin, madame, tout de même. Il faut d'abord trouver son numéro. Si c'est sur liste rouge, c'est plus long, car même si on est de la police, il faut des autorisations, des choses comme ça, mais ne vous inquiétez pas, on va s'en occuper, on va tout faire pour. On a transmis les informations du dossier au commissariat d'Orange. C'est à eux maintenant d'interroger la personne. C'est eux qui vont prendre en charge l'enquête. Ça va donc prendre un peu de temps, je vous préviens. C'est normal.
Je trépignais. Je voulais aller au plus vite. En sortant du commissariat, j'ai téléphoné à Violaine, mon amie avocate. Elle m'a dit : « Je vais t'obtenir ce nom. Ce n'est pas très éthique, mais je peux le faire. Je te rappelle. »
Je suis allée attendre dans un café devant le commissariat. Mon cœur battait fort, me faisait mal. Ma bouche était sèche. J'allais enfin savoir. J'allais savoir qui avait renversé mon fils. Je n'ai pas pensé à téléphoner à Andrew. Ni à ma sœur. J'attendais, immobile, les yeux fixés sur le boulevard. J'ai attendu assez longtemps, je crois.
Puis le portable a sonné. C'était Violaine. Elle avait obtenu le nom. Un couple de retraités, domiciliés dans le Vaucluse.
M. et Mme Jacques Secrey. Ils habitaient Orange, possédaient une Mercedes marron, ancien modèle. La plaque correspondait. 56 LYR 84. J'ai tout noté, j'ai remercié Violaine et je suis rentrée à la maison.
Andrew était aussi calme que le flic. Il a hoché la tête. C'est bien, ils ont une piste, c'est bien, il faut les laisser travailler. Je ne supportais plus qu'il dise ça. J'avais envie de le gifler. Comment faisait-il pour rester si calme, si imperturbable ? Je ne comprenais pas. Il venait d'une autre planète. Il n'y avait qu'Emma pour comprendre et partager ma fébrilité. Emma pour me dire au bout du fil, devant son ordinateur, en baissant la voix pour ne pas réveiller son bébé qui dormait : « Secrey, Jacques, c'est ça ? Attends, je vais sur pages blanches, je clique, attends… Juju, ça y est, on les a. Ils ne sont pas sur liste rouge. 28, rue de P., Orange. On les tient. »
M. et Mme Jacques Secrey, 28, rue de P., 84100 Orange.
Pendant la soirée, leur nom, leur adresse ne m'ont pas quittée. Pendant que je travaillais sur la traduction, pendant que je mettais le couvert, préparais les lasagnes, faisais réciter la poésie de Georgia, leur nom revenait encore et encore, comme un refrain. Je les imaginais, dans une maison proprette, des géraniums et un jardin ordonné, la Mercedes marron dans le garage. Madame, blonde et bouclée, pimpante. Monsieur, replet, chauve, qui tondait le gazon, suivi d'un Yorkshire qui jappait. Ils avaient peut-être des petits-enfants de l'âge de Malcolm et Georgia, des gamins qui les appelaient papy et mamie, qui venaient goûter les week-ends. Une petite vie tranquille, des parties de bridge, des siestes d'après-midi à l'ombre d'une tonnelle, des sauts à Avignon pour le festival, quand il ne faisait pas trop chaud. Madame au volant. Blonde, il avait dit, le conducteur de bus. Blonde ménopausée, comme dirait Emma. J'avais une envie folle de leur téléphoner, de leur dire d'une horrible voix chuchotante :
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