Tatiana Rosnay - Moka

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Pendant que je préparais le dîner, je me demandais où j'allais trouver la force pour continuer. Pour y croire. Pour croire qu'on allait arrêter le chauffard, pour croire que Malcolm allait sortir de son coma. Les deux choses paraissaient vastes, insurmontables. Quand Andrew m'avait avoué sa liaison, il y avait de cela quelques années, j'avais cru qu'il s'agissait là du pire moment de ma vie. Il m'avait fait cet aveu de son plein gré, car il se sentait trop coupable, il ne pouvait plus me cacher quoi que ce soit, et je l'avais ressenti comme un séisme. En y repensant ce soir-là, tout en essuyant la table de la cuisine, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire avec amertume. Le pire moment de ma vie. Cette sensation insoutenable d'avoir été trahie. Elle était si peu de chose comparée à ce que je ressentais à présent. Pourtant, j'avais cru cette nuit-là, cette nuit de l'aveu à Saint-Julien, que rien ne pouvait être aussi douloureux, aussi dur. Je m'étais trompée. Mais comment aurais-je pu le savoir ? On avait décidé de rester ensemble. J'avais pu tourner la page. On s'aimait. C'était devenu un souvenir désagréable, épineux, auquel je pensais le moins possible. Mais maintenant. Maintenant. Tout était différent. Le coma de Malcolm avait changé notre vie. Tout avait changé. Comme si une main invisible avait tout repeint en noir.

— You OK ? me demanda Andrew.

Fond des yeux inquiet.

J'ai dit : « Oui, oui, ça va. »

Je ne l'ai pas regardé. Je suis allée coucher la petite. Il fallait dire la prière pour Malcolm. Elle y tenait beaucoup. On se mettait toutes les deux à genoux devant le lit et on priait pour Malcolm.

Pendant la prière, pendant que j'écoutais la petite voix de Georgia, j'ai compris. Tout compris.

J'ai compris que je n'allais plus pouvoir attendre en silence. J'ai compris que je n'aurais plus de patience. J'ai compris qu'il me fallait prendre tout en main. Prendre mon destin en main, celui de Malcolm. Si Andrew pouvait attendre en silence, tant mieux pour lui. Si les autres le pouvaient, tant mieux pour eux. Moi, c'était impossible. La passivité m'était impossible. C'était si clair, si évident, que j'ai failli en rire. J'ai senti un poids qui se levait. Quelque chose qui me libérait.

Après avoir couché Georgia, quand j'ai aperçu mon visage dans le miroir de l'entrée, j'ai eu l'impression étrange de contempler quelqu'un d'autre. Une femme que je ne connaissais pas. Une femme au regard dur, déterminé.

Une femme qui n'allait plus attendre en silence que le téléphone sonne.

— Djoustine, c'est moi.

La voix de ma belle-mère à l'autre bout du fil. Arabella Wright. Voix grave, éraillée. Elle était à la gare du Nord. Elle serait chez nous dans une demi-heure. Elle venait voir the little one, le petit.

J'avais toujours été fascinée par la haute taille de cette femme, par sa distinction, son port de tête, son épaisse crinière de cheveux argent qu'elle n'avait jamais voulu teindre, et qu'elle avait eus très tôt, d'après les photographies que j'avais pu voir d'elle, vers vingt-cinq, trente ans. Elle ressemblait à une autruche d'une grande élégance, avec un nez pointu, aquilin, une petite tête, et une démarche particulière, pieds en dedans, genoux qui se frottaient, le tout pourtant d'une grâce folle. Elle persistait à me parler en français. C'était sa fierté, sa joie. Elle le parlait assez correctement, ne parvenait pas à tutoyer, mais ne s'avouait jamais vaincue quand elle ne trouvait pas le mot qu'elle voulait. Lorsqu'elle prononçait mon prénom, elle disait : Djoustine. Ce « J » à l'anglaise, infiniment plus dur, plus sec que notre « J » français, si doux, trop soumis.

Elle m'avait aimée dès le départ. Dès ce premier week-end chez eux, à Londres, où j'étais venue avec Andrew passer quelques jours. Tout était facile avec Arabella. La conversation. La cuisine. Le jardinage.

Les courses. Elle adorait m'emmener faire du shopping, me demandait mon avis sur tout, les couleurs, les tissus, la coupe, comme si le simple fait d'être parisienne signifiait que j'étais forcément une spécialiste de la mode, ce qui était loin d'être le cas. Elle m'avait fait découvrir des romancières anglaises contemporaines que j'appréciais presque autant que Daphné Du Maurier : Penelope Lively, Rose Tremain, Joanna Trollope, A.S. Byatt. Elle avait même réussi à me faire cuisiner « british », à la stupéfaction de mon entourage français. Désormais, je maîtrisais à la perfection le kedgeree, le Coronaîion chicken et même le redoutable Christmas pudding, ses six heures de cuisson et qu'on prépare deux mois à l'avance.

Je me sentais bien chez eux, dans leur duplex londonien délabré, jamais rangé, au joyeux bazar coloré de Sunday papers qu'on ne jetait pas, de grosses chaussures de marche qui encombraient l'entrée, de chapeaux en tous genres empilés les uns sur les autres, et où le vieux labrador noir, Jasper, venait invariablement poser son museau grisonnant sur mes genoux, dès que je m'asseyais quelque part. Harry écoutait Le Messie de Haendel en boucle. De sa grande cuisine désordonnée, tandis qu'elle préparait un cottage pie ou une salade de poires au Stilton, Arabella chantait divinement faux. O daughter of Jérusalem, rejoice ! J'aimais la regarder pendant qu'elle s'affairait, vêtue d'un tablier d'homme, une mèche argentée qui lui tombait dans l'œil, domptant sa vieille cuisinière Aga de quelques gestes experts.

Chaque matin, lorsque j'étais chez eux, Arabella me pressait mon jus d'orange, me demandait si je préférais des œufs, du bacon, ou nos céréales préférées à Malcolm et moi, les Grape-Nuts, dont de petits morceaux restaient coincés entre les dents. Harry lisait son journal dans un silence religieux. Il fallait toujours lui réserver le début de la bouteille de lait (celle déposée chaque matin par le « milkman »), la partie la plus crémeuse, la plus onctueuse. Après le petit déjeuner, il fallait promener Jasper, qui à la vue de sa laisse retrouvait une seconde jeunesse. Arabella parlait aux chiens comme s'il s'agissait d'êtres humains. Au bout de la rue, on avait accès à un jardin privé. Chaque habitant de Queensgate Place en avait la clef. L'endroit était impeccablement tenu. Jasper avait seulement droit à une partie du jardin et il fallait bien sûr ramasser ses déjections. « Come on, old boy, lançait Arabella au chien qui se traînait en ahanant, such a lazy fellow. » Jasper me regardait d'un air las, comprenant parfaitement qu'elle le traitait de paresseux. Depuis l'Eurostar, j'emmenais souvent les enfants voir leurs grands-parents. Avant, c'était long, compliqué. À présent, on était au cœur de Londres en quelques heures.

— Je serais venue plus vite, vous savez, Djoustine, me dit-elle en arrivant, tandis que Georgia se précipitait sur elle, mais Andrew avait vraiment l'air de croire que the little one allait réveiller. J'ai cru. Puis j'ai trouvé que c'était longue, alors j'ai venu.

J'ai pris son châle rose, son sac. Georgia dansait autour de sa grand-mère en piaillant comme un moineau. Dans la cuisine, j'ai fait chauffer de l'eau pour du thé. Andrew croyait ça, tiens donc. Andrew était tellement plus positif que moi. Andrew ne voulait pas inquiéter sa mère. Mais la fine Arabella avait su lire entre les lignes.

J'ai dit :

— Andrew se protège, vous savez. Chacun fait comme il peut.

Elle posa sa grande main osseuse sur mon avant-bras. Effluves de Blue Grass. Elle ne parla pas, mais son silence m'enveloppa comme une caresse. Arabella savait donner son affection. Elle l'avait toujours fait. J'ai failli me retourner, blottir mon visage contre ses salières pointues, pleurer, tout lâcher, mais je n'ai rien fait de cela, j'ai continué à surveiller l'eau de la bouilloire qui n'avait pas besoin d'être surveillée. J'aurais voulu tout lui dire, pourtant.

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