Tatiana Rosnay - Moka
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Pourquoi ces fragments de souvenirs me revenaient-ils ? Petites bulles de mon passé avec mon fils qui remontaient inopinément à la surface et me faisaient chanceler. Andrew vivait-il la même chose ? Il n'en parlait pas. Il ne me parlait pas. Il s'était enfermé dans un endroit secret où il ne voulait pas que je vienne. Il en avait le droit, après tout. Chacun réagissait à sa façon. Chacun se protégeait à sa façon. Certains se perdaient dans l'attente. D'autres avançaient à leurs risques et périls. Je savais qu'Andrew avait choisi d'attendre. Moi d'agir. La tristesse, c'était que j'avais besoin de lui. Et j'étais incapable de lui dire.
Treize ans. Avait-on idée de finir sa vie à treize ans ? Mais non, voyons, impossible. Treize ans, c'est toute la promesse de l'adulte à venir. Treize ans, c'est le premier soleil de la vie. On n'a pas le droit de mourir à treize ans. C'est hors de question.
Je suis allée fouiller dans des vieux papiers, prise d'une inspiration subite. Je me souvenais peu ou mal de mon adolescence. Une période pénible, laborieuse. Des pieds en dedans, des complexes, une sœur plus jolie. Non sans mal, au fond d'un dossier oublié, poussiéreux, j'ai repêché mes photos de classe, des lettres, des bulletins. Me voilà à l'âge de Malcolm. Je ne lui ai jamais montré tout ça. Une adolescente beaucoup plus avenante que dans mon souvenir. Longs cheveux châtains, yeux espiègles. Des jeans MacKeen. Un sweat-shirt UCLA. Des sabots suédois noirs. Un badge à l'effigie de Bjorn Borg. Un parfum, Green Apple. À mon étonnement, je me souvenais parfaitement du jour de cette photo de classe. Madeleine, à ma gauche, les yeux trop maquillés. Roxane et son décolleté. Antonella et ses Levi's serrés. Christine et sa coiffure dégradée. On était déjà des petites femmes. Derrière nous, les garçons se tenaient raides comme des piquets, pommes d'Adam apparentes, acnés fertiles.
J'ai compris en regardant cette photographie, à peine jaunie aux bords, qu'à treize ans, je ne me considérais pas du tout comme une petite fille. Je lisais Lolita de Nabokov, j'avais un amoureux – comment s'appelait-il… Ludovic –, et j'avais parfaitement conscience du monde qui m'entourait, des enjeux de l'amour, de la fragilité de la vie. Cette découverte me bouleversa. Malcolm savait donc déjà tant de choses. Il avait suffi que je regarde ce portrait de moi à son âge pour le situer, lui. Il ne possédait peut-être pas la maturité d'une fille, souvent plus précoce, mais il s'acheminait lui aussi vers l'adolescence, vers ce grand chambardement.
Eva Marville, la blonde au volant de sa Mercedes « moka » ancien modèle, avait pilonné tout ça, parce qu'elle était pressée un mercredi après-midi. Elle avait renversé un adolescent, elle avait pris la fuite, et elle continuait à vivre sa vie, insouciante, à Biarritz, pendant que Malcolm s'enfonçait dans le noir et moi avec.
Le téléphone a sonné. J'ai laissé le répondeur prendre l'appel. Mes parents. Ils avaient été voir Malcolm à l'hôpital, et pensaient me trouver encore là-bas. Maman avait sa mauvaise voix, larmoyante, chevrotante. « Ma petite chérie, on pense tellement à toi, ma pauvre petite fille, et à ton pauvre petit garçon. Ton père et moi, on est si tristes pour toi. Comment tu fais pour tenir, mon pauvre chou, ma petite fille…»
J'ai eu un haut-le-cœur. Le deuxième de la journée après l'affiche. Je suis sortie de la pièce, je ne pouvais plus l'écouter. Cette voix, ces mots. Comment je faisais pour tenir, maman ? Hein ? Comment ? Parce que je ne pouvais pas faire autrement, maman. Parce que c'était tenir ou crever, maman. Tu ne le savais pas, peut-être ?
Un mépris monstrueux pour ma mère montait en moi comme de la bile. C'était donc ça, la quarantaine, parvenir à mépriser ses parents sans en être coupable ? Ce n'était pas à l'adolescence qu'on les méprisait, non, c'était bien plus tard, quand on se rendait compte avec une sorte de terreur joyeuse qu'il n'était pas question qu'on finisse comme eux. Qu'il n'était pas question qu'on leur ressemble, plus tard.
Maman, pourquoi n'as-tu rien de la classe de ma belle-mère, de son instinct, de son maintien, de sa force, pourquoi dois-tu tout déballer, tout montrer, flancher, gémir ? Pourquoi toi et papa vous baissez les bras, vous chialez, vous pliez l'échine ? Moi je tiens, maman, je tiens, ta pauvre petite fille tient. Je tiens, parce que jeudi, je vais partir, voir cette femme. L'affronter. Lui mettre le nez dans sa merde. Partir. Voir. Comprendre. C'est ça ou crever, maman.
Pauvre petite maman pleurnicharde, toi-même. Et ton pauvre petit mari ratatiné, mon père.
Des e-mails auxquels je ne répondais pas. Des clients qui ne comprenaient plus. Moi, Justine Wright, irréprochable sur les délais, jamais en retard pour rendre un travail. Moi, Justine Wright, je ne les prenais plus au téléphone, je ne leur répondais plus. J'attendais jeudi.
Andrew, le soir avant mon départ.
— Que se passe-t-il ? Je te trouve étrange. Es-tu malade ?
Je l'ai regardé avec un sourire tordu.
— Malade ? Non, pas malade, Andrew.
Il semblait désemparé. Il ne comprenait plus. Je m'étais enfermée dans une bulle, selon lui.
— Mais je pourrais dire la même chose de toi, Andrew ! Toi aussi, tu es dans ta bulle. Nous vivons deux vies parallèles, qui se télescopent seulement au chevet de notre fils. Ne le vois-tu pas ?
Non, il n'avait pas vu. Pour lui, ça venait de moi. C'était moi qui me renfermais. C'était moi qui ne parlais plus. Je devais penser à lui, à Georgia. Je devais faire un effort. Je devais m'arranger aussi, physiquement ; je me laissais aller, selon lui. Mes cheveux, mes vêtements. C'était n'importe quoi. Il fallait que je me regarde dans une glace. Que je réagisse.
J'ai vu rouge. Comment osait-il ? Comment pouvait-il me dire des choses pareilles ? J'ai eu envie de le frapper aussi, comme ma mère l'autre jour. Mais une immense lassitude s'est emparée de moi. À quoi bon ? À quoi bon me battre avec mon mari ? Je me suis détournée de lui. Je lui ai montré mon dos, ma nuque.
Un mur. Voilà ce que nous étions devenus lui et moi, un mur. Dos à dos. Lui dans sa souffrance, moi dans la mienne. Incapables de la partager. Incapables de nous aider l'un l'autre. Des incapables. Andrew avait toujours été là pour moi, dans les moments difficiles. Et moi, je l'avais toujours écouté, conseillé. Nous étions une équipe. On disait de nous, Justine la bavarde, l'espiègle, la rigolote, Andrew le roc, Andrew le silencieux. Une fine équipe. Une équipe qui allait durer. Alors que tous nos amis divorçaient autour de nous à tour de rôle, se disputaient la garde des enfants, se battaient à coups de pensions alimentaires, nous on tenait. Le roc et le rire. La force et la joie de vivre. Les Wright. Justine et Andrew, c'était du costaud. Justine et Andrew, c'était pour la vie. Oui, il y avait eu cette petite rouquine, oui, une histoire de fesses, sans importance, ils avaient su tourner la page, Justine merveilleuse de dignité, Andrew de franchise, et l'orage était passé. Justine et Andrew, le couple admirable. Dos à dos. Le mur. Moi dans le salon. Lui dans notre lit. Notre couple admirable.
Dans la pénombre du salon, je regardais le plafond. Demain, il fallait parler à Arabella. Comment lui dire ? Comment lui expliquer ? Je vous emmène à Biarritz pour voir la femme qui a renversé Malcolm. Pour la voir avant la police. Pour comprendre. Georgia vient avec nous. Absurde ? Fou ? Non, elle viendrait. Arabella viendrait. Je le savais. Demain.
Demain. « Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai. » Un poème appris par Malcolm, l'année dernière. Victor Hugo. La mort de sa fille Léopoldine, noyée avec son fiancé. Malcolm en train de me réciter le poème dans la cuisine, son cochon dinde sur les genoux. « J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. » La voix de Malcolm, encore si présente. Le ronronnement du cobaye. Moi debout, le cahier de poésies à la main, une cuillère en bois dans l'autre pour touiller les pâtes. « Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. »
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