Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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Le vent ne soufflait pas, et ça faisait un silence étrange, après toutes ces nuits passées dans la tempête, dans le genre d’un carillon qui sonne pendant des heures et qui cesse tout à coup.

Il faisait déjà très chaud. Le sable blanc entre les laves brillait avec force, dureté. À l’extrémité de la pointe, les oiseaux de mer volaient autour du Diamant. Certains s’étaient posés sur l’étrave noire dégagée par la marée. D’autres planaient autour de moi, des mouettes, des sternes, des fous. Ils criaient, ils étaient presque menaçants. J’ai aperçu aussi les pailles-en-queue, plus nombreux que d’habitude, qui tournaient au-dessus de la mer, en volant lourdement.

Comme chaque matin, j’ai ôté mes vêtements à l’abri d’un rocher et j’ai plongé dans l’eau du lagon, nageant les yeux ouverts au ras des coraux. L’eau était légère, à peine plus fraîche que l’air. J’avais l’impression d’être un oiseau, moi aussi. Non loin de la barrière des récifs, il y a un banc de sable. C’est là que je me suis arrêté, n’ayant rien à craindre des oursins ni des poissons-scorpions.

C’est ici que tout me revient, tout ce que Jacques me disait à Paris, autrefois, et qui est devenu comme ma propre mémoire. La mer au lever du jour, à Anna, l’eau encore froide de la nuit, sur la plage de sable noir. Alors tu nages sous l’eau, sans faire de remous, en étendant les bras loin devant toi et les ramenant le long de ton corps, sans respirer, en écoutant le crissement des vagues qui déferlent… Chaque jour, je me rapprochais de cet instant. La mer à Flic-en-Flac, passé Wolmar, l’estuaire noir de Tamarin. C’était comme si j’avais vécu tout cela, au temps où mon père et ma mère habitaient encore la maison d’Anna. C’est un rêve ancien, que j’ai fait chaque soir, à Rueil-Malmaison, avant de m’endormir. Avec Jacques, je marche le long du rivage, sur l’étroit sentier qui longe la côte au milieu des herbes si hautes qu’elles vous coupent les lèvres. Peut-être qu’il y a les mêmes oiseaux, des cormorans noirs qui rasent l’eau, comme pour nous dissuader de rester. Il me semble que je reconnais leur bec rouge, la lueur méchante de leurs yeux. La mer, dans les échancrures, étincelante, pareille à des lacs de lave. Avant la mer, je m’en souviens, il y a un marécage, des roseaux. On avait dit à Jacques: «Ne va pas par là, c’est dangereux, tu pourrais te perdre. Il y a des sables mouvants.» Tout cela est très loin. Dans le silence, ici, sur le banc de sable blanc où la mer me frôle, je me souviens de tout. Je ne peux plus me perdre. Maman était déjà malade, la fièvre la brûlait chaque soir, la nausée. Moi j’étais dans son ventre, quand elle marchait vers la plage pour sentir la fraîcheur du soir, pour écouter la prière des martins. En février il y a eu un cyclone qui est venu sur la mer, qui a tout ravagé. Une nuit, le vent a traversé la maison de part en part, éteignant les lampes et les torches. Mon père était resté à Port-Louis. À l’aube, il est arrivé à cheval, le long des routes aux arbres déracinés. C’est ce jour-là, après l’ouragan, que je suis né.

Le soleil a cuit ma peau, le sel imprègne mes cheveux, les rend durs, lourds comme un casque. «Tu devrais faire attention», dit Suzanne. Elle ajoute en riant: «Tu es noir comme un gitan, personne ne voudra croire que tu es Archambau.» C’est le sang d’Amalia William qui coule dans mes veines. À Paris, dans l’appartement de Montparnasse, mon père n’avait gardé qu’une photo d’elle, quand elle est venue en France à dix-huit ans, mince et brune, visage ovale et sourcils arqués qui se joignaient comme deux ailes, et les longs cheveux très noirs en une seule tresse qui s’alourdissait sur son épaule.

Sans que je l’aie entendue arriver, Suryavati est là. Debout au milieu du lagon, avec sa longue robe couleur d’eau nouée entre ses jambes, son visage caché par le grand foulard rouge. Elle scrute les creux du récif, à la recherche d’oursins et d’ourites. Elle marche tranquillement, comme si je n’étais pas là. Je suis sorti de l’eau, je me suis rhabillé à la hâte derrière mon rocher. Elle traverse lentement le banc de sable jusqu’au rivage, et quand elle arrive devant moi, elle s’arrête et elle écarte son foulard. Le soleil éclaire son visage lisse, fait briller ses iris jaunes. Elle me paraît plus jeune que l’autre jour, presque une enfant, avec son corps mince et souple, ses bras très longs, cerclés d’anneaux de cuivre. Ses cheveux noirs sont peignés avec soin, divisés sur le front par une raie bien droite.

Maintenant, elle se tient debout devant moi, contre le soleil. Je ne vois que sa silhouette. L’eau du lagon brille derrière elle. Sur le récif, la mer fait une rumeur rassurante. C’est le premier jour où tout est vraiment calme. Comme j’hésite à lui parler, elle dit simplement: «Vous allez mieux?» Elle a une voix bien claire, je ne me souvenais pas si elle m’avait tutoyé d’abord. J’aime sa voix, sa façon directe. Elle dit:

«Vous habitez dans les maisons?»

Elle montre la direction de la Quarantaine, à l’autre bout de la plage. Je dis oui, et avant que j’aie eu le temps de retourner la question, elle continue:

«Moi, j’habite de l’autre côté, avec ma mère.»

Je croyais qu’elle était de passage, comme nous. Mais elle dit:

«Il y a un an que nous habitons ici. Ma mère travaille pour les gens qui arrivent, elle leur vend les choses dont ils ont besoin. Elle leur faisait la cuisine aussi, mais maintenant elle est tombée malade. Moi je pêche du poisson ou des ourites pour les vendre.»

Je suis tellement étonné de tout ce qu’elle dit que je ne sais quoi répondre. Elle me regarde un instant, puis elle dit, et ce n’est pas une question, simplement elle se parle à elle-même:

«Vous, vous allez bientôt partir pour Maurice.»

Elle recommence à marcher sur le récif, son harpon à la main. Comme l’autre jour, j’essaie de marcher sur ses traces. Mais les algues cachent le chemin, et les reflets m’aveuglent. Suryavati est déjà loin, au bout du récif. J’ai manqué plusieurs fois tomber dans l’eau, et les pointes du récif ont rouvert ma plaie sous le gros orteil. Il ne me reste plus qu’à revenir sur le rivage. Je me suis assis sur un rocher et je regarde la jeune fille qui pêche au milieu du lagon. J’attends.

J’attends si longtemps que le soleil redescend vers l’autre versant du ciel et disparaît derrière des nuages. La marée commence à monter. Les oiseaux tourbillonnent autour du récif. C’est le moment où les poissons sortent de leurs trous, le bon moment pour pêcher l’ourite: je vois Surya qui enfonce le harpon dans les trous du récif, puis qui décroche les poulpes et les fourre dans son panier. Le grondement des vagues résonne dans le socle de l’île, l’eau du lagon devient sombre, traversée de veines noires. C’est le signal qu’il faut retourner en arrière. La jeune fille suit le récif vers la rive, elle marche au milieu des vagues. Sa robe dessine son corps, ses cheveux flottent dans le vent. Je crois que je n’ai jamais vu personne comme elle, elle ressemble à une déesse. Mon cœur bat très fort, les yeux me brûlent. C’est comme si j’étais avec elle sur le récif, et que je sentais le nuage des embruns sur ma peau, sur mes lèvres, jusqu’au fond de mon corps les coups des vagues sur le mur de corail.

Quand la jeune fille arrive sur la plage, elle me regarde brièvement sans rien dire. Contre la lumière, son visage est presque noir, sans expression, ses cheveux ont un reflet de cuivre. Je ne comprends pas pourquoi, je ne peux pas bouger. Comme dans un rêve, je ne peux que regarder, assis sur mon rocher, un peu de côté, pareil à un oiseau curieux.

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