Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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«Léon! Viens!»

Jacques avait ramassé à la hâte ses affaires. J’ai pris à mon tour mon sac, contenant le livre de poésie de Suzanne et mon cahier de dessin.

Sur le chemin du volcan, Jacques parlait nerveusement de ce qui se passait de l’autre côté.

«On est au bord de l’émeute. Il faut faire vite avant que ça ne tourne mal. Les immigrants sont tous sur la plage. Je n’aurais jamais cru qu’ils étaient aussi nombreux. Ils ont compris que le bateau ne venait pas pour eux, ils sont furieux. Ils sont prêts à sauter à la mer pour prendre la chaloupe à l’assaut.

— Mais le schooner ne doit pas venir?

— Je ne sais pas. Je n’ai pas envie de l’attendre.»

Jacques recommence à courir le long du chemin. Il est essoufflé. Il porte sa mallette de médecin et le sac de voyage de Suzanne. Nous traversons le vieux cimetière, en sautant par-dessus les tombes ruinées. Jacques s’arrête un instant pour reprendre son souffle. Il a un point de côté qui le fait grimacer.

«Ils sont restés au large, personne n’est descendu. Tu comprends? Ils ne veulent pas nous prendre. Ils ne veulent prendre personne. Il faut que tu sois là, qu’ils nous voient tous ensemble.

— Mais pourquoi?»

Je crie moi aussi, je suis hors d’haleine, j’ai les jambes griffées par les broussailles. Tout d’un coup, je me rends compte que je suis pieds nus: j’ai oublié mes chaussures à la Quarantaine. Je veux retourner, mais Jacques crie:

«Laisse, on n’a plus le temps, tu en achèteras d’autres à Port-Louis.»

Sa voix est tendue, méconnaissable. Maintenant je me rends compte de ce qui se passe là-bas, à Palissades, une fureur collective.

Je franchis l’arête qui sépare les deux versants de l’île, et je suis immobilisé par ce que je vois: tout le long de la baie des Palissades, la foule est massée. La plupart sont groupés autour de l’embryon de jetée à laquelle les coolies travaillent chaque matin, et se tiennent en équilibre sur les blocs de lave. D’autres se sont avancés sur les grandes plaques de basalte, dans la mer jusqu’à mi-corps malgré les vagues qui déferlent. À gauche de la baie, près du toit de palmes qui sert de dépôt, les voyageurs européens attendent debout sur la plage. Suzanne s’est mise à l’abri du toit, appuyée contre un des poteaux d’angle. Elle est tournée vers nous, elle nous attend. Elle ne fait pas un geste, mais je sais qu’elle a vu Jacques qui descend en courant le chemin vers la baie.

La plage n’est pas assez grande pour contenir tous les immigrants. Beaucoup sont dans les taillis, au fond de la baie, accroupis sur leurs talons. Les femmes sont venues avec leurs parapluies noirs, leur seule fortune. Ils ont abandonné les travaux et les champs, ils ont pris à la hâte quelques affaires dans les maisons collectives, et ils sont là, ils regardent le garde-côte, un petit vapeur qui tourne sur son ancre à quelques encablures de la rive. Personne ne parle, tout est très silencieux, à part le bruit régulier de la machine, et de temps en temps, un cri d’enfant, une voix qui appelle. Même les chiens se sont tus. Ils sont couchés le nez dans la poussière, devant les maisons vides, comme s’ils attendaient eux aussi qu’il se passe quelque chose.

Sur la plage, non loin des passagers de l’ Ava, j’aperçois des ballots échoués, des tonneaux d’huile, des caisses qui ont été flottés jusqu’au rivage. Personne ne s’est occupé de les tirer au sec et les vagues qui déferlent les recouvrent d’écume, les reprennent et les rejettent plus loin. Il semble que l’officier de bord n’ait pas voulu prendre le risque d’un débarquement, soit qu’il juge la mer trop forte pour sa yole, soit qu’il craigne d’être assailli par les immigrants. En m’approchant, je me rends compte qu’une partie de l’équipage est armée, les hommes sont debout sur le pont, ils portent les lourds fusils Schneider de l’armée des Indes.

Jacques est loin devant moi, déjà sur la plage. Comme je recommence à descendre la pente, entre les blocs de roche brûlée, j’entends une clameur qui emplit toute la baie des Palissades. C’est un cri général d’angoisse et de colère, qui s’enfle et redescend, reprend encore, parcourt toute la plage, de bouche en bouche, poussé par les hommes, par les femmes, tantôt grave, tantôt strident. Je n’ai jamais rien entendu de tel. Un frisson passe sur tout mon corps, parce que c’est aussi un chant, une musique, un cri de colère et une plainte. L’officier de santé qui attendait sur le pont au milieu des hommes — et qu’on distingue très bien à la blancheur éclatante de son uniforme — vient de décider d’appareiller. Les marins hissent l’ancre le long de l’étrave, et l’officier est entré dans le château arrière pour faire remettre la machine en marche. Le grondement des machines se répercute dans la baie. C’est ce bruit et la vue du panache de fumée noire qui ont déclenché le cri de colère des immigrants. Ils ont compris que le garde-côte repartait, qu’il nous abandonnait tous à notre sort.

Quand j’arrive sur la plage

Quand j’arrive sur la plage, la cohue est incroyable. Les hommes courent dans tous les sens, en proie à un désespoir furieux. Ils ont abandonné leurs sacs, leurs biens, ils vont jusqu’au rivage, entrent dans la mer malgré les vagues, crient des imprécations. Les arkotties et leur chef, le sirdar Shaik Hussein, ont disparu. Ils ont dû se réfugier dans les rochers, au-dessus de la baie. Personne ne peut contenir la colère de la foule. Ces hommes que j’ai vus si doux, marchant en files régulières, courbés sous le poids des paniers de cailloux qu’ils transportaient jusqu’à la digue, semblent possédés. Certains ont été jetés à terre, le visage en sang. Les femmes et les enfants terrorisés tentent de fuir vers les maisons du village coolie et sont repoussés en arrière par des hommes armés de gourdins et de coupe-coupe. Au fur et à mesure que j’approche de l’endroit où les passagers de l ’Ava se sont réfugiés, je sens l’inquiétude qui serre ma gorge: de là où je suis, je ne peux voir que la masse compacte de la foule, qui bouge dans un mouvement tournant dont le toit du dépôt est le centre. Les cailloux pointus qui jonchent le sable ont rouvert la blessure de mon pied droit, et j’ai du mal à avancer. Tout d’un coup, dans une ouverture, j’aperçois Jacques. Son visage est crispé par la peur et par la colère. Lui aussi crie, montre le poing. Il tient Suzanne par la main et tente de revenir en arrière, mais la foule est trop dense et les repousse vers le rivage. Ils sont un instant debout tous les deux dans l’écume, le dos aux vagues qui déferlent. Les autres passagers de l ’Ava ont disparu, John et Sarah, Bartoli et Julius Véran. Ils ont eu sans doute le temps de fuir vers l’escarpement du volcan. Je cherche aussi des yeux Suryavati, j’essaie d’apercevoir sa silhouette, son visage. Mais il n’y a autour de moi que des fugitifs, des jeunes gens qui courent presque nus, les yeux brillants de folie. Près du chantier de la digue, il y a un groupe de femmes. Certaines ont leurs valises et leurs paquets posés à côté d’elles, leurs bébés à cheval sur leur hanche, comme si elles allaient réellement prendre un bateau et s’en aller très loin. Surya n’est pas avec elles. Je pense qu’elle a dû rester avec sa mère, dans le quartier des parias, à l’autre bout de la baie. C’est tout à fait impossible d’aller jusque là-bas. Comme j’hésite, louvoyant entre les gens qui courent, j’entends la voix de Suzanne qui m’appelle. En un instant je suis dans la mer. Jacques et moi faisons un rempart de nos corps, et nous avançons tête baissée vers le bout de la plage, manquant glisser sur les dalles de basalte. Ici du moins nos agresseurs ne peuvent pas nous entourer.

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