Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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En continuant jusqu’à l’autre bord du cratère, je me suis trouvé directement au-dessus de la baie des Palissades.

C’était à peu près l’heure à laquelle nous avions débarqué, il y avait maintenant tant de jours (trois, peut-être quatre déjà). Assis sur un rebord de lave, je voyais l’île telle qu’elle nous était apparue, du pont du transbordeur, dans la tempête, la mer violente, la pente noire du volcan, et la longue bande de terre où poussent les cocotiers, jusqu’à la pointe nord, terminée par le rocher du Pigeonnier.

J’ai regardé la plage où nous avions pris pied, les grandes dalles de basalte où les vagues se brisaient. Plus haut, la clairière, la ville des coolies, la longue rue blanche où marchaient les immigrants. Vers le haut, du côté des latrines, la cabane où nous avions passé la première nuit.

Alors nous avions l’impression de débarquer dans un campement de naufragés, quelques cahutes de feuilles dans le coin d’une île sauvage où survivaient de misérables bannis. «N’allez pas par là, avait dit Véran. Vous risquez d’être attaqués, pour vous voler votre argent, votre montre, ou même vos habits.» Les Metcalfe avaient l’air incrédule, mais Suzanne se serrait contre Jacques, tout effrayée. Les bâtisses de la Quarantaine paraissaient des forts, construits pour résister aux attaques des Indiens, avec leurs grands blocs de basalte et leurs ouvertures étroites. À Palissades, c’était différent. À l’abri du volcan, l’air était tranquille, on n’entendait pas le bruit de la tempête.

Maintenant, chaque fois que j’ai le temps, je vais regarder le village des coolies. Il m’apparaît très différent. Les huttes sont grandes et bien construites, avec ces toits de feuilles tressées qui doivent bruisser dans le vent, et qui font comme un habit protégeant de la pluie et du soleil, et ce léger débord au-dessus de la porte d’entrée où les femmes et les enfants s’installent au crépuscule, comme en cet instant, pour parler et jouer. Les rues sont propres et rectilignes, blanches à cause du sable de corail. La base des maisons est peinte à la chaux, il y a des volets aux fenêtres et des fleurs le long des murs. À cette heure, le sirdar a signalé d’un coup de sifflet l’arrêt du travail, et la rue devant chaque maison est remplie de monde, d’hommes et de femmes qui vaquent aux travaux du ménage, balaient, nettoient. Devant l’une des cases des célibataires, un barbier est en train de raser la tête d’un jeune garçon. Je peux sentir de là où je suis l’odeur des fumées qui monte des cuisines en plein air. C’est une odeur très douce, très légère, une odeur de pain, de cari, de persil, qui s’étend alentour malgré les bourrasques. Les femmes drapées dans leurs saris sont accroupies autour des feux. J’entends clairement leurs voix, leurs rires. J’entends aussi des bruits d’animaux, des cabris qui appellent, un coq qui pousse son cri aigu. Tout cela est irréel, étonnant. Je ne parviens pas à m’en détacher.

Quand la nuit vient, les lampes brillent au fond des maisons, jusqu’à l’autre bout de la baie, dans le village des parias. Il y a une rumeur de musique, des chants, des prières, une berceuse. Les derniers feux rougeoient, l’odeur du santal monte au centre du ciel. Je me souviens de ce que Jacques me racontait, autrefois, les longues soirées à Médine, après la coupe. Les chansons autour des feux, les filles qui dansent. C’est comme si tout était en moi, et qu’enfin je l’avais retrouvé.

Avec L. avons poussé la reconnaissance du côté ouest (vicinité de l’ancien cimetière).

Sur le rivage, recueilli plusieurs beaux spécimens du fameux baume l’île Plate: Psiadia macrodon, têtes larges et longues, 30–40 fleurs dans chaque tête. Surtout Psiadia balsamica, la plus appréciée, remède pour brûlures, infections, anthrax, piqûres et morsures venimeuses, etc. Feuilles obovales, innervées, cette variété pratiquement dépourvue de pétiole. Variété endémique à Bourbon, aux Seychelles. Nombreuse sur ce versant (j’ai recensé en quelques heures plus de soixante plants). Variété quinquenerva apparemment absente.

À Palissades

À Palissades, la vie est ponctuée par les coups de sifflet du sirdar. Cela aussi, je l’avais oublié. Jacques me parlait de Médine, autrefois, il me disait le signal, loin, très loin, comme un bruit atténué, à l’aube. Chaque matin, dans son sommeil, le sifflet aigu qui appelait les laboureurs aux champs, et la vie qui commençait, les aboiements des chiens, les enfants qui criaient.

Le premier appel résonne avant l’aube, quand la nuit s’éclaircit. Le vent mugit dans les toits de feuilles, dans les maisons communes de Palissades. Le premier matin, le sifflet nous a pénétrés, un bruit aiguisé, un bruit glacé et méchant, qui roulait et entrait jusqu’aux entrailles, qui nous donnait la chair de poule. Il faisait encore noir, et comme Suzanne se relevait, Jacques l’avait retenue par le bras. «Ce n’est rien, c’est le signal du sirdar. C’est le lever des femmes, maintenant» Il a dit, non pas «maintenant», mais «astère» à la manière créole. Ça lui est revenu sans qu’il s’en rende compte.

Nous avons attendu dans la pénombre. Les lampes étaient éteintes. Environ une demi-heure plus tard, il y a eu le second coup de sifflet plus long, appuyé, pour le lever des hommes. Nous avons pu nous lever, aller jusqu’au champ derrière les affreuses latrines. C’était un matin gris et pluvieux, un vrai matin d’hiver.

De l’autre côté de l’île, à la Quarantaine, je peux entendre le signal de l’aube. Je ne me suis pas habitué, Suzanne non plus. Chaque fois, nous sursautons, comme si le signal était aussi pour nous. Le sifflet lugubre franchit la colline et les plantations, porté par le vent, mêlé au bruit des vagues de la marée. À quatre heures et demie, il arrive. J’ai le cœur qui bat, il me semble que je suis à Palissades, que j’entends le bruit des pieds nus sur le sentier, les pleurnichements des enfants, que je sens l’odeur du feu qui fait bouillir le thé amer, l’odeur très douce du riz qui réchauffe. Ici, de l’autre côté de l’île, à la Quarantaine, nous ne connaissons que le froid et la solitude, et les cris gémissants des gasses au crépuscule. Parfois le sifflet du sirdar ou l’appel du muezzin qui semblent venir d’un autre monde.

Chaque matin, à l’heure où les hommes partent pour le travail, je suis à mon poste, en haut du volcan. Les colonnes de travailleurs partent pour les plantations, au-dessus du village. D’autres vont au pied du volcan remplir des sacs de jute à la veine de talc qui affleure. D’autres encore, sous la surveillance des arkotties, apportent des blocs de basalte pour la reconstruction de la digue des Palissades, que le prochain cyclone démolira à nouveau. Il y a un long silence sur l’île, tandis que les immigrants travaillent. J’envie ces hommes, leur détermination tranquille, leur patience. Les femmes ont revêtu des guenilles pour travailler aux champs. Penchées sur la terre, elles enlèvent les pierres noires une à une, les entassent dans des paniers d’osier qu’elles vont vider aux limites des champs. Jour après jour, les parcelles de terre grise grandissent dans la végétation sauvage, comme une sorte de gale inguérissable.

Hier, dans la fin de l’après-midi, Jacques et Suzanne sont venus me rejoindre au sommet du volcan. Julius Véran est resté un instant, il a regardé les plantations et la digue, il a dit avec mépris: «Des fourmis!» Suzanne s’est étonnée: «À quoi bon ces travaux? Que vont-ils faire du talc qu’ils récoltent? Et cette digue?» C’est la voix de Véran qui a répondu: «Il faut bien les occuper! Il ne faut pas qu’ils s’arrêtent!» Il a parlé, je crois, de l’Inca qui faisait récolter les poux. Suzanne ne l’écoutait pas. Elle regardait avec une sorte de fascination effrayée le camp des immigrants où les silhouettes minuscules s’activaient dans la baie des Palissades. C’est vrai que le village des coolies vu du promontoire semblait propre et ordonné comme une fourmilière. Les coups de sifflet du sirdar et des arkotties se répondaient, haletaient, tantôt aigus, impérieux, tantôt graves, se confondant avec le grondement de la mer sur les récifs. J’ai entendu Jacques murmurer, le visage tourné pour que Suzanne n’entende pas: «Nous sommes des prisonniers.»

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