Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes

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Nos gloires secrètes: краткое содержание, описание и аннотация

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Un meurtrier anonyme, un poète vengeur, un parfumeur amoureux, un antiquaire combattant, un enfant silencieux, un milliardaire misanthrope.
Les personnages de ces six histoires ont un point commun : leur vie intérieure est bien plus exaltante que leur vie quotidienne. Et leur part d’ombre n’est rien en comparaison de leur part lumineuse.
Une vérité que l’on tait, un exploit que l’on cache, un passé inavouable. Lequel d’entre nous ne garde pas, enfouie au plus profond, sa gloire secrète ?

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— Le reste sera livré dès demain à des organisations caritatives. Mais ce soir nous allons faire honneur à ce buffet pour qu’il existe au moins dans notre souvenir.

Habitué au sandwich qu’on daignait lui préparer à l’office, avalé debout au milieu du va-et-vient des serveurs, l’aboyeur se sentit intimidé, l’assiette à la main, le ventre creux, devant la profusion, le raffinement. Grimault avait raison en prononçant le mot souvenir, car plus jamais l’occasion ne serait donnée à un pauvre huissier, fût-il de cérémonie, de goûter à tant d’excellence. Les saveurs seraient vite oubliées, seule l’histoire homérique de ce buffet resterait intacte dans sa mémoire. Il la raconterait longtemps.

En s’approchant de la table des dîneurs, le quatuor à cordes eut enfin le sentiment de jouer pour un public. Presque agacé, Grimault les vit tout à coup comme un orchestre de restaurant russe qui fait pleurer les violons en attendant le pourboire. Néanmoins, l’idée était à retenir.

— Ils commencent à nous soûler, les baroques, vous ne trouvez pas ?

Trop intrigué par le bleu du homard bleu, l’aboyeur ne l’écoutait pas.

— Messieurs, pourriez-vous nous jouer quelque chose d’un peu tzigane, qui irait avec la vodka ? C’est sûrement dans vos cordes, si je puis dire.

— … Tzigane ?

— Le montant de vos prestations en serait majoré, cela va de soi.

Après concertation, les musiciens se sentirent capables de relever le défi pour peu qu’on les autorise à tomber redingote et perruque. Christian les remercia pour cet effort. Puis il invita son aboyeur à se rapprocher du buffet des pâtisseries, plus pour le plaisir des yeux que par réelle gourmandise.

— Je vous conseille ces macarons grisâtres, ils sont à la truffe blanche. J’imagine demain la tête du clochard qui, après en avoir avalé un ou deux, demandera : ils sont à quoi, ces trucs ?

L’aboyeur ne détestait rien tant que le cynisme, a fortiori celui des puissants, mais dans la bouche de Christian Grimault pareille remarque se voulait plutôt bienveillante. Là se situait le charme de sa conversation, cette faculté de faire passer une horreur pour un compliment ou un compliment pour une horreur. Il pria son secrétaire de faire disparaître les buffets au plus vite, de les emballer, de s’en débarrasser aux premières lueurs du jour. Puis il s’éclipsa dans le fumoir pour y choisir un havane. L’aboyeur en profita pour appeler sa femme. Il allait rentrer tard mais avec une belle rallonge en poche, je t’expliquerai , qu’elle ne s’inquiète de rien, son client était un peu spécial mais pas question de le lâcher maintenant, je t’expliquerai , encore une heure, deux maximum, je t’expliquerai.

Puis il retrouva Christian Grimault le cigare à la main, en haut des marches de la cour d’honneur.

— Votre femme doit se dire que vous êtes encore tombé sur des dingues.

— Elle préférait quand j’étais huissier au ministère, j’avais des horaires classiques.

— Au ministère ?

— Il y a longtemps j’étais chargé d’autoriser l’accès d’un cabinet ministériel. J’aurais pu ouvrir ou fermer cette satanée porte jusqu’à la retraite ! Je suis allé tenter ma chance comme aboyeur pour réceptions privées. Je me suis fait faire une réplique exacte de mon costume de l’époque pour garder ce côté officiel. Ma médaille est une copie en toc de celle que j’avais à l’époque, qui elle-même était une copie de celles des aboyeurs à la cour du roi. Aujourd’hui, nous devons être quatre ou cinq en France à faire ce job. Quel que soit le luxe déployé, les gens se souviennent d’une réception uniquement parce qu’un aboyeur était présent. Si vos invités étaient venus ce soir, la plupart d’entre eux auraient dit un jour : C’est ce fameux soir où un type en queue-de-pie a crié notre nom. Et non pas : Rappelle-toi, c’était dans l’hôtel de Beynel ! À chaque rentrée scolaire, quand mon Damien qui a douze ans remplit sa fiche de renseignements, il écrit dans la rubrique « profession du père » : chambellan . C’est adorable, non ?

— J’imagine que même les aboyeurs ont un nom. Depuis le début de cette soirée maudite, je n’ai même pas eu la courtoisie de demander le vôtre.

— Frédéric Perez. Tout le monde m’appelle Fred.

— Vous a-t-on jamais annoncé en public, monsieur Perez ?

— Oui, à Sainte-Maxime, sur la Côte. C’est là que je passe mes vacances, on s’y retrouve avec une bande d’amis, les mêmes depuis toujours. J’entre dans le bistrot de la place et j’entends les copains crier d’une même voix : Fredo ! À cet instant-là, j’ai l’impression d’être quelqu’un.

Après avoir subi les anecdotes amères, les discours désenchantés de Christian Grimault, après avoir écouté sans broncher la liste de ses amitiés défuntes, Frédéric saisissait cette occasion de lui prouver que l’amitié, chaleureuse, dépourvue de tout calcul, existait bel et bien.

— Mes copains ne portent pas de noms, leurs prénoms suffisent. Ils ne sont pas cinquante, ni même dix, mais juste trois. Dans une vie d’homme, c’est beaucoup. Éric, c’est la mémoire, la constance. Il n’oublie aucun événement, aucun engagement, aucun serment, ni même les défis idiots qu’on se lance à l’adolescence et qu’on s’empresse d’oublier à l’âge adulte. Éric préférerait mourir que de ne pas honorer une promesse, un rendez-vous. À chaque date importante pour moi, que l’occasion soit grave ou joyeuse, il m’envoie un mot. C’est sa façon à lui d’être toujours à mes côtés. Mon ami Christophe, c’est le don de soi. Le premier à se porter volontaire pour un déménagement, refaire les peintures, raccompagner tout le monde, garder les gosses ou vous prêter la somme qui vous manque cruellement. C’est celui qui transforme les corvées en bons moments. Je sais qu’il dira oui, quoi que je lui demande. C’est sa façon à lui d’être toujours à mes côtés. Et il y a Stéphane, celui à qui confier l’inavouable. Ce que l’on préfère taire aux autres de peur de les alarmer. Il est le premier que j’appelle en cas de coup dur, parce qu’il est solide, recueilli, rassurant. C’est sa façon à lui d’être toujours à mes côtés. Alors si ce soir vous avez voulu prouver que l’humanité est infréquentable, certes cela avait de la gueule, mais pour moi la démonstration était vaine. Je n’ai aucun besoin de lancer des invitations piégées à mes amis, de les mettre à l’épreuve, je leur fais confiance.

Ainsi donc l’aboyeur savait aboyer, se dit Christian.

— La confiance, dites-vous ? Sachez que dans un de ces salons j’ai accroché une huile sur toile de Canaletto de 18 cm sur 21, qui représente le campanile de San Pietro, estimée à 950 000 euros. Aucune surveillance ni système de protection. Je l’ai exposée pour que mes visiteurs en profitent. Une pièce que n’importe qui pourrait glisser sous son imperméable. Si pour vous ce n’est pas de la confiance !

Il avait beau jouer l’ironie, Christian Grimault respectait celui qui croyait encore aux sentiments, comme lui-même y avait cru jadis. Mais depuis qu’il avait fondé un empire, pactisé avec des fourbes et trahi des naïfs, après avoir entraîné son équipage vers des rives inconnues, après avoir débarqué des mutins, sauvé des naufragés, conduit tout le monde à bon port, après avoir aimé, puis brûlé ce qu’il avait aimé, puis oublié ce qu’il avait brûlé, après avoir tout perdu puis tout reconquis, après avoir enduré mille menaces, il aurait tant aimé croire, à cinquante ans, que les raisons du cœur passaient avant toutes les autres.

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