Tonino Benacquista - Tout à l’ego

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Tout à l’ego: краткое содержание, описание и аннотация

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Un homme tout juste sorti du coma qui reçoit de l'infirmière qui l'a veillé la transcription de ses secrets les plus enfouis, de son passé le plus perdu. Un type qui veut être enterré près d'un bordel. Des histoires de couples, de magnétoscope et de pétition. Des rencontres qui ne se feront jamais, des rencontres qui se feront tout de même. La solitude d'un surdoué de neuf ans.
Dix nouvelles succulentes, à l'ironie douce-amère, au style léger et aux intrigues à pirouettes, par l'auteur de
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Fifi c’était Philippe, Riri c’était Richard et Loulou c’était moi. Le triumvirat. Toujours fourrés ensemble depuis le lycée. J’ai été le premier à m’installer avec une fille que les deux autres ont acceptée dans la bande sans faire d’histoire. Surtout Philippe. On dit toujours que les femmes ont un tel souci du détail qu’elle savent cacher leur amant des années durant, ou dépister une maîtresse avec un simple cheveu. Dans mon cas, ça a été l’inverse. Après huit jours de stage à Toulouse, j’ai retrouvé dans le cendrier de la table de nuit la bague d’un cigare Romeo y Julieta que j’avais offert à Philippe. La boîte de vingt-cinq m’avait coûté un prix fou, mais pour l’anniversaire d’un pote on ne compte pas. Je n’ai pardonné ni à Sophie ni à l’autre salaud. C’était il y a dix ans.

L’ennui, c’est que la boîte noire n’est pas d’accord avec cette version…

Et je ne vois pas pourquoi elle serait mieux renseignée que moi. C’est écrit là, noir sur blanc, de la main fébrile de Janine. Mon pauvre Riri… Elle te plaisait tant que ça la petite Sophie ? Elle a pu se tromper, après tout. Riri ou Fifi, prononcé à toute vitesse au milieu d’une bourrasque de mots. Riri, mon pote de toujours, l’indéfectible Richard. Je ne vois pas ce que mon inconscient insinue à propos d’une histoire qui m’a coûté assez cher.

Mais il faut que j’en aie le cœur net.

*

Le serveur pose les deux cafés sur la table et j’allume la première cigarette de tout le dîner. Richard sort un cigare de son étui sans interrompre sa brillante analyse sur l’étanchéité des classes moyennes. Contre toute attente, je lui coupe net la parole.

— C’est Philippe qui t’a fait aimer le cigare ?

Il marque un temps d’arrêt et me regarde, étonné.

— Longtemps qu’on n’a pas parlé de lui… Je pensais que tu ne voulais plus entendre ce nom-là.

— Le temps a passé… Dix ? Douze ans ? Tout s’oublie, tu sais. J’ai bien réussi à oublier Sophie, et je ne m’en croyais pas capable.

— Il y a des choses qu’on ne pardonne pas.

— Je ne te parle pas de pardon, chacun se démerde avec sa morale. L’oubli est un besoin vital, comme boire ou manger. Écraser les souvenirs qui nous encombrent est la garantie même de notre santé mentale. Borges a écrit de très belles pages là-dessus. Imagine l’horreur que ce serait de ne rien oublier. Imagine que nous ayons tous en nous une sorte de réceptacle où tout serait consigné, le meilleur et le pire, et surtout le pire.

— Une sorte de boîte noire, quoi, comme dans un avion.

— Exactement.

Richard me regarde, immobile. Troublé. Puis il allume lentement son cigare selon un rituel que je connais bien.

— Quelque chose a changé depuis ton accident. Nous n’aurions jamais parlé de ce genre de choses, avant.

Je maintiens un vague silence ambigu, comme pour souligner un peu plus l’étrangeté de notre dialogue.

— Si cette boîte existe, il ne faudrait en aucun cas y avoir accès, dit-il. Nous sommes le produit de nos erreurs et de nos doutes. À quoi pourrait bien nous servir une infinité de petites certitudes ?

— À saisir une chance unique de comprendre comment l’on est devenu ce que l’on est.

Le serveur pose l’addition sur le coin de la table et rompt un duel du regard qui aurait pu durer des heures.

— Pour répondre à ta question, ce n’est pas Philippe qui m’a fait aimer le cigare, mais toi.

— … Moi ?

— Tu te souviens des Romeo y Julieta que tu lui avais offerts ? Il n’a jamais osé te le dire mais l’odeur même du cigare lui donnait la nausée. J’en ai goûté un et ça a été la révélation. J’ai fumé toute la boîte, et depuis ça me coûte six à sept mille balles par mois.

Après quelques secondes de silence, un petit rire m’échappe. Un rire innocent, ni amer ni vengeur. La récente intimité avec ma boîte noire a dû modifier mon rapport au monde et aux autres. Comment ai-je pu penser qu’elle s’était trompée, d’ailleurs ? C’est ce que nous appelons trop naïvement « la raison » qui nous fait croire ce qui nous arrange le mieux. L’inconscient, lui, est impitoyable de vérité. Il y a dix ans, déjà, je savais que Richard et Sophie avaient couché ensemble. Nous ne sommes jamais dupes que de nous-mêmes. Les années qui ont suivi, j’ai banni l’innocent pour toujours et je suis resté ami avec le traître.

Les tables se vident une à une. Richard donne un gros pourboire au serveur, sans doute pour qu’il nous laisse en paix le plus longtemps possible. Aucun de nous n’a prononcé un mot depuis de longues minutes et nous n’avons jamais autant parlé, lui et moi. Sa boîte noire doit enregistrer un tas d’informations vitesse grand V. Ces petites mécaniques-là sont ultra-performantes.

Qu’il est intense, ce moment où les mots n’ont plus aucun intérêt. Ils ne sont là que pour conclure en beauté.

— Ce que je ne m’explique pas, c’est pourquoi ce con de Philippe n’a rien dit, le soir où je l’ai traité d’ordure.

Un sourire sans malice se dessine sur les lèvres de Richard. Celui de la nostalgie, sans doute.

— Un choix cornélien, pour le pauvre Philippe. Se disculper, c’était me trahir. Il a préféré garder la faute pour lui.

— Le sens de l’amitié poussé jusque-là confine à la connerie, hein Richard ?

— … Qui sait ?

Il se lève et passe son manteau, le cigare entre les lèvres. Sur le seuil du restaurant, nous nous serrons la main, longuement.

— La prochaine fois, c’est moi qui invite.

— D’accord.

*

On se demande souvent ce que l’on ferait si la chance nous était donnée de lire notre avenir. Je sais aujourd’hui que connaître son passé a quelque chose de bien plus extraordinaire. La peur du lendemain est une plaisanterie comparée à celle de la veille. Et le destin n’est rien qu’un peu de passé en retard.

Je n’ai toujours pas repris le travail depuis deux mois. J’ai raconté n’importe quoi au toubib et il m’a cru : étourdissements, maux de tête, sommeil agité, intense fatigue, tout ça depuis ce terrible accident. J’ai gagné encore quelques semaines et mon patron n’a rien trouvé à redire. Un type du concours Lépine m’a appelé pour me dire que j’étais en bonne place pour le premier prix et j’ai fait semblant d’en être flatté. S’ils savaient, tous, que je suis devenu dépendant d’une drogue dure. Un junkie, voilà ce que je suis. Accro à ma propre psyché et tributaire de mon moi captif. Passionné, aussi, par la somme de révélations sur le drôle de type que je suis. Et j’en veux plus, toujours plus, comme tous les drogués. Je connais pratiquement ces quarante-huit feuillets par cœur. Il m’arrive parfois d’en déclamer des passages entiers, comme le comateux que j’étais, dans les Pyrénées, allongé près de Janine. Victime d’une abjecte copulation entre mon ça et mon surmoi . Certains mystères se résolvent d’eux-mêmes mais d’autres se refusent à céder, quelques formules restent toujours aussi opaques et me mettent dans des états de rage impuissante. J’ai réussi à en isoler une trentaine comme autant d’énigmes d’un impitoyable sphinx. Certaines me donnent parfois envie de hurler.

… Mon pauvre monsieur Vernier, ça va se jouer au finish, mais j’ai déjà gagné…

… À elles deux, c’était Le Déjeuner sur l’herbe et La Chienne andalouse.

… J’imagine bien Bertrand, majestueux et dodu, avec une petite bulle de verre sur le ventre ! Quel acteur !..

… Il faut faire grossir le truc de vie de six fois son volume, c’est ça le secret…

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