Tonino Benacquista - Tout à l’ego

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Tout à l’ego: краткое содержание, описание и аннотация

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Un homme tout juste sorti du coma qui reçoit de l'infirmière qui l'a veillé la transcription de ses secrets les plus enfouis, de son passé le plus perdu. Un type qui veut être enterré près d'un bordel. Des histoires de couples, de magnétoscope et de pétition. Des rencontres qui ne se feront jamais, des rencontres qui se feront tout de même. La solitude d'un surdoué de neuf ans.
Dix nouvelles succulentes, à l'ironie douce-amère, au style léger et aux intrigues à pirouettes, par l'auteur de
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— Tu l’as appris, mais tu n’en as aucune preuve tangible. Tu n’as jamais éprouvé ces soixante secondes, tu n’y as jamais survécu. Et quarante-cinq fois soixante secondes, c’est un peu plus que l’éternité.

— Mais qu’est-ce qui s’est passé pendant cette éternité, nom de nom !

— Du silence. Uniquement. Et des yeux. Fixes. Sur moi. Un petit sourire de temps en temps, on se demande bien pourquoi. Et à nouveau beaucoup de silence. On ne sait pas si on va en ressortir vivant. Plus jamais je n’oublierai ce regard-là de toute ma vie.

— Tu m’as déjà dit ça du précédent.

— Le précédent voulait me voir tous les jours pendant un an ou deux. Ensuite il aurait consenti à descendre à trois séances par semaine. Autant aller directement à Sainte-Anne.

— Et le tout premier ?

— Le tout premier c’était une femme.

— Qu’est-ce que ça change ?

— Comment « qu’est-ce que ça change » ? Tu me vois parler de ma vie intime à une femme ? Lui raconter mes fantasmes ?

— Qu’est-ce qu’ils ont de spécial, tes fantasmes ?

— C’est des trucs de garçons, ça. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien y comprendre ?

— C’est quoi ces fantasmes de garçons qu’on ne peut pas raconter à une femme ? C’est inavouable ? Des choses que tu ne peux pas vivre avec moi, c’est ça ? Je ne suis pas à la hauteur ? Mais vas-y, parle !

*

Tout surcroît de travail est désormais le bienvenu, je ne rentre jamais à la maison avant vingt-deux heures. Le samedi, le moindre prétexte est bon pour la fuir. Le dimanche, je suis prêt à accepter n’importe quelle invitation pour que Catherine et moi ne restions pas en tête à tête. Les rares fois où ça nous arrive, nous ne parlons plus que de ça. Je vais finir par croire qu’elle a raison. Je suis d’une humeur exécrable, je n’ai plus goût à rien, et quand je rentre, le soir, je n’ai pas même un regard pour les miens. Le mot est terrible mais je suis bien forcé de l’admettre : je fais une dépression. Même Jean-Luc, mon collègue, s’en est aperçu.

— Il est tard, tu devrais rentrer, te décapsuler une bière et te passer un film des Marx Brothers.

— Pas envie.

— Rentre chez toi, Catherine t’attend, j’irai moi-même chez l’architecte lui déposer le dossier.

— Non j’y vais. Avec un peu de chance, elle dormira quand je rentrerai.

Est-ce ma faute si je suis terrorisé à l’idée de parler de moi à un inconnu, quitte à me rendre plus malheureux encore ? Catherine veut que je m’interroge sur la violence d’un tel refus et je ne sais plus quoi penser ni comment faire pour sortir de cette spirale. On devrait former des spécialistes de la peur de l’analyse. Des gens qui vous écouteraient, bienveillants, des années s’il le faut, pour un jour vous libérer de cette angoisse.

Le porche d’un vieil immeuble. Le dossier ne rentre pas dans la boîte aux lettres de l’architecte, il n’y a pas de concierge. Je cherche l’interphone « Ronsart ».

— Je vous apporte le dossier Guyancourt.

— Je vous ouvre, c’est au troisième !

Dix minutes de gagné, c’est toujours ça de pris. Hier, j’ai traîné une bonne demi-heure au café pour être sûr qu’elle ait fini de dîner. Je n’ai plus faim de rien et le face-à-face n’en est que plus pénible.

La porte s’ouvre, une silhouette apparaît.

Des boucles rousses qui entourent l’ovale d’un visage d’une douceur inouïe.

Accélération du rythme cardiaque.

— J’ai honte de vous avoir fait monter jusqu’ici, entrez une seconde. Vous êtes bien Jean-Luc ?

Bouffée de chaleur. Frissons dans la nuque. Tempes qui battent.

— … Non, son collègue, Alain, mais je travaille sur le même dossier. Et vous, vous êtes… l’architecte ?

— Je n’en ai pas l’air ?

Elle me tend la main, que je serre, viril, empoté.

Estomac vrillé. Jambes cotonneuses. J’entre dans le vestibule, le dossier me glisse des mains, je le rattrape de justesse.

— Je vais y passer la nuit, il faut absolument que j’en parle demain matin au conseil régional.

— On n’a pas pu avoir le rapport de Gaillac plus tôt, désolé.

— Je sais bien que ce n’est pas votre faute. C’est déjà tellement gentil d’être venu jusqu’ici. Je prenais un petit apéritif, ça vous tente ?

*

Il y a des gens que l’on a toujours connus et qui sombrent dans l’oubli dès qu’ils disparaissent du paysage. Je viens de quitter Élisabeth depuis dix minutes et je vais devoir me forcer à faire comme si elle n’avait jamais existé. Nous avons pris un verre de bourgogne, parlé un moment, elle, assise sur un bras de fauteuil, la jupe légèrement relevée à mi-cuisse, et moi, l’air emprunté dans ma veste en tweed, essayant de passer pour un garçon brillant. J’aurais donné un an de ma vie pour sentir son parfum de près. De tout près. Le pire dans tout ça, c’est qu’il y avait, dans son attitude, un peu plus que de la simple politesse. Pour en être sûr il m’aurait fallu aller bien plus loin que ce verre de bourgogne et je ne saurai sans doute jamais si quelque chose en moi lui a plu. On se demanderait bien quoi, avec la tête que j’ai depuis des mois.

— Tu rentres encore plus tard que d’habitude.

Je ne sais pas quoi répondre et me tais, donc.

— Je t’ai laissé une assiette dans la cuisine.

Élisabeth, tu n’auras été qu’un rêve qui se dissipe déjà dans le brouillard filandreux d’un Valium de 150 milligrammes. Un plat de lapin encore tiède m’attend sur le plan de travail. Catherine, triste et douce, me passe la main dans la nuque. Il paraît que nous n’avons droit qu’à une seule femme de sa vie, et c’est sans doute elle.

— Tu m’aimes, Alain ?

— Oui.

— Et mon lapin, tu l’aimes ?

— Oui.

Petit baiser furtif et complice.

— Tu sais, chéri, pendant que je faisais la queue chez le volailler, j’ai entendu une femme raconter comment elle était sortie de sa dépression. Ça faisait plaisir à voir, elle disait que…

J’éclate en sanglots, sans prévenir.

Catherine me prend dans ses bras.

— Tu vois bien, mon amour. Il faut que tu trouves quelqu’un, chez qui tu te sentes à l’aise, quelqu’un de bien.

J’ai pleuré un bon moment, comme un gosse, et je me suis calmé d’un seul coup, comme par miracle. En sortant un mouchoir, j’ai dit, apaisé :

— C’est toi qui as raison depuis le début, Minou.

*

Établissement Legrand. Graveur . Un ouvrier travaille sur une machine. Celui que je prends pour le patron, plus âgé, s’approche de moi.

— Bonjour monsieur, je voudrais une plaque comme celle-là.

— La plus classique, c’est en doré, mais j’ai d’autres modèles. Vous avez une préférence pour la typo ?

— Non, je veux exactement la même chose.

— Quel nom j’inscris ?

— Heu… mettez Professeur Guyancourt. Psychanalyste. Sur rendez-vous .

Tout à coup, le patron lance un regard méfiant vers son ouvrier et passe sa main sous mon bras pour m’entraîner dans une arrière-salle.

— Dites, professeur… J’aurais besoin d’un conseil.

Il baisse encore d’un ton. Impossible de comprendre ce qui se passe.

— On peut tout vous dire, à vous, c’est votre métier.

— … ?

— Je fais le même rêve, au moins deux fois par semaine, depuis un an. Je suis avec ma femme sur un Grand Huit, dans une fête foraine. Moi je suis habillé comme d’habitude, mais elle, elle porte sa robe de mariée. Elle a peur du vide, alors elle hurle, et moi, je me retourne et je vois derrière nous deux espèces de clowns blancs qui se foutent de nous, de ma femme et moi. C’est à ce moment-là que j’ai des palpitations, et les rails du Grand Huit se dévissent et on est tous projetés dans le décor, et je hurle encore plus fort qu’elle. Je me réveille en sueur, complètement terrorisé. Après ça, essayez donc de vous rendormir. Ça fait un an que ça dure. Je n’en peux plus et ma femme non plus ! Qu’est-ce que vous en dites, professeur ?

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