Arkadi Strougatski - Stalker

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Stalker: краткое содержание, описание и аннотация

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Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d’on ne sait où,ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu’ils ont occupéependant des années sans jamais correspondreavec les hommes, ils ont laissé traînerdes objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent pillerau risque de leur vie,comme une bande de fourmis coloniseraitsans rien y comprendre les détritus abandonnéspar des pique-niqueurs au bord d’un chemin. Les hommes ne sont-ils doncque des fourmis pour les Visiteurs ? De ce roman étonnant, le cinéaste soviétique Tarkovskya tiré un film admirable.

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— Ta gueule, finit par dire Redrick. Tu pleurniches comme une bonne femme. Si je peux, je te tirerai de là. J’ai pitié de ta Dina, parce qu’elle ira faire le tapin, la môme…

— Dina…, râla Barbridge. Ma petite chérie. Ma beauté. Tu sais, Rouquin, ils sont gâtés, mes gosses. Ils ne connaissent pas le mot “non”. Ils seront foutus si quelque chose m’arrive. Arthur. Mon Archie. Tu le connais, pas vrai, Rouquin ? Où as-tu vu des enfants pareils ?

— Je t’ai déjà dit : si je peux, je te tirerai de là.

— Non, dit Barbridge, obstiné. Tu me tireras de là dans tous les cas. La Boule d’or. Si tu veux, je te dirai où c’est.

— Bon, dis-le. »

Barbridge gémit et bougea.

« Mes jambes…, grinça-t-il. Tâte voir. »

Redrick tendit la main et glissa sa paume sur la jambe à partir du genou et plus bas.

« Les os… siffla Barbridge. Ils y sont encore ?

— Oui, oui, mentit Redrick. Ne t’agite pas. »

En réalité, il ne sentit que la rotule. Plus bas, vers le pied, la jambe semblait en caoutchouc, on aurait pu en faire un nœud.

« Tu mens, dit Barbridge. Pourquoi mens-tu ? Tu t’imagines que je ne sais pas, que je n’ai jamais vu ça ?

— Les genoux sont intacts, dit Redrick.

— Tu dois mentir, c’est sûr, dit Barbridge avec angoisse. Bon, ça ne fait rien. Mais tire-moi de là. Je ferai tout pour toi. La Boule d’or. Je te dessinerai la carte. Je t’indiquerai tous les pièges. Je te raconterai tout… »

Il parlait, il promettait encore, mais déjà Redrick ne l’écoutait plus. Il regardait vers la chaussée. Les projecteurs ne se démenaient plus sur les buissons, ils s’étaient figés, croisés sur le monument funèbre de marbre, et c’est alors que Redrick distingua nettement, dans le brouillard bleu vif, une silhouette voûtée et noire, rôdant entre les croix. La silhouette paraissait avancer à l’aveuglette, droit vers les projecteurs. Redrick la vit se cogner contre une énorme croix, se rejeter en arrière, se cogner de nouveau contre la croix et après seulement la contourner et reprendre sa marche, ses longs bras aux doigts écartés tendus devant elle. Puis elle disparut soudain, comme si elle était entrée sous terre. Au bout de quelques secondes, elle réapparut, plus à droite et plus loin, avançant avec une obstination incongrue, inhumaine, comme un mécanisme remonté.

Et subitement les projecteurs s’éteignirent. La boîte de vitesses grinça, le moteur hurla sauvagement, les feux de position rouges et bleus se firent voir à travers les buissons, la voiture de patrouille démarra en flèche, roula vers la ville à tombeau ouvert et disparut derrière le mur. Redrick aspira convulsivement et défit la fermeture éclair de sa combinaison.

« On dirait qu’ils sont partis…, marmonna fiévreusement Barbridge ? Rouquin, vas-y… Vas-y vite ! » Il s’agita, tâtonna autour de lui, saisit le sac de gratte et essaya de se relever.

« Allez, qu’est-ce que t’as à rester assis ? » Redrick regardait toujours vers la chaussée. À présent, il y faisait sombre, on ne voyait rien, mais quelque part là-bas se trouvait l’autre qui marchait, comme une poupée mécanique, trébuchant, tombant, se cognant contre les croix, s’emmêlant dans les buissons. « Bien, dit Redrick à haute voix. Allons-y. » Il souleva Barbridge. Le vieillard lui passa son bras gauche autour du cou comme un étau et Redrick, sans avoir la force de se redresser, le traîna à quatre pattes vers le mur, s’accrochant des deux mains à l’herbe mouillée.

« Allez, allez ! râlait Barbridge. Ne t’inquiète pas, je tiens la gratte, je ne lâcherai pas… Vas-y ! »

Le sentier lui était familier, mais l’herbe mouillée glissait, les branches de sorbiers lui cinglaient le visage, le vieillard corpulent était incroyablement lourd, comme un cadavre, en plus, le sac de gratte tintant et cliquetant s’accrochait sans arrêt, et puis il avait peur de tomber sur l’autre, qui, peut-être, rôdait encore dans l’obscurité.

Lorsqu’ils atteignirent la chaussée, il faisait toujours nuit, mais on sentait que l’aube était proche. Les oiseaux encore endormis, incertains, se mirent à piailler dans le petit bois de l’autre côté de la chaussée ; au-dessus des maisons noires d’une banlieue lointaine, au-dessus des réverbères jaunes et rares, l’obscurité nocturne bleuissait déjà ; un petit vent perçant, humide, en venait. Redrick coucha Barbridge sur le bord du chemin, jeta un regard tout autour et traversa la chaussée comme une grande araignée noire. Il retrouva rapidement la Land Rover, repoussa du capot et du toit les branches qui avaient servi à la dissimuler, se mit au volant et roula sur l’asphalte avec prudence, sans allumer les phares. Barbridge était assis, tenant d’une main le sac de gratte et de l’autre tâtant ses jambes.

« Vite ! râla-t-il. Fais vite ! Mes genoux, ils sont encore intacts, mes genoux… Pourvu qu’on me sauve mes genoux ! »

Redrick le souleva et, grinçant des dents dans son effort, le fit basculer par-dessus bord. Barbridge s’écroula bruyamment sur le siège arrière et gémit. Il ne lâchait toujours pas le sac. Redrick ramassa par terre l’imperméable et en couvrit le vieillard. Barbridge avait réussi à traîner l’imperméable avec lui.

Redrick sortit une petite lampe de poche et fit un aller-retour le long du chemin, scrutant les traces éventuelles. C’était comme s’il n’y en avait pas. Roulant sur la chaussée, la Land Rover avait écrasé les hautes herbes, mais d’ici à quelques heures elles devaient se redresser. Autour de l’endroit où était garée la voiture de patrouille s’entassait une quantité énorme de mégots. Redrick se rappela qu’il avait envie de fumer depuis longtemps, sortit une cigarette et l’alluma, bien que son désir le plus ardent fût de bondir au volant et de s’enfuir d’ici comme si tous les diables de l’enfer lui couraient aux trousses. Mais pour l’instant, il ne le pouvait pas. Il devait tout faire lentement, en calculant chaque geste.

« Alors ? » dit de la voiture Barbridge d’une voix plaintive. « Tu ne jettes pas l’eau, l’attirail de pêche est sec… Qu’attends-tu ? Planque la gratte !

— Ta gueule ! dit Redrick. Fous-moi la paix ! » Il aspira la fumée. « On va prendre par la banlieue sud.

— Comment, la banlieue ? T’es fou ? Tu me foutras mes genoux en l’air, ordure ! Mes genoux ! »

Redrick tira la dernière bouffée et fourra le mégot dans une boîte d’allumettes.

« T’agite pas, Charognard, dit-il. On ne peut pas aller droit sur la ville. Il y a trois barrages, on se fera arrêter au moins une fois.

— Et alors ?

— Ils verront tes sabots et on sera cuit.

— Quoi, mes sabots ? On dira qu’on a péché à la dynamite, que j’ai pris un coup sur les jambes, et voilà !

— Et s’ils te les tâtent ?

— Me les tâtent… Je pousserai un tel hurlement que ça leur fera passer à tout jamais l’envie de tâter les jambes à quelqu’un. »

Mais pour Redrick l’affaire était réglée. Il souleva le siège du conducteur, s’éclairant de sa lampe, ouvrit un couvercle secret et dit :

« Envoie la gratte. »

Le réservoir à essence sous le siège était faux. Redrick prit le sac et le fourra à l’intérieur du réservoir, entendant le contenu qui tintait.

« Je ne peux pas prendre de risques, marmonna-t-il. Je n’en ai pas le droit. »

Il remit le couvercle à sa place, y jeta des chiffons en vrac et rabattit le siège. Barbridge grognait, exigeait plaintivement qu’on se dépêche, promettait de nouveau la Boule d’or, mais s’agitait inlassablement sur place, scrutant, inquiet, l’obscurité qui se dissipait. Redrick n’y prêtait aucune attention. Il éventra le sac en plastique plein d’eau et de poissons, versa cette eau sur l’attirail de pêche posé dans la cabine et mit les poissons qui frétillaient dans un sac de grosse toile. Il plia le sachet en plastique et le fourra dans la poche de sa combinaison. À présent, tout était en ordre : deux pêcheurs revenaient d’une pêche pas trop fructueuse. Il se mit au volant et démarra.

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