Karine Giébel - Jusqu'à ce que la mort nous unisse

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Jusqu'à ce que la mort nous unisse: краткое содержание, описание и аннотация

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La montagne ne pardonne pas. Vincent Lapaz, guide solitaire et blessé par la vie, l'apprend aujourd'hui à ses dépens : la mort vient de frapper, foudroyant un être cher. Simple accident ? Vincent n'en croit rien : la victime connaissait le parcours comme sa poche. C'est un meurtre. Avec l'aide d'une jeune gendarme, Vincent mène l'enquête, de crevasses en chausse-trapes, déterrant un à un les secrets qui hantent cette vallée. Et Lapaz non plus n'est pas du genre à pardonner…
« Ce livre est un captivant suspense psychologique avec, en toile de fond, les décors majestueux de la montagne. »
Jean-Paul Guéry — Le Maine libre

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Galilée, ravi de revoir son maître après cette longue absence, lui offrit un débordant témoignage de son affection.

— On dirait que ça fait un mois que tu m’as pas vu, couillon ! rigola Vincent.

Il prit une bière dans le frigo, vira ses godasses. Puis, tout en se dirigeant vers la salle de bains, il se déshabilla entièrement, semant ses fringues derrière lui.

Douche bien chaude puis bien froide pour délasser les muscles. Mais à la sortie de la baignoire, pas de serviette. L’organisation n’était décidément pas son fort. Il marcha jusqu’à la chambre en dérapant sur le parquet. Dans l’armoire, il trouva enfin de quoi se sécher. Il choisit un tee-shirt et un jean et redescendit au rez-de-chaussée où il ne prit pas la peine de ramasser ses vêtements sales. Après tout, il était le seul à supporter son désordre. Un des avantages du célibat.

Une autre bière à la main, il composa le numéro du portable de Servane.

— C’est moi, Vincent… Tu peux me parler, t’es seule ?

— Pas de souci, je suis chez moi…

— Alors ? Tu as pu te procurer ce que je t’ai demandé ?

— Oui et j’ai tout déposé dans ta boîte aux lettres !

— Génial ! Je vais y aller… Ça n’a pas été trop dur ?

— Non, ça va… Je suis allée à la mairie en fin de matinée, j’ai demandé à consulter le dossier… L’hôtesse d’accueil m’a fait des yeux de merlan frit mais elle a bien été obligée de me donner le document ! Je crois que je suis tombée sur une saisonnière et qu’elle a été impressionnée par mon uniforme ! J’ai eu de la chance… Bref, j’ai photocopié les pages qui nous intéressent et dans la foulée, je suis montée jusqu’à chez toi… Ta journée s’est bien passée ?

— Très bien… Ils ont adoré !

— J’aurais adoré aussi, je crois…

— Je t’emmènerai là-haut, promis !

— Je n’aurai plus guère de repos jusqu’en septembre, ajouta-t-elle d’un air déçu.

— C’est encore plus beau à l’automne.

— Tant mieux !

— Bon, Vertoli ne se doute toujours de rien ?

— Tu parles ! Il ne s’est même pas aperçu que je m’étais sauvée des archives…

— Fais gaffe, tout de même… Je ne voudrais pas qu’il te mute à l’autre bout de la France !

— Ne t’en fais pas… Tu vas encore devoir me supporter un moment !

Il y eut un blanc dans leur conversation. Que lui dire d’autre ?

Pourtant, il n’avait pas envie de raccrocher. La retenir encore…

— Tu veux venir dîner ? proposa-t-il.

— Ce serait volontiers, mais je ne peux pas… Je suis invitée chez Vertoli.

— T’es devenue lèche-bottes ou quoi ?!

— Mais non ! Sa femme organise un repas pour toute la caserne… Un barbecue géant !

— Ça n’a pas l’air de te réjouir !

— Disons que ce n’est pas le genre de soirée que j’apprécie ! Mes collègues, je les vois déjà à longueur de journée, alors…

— Bon, ben tant pis pour moi ! Et bon courage… Je t’embrasse.

Ils raccrochèrent et Vincent se précipita vers sa boîte aux lettres où il trouva un tas de lettres ainsi que les documents déposés par Servane, avec un petit mot : Bonne lecture, Sherlock ! Il sourit, s’installa sur le perron et entama la lecture du rapport remis par Julien Mansoni au maire. Au fil des pages, il constata qu’il ne s’était pas trompé : Julien n’avait fait que reprendre l’expertise de Paul Lespérance. Presque mot à mot. Par acquit de conscience, il compara entièrement les deux documents et ne trouva aucune différence à part dans la présentation. Il appela de nouveau Servane.

— C’est encore moi…

— Déjà ! Alors, c’est intéressant ?

— C’est ce que je craignais : Julien n’a fait que recopier le rapport de Paul…

— Il a donc été payé pour un travail qu’il n’a pas fait.

— Je ne comprends plus rien, avoua Vincent.

— C’est pourtant clair : tout cela n’est qu’un prétexte trouvé par Lavessières pour filer du fric à Julien ! Sur le dos des contribuables, bien sûr !

— Mais pourquoi ? Pourquoi Julien touche-t-il du pognon ?

— Il doit rendre des services en échange de cet argent, dit Servane.

— Quels services ?

— C’est la question à laquelle nous devons répondre, Vincent… De toute façon, je suis persuadée que notre mystérieux informateur va continuer à nous mettre sur la piste… Je parie que tu vas recevoir bientôt un troisième message qui nous permettra d’y voir plus clair.

— Ouais… J’aimerais bien l’avoir en face ce mystérieux informateur , comme tu l’appelles ! Parce qu’il commence vraiment à me gonfler ! Je ne sais pas à quel jeu il joue, mais ça me tape sur les nerfs…

— Je suppose que c’est un petit jeu qui l’amuse beaucoup ! Il doit s’agir de quelqu’un qui a des comptes à régler avec Julien Mansoni ou avec le maire… Ou même avec les deux ! Il faut qu’on trouve qui peut en vouloir à ces deux-là…

— Ça peut être n’importe qui dans la vallée ! On ne pourra jamais savoir.

— Écoute, on va attendre le prochain message. De toute façon, on n’a pas grand-chose d’autre à faire…

— D’accord… En tout cas, je te remercie pour tout ce que tu fais.

— Je ne fais que mon boulot ! répondit-elle.

— Merci quand même ! Et bonne soirée…

Il relut encore le rapport écrit par Julien. Ou plutôt cet ignoble plagiat.

Mansoni n’était plus le professionnel irréprochable qu’il avait estimé. Seulement un fonctionnaire corrompu dans une sordide machination qui avait peut-être coûté la vie à Pierre. Les certitudes s’envolaient les unes après les autres.

Mais il en restait une, bien ancrée dans le cœur et l’esprit de Vincent : le ou les assassins de Pierre finiraient par payer.

* * *

Vers 22 heures, Portal se gara devant le chalet des Lavessières et les deux chiens de chasse aboyèrent méchamment tout en restant à une distance raisonnable. Il sonna à la porte et l’épouse du maire lui ouvrit. Toujours le même visage sévère, la même carence de sourire. Elle le précéda jusqu’au grand salon où André et son frère buvaient un scotch.

— Ah, Portal ! Assieds-toi !

Le colosse prit place dans un fauteuil à peine assez large pour le recevoir et le maire appela son épouse comme s’il appelait un de ses clébards. Il voulait simplement un autre verre pour lui et ses invités, ainsi que quelques glaçons. Lorsque les hommes furent servis, André ferma la porte et se tourna vers Portal.

— Alors, qu’est-ce que tu as à nous raconter ?

— Hier, Lapaz est allé à Castellane pour voir un certain Paul Lespérance, annonça-t-il avec fierté.

— Lespérance ? s’étrangla le maire. Bordel de merde ! Je m’en doutais… Aujourd’hui, la secrétaire m’a appris que la fille de la caserne est venue fouiner dans le dossier de la station d’épuration !

— Mais comment il a pu savoir ? s’étonna Hervé.

— Aucune idée ! avoua André. Mais maintenant qu’il est allé voir ce vieux fou de Castellane, il sait pour les études bidon.

— Ils commencent vraiment à devenir trop curieux, ces deux-là ! s’emporta Hervé. Il va falloir s’occuper d’eux…

S’occuper d’eux ? répéta le maire avec colère. Et puis quoi encore ? Tu veux vraiment qu’on ait des problèmes ?

— Mais ils vont finir par savoir ce qui s’est passé et…

— Ils n’en sont pas encore là ! trancha son frère.

— Ils sont tout de même dangereux ! martela Hervé. Si jamais ils ébruitent l’histoire de la vente des terrains et celle des études, ils peuvent te mettre dans la merde… Sous la pression, Mansoni pourrait ouvrir sa gueule…

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