Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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– Catastrophe ! s’écria un homme aux cheveux blancs en brosse et au visage rond.

– On est pourtant partis du même échantillonnage, observa son voisin.

– Si ça se trouve, c’est encore une autre espèce, répondit celui qui lui faisait face.

– Tant pis, on recommence tout de zéro avec les autres prélèvements.

Les épaules s’affaissèrent, Joseph entendit des murmures de découragement.

Des « On a pas de bol », mélangés à des « J’en peux plus », et des « On y arrivera jamais ».

L’homme aux cheveux en brosse le remarqua qui attendait dans l’entrebâillement.

– Je suis Joseph Kaplan. Je viens d’arriver.

– Kaplan ?… Ce n’est pas possible. Ils se foutent de moi ! Je leur ai dit que vous ne m’intéressiez pas. On est tous biologistes ici. C’est un entomologiste dont j’ai besoin !

La carrière de Joseph à l’Institut Pasteur ne commença pas sous les meilleurs auspices. Le patron s’appelait Edmond Sergent. Il ne lui demanda pas s’il avait fait bon voyage ou s’il avait trouvé facilement. Au premier abord, il donnait l’impression d’un homme affable, débonnaire, ce n’était qu’un leurre. Certainement un petit chef, un caporal, comme il avait dû en supporter tant à l’hôpital.

Joseph le suivit dans son bureau méticuleusement rangé au premier étage. Pendant une heure il essaya au téléphone de trouver celui qui, à Paris, avait engagé Kaplan. Il expliqua, réexpliqua que ce n’était pas Kaplan qui posait problème, il était, il n’en doutait pas, un remarquable microbiologiste, surtout s’il avait brillé au Grand Cours, mais lui il avait besoin d’un entomologiste, d’un docteur ès sciences confirmé, à la rigueur d’un vétérinaire, il l’avait dit à Guérin, répété à Tréfouël, écrit et réécrit dans ses demandes depuis un an, apparemment personne ne les avait lues ou on se fichait de ce qu’il écrivait et il ne voyait pas pourquoi il continuerait à accumuler des rapports dont nul ne tenait compte. Quand il apprit que c’était Louis Martin en personne qui avait embauché Joseph, il répondit accablé que non, il n’avait pas envie de lui parler.

Il reposa le combiné qui semblait peser une tonne, resta perdu dans ses pensées. Joseph se voyait déjà dans le bateau du retour, se dit qu’après tout il n’était pas pressé de rentrer, il avait de quoi vivre quelques semaines pour découvrir le pays.

Par la fenêtre, il apercevait deux palmiers qui paraissaient se saluer. Le désert n’était peut-être pas très loin ? Après, il irait en Espagne. Là-bas, il serait utile à quelque chose. Et après encore, il rentrerait chez lui et retrouverait son père.

Sergent se redressa et poussa un soupir.

– Vous avez de la chance qu’on soit en sous-effectifs et que j’aie lu avec un grand intérêt votre thèse sur la digestion intracellulaire des sipunculides et leurs cellules sanguines. Vous aurez une période d’essai statutaire d’un an. Après on verra. Bienvenue à Alger, monsieur Kaplan.

Commença pour Joseph une nouvelle vie qu’il n’aurait pas imaginé, un mois plus tôt, être capable de mener. Après son épisode parisien quelque peu agité, il avait l’impression de s’être transformé d’un coup de baguette en moine cistercien. Il avait tellement envie d’être accepté par Sergent et les autres, reconnu par eux comme un biologiste digne de faire partie de leur équipe qu’il se pliait sans rechigner à toutes les demandes, acceptait avec reconnaissance les tâches ingrates, les besognes fastidieuses. Il n’avait pas d’horaires, pouvait travailler trente ou quarante heures d’affilée. À plusieurs reprises, il s’écroula sur un lit de camp dans un coin du labo pour un sommeil sans rêves.

Un moine ne pose aucune question, il obéit. Cette obéissance devenait une source profonde de satisfaction intérieure comme il n’en avait jamais connu auparavant. Il n’avait plus à choisir ou à décider, faisait ce qu’on lui disait, vivait dans un monde idéal où il n’y avait aucun ennemi, aucun problème. Son emploi du temps était organisé, planifié sans le moindre interstice.

Pas une minute pour douter.

On lui avait réservé une chambre à la pension Montfleury tenue par les Moreno, à sept minutes à pied. Pendant des semaines, son seul déplacement se limita à cet aller-retour. Le dimanche en fin d’après-midi, quand c’était possible, il s’autorisait une petite détente dans l’immense Jardin d’essai qui était sur son passage, s’asseyait sous un eucalyptus géant pour lire Précis d’entomologie , un épais manuel de 1924 qui commençait à dater mais restait aussi passionnant qu’instructif.

Le soir de son arrivée, madame Armand, la secrétaire de Sergent, avait bien voulu s’occuper de lui, elle n’était pas là pour assurer les fonctions administratives, mais elle avait téléphoné pour lui. Joseph avait eu de la chance. Une chambre avec vue s’était libérée deux jours auparavant. Elle lui avait obtenu le prix de l’Institut. Tout seul, ça lui aurait coûté plus cher ; avec son traitement, il ne pouvait pas se le permettre. En attendant, il serait comme un coq en pâte. Joseph se contentait de cette chambre modeste où, en se penchant sur la droite de l’étroit balcon, il apercevait un rectangle de mer au loin.

C’était agréable mais inutile, il rentrait si tard qu’il ne servait à rien d’ouvrir les volets.

Le matin, il avait pris l’habitude de se lever à six heures, il partait travailler aussitôt après avoir pris son petit-déjeuner avec les autres pensionnaires, pour la plupart des fonctionnaires de passage ou des représentants de commerce qui lui racontaient leurs tournées dans le bled, il écoutait en hochant la tête d’un air entendu.

Les bruits de bottes, les rumeurs de conflit s’étaient évanouis. Personne n’avait l’air inquiet, ils le trouvaient d’un tempérament angoissé.

– On en a assez bavé et des deux côtés, vous comprenez jeune homme, c’est pour vous qu’on s’est battus, il ne se passera rien, personne ne veut d’une nouvelle guerre, lui expliquait monsieur Moreno.

Il avait laissé son bras et sa jambe gauches dans une tranchée de l’Argonne et passait ses soirées assis sur une chaise sur le pas de la porte à médire du gouvernement et à commenter les résultats de la coupe d’Afrique du Nord de football avec les voisins qui amenaient aussi leurs chaises pendant que les femmes parlaient à côté d’on ne sait quoi. Ces attroupements obligeaient les passants à descendre du trottoir, cela ne dérangeait personne, tout le monde se connaissait, le seul inconnu qu’on avait aperçu depuis longtemps, finalement, c’était lui.

Joseph était toujours aussi peu physionomiste et pour éviter une boulette avait adopté la combine de maître Meyer. Il disait bonjour à tous avec un grand sourire, tendait une main franche, lançait :

– Comment allez-vous aujourd’hui ? Ça fait plaisir de vous voir.

Dans le quartier, on trouvait ce Tchèque très sympathique. Si ce n’était son drôle d’accent, on aurait dit quelqu’un de chez nous. Pourtant, Joseph n’avait pas encore la mentalité du pays.

Un soir où il faisait chaud comme en plein jour, on lui proposa gentiment de s’asseoir et de bavarder avec le groupe. Il expliqua que c’était impossible : il se rendait à l’Institut pour un relevé d’expériences. Personne ne le crut, on n’avait jamais vu un médecin travailler à une heure pareille, hormis, bien sûr, quand on allait le chercher de nuit. Ce refus poli alimenta longtemps les conversations.

Deux clans s’affrontaient, de force très inégale. Les hommes soutenaient qu’il manifestait toute la condescendance des « patos », ces Français de métropole, et plus encore des Parisiens (ceux-là étaient imbattables sur l’échelle de la suffisance et du mépris). Une fois réaffirmé ce jugement intangible, ils étaient à court d’arguments. Ils ne pouvaient résister au débit tumultueux des femmes qui, au contraire, le trouvaient plein de charme, avec son sourire lointain, ses gestes délicats, ses cheveux brillants. D’abord, il était toujours bien mis, avec une élégance inhabituelle chez les Algérois, fagotés comme l’as de pique, débraillés et mal rasés, qui sortaient leur costume seulement pour un enterrement ou une communion. Lui, il devait avoir trouvé l’âme sœur.

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