Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Éditions Albin Michel 2012 ISBN 9782226273512 À Gisèle à Henri à - фото 1

© Éditions Albin Michel, 2012

ISBN 978-2-226-27351-2

À Gisèle, à Henri, à Roger

La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité.

Pablo N

ERUDA

Chez les Kaplan de Prague, on était médecin de père en fils depuis une dizaine de générations. Le grand-père de Joseph, le professeur Gustav Kaplan, avait tracé un arbre généalogique qui remontait au début du XVII e siècle avant de laisser son nom dans l’histoire comme découvreur de la maladie de Kaplan, affection dermatologique qui défigurait une des nièces de François-Joseph.

Il avait passé plus de cinquante ans à sillonner l’Empire dans tous les sens pour glaner scrupuleusement les dates des naissances, mariages, alliances et décès à des époques où chaque femme faisait une flopée d’enfants, où l’état civil était aussi aléatoire que les frontières, et même s’il y avait des ratures, des points d’interrogation et quelques blancs sur son document, il avait à peu près reconstitué l’histoire de ces médecins qui se reproduisaient comme des lapins.

Joseph revoyait Édouard, son père qui exerçait dans un bel immeuble de la rue Kaprova, dérouler sur la table de la salle à manger le précieux parchemin d’un mètre cinquante de long après l’avoir extrait de son tube en cuir vert, pour lui expliquer les méandres d’une arborescence embrouillée, certaines lignes se chevauchant ou se croisant d’une façon inquiétante et ambiguë. Joseph en avait tiré des conclusions qu’il garda pour lui. Personne ne pouvait nier qu’il y avait eu plusieurs mariages arrangés entre cousins, oncles et nièces. En ces temps lointains, dans ces sociétés fermées, l’instinct de survie primait.

Peut-être pouvait-on trouver dans ces alliances répétées une explication au manque de discernement de cette population et à l’erreur fatale qui devait conduire à sa quasi-disparition. À force de se répéter qu’ils avaient une chance exceptionnelle de vivre sous le gouvernement des Habsbourg, les juifs avaient fini par croire que les Autrichiens et les Prussiens étaient des amis, et quand ils les virent arriver, si beaux dans leurs uniformes noirs, ils ne se méfièrent pas.

Souvent, Joseph s’était demandé s’il était responsable de ce silence ouaté qui s’était installé entre son père et lui ou peut-être l’un comme l’autre étaient-ils incapables de se parler, une forme de barrière affective (de ces mots qui n’arrivent pas à s’échapper, dissimulés derrière des sourires de connivence). On se dit, ces paroles vont blesser ou tout gâcher, on les enferme au fond de soi et, avec les années, on les empile jusqu’à dresser un mur infranchissable.

Joseph n’avait pas réalisé la gravité de la Première Guerre mondiale. À Prague elle semblait lointaine, une sorte de jeu d’adultes qui se termina, il avait alors huit ans, dans la satisfaction générale par la création de la République tchécoslovaque. Sa mère Teresa faisait son éducation, lui parlait indistinctement en français et en allemand, elle avait plus de facilités dans cette dernière langue et projetait d’apprendre le russe avec lui pour lire Pouchkine dans le texte. Elle adorait la valse, la musique du bonheur, Édouard était raide et mal à l’aise, il pensait que le ridicule tuait et refusait de se donner en spectacle. Aussi Teresa voulut-elle apprendre la valse à son fils, elle n’eut pas besoin de longues explications. À sa grande surprise, il savait déjà.

– Tu es beau, mon petit prince, tu danses comme un Viennois, disait-elle en tournant.

Ils dansaient dans le salon presque tous les jours (il dansait si bien qu’elle oubliait qu’il n’avait que huit ans).

La dévastation apparut deux ans plus tard, la grippe décima le pays, fit dix fois plus de morts que la guerre.

Pour le dixième anniversaire de son fils, et pour la première fois, Édouard fut absent. Teresa se sentit fatiguée et se mit à tousser. Elle lui offrit comme chaque année un de ces livres finement illustrés parus chez Hetzel. Joseph s’attendait à un autre Jules Verne qu’il adorait, il reçut l’ Histoire d’un savant par un ignorant de René Vallery-Radot, où le gendre racontait la biographie de son beau-père Louis Pasteur. Joseph le feuilleta, déçu, n’en montra rien, dit qu’il était ravi et le découvrirait pendant les vacances.

Teresa n’arrivait plus à respirer, son souffle disparaissait dans un râle. La dernière fois que Joseph la vit, elle eut à peine la force de soulever sa main, elle était presque bleue, oui d’un bleu nuit, et refusa qu’il s’approche. Elle fut emportée en huit jours par une pneumonie.

Envolée, la clarté de l’enfance.

Joseph n’eut aucun chagrin, ne pleura pas. On trouva qu’il était sacrément fort pour son âge, il ne réalisait pas qu’il ne la reverrait plus. Édouard, qui était à Vienne pour l’épidémie de grippe, fut prévenu tardivement, arriva juste à temps pour l’enterrement. Il s’en voulut toujours de ne pas avoir été présent quand sa femme avait besoin de lui. Il ne disposait d’aucun remède pour enrayer la maladie mais ne pouvait s’empêcher de penser qu’il aurait réussi à la sauver, il lui aurait donné de sa force et, pour une fois, il aurait prié le Seigneur.

– Tu sais, mon fils, si j’avais été là, il y aurait peut-être eu un miracle. Tu comprends ?

Joseph fit oui de la tête. Ils n’en parlèrent plus jamais. Pourtant, il se demandait pourquoi les étrangers que son père était allé soigner étaient plus importants que sa mère. Ils allaient souvent se recueillir sur sa tombe, ils se prenaient la main. Édouard marmonnait une prière, ils s’embrassaient en se serrant fort.

Joseph ne lut jamais le beau livre de Vallery-Radot.

Il le rangea dans la bibliothèque de sa chambre à côté des autres et n’y pensa plus. Avec les années, Joseph oublia sa mère et son ressentiment, à quel point il l’avait aimée, combien elle lui avait manqué.

En 23, l’année de sa bar-mitsva, un mauvais souvenir, son père n’était pas religieux mais avait tenu à ce qu’il la fasse, ils partirent quinze jours à Karlovy Vary où Édouard prenait ces eaux qui faisaient un bien fou ; il y allait chaque année pour se reposer de sa vie agitée de Prague. À l’hôtel, il rencontra une femme élégante un peu forte qui s’appelait Katharina, une veuve autrichienne avec deux enfants. Ils partaient tous en calèche avec un panier de pain d’épices et des sucres d’orge multicolores, faisaient de longues promenades dans les environs, avaient l’impression délicieuse d’être ensemble seuls au monde et riaient beaucoup.

Quelques mois plus tard, Édouard, après le dîner, leva le nez de son journal.

– Il faut qu’on se parle, mon fils.

Il avait revu Katharina par hasard lors d’un voyage à Vienne, c’était une personne de grande qualité, de très bonne famille, ils éprouvaient l’un pour l’autre un sentiment profond et envisageaient d’unir leurs destinées, elle serait une bonne mère pour lui, elle l’aimait comme ses propres enfants, viendrait avec eux s’installer ici, il y avait suffisamment de chambres et il engagerait une personne en plus.

– Tu t’entends bien avec elle, avec ses fils ?

– Oui, ils sont très gentils.

– Avant de lui demander sa main, je veux savoir si tu es d’accord, si tu n’y vois pas d’inconvénient.

Joseph fixa son père. Il y eut un silence. Joseph n’avait pas d’objection majeure à formuler, Katharina était une femme gaie, attentionnée, lisait sans accent des poèmes de Gérard de Nerval, lui avait offert Sylvie : « En souvenir de nos si jolies promenades », avait-elle écrit sur la page de garde.

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