Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Ils s’étaient juré, tu restes libre ou tu meurs, de ne jamais se faire attraper par les croqueuses et les enjôleuses avec leurs sourires divins qui ne rêvaient que de se trouver un mari et de les ligoter pour la vie.

Ils ne commettraient pas la même erreur que leurs pères.

Chaque fois que l’un d’entre eux se faisait avoir, parce qu’on finit toujours par tomber sur une fille maligne (un jour ou l’autre on se fait tous prendre), ils refusaient de participer à la noce et renouvelaient leur engagement de rester des hommes libres.

Joseph, ce beau garçon élégant et fin aux cheveux brillants, à l’accent charmant, et au rire enjôleur, séduisait les filles qui s’ennuyaient à mourir sur les banquettes pendant que les hommes discutaient sans fin des problèmes du Front populaire, des drames de la guerre d’Espagne et de la montée des fascismes dont ces dames se contrefichaient comme de leur deuxième amoureux. Ce n’est pas qu’elles n’y accordaient aucune attention mais c’était casse-pied à la fin de ne parler que de politique. Lui, il dansait. Il dansait comme s’il avait inventé la danse. Elles laissaient de côté les conventions, le qu’en-dira-t-on, et venaient le solliciter.

La première fois, il fut surpris. Ça ne se faisait pas qu’une femme demande une danse à un homme qu’elle ne connaissait pas (ou c’était une mauvaise fille).

Mais au fond, cela ne lui déplaisait pas de voir une belle traverser la piste, hésiter, quelquefois passer sans s’arrêter, faire un demi-tour innocent et s’immobiliser devant sa table. Les conversations s’interrompaient devant cette inconnue debout. Il se levait et sans un mot l’emportait dans les tourbillons d’une valse ou d’un tango. Les professionnelles, les marlous et les gigolos s’écartaient quand il montait sur la piste. Les musiciens de l’orchestre multipliaient les BIS pour le seul plaisir de voir leur musique s’incarner sous leurs yeux. Entre ses bras, une danseuse pataude ou raide devenait aérienne, il collectionnait les bonnes fortunes, ce qui lui valait une réputation de don juan et le respect de ses amis.

Pourtant, c’était une méprise, Joseph n’était pas un séducteur. S’il avait voulu aborder une femme, il est probable qu’il n’aurait pas su comment s’y prendre, mais la danse chassait sa timidité naturelle. À la sortie du bal, il invitait ses conquêtes dans sa chambre de bonne, et ça marchait presque toujours. Avec Marcelin, il avait été convenu que le premier arrivé laissait la place à l’autre, qui allait faire un tour et revenait au bout d’une heure, avec une baguette de pain frais.

Pas assez de place pour trois.

Lorsque l’accordéon s’évanouissait, Joseph redevenait un homme comme les autres (une vraie anguille). Aucune fille n’arrivait à établir avec lui de relation durable. Quand elles envisageaient d’une voix pleine d’espoir l’hypothèse qu’ils puissent se revoir, faire du canot au bois de Boulogne ou aller au cinéma, il répondait qu’on l’attendait à l’hôpital, et avec sa thèse à terminer, son stage à Pasteur, la montagne de repiquages de cultures en retard, non vraiment, ce n’était pas de la mauvaise volonté, mais c’était impossible, et la nuit venue, il changeait de dancing.

La mode était à l’émancipation féminine, à l’exigence du droit de vote pour les femmes, au bannissement de la java. Joseph prit conscience qu’il ne s’agissait pas seulement de revendications politiques, peut-être le mal était-il plus profond. Comme une cassure irrémédiable.

Ses conquêtes acceptaient de moins en moins son bon vouloir.

Alice lui lança sa bottine et l’aurait éborgné s’il n’avait anticipé sa réaction avec sa vivacité habituelle. Désormais, il se faisait insulter un soir sur trois (en moyenne). Odette le traita de salopard, Germaine de cruel, Suzanne d’être méprisable, Nicole de faux-jeton, Lucie d’ignoble et d’hypocrite, Claudette d’homme le plus dégoûtant qu’elle ait jamais rencontré et apparemment elle s’y connaissait, Jeanne de danseur infect et rebutant, Rose de noms d’oiseaux, d’autres encore de noms de rongeurs ou d’insectes nuisibles, et Jacqueline, une étudiante en philosophie de la Sorbonne tellement mignonne avec sa coupe à la Louise Brooks, de Sardanapale au petit pied. D’autres affichaient leur mépris, elles en furent pour leurs frais.

À vous dégoûter d’inviter une femme à danser.

– Qu’est-ce qu’elles ont toutes, hein ? Tu peux me le dire ? demanda Joseph à Marcelin, après qu’Yvonne lui eut lancé avec haine que des comme lui, elle n’en avait encore jamais vu, jamais jamais, et qu’il n’était qu’un petit trou-du-cul.

Certaines hurlaient, criaient, pleuraient, le giflaient, l’attendaient devant sa porte, faisaient du scandale dans l’immeuble, prenaient la concierge à témoin de son inconduite mais elle s’en fichait royalement. La plupart ne disaient rien, haussaient les épaules, dépitées, et disparaissaient dans leur solitude. Il arrivait qu’il les croise à nouveau dans une soirée ou un night-club, sans qu’il puisse se rappeler s’il les connaissait ou pas, s’il les avait aperçues à la faculté ou ailleurs, qu’il danse avec l’une sans se souvenir de leur aventure commune et quand, dans sa chambre, elle lui demandait s’il l’avait reconnue, il répondait non, se faisait traiter de mufle, de goujat, de pignouf et de paltoquet.

En vérité, Joseph était affligé d’un handicap qui le gênait énormément, il n’était pas physionomiste.

Un vrai talon d’Achille.

Lui qui mémorisait sans difficulté d’épais et indigestes traités de médecine oubliait vite celles dont il avait partagé l’intimité. Au bout de quelques semaines, leurs traits s’évanouissaient dans un magma de figures floues et anonymes.

– Tu n’es qu’un macho ! lui lança Margarita, une réfugiée andalouse qui dansait le tango comme une reine, refusait de lui adresser la parole mais le convoquait d’un regard lorsqu’elle l’apercevait au Moulin de la Galette (il était le seul homme de Paris à danser comme un Argentin).

Joseph ne savait pas ce que voulait dire ce vocable espagnol. C’était la première fois qu’il l’entendait. Pas la dernière. Elle dut lui en expliquer le sens et insista : non, ce n’était pas un terme exclusivement réservé à ses compatriotes, il s’appliquait aussi aux Français, aux Tchèques et aux autres. En ce temps-là, les hommes étaient machos, c’était dans l’ordre des choses et ça ne leur posait pas de problème.

Joseph se dit que ces femmes ne pouvaient pas avoir toutes tort et entreprit d’extirper cette maladie masculine à coups d’efforts et d’attentions répétés. Il supplia Margarita de l’aider, elle se mit à rire (l’homme idéal n’est qu’un phantasme pervers). Changer et devenir meilleur était son obsession. Il se surveilla, contrôla le moindre de ses gestes, paroles, regards et attitudes.

Ses tentatives se révélèrent inutiles, renforcèrent sa réputation de pire des salauds assortie d’une ombre de vice, peut-être d’une pointe de sadisme, mais quel danseur. Tu as vu comment il glisse sa jambe gauche ? Quand il les invitait à prendre un café au lait, il ne savait jamais quoi leur dire ; quand il donnait un rendez-vous pour dîner, il l’oubliait ; quand il s’en souvenait, il disait à Gwladys : « Bonsoir Simone, comment vas-tu ? », et Valentine était tout aussi susceptible qu’Irène ou Julie quand elle le voyait, on a du mal à le croire, entrer dans une brasserie un bouquet d’anémones à la main et s’asseoir à une autre table regardant sa montre avec une moue d’impatience.

Cela le confortait dans l’idée que les femmes, en dehors de la danse et du sexe, sont des êtres compliqués, difficiles à satisfaire et pleins d’arrière-pensées.

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