Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Joseph téléphona à son père pour prendre de ses nouvelles et lui demander conseil au sujet de son contrat. Ce n’était pas bien payé et, avec ces évènements menaçants, il préférait revenir au pays. Édouard l’en dissuada, affirmant que sa présence ne changerait rien au cours de l’histoire, il devait saisir cette chance exceptionnelle. Que son fils ait été choisi par le plus grand laboratoire du monde était pour lui un bonheur et un honneur qui justifiaient tous les sacrifices, il lui fit jurer de partir pour Alger.

Quatre jours plus tard, Joseph devait prendre le bateau à Marseille. Vingt-six heures de voyage.

La nuit précédant son embarquement, il fit un cauchemar qui le réveilla, tremblant et en sueur. Il errait dans un abattoir bondé de cadavres d’hommes égorgés, de femmes éventrées, poursuivi par un boucher aux yeux crevés. Il entendait le souffle de la masse qui frôlait son crâne. Et puis le monstre lui sauta dessus et disparut comme par enchantement. Un silence terrifiant. Il pleuvait du sang du plafond. Il en était poisseux. Il s’enfonçait dans un sable mouvant rougi, tentait avec des gestes désespérés de surnager et de ne pas se laisser aspirer.

Le matin, il se précipita au grand bureau de poste de l’avenue Saint-Antoine, dut attendre trois heures son appel téléphonique, redoutant de rater le départ de son bateau. Il réussit à avoir la communication, son père s’apprêtait à quitter son cabinet. Il l’exhorta à fuir pendant qu’il était encore temps. Édouard ne voulut rien entendre. Dix fois au moins, Joseph lui répéta qu’il devait partir mais son père était déterminé à rester. Même si des dizaines de milliers de Tchèques faisaient leurs valises, il refusait de quitter son pays. Il ne se sentait pas menacé. À Prague, une majorité de gens sensés pensaient qu’Hitler n’était pas assez idiot pour s’attaquer aux Alliés, que tôt ou tard à la recherche de son espace vital, il s’en prendrait à la Russie, son ennemi naturel. La seule chose qui l’intéressait, c’était de faire main basse sur l’industrie d’armement tchèque, il n’y avait donc rien à craindre.

La nuit de la traversée, avec le bruit des moteurs et le tangage, Joseph ne put trouver le sommeil, il passa son temps accoudé au bastingage, à suivre les circonvolutions de trois mouettes qui s’amusaient à survoler l’étrave du bateau. Une lumière bleutée se leva avant le soleil. Les mouettes disparurent. Il les chercha dans l’immensité et, dans la direction du continent, aperçut au loin, sur sa gauche, une côte informe.

« Ce n’est pas possible que ce soit l’Espagne ! se dit-il avec raison, il n’y a aucune terre à cet endroit. »

Mais, perdue dans l’horizon naissant, déchiquetée sous les nuages tamisés, une ligne sinueuse courait en le narguant entre la mer et le ciel.

« Si j’avais cédé à mon impulsion, à cette heure je serais mort. »

CHRISTINE

Joseph dormait quand le Lépine avait accosté au port. Il avait raté le lent travelling avant l’arrivée dans la baie avec la ville accrochée aux collines. Elle ne s’était pas offerte à lui, il n’avait pu fouiller du regard cet amphithéâtre ondoyant ni écouter les autres passagers qui repéraient et nommaient des lieux connus.

Quand Joseph repensait à Alger, la première impression qui lui venait à l’esprit était cette lumière d’or en fusion au moment où il avait ouvert la porte de la coursive, encore engourdi, le flash interminable d’un photographe invisible qui l’avait obligé à protéger son visage avec ses mains. Il sentit une odeur vanillée, une bouffée de chaleur l’éclaboussa. Il se demanda s’il y avait le feu, il n’y avait aucune panique, à peine le ronronnement de la grue qui déchargeait les régimes de bananes sur le quai affairé. Il écarta lentement les doigts pour s’accoutumer à cette incandescence, leva les yeux, aperçut un bleu de paradis originel comme il n’en avait jamais vu, ni à Prague, ni à Paris, balayé de toute impureté, chaleureux et chatoyant, un monument monochrome en suspension dont la seule fonction semblait de vous hypnotiser.

En cette fin de journée d’octobre 38, à l’âge de vingt-huit ans, il découvrit enfin le ciel et le soleil, regarda les docks en arcade montante comme une vague et, posé fièrement au-dessus, un jeu inextricable de cubes soudés par un architecte fou dévalant en cascade jusqu’aux immeubles éclatants qui défiaient la mer et il comprit ce que voulait dire Alger la Blanche.

Joseph débarqua du bateau, ses deux valises à la main, chercha du regard la personne qui devait l’accueillir. Sur le quai il n’y avait que des dockers arabes au visage buriné qui déchargeaient la soute, le maillot maculé de sueur. Aucun des marins ne put le renseigner.

Il attendit à l’ombre d’un camion pendant une heure, demanda à l’officier de quart qui n’était au courant de rien, se résolut à prendre un taxi dont l’échappement dégageait autant de fumée que la cheminée du bateau. Dans sa Panhard rouge et noire, le chauffeur lui fit la conversation en se plaignant de la chaleur de cet été tardif qui n’en finissait pas.

Au premier abord, Joseph ne vit aucune différence avec la métropole, les mêmes avenues haussmanniennes avec une foule bruyante, des trams qui avançaient au milieu de passants indisciplinés, des cafés aux terrasses bondées, des voitures enchevêtrées, des magasins impeccables, des femmes habillées comme à Paris. Il débarquait en Afrique, quelque chose qui aurait dû ressembler au Sahara avec des dunes, des chameaux, des Touaregs, un goût d’aventure, de mystère, et il se retrouvait dans une cité occidentale.

Il était déçu.

Ils arrivèrent sur une place immense bordée de rangées de réverbères Art déco, de palmiers, écrasée par un monument polygonal gigantesque d’un blanc immaculé de style mauresque que Joseph prit pour la mosquée. Le taxi lui expliqua amusé que c’était la Grande Poste (heureusement les mosquées se trouvaient dans la Casbah). Joseph aperçut enfin une femme drapée dans un haïk, un fin voile blanc qui lui couvrait en partie le visage, plus loin un indigène en djellaba rayée tirant un âne pelé qui portait deux grands sacs en osier bourrés de légumes disparut dans une ruelle. Le taxi monta de larges avenues en lacet. Le chauffeur lui désigna le massif musée des Beaux-Arts, lui conseilla de se promener dans le Jardin d’essai réputé pour sa fraîcheur, ses espèces exotiques, ses eucalyptus au parfum mentholé. Par la fenêtre abaissée, Joseph respira profondément mais rien ne vint.

La pointe de la baie disparaissait dans une brume de chaleur, la ville entière s’y évanouissait.

Le taxi s’immobilisa devant un immense palais de trois étages aussi blanc que ses voisins. Il n’y avait pas de gardien à l’entrée, Joseph entra et aperçut d’autres locaux disséminés dans le parc. Il pénétra dans le bâtiment principal étonnamment silencieux où régnaient une fraîcheur réconfortante et une pénombre de cathédrale. Ses « Il y a quelqu’un ? » restèrent sans réponse. Il frappa à toutes les portes d’un long couloir, les poussa avec hésitation, les pièces étaient vides. Ce n’était pas possible qu’il n’y ait plus personne à cinq heures de l’après-midi. Il ouvrit la porte vitrée du fond, découvrit un vaste laboratoire encombré de dizaines de tubes à essai, de boîtes de Petri, de flacons compte-gouttes, d’éprouvettes graduées qui chauffaient dans des bains-marie, de fioles, de mortiers en céramique, d’ampoules à décanter et quatre hommes en blouse blanche penchés de part et d’autre d’une paillasse plantée de microscopes. L’un d’eux chauffait un récipient argenté à la flamme d’un bec Bunsen, puis il ferma la virole, transféra avec précaution son contenu dans une ampoule de coulée qui contenait une solution jaune. Il prit une spatule, agita. L’homme leva le ballon à bout de bras, imprima une légère rotation, le liquide devint vert foncé.

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