Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.
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- Название:La Vie rêvée d'Ernesto G.
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- Издательство:Asohar - TAZ
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- Год:2012
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Une tape, une bise, on se tutoyait. Les chichis, c’est pour les Chinois.
Pour la première fois de sa vie, un inconnu, son voisin, posa la main sur son épaule, il eut un instant de doute, mais c’était une manifestation d’amitié qui ne prêtait à aucune confusion. Quand Joseph offrit sa tournée, il fut définitivement adopté. Il remarqua, au fond de la salle, une estrade avec de hauts tabourets, demanda à quoi servaient le piano et l’accordéon. On fait dancing, expliqua le patron, bien sûr le meilleur d’Alger et on dansait avec un orchestre chaque soir que Dieu laissait.
Et soudain, la mémoire lui revint. Cet effluve indéfinissable, c’était celui du Balajo ou du Mimi Pinson , de la transpiration et de la cigarette mêlées, des poitrines palpitantes étourdies par la valse, des parfums de femme dispersés, de la poudre des visages envolée dans les tournoiements de tangos à jamais en suspension, des corps chauds qui se séparent, une empreinte à nulle autre pareille. Joseph comprit pourquoi Maurice disait que les bains Padovani, c’était le paradis sur terre. Une anisette encore. Légère alors. Quelques noisettes. Des olives piquantes. La mer derrière les vitres panoramiques du ponton. Alger la bleue. Il demanda où il se trouvait. Peut-être à cause du trouble de l’anisette, du souvenir revenu de Viviane, où est-elle ? et des autres, estompées, ou du brouhaha, il entendit « tour de Babel ».
– Je ne savais pas que c’était ici, murmura-t-il.
– Je te jure, mon frère. Tu es à Bab-el-Oued, clama son voisin.
Maurice Delaunay était un rêveur invétéré mais obstiné, il avait les pieds sur terre. Enfant, un professeur lui avait demandé :
– Et toi, qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Quand ses camarades répondaient aviateur, ingénieur ou pompier, il avait lancé :
– Moi, je veux être riche.
– Ce n’est pas un métier, Maurice.
– Ah bon !
Il se voyait en fondateur de la deux cent unième famille, avec un bureau en acajou immense donnant sur l’Arc de triomphe, des tapis persans, des cornes d’éléphant sculptées, des tableaux incompréhensibles comme il l’avait vu dans les magazines qui vantaient les exploits des capitaines d’industrie, avec leur col en fourrure d’astrakan, leurs souliers vernis italiens, leurs limousines anglaises bicolores, entourés d’artistes, de célébrités en toilette du soir, de danseurs russes et de Jean Cocteau. Il donnerait des ordres à des secrétaires empressées, on lui obéirait comme à un général, il enchérirait d’un geste délicat pour acquérir des babioles Renaissance, on l’applaudirait. Il chercha longtemps dans quel domaine son talent éclaterait, s’était successivement imaginé dans la fabrication de crèmes de beauté pour dames, dans la construction de cabriolets, d’ustensiles ménagers, de vêtements beaux et pas chers, producteur de cinéma et bien d’autres activités lucratives.
La crise de 29 le laissa désorienté. Si autant de fortunes s’envolaient en un clin d’œil, si tant d’hommes admirables se suicidaient, ruinés, qui la veille encore donnaient des dîners de gala, comment pourrait-il espérer accomplir sa destinée ?
Ses parents eurent la bonne idée d’emmener la famille au bois de Vincennes à l’Exposition coloniale de 31. Elle était gigantesque et il était impossible d’en faire le tour, ils y allèrent six dimanches et ne réussirent pas à tout visiter. Les visiteurs, ils se comptaient par dizaines de millions, étaient convaincus de la mission civilisatrice de l’Occident qui répandait bienfaits et progrès sur la terre entière ; la France, particulièrement, offrait sa culture et ses principes humanistes pour le plus grand bonheur du genre humain. Le maréchal Lyautey, commissaire de l’exposition, confirmait que la vraie mission de l’action coloniale était de réaliser une œuvre de paix et de solidarité humaine. Maurice, adolescent, en avait été bouleversé.
Les événements douloureux de 36 confirmèrent la cruelle incertitude qui pèse sur les gens de bien. Les manufactures occupées, les revendications odieuses de mécréants avinés à vous dégoûter d’entreprendre amenèrent sa mère à l’unique conclusion qui vaille :
– Dans la vie, mon fils, la seule chose durable et certaine, c’est la terre. Elle ne vous déçoit jamais. La pierre aussi, bien sûr. Une usine peut être occupée par ses salariés ingrats, la Bourse couler comme le Titanic , une idée géniale se révéler un désastre imprévisible, mais un immeuble de rapport, assuré auprès d’une compagnie notoirement solvable, c’est immuable.
Elle se félicitait d’avoir investi sa dot dans trois appartements sur les boulevards loués à des fonctionnaires comme il faut et deux commerces à côté des Grands Magasins qui lui assuraient une rente garantie contre les revers du sort, de la concurrence et les troubles de la populace.
– Dans ce pays heureusement la propriété est sacrée, on a beau dire, nos cocos sont moins pires que les autres.
Après avoir échoué trois fois au baccalauréat, avoir pas mal louvoyé et changé d’avis, Maurice avait enfin trouvé sa voie : faire fortune dans l’immobilier. C’était sûr et certain, il était taillé pour.
Il ne savait pas encore exactement comment, il devait étudier la question sous ses moindres aspects. Son père Philippe lui avait expliqué qu’il ne fallait pas compter sur lui pour financer ses extravagances, il ne mettrait pas un centime dans sa nouvelle lubie (encore un projet à la noix). On n’avait jamais vu une personne sans argent réussir à faire construire ; quant aux banques, elles n’étaient pas là pour prêter de l’argent, contrairement à ce que croyaient les imbéciles de son âge, mais pour en avancer à ceux qui en avaient déjà. S’il voulait gagner sa vie, il devrait bosser avec lui, se lever et se coucher plus tôt, ne plus traîner dans les boîtes de nuit, se donner du mal pour y arriver, il ne lui ferait pas plus de cadeaux que son propre père ne lui en avait fait quand il avait commencé à travailler au magasin après guerre ; sinon, sa sœur prendrait sa place, tant pis pour lui.
– Hélène ? Elle a à peine dix-huit ans.
Maurice n’avait jamais considéré sa petite sœur autrement que comme une fille, c’est-à-dire un être destiné à se marier, faire des enfants et vivre bourgeoisement, qu’elle veuille œuvrer dans une entreprise de plomberie zinguerie lui paraissait aussi comique qu’incongru, que son père y accorde du crédit relevait de cette révolution pernicieuse qui affaiblissait les esprits les plus stables.
– Ta sœur a du caractère, quand elle veut quelque chose, elle l’obtient. Aucun de mes fils n’ayant envie de reprendre cette affaire, je ne vais pas fermer boutique ou la vendre à un étranger. Heureusement, elle est là, je vais la former. Elle y arrivera.
Maurice s’en fichait à un point qui le fit paraître magnanime. Il leur souhaita bonne chance, embrassa sa sœur qu’il avait en affection, s’en alla avec deux valises. Il avait hésité un moment à émigrer aux États-Unis ; il parlait l’anglais couramment, seul acquis de ses maigres études, il était vraiment doué pour les langues ; tout le monde lui avait dit que, tout compte fait, l’Amérique, c’était beaucoup moins facile qu’on ne le disait pour devenir riche, la quasi-totalité des immigrants bossaient pour des clopinettes, il fallait se battre comme un forcené pour y arriver (en plus c’était dangereux, ça tirait dans tous les coins).
Il partit donc pour l’Afrique. L’Empire servirait à quelque chose. Là-bas, il le sentait, tout était encore possible, les richesses infinies, la main-d’œuvre abondante.
En descendant du Ville-de-Marseille , il eut comme chaque voyageur un coup de cœur pour cette ville sublime, la plus belle du monde. C’était là qu’il voulait vivre.
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