Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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D’habitude, Maurice prenait peu de risques. Cette fois, sur l’avenue de la Marne en déboîtant, il n’avait ni le temps ni la distance pour doubler le trolleybus, il aurait dû se ranger mais il écrasa la pédale d’accélérateur. La traction n’était pas très nerveuse. Joseph ferma les yeux, se raidit sur son siège, s’accrocha à la poignée et attendit le choc. En face, le camion pila, dérapa légèrement, klaxonna. Maurice se rabattit in extremis, insulta le chauffeur par la fenêtre ouverte, éclata de rire, cria des ouais de contentement en tapant nerveusement sur le volant. Il se gara brutalement à proximité de la Grande Mosquée.

Jamais Joseph n’avait pénétré dans la Casbah, il détaillait ce quartier mauresque assoupi et insalubre. Des maisons décrépites, fermées, s’imbriquaient les unes dans les autres, des passages tortueux s’évanouissaient en escaliers obscurs. Ils passèrent par une ruelle sombre qui semblait finir en impasse où ils ne pouvaient marcher de front.

Maurice l’emmena dans un autre de ses fiefs. Le restaurant Le Marseillais était bondé. Ils durent attendre leur tour. Les serveurs portaient d’immenses plateaux avec des dizaines de plats empilés en pyramide. Maurice retrouva plusieurs connaissances, présenta Joseph comme un de ses meilleurs amis. On choisissait son repas sur un grand tableau, tout était au même prix. À un franc. Pour faire l’addition, c’était pratique, on comptait les assiettes.

Joseph proposa d’offrir sa bouteille de champagne. La maison n’en avait pas, ils se rabattirent sur un sidi-brahim assez âcre. Passant soudain de la jovialité excessive à l’abattement, Maurice se servit trois verres successivement. Si beaucoup l’ont expérimenté et décrit, personne n’a clairement explicité le lien de cause à effet entre l’alcool et l’amour. Pourquoi le désespoir amoureux amène-t-il à boire ? Pour chasser sa peine ? Se convaincre qu’on se trompe ? Gommer le présent ? Se donner du courage ? Se punir ? Rêver que rien n’est perdu ? Ou un de ces curieux mélanges qui expliquent l’incohérence du propos. Joseph n’eut pas à insister pour qu’il ouvre son cœur :

– Je l’aime à la folie, elle m’aime tout autant, pourtant elle va me quitter.

Christine, c’était son prénom, il parlait d’elle comme si Joseph la connaissait, lui posait une infinité de problèmes (il y contribuait passablement). Elle était comédienne et avait décidé de quitter Alger pour aller vivre à Paris.

Têtue comme une mule. Impossible de la faire changer d’avis.

– Si tu l’aimes, tu peux la suivre. Tu n’as pas d’obligations.

– Je suis venu ici pour faire fortune ! Je ne vais pas rentrer maintenant, je n’ai pas un rond. De quoi j’aurais l’air ?

– Pourquoi sa carrière serait-elle moins importante que la tienne ?

– Elle n’arrête pas de travailler. Elle fait du théâtre, enchaîne tournée sur tournée. Il y a une foule de théâtres dans ce pays. Ce n’est pas le boulot qui manque. Elle en refuse. Elle répète nuit et jour une nouvelle pièce depuis un mois. Ce n’est pas suffisant, madame a besoin de nouveaux défis.

Christine en avait assez du théâtre algérois, elle rêvait de cinéma. À Alger, le dernier film qu’on avait tourné, c’était Pépé le Moko , trois ans déjà, où elle avait fait de la figuration, on l’apercevait dans deux scènes, dont une avec Gabin. Depuis, rien.

Elle avait écrit à Gabin afin de lui demander conseil mais il n’avait pas répondu. Elle avait fait un aller-retour pour passer une audition aux studios de Billancourt pour un rôle dans un film en costumes qui se passait sous la Révolution. N’ayant jamais eu de nouvelles, elle s’était persuadée qu’elle devait être sur place pour réussir. Sa décision était prise, à la fin de sa pièce ou de la tournée s’il y en avait une, elle partirait à Paris.

– Si elle s’en va, il y aura un malheur. Je suis fou d’amour, tu comprends ? Tu dois m’aider, Joseph.

Maurice avait élaboré une théorie du comédien qui portait le théâtre aux nues et vouait le cinéma aux gémonies. En réalité, il avait lu avec attention des interviews d’acteurs célèbres dans Cinémonde et Cinérevue . D’après eux, le métier de comédien, le vrai, c’était sur une scène qu’il se pratiquait. Maurice ne voyait pas trop la différence mais il leur faisait confiance. Ils avaient l’air de mépriser le cinéma, une activité purement lucrative, factice, destinée à ceux qui avaient échoué sur les planches face à un public de connaisseurs qui sifflait ceux qui n’avaient ni présence ni voix pour s’imposer dans les classiques. Le cinéma, c’était l’art de l’illusion où le comédien n’était plus qu’un jouet entre les mains d’un metteur en scène habile.

– Si Raimu, Jouvet et Guitry affirment la même chose, on peut les croire, non ?

Il sortit un article de journal plié en quatre de son portefeuille, l’ouvrit avec précaution, fit la lecture d’une voix bouleversante :

« … Avec la musique on explique l’histoire, avec les lumières on dit au spectateur ce qu’il doit regarder, avec le montage on lui impose ce qu’il doit voir. Le vrai comédien n’a pas besoin de ces artifices pour convaincre le public en chair et en os qui bouge, tousse, respire, applaudit, siffle, vibre, c’est le public qui fait le comédien. Au cinéma, il y a un écran entre le comédien et son public… »

– C’est ce que tu dois lui expliquer.

– On ne se connaît pas !

– Je lui ai souvent parlé de toi. Elle a hâte de faire ta connaissance. Demain, c’est la première de sa pièce.

– Je n’ai pas envie, je m’ennuie au théâtre.

– Je te demande de me rendre un service ! Fais un effort.

– Si sa décision est prise, aucun argument au monde ne la fera changer d’avis. Tu l’aimes vraiment ? Alors, épouse-la.

– J’y ai pensé, elle est contre le mariage. Elle affirme que c’est une prison pour les femmes. Elle veut absolument garder sa liberté.

– Une féministe ! Tu n’as pas de chance. Sur le fond, elle n’a pas tort. Peut-être qu’il faut lui présenter les choses autrement. Tu aimes les enfants ? Tu as envie de fonder une famille ?

– Elle dit que les enfants, c’est le début de l’asservissement. Pour elle, femme au foyer c’est une insulte. Elle veut s’épanouir dans son métier, ne dépendre que d’elle, ne pas s’occuper de tâches ménagères.

– Insiste, la robe blanche, Mendelssohn, le voyage à Venise, ça marche.

– J’ai menti sur mon âge.

Si Joseph avait été une femme, Maurice l’aurait ému, il l’aurait pris dans ses bras et consolé. Il en aurait ri, et lui aurait pardonné. Mais personne ne pouvait miser un centime sur la réaction de Christine quand elle apprendrait son mensonge. Pas le genre à apprécier.

Maurice faisait partie de cette race de petits paons, dragueurs impénitents, raconteurs de bobards, marchands de salades sentimentales et d’histoires à la noix. Il y en a qui mettent des talonnettes, d’autres des épaulettes, certains rabattent leurs cheveux d’arrière en avant, ou les teignent couleur charbon de jeunesse, lui c’était un incorrigible baratineur.

Le genre à lâcher sous un air de confidence (faussement détaché) qu’il était le petit-fils caché de Rockefeller (pas tous les jours facile), pilote d’essai sur le nouvel avion à réaction français (faut surtout pas en parler), agent des services secrets en repos incognito (je vous fais confiance).

– Tu as vingt-trois ans ? Incroyable. Moi aussi, tu m’as eu, reconnut Joseph.

– C’est ma force, je fais beaucoup plus vieux. Pour les affaires, c’est impeccable.

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