Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

Здесь есть возможность читать онлайн «Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2012, Издательство: Asohar - TAZ, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «La Vie rêvée d'Ernesto G.»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

La Vie rêvée d'Ernesto G. — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «La Vie rêvée d'Ernesto G.», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Sur l’estrade, Tony et Jeannot, deux guitaristes manouches, enjôlaient les amateurs en demi-cercle devant eux. Des groupes assis sur la plage bavardaient ou profitaient du concert assourdi.

Joseph ferma les yeux. Cette musique le transperçait, pas seulement la virtuosité, la tempête intérieure, l’ivresse du tournis. Sa tête tremblait, ses lèvres aussi. Quand il rouvrit les yeux, Christine le fixait d’un air amusé.

– On danse ? demanda-t-il.

– C’est une musique pour écouter, répondit-elle.

– Eh ben moi, j’ai des fourmis dans les jambes, dit Nelly.

Elle se leva, cigarette au bec, pas le genre à se laisser influencer par le qu’en-pensera-t-on d’Alger la cancanière. Rien à attendre de ces petits-bourgeois, des minus. Elle s’en tamponnait le coquillard. Depuis toujours cataloguée mauvais genre, elle mettait un point d’honneur à honorer sa réputation. À l’école on la punissait, elle ne baissait pas les yeux, l’effrontée, têtue pire qu’une mule, elle répond vous vous rendez compte ! Elle fumait dans la rue, sortait sans chapeau, riait trop fort, se maquillait comme une moins-que-rien, s’habillait avec des robes de scène, elle n’était pas devenue putain, elle jouait la comédie, faisait ce qui lui plaisait quand ça lui chantait, elle avait juste envie de danser avec ce type qui avait envie de danser.

– Vas-y mollo, dit Christine, il a eu une grosse peine de cœur.

Joseph n’était pas content après Maurice qui baissait les yeux. Pouvait pas savoir qu’elle allait lui répéter, les femmes tu vois on ne peut pas leur faire confiance, des perruches, tu dis un truc à voix basse sous le sceau du secret absolu, l’histoire confidentielle d’un ami très cher, jamais un homme le répéterait, elles le racontent à leurs deux ou peut-être trois meilleures copines…, faut se taire, jamais parler de personne. Par ailleurs, tout bien considéré, ce n’était pas grave non plus, sauf que maintenant devait plus y avoir beaucoup de monde à Alger qui l’ignorait.

Finalement, c’est fou ce que deux types peuvent se dire d’un seul regard.

Joseph aurait pu tomber plus mal. Nelly avait les yeux verdoyants. Incroyablement. Et aucun sens du rythme, elle se laissait conduire, une vraie comédienne, elle le suivait au millimètre.

– Il ne faut pas être triste, chuchota-t-elle en se pressant contre lui.

Joseph connaissait les sentimentales depuis longtemps, il ne répondit rien, un sourire mie de pain, il savait bien que les femmes adoraient les hommes qui avaient eu des chagrins d’amour, ils avaient droit à un statut privilégié. Avec une auréole. Ça voulait dire qu’ils avaient aimé, souffert, pleuré peut-être, il y avait de la sensibilité sous le capot, pas une brute d’Algérois mais une espèce à part, si on y mettait de la chaleur et de la tendresse, un vieux cœur maltraité pouvait recommencer à battre, servir encore une fois. Elle en était passée par là, un vrai salaud, un type d’ici, elle le croisait de temps en temps, sa famille n’avait pas voulu d’elle, une actrice vous pensez, il l’avait jetée comme une vieille chaussette, elle avait mis du temps à s’en remettre, heureusement elle avait son travail, sans Mathé elle ne savait pas ce qu’elle serait devenue, lui c’était un monsieur.

Tony et Jeannot allèrent se reposer. Lumière verte, musique douce, les choses sérieuses. Padovani mettait un point d’honneur à offrir les dernières nouveautés, il adorait Bing Crosby, Ray Ventura, Lucienne Boyer et aussi Jean Sablon, bien qu’il n’ait pas de voix. Rina Ketty chantait J’attendrai avec son délicieux accent italien. La piste se remplissait. Nelly connaissait les paroles par cœur.

– C’est ma chanson préférée. Vous dansez très bien. Elle s’appelait comment ?

– Je préfère ne plus y penser.

Et voilà une histoire qui commence.

Christine était heureuse, sa meilleure amie avait enfin tiré le bon numéro, difficile de trouver un défaut à ce zèbre rare, célibataire pas encore endurci, avec ses cheveux brillants, son élégant costume cintré, sans oursins dans les poches, médecin très doué, affirmait Maurice qui l’avait connu à Paris, il disait aussi que son ancienne amie était belle comme une orchidée, il y a des hommes champions pour cacher leur histoire, il n’avait pas l’air désespéré, la tristesse devait être à l’intérieur, des comme lui elle n’en rencontrerait pas souvent.

– T’es vraiment sûr qu’il n’est pas marié ? insista Nelly.

Elle avait son idée sur la façon dont il fallait soigner Joseph.

– Les hommes, ce n’est pas le tango qui les intéresse.

Fine mouche, elle lui posa des questions avisées, innocentes, depuis combien de temps il était là, s’il aimait la ville, ce qu’il faisait à son travail, s’il pensait rester longtemps, elle ne voulait pas lui montrer qu’il lui plaisait, elle en avait marre des anguilles et des commis voyageurs, elle ne connaissait rien à la biologie, encore moins à la recherche, elle, l’école elle l’avait arrêtée pour être couturière, pas désagréable mais adjudante vieille bique, quand elle était adolescente, elle rêvait d’être Jeanne d’Arc et de sauver la France, la voix rauque c’est le tabac, elle n’arrivait pas à diminuer, elle ne connaissait pas non plus la Tchécoslovaquie, elle n’avait pas beaucoup voyagé.

– Ah bon, il fait très froid ? J’ai horreur du froid, je suis allée à Paris une fois, j’ai gelé.

Un jour, elle achèterait un manteau en renard argenté ou en lapin bleuté d’Alaska, elle économisait pour.

– Si on veut faire du cinéma, c’est Paris ou Hollywood, non ? Je ne suis pas pressée, j’adore votre accent, si je vous assure, ça change des hommes d’ici, ils ont une patate chaude dans la bouche, je n’ai pas d’accent moi, hein ? Au théâtre ce n’est pas possible, Mathé est intraitable, il dit que Bérénice avec l’accent de Bab-el-Oued ne mérite pas de vivre. Dans ce pays, les hommes sont immobiles, rien ne bouge, ils vivent encore au Moyen Âge, les femmes à la maison avec les enfants. Je ne les supporte plus. Christine encore moins que moi. On ne veut plus sortir avec des types d’ici, ils nous dégoûtent.

– Ah bon ? fit Joseph.

Nelly n’aurait pas dû, ça ne se faisait pas, pas la première fois, pas à la première danse. Était-ce le bonhomme ou sa chaleur ou les couples d’amoureux qui les cernaient dans l’attente de l’éternel retour, la tête qui tournait, y a beaucoup de monde ce soir, hein ? Les mains autour du cou, les yeux qui souriaient, les cœurs en tambourin, elle en avait envie, c’est tout, lui il n’aurait pas osé, il était bien élevé, les hommes n’osent pas toujours ou alors les mufles, les Tchèques y doivent être timides, elle s’appuie sur lui, il se baisse légèrement, elle n’a pas honte, elle ferme les yeux, tremblement de ses lèvres sur ses lèvres collées, elle l’embrasse comme une femme qui a envie d’embrasser, vraiment, pas comme au cinéma, un baiser d’amour, il la serre contre lui très fort, l’aubaine des corps inattendue.

Mathé prit Joseph en amitié, un passeport rêvé pour être aussitôt accepté et intégré au groupe, sinon il n’aurait été que l’ami de Maurice, c’est-à-dire un Parisien, et le petit ami de Nelly (ce qui n’était pas une originalité). Parce qu’il était tchèque, que Mathé n’en rencontrait jamais dans cette ville coloniale, qu’il rêvait de Prague, vénérait Kafka et trouvait une coïncidence extraordinaire dans le fait que Joseph avait le même prénom et les mêmes initiales que le héros du Procès .

– Cette similitude est une malédiction, confia Joseph. Je suis né en 1910, Kafka n’avait encore rien publié. Pour moi, il n’est pas vraiment un écrivain tchèque. Quand on est bilingue, on écrit dans la langue de son cœur. J’ignore dans quelle langue il rêvait mais, comme Rilke, il a écrit toute son œuvre en allemand. C’était la langue dominante et de la reconnaissance sociale, et Brod l’a publiée à Berlin. Aujourd’hui encore, elle n’a pas été totalement traduite en tchèque. En dehors des cercles intellectuels, il reste méconnu et peu apprécié.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «La Vie rêvée d'Ernesto G.»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «La Vie rêvée d'Ernesto G.» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «La Vie rêvée d'Ernesto G.»

Обсуждение, отзывы о книге «La Vie rêvée d'Ernesto G.» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x