Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Nelly heureusement ne formulait aucune revendication féministe, préparait tout avec bonne humeur, cocas aux poivrons achetés à la boulangerie voisine, tomates avec thon à l’huile, œufs durs pas trop cuits, concombres vinaigrette, artichauts violets et des montagnes de carottes râpées au citron, rien de meilleur pour garder joues roses et teint frais, quand elle avait du courage, elle les faisait cuire au cumin, délicieux mais peu fréquent.

Deux fois, elle fit cette omelette à la soubressade piquante dont elle raffolait, deux fois Maurice fut tellement malade que la mère Landru ne recommença plus.

Nelly n’appréciait pas qu’on la charrie sur ses talents de cuisinière, prétendait au contraire être douée pour le risotto aux calamars et aux oursins qu’elle préparait en période de répétitions, Mathé affirma qu’il n’avait jamais rien mangé de meilleur. Quand Joseph avait réussi à la convaincre de le cuisiner, Christine s’y était opposée, jurant que jamais chez elle une femme ne servirait un homme, ils avaient eu droit à des cacahuètes et des olives, si bien que Joseph et Maurice prenaient désormais leurs précautions et apportaient un poulet acheté chez le rôtisseur de la place Nelson. Elles préféraient aller au restaurant, ce n’était pas plus cher, c’était moins fatigant et meilleur, mais souvent, ils avaient la flemme de sortir.

Un soir qu’ils croquaient des carottes, Christine leva son verre de vin rouge à la santé de Nelly.

– Au fait, bon anniversaire, fit-elle en le vidant d’un coup.

Maurice et Joseph étaient surpris qu’elle ne les ait pas prévenus, ils auraient commandé un gâteau praliné avenue de la Marne et acheté un cadeau, c’était la moindre des choses.

Nelly avait horreur des célébrations à date fixe, chaque jour devait être une fête et elle détestait surtout les anniversaires. Aucune raison de fêter sa jeunesse disparue et ses rides inévitables.

À force d’insister, ils lui arrachèrent qu’elle venait d’avoir vingt-quatre ans et qu’il lui manquait une dent.

– Et toi au fait, demanda-t-elle à Joseph, tu as quel âge ?

Il allait répondre quand il remarqua les yeux froncés de Maurice.

– Un peu plus vieux que toi. C’est important ?

– Je m’en fiche.

– Je suis d’accord avec toi, dit Maurice, moi aussi, les anniversaires me dépriment.

– Vous n’êtes pas marrants, conclut Christine. C’est beau de souffler des bougies.

– Excuse-moi de te le dire, mais pour une femme soi-disant moderne c’est d’un démodé, lança-t-il.

Christine se leva sans un mot, attrapa sa veste, son sac, sortit en claquant la porte. Maurice hésita, pensa qu’elle allait peut-être revenir, leur demanda ce qu’il avait dit de choquant, se précipita à sa poursuite, ils l’entendirent crier des « Kiki attends-moi », dans les escaliers, sa voix s’éloigna et s’éteignit.

Le principal sujet de conversation de Nelly consistait à papoter de gens que Joseph ne connaissait pas ou qu’il avait croisés une fois ou deux. Elle reliait les uns aux autres avec légèreté et évidence, racontait sous le sceau de la confidence absolue des rancunes, des ruptures, des tocades, des folies impossibles à croire. D’après elle, la moitié de la ville avait couché avec l’autre moitié, s’était aimée clandestinement, fâchée, réconciliée, disputée à nouveau ; un manège étourdissant d’aventures, de disparitions, de retrouvailles, de haines de pieds-noirs à côté desquelles les Montaigu et les Capulet étaient des blagueurs et le marquis de Sade un enfant de chœur, de secrets de famille remontant au siècle précédent, un charivari de passions troubles, souvent incestueuses, d’histoires de vierges qui faisaient sourire les initiés, de mariages arrangés in extremis, d’accouchements lointains, de sarabandes de mœurs africaines inconnues et de bien d’autres choses, pires encore, dont elle ne pouvait pas parler car elle avait juré le silence.

Un feuilleton quotidien, inépuisable et pimenté.

Elle échangeait ses informations avec quelques amies proches, formant un réseau de renseignements d’une efficacité redoutable. Chaque jour, elle faisait l’éducation algérienne de Joseph, commençait par un « Où j’en étais restée ? » qui permettait un enchaînement parfait.

Joseph finit par connaître intimement une foule de personnes. Quand Nelly les lui présentait chez Padovani ou ailleurs, ils prenaient son sourire pour de la gentillesse, ils auraient été effarés de découvrir que ce sympathique étranger en savait plus sur eux que leur propre mère. Joseph était fatigué de ces monologues, lui n’avait rien à révéler, hormis l’avancement de ses recherches, mais elle ne s’y intéressait pas. À plusieurs reprises, il avait voulu l’interrompre, lui dire qu’il n’en avait rien à faire de ces petites turpitudes mais elle avait des yeux tellement verts qu’il avait préféré se taire.

Sur elle, Nelly était mutique. Quand il l’interrogeait sur son travail, elle ne parlait jamais de théâtre, de Tchekhov, de Brecht ou d’aucun auteur, mais de Mathé : sa précision, son humanité, son enthousiasme, sa culture immense, son énergie, sa simplicité, son humour, sa ferveur, au point que Joseph lui demanda s’il n’y avait pas eu quelque chose entre eux. Elle cligna des yeux.

– Trois fois rien. C’est un homme exceptionnel. Totalement honnête. Il t’aime beaucoup.

– Et avec Christine, il est comment ?

– Les hommes posent trop de questions, en général.

Nelly lui apprit que Maurice avait fini par rattraper Christine dans la rue, elle l’avait fait mariner, il s’était excusé, elle lui avait pardonné. Joseph ne voyait pas quelle faute il avait commise, Nelly ne s’en souvenait plus. Christine et Maurice n’étaient pas un sujet de conversation.

– Tu es son ami, tu irais tout lui raconter, elle ne veut pas.

Deux fois par mois, Maurice partait en tournée pour son patron, des itinéraires interminables qui duraient une semaine quand il faisait l’Oranais ou le Constantinois, pas marrant mais instructif.

Ils passaient alors des soirées tous les trois. Jamais Joseph ne parlait autant qu’en l’absence de Maurice. D’habitude personne (absolument personne) ne lui posait la moindre question sur son activité. On se contentait d’un hochement de tête, d’un « Ah c’est bien », admiratif, quelquefois on le félicitait et l’encourageait à continuer.

Au début, Joseph se sentait frustré de ce manque de curiosité. Christine, au contraire, demandait mille explications et précisions sur son travail et ces maladies horribles, ne s’épargnait aucune description des douleurs et de leur évolution, réclamait des détails sur des expérimentations qui retournaient le cœur de Nelly.

– Arrêtez de parler de choses aussi dégoûtantes. C’est vrai, quoi, on est en train de manger.

Christine n’était pas du genre à obtempérer. Quand elle avait une idée en tête, nul ne pouvait l’en faire démordre (surtout pas Nelly). Elle revenait à la charge, continuait à l’interroger, avec une mémoire de scribe infatigable.

– Au fait, comment avez-vous réussi à démontrer le rôle de la tique du chien dans la transmission de la leishmaniose cutanée ?

***

Le réveillon du jour de l’an 39 fut particulier. Nelly l’appréhendait, Joseph s’en faisait une joie.

Il avait été décidé que ce serait le plus grand, le plus beau jamais vécu. Personne ne se souvenait comment cette idée était née, qui l’avait lancée. Elle s’était diffusée dans l’air, un parfum de fin du monde les envahissait insidieusement, avec la conviction partagée que le sablier s’était retourné, probablement le dernier réveillon avant l’explosion. On avait juste envie de s’amuser, ensemble, une dernière fois, de garder cette soirée comme un souvenir merveilleux qu’ils pourraient évoquer plus tard en se disant : Au moins, on a été heureux.

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