Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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– Je suis navré pour vous parce que vous êtes un homme bien, dit-il à Joseph, mais votre fils, Martin, est un voyou. Un petit voyou. Je ne vois pas ce qu’on peut dire d’autre. Il a commencé jeune et son casier judiciaire est désespérant. Une litanie de condamnations. Vols, violences et trafics en tout genre. Ç’a été de pire en pire. Avec les dossiers de mineur, il a quatorze condamnations à son actif. À quarante ans, il a déjà passé treize ans derrière les barreaux. Là, il purge une peine de cinq ans pour trafic de stupéfiants et il est mis en examen dans un autre dossier de stups qui est à l’instruction. Il va prendre encore quatre ou cinq ans et sans confusion de peine car il n’obtiendra aucune indulgence. Un collègue qui le connaît m’a raconté son histoire. Il s’est fait prendre à seize ans, au lycée, à dealer, puis dans des boîtes de nuit. Petit consommateur, petite condamnation, sursis. Au début, ils font pitié, on espère qu’ils vont s’en sortir, mais lui, il a continué, recondamnation, mise à l’épreuve, cumul de quatre sursis, cures de désintox, deal, réseau de trafiquants, coups et blessures. Il a fait le malheur de sa famille, son beau-père en a eu marre de raquer pour lui et il l’a foutu dehors, divorce avec la mère.

– Vous êtes sûr ? l’interrompit Joseph.

Mahaut fouilla dans le dossier, sortit une feuille de papier photocopiée recto verso.

– Elle s’est mariée en juillet 58 avec Georges Lavant. Et ils ont divorcé en 76.

– Ce n’est pas possible qu’elle se soit remariée, on n’a jamais divorcé.

– Je ne sais pas comment elle a fait. Il y a eu deux années où Martin s’est tenu tranquille. Il a vécu avec une femme mais elle l’a laissé tomber. Il n’y a rien à en tirer, croyez-moi. Les types comme lui ne s’en sortent pas. À son âge, un voyou reste un voyou. Ils ne savent pas quoi faire d’autre. Ils ont besoin d’argent facile. C’est une planche pourrie. Vous perdez votre temps avec lui. Oubliez-le et rentrez chez vous. Sinon, il va faire comme avec son beau-père et avec sa mère, il va vous dépouiller.

Assis derrière une table en bois, Joseph attendait dans un espace compartimenté par deux cloisons blanches montant à mi-hauteur. La pièce comportait sept boxes de chaque côté. D’étroits vasistas ouverts laissaient entrer un peu d’air dans cette salle surchauffée par le soleil. Un gardien en uniforme bleu marine, mains dans le dos, faisait des allers-retours dans le couloir de circulation ou s’immobilisait, dos à la porte, pour surveiller le parloir. Trois des quatorze boxes n’étaient pas occupés. Les détenus, de tous âges, en chemise ou en tee-shirt, bavardaient avec des visiteurs, la plupart avec une femme seule, certains portaient un enfant sur leurs genoux et la femme un autre. Beaucoup se tenaient la main par-dessus la table. Les néons leur faisaient à tous des têtes blafardes. La chaleur incommodait les enfants. Le bruit des conversations retenues se mélangeait dans un brouhaha d’où émergeaient les pleurs d’un bébé que sa mère berçait.

À côté de la porte, deux lumières, une bleue et une rouge, s’allumaient pour signaler les entrées et les sorties. Un surveillant ouvrit la porte de communication de l’extérieur. Joseph vit entrer un homme d’une quarantaine d’années avec un visage fatigué, des cheveux clairsemés et une barbe de plusieurs jours. L’homme portait une chemise rayée fripée et un blue-jean. Il s’immobilisa comme s’il était sur ses gardes.

Joseph avait pensé qu’en voyant Martin, il ressentirait un signal affectif ou une vibration, une clochette intérieure le préviendrait : c’est lui ton fils enlevé à l’âge de six ans. Il était convaincu que la voix du sang parlerait, qu’elle le soulèverait, les projetterait l’un contre l’autre, qu’ils s’étreindraient avec force en se donnant des tapes dans le dos. Martin aurait crié : « Papa, papa ! » Et Joseph : « Mon fils, mon chéri ! » En détaillant cet homme, Joseph se demanda si c’était bien Martin. Il se trompait peut-être. Il ne ressentait rien de particulier. Ils ne se ressemblaient pas.

C’était gênant.

Le regard de l’homme fit le tour de la pièce et s’arrêta sur Joseph qui occupait le seul box libre. Il se détendit et s’avança. Joseph se leva. Ils restèrent quelques secondes face à face.

– Monsieur, dit l’homme en le saluant d’un mouvement de tête.

– Martin ?

En entendant son prénom, Martin fronça les sourcils.

– On se connaît ?

– Martin, c’est moi. Je suis Joseph. Je suis ton père.

– Mon père ! Qu’est-ce que vous racontez ? Mon père, il est mort.

– Je suis Joseph Kaplan. Et tu es Martin, mon fils.

Le visage de Martin s’empourpra. Il eut comme un rictus de douleur et fut sur le point de crier. Il serra les poings.

– Elle m’a menti ! Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas possible. Elle n’a pas fait ça.

Martin se mit à tanguer d’un pied sur l’autre, sa respiration s’accéléra. Il donna un violent coup de la main sur la table qui fit sursauter tout le monde. Des têtes se dressèrent au-dessus des cloisons. Le surveillant s’approcha.

– Qu’est-ce qu’il y a ?

– C’est rien, chef, dit Martin.

– On se calme, fit-il.

Il s’éloigna et reprit sa ronde.

Martin fixait Joseph d’un air hostile.

– Qu’est-ce qui me le prouve ? demanda-t-il.

– Pourquoi je viendrais te dire ça ? Quel intérêt ?

– J’en sais rien. Vous êtes peut-être dérangé. Comme elle.

– Tu ne veux pas t’asseoir ?

Martin se laissa tomber sur la chaise, Joseph s’assit en face de lui. Martin gardait les yeux fermés, la tête baissée. Il avait le front en sueur.

– Elle m’a toujours dit que vous étiez mort.

– Tu n’as aucun souvenir ?

Martin secoua la tête.

– Aucun ? répéta Joseph. Ni de moi, ni d’Helena ?

– Qui c’est Helena ?

– C’est ta sœur. Elle a deux ans de plus que toi.

– Ah bon… Non, je ne me souviens de rien. Elle m’a dit que vous aviez eu un accident, que vous étiez mort. Et puis, je n’y ai plus pensé. Il y avait bien quelques images dans ma mémoire mais je ne savais pas d’où elles venaient.

– Vous habitiez où ?

– À Saint-Étienne. Avec ma grand-mère. Et puis, il y avait Georges.

– Georges ? Son mari ?

– C’était comme mon père. On a aussi vécu à Paris. C’est confus dans ma tête. Pourquoi vous venez maintenant ?

– Tu peux me tutoyer.

– Pourquoi après tout ce temps ?

– Avant, ce n’était pas possible. Il y avait le Mur.

– Quel mur ?

– Le mur de Berlin.

– Mais c’était en Allemagne. Vous étiez en Tchécoslovaquie.

– On n’était pas libres. C’était une gigantesque prison. Avec des centaines de millions de gens à l’intérieur.

– Qu’est-ce que c’est que ces salades ? Vous n’avez rien fait pour me retrouver.

– Qu’est-ce que je pouvais faire ? Tu ne sais pas comment on a vécu. Ce n’était pas une plaisanterie. On était enfermés. Avec des miradors, des chiens policiers et des milliers de kilomètres de barbelés. Il y avait même une fausse frontière. Ceux qui la franchissaient croyaient être arrivés en Allemagne et ils se reposaient. C’était un piège pour les arrêter plus facilement. Je ne pouvais pas partir, il y avait Helena, elle était trop jeune, on se serait fait prendre. Et je ne pouvais pas l’abandonner. J’étais coincé.

– Mais pourquoi avoir autant attendu ? Je ne sais pas, moi, si j’avais eu un enfant, on ne me l’aurait pas enlevé. Je me serais battu, je me serais défendu.

– J’ai essayé au début. Avec le ministère, avec l’ambassade, mais à l’époque, ce n’était pas possible, il n’y avait rien à faire.

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