Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Ce n’était pas l’envie qui avait manqué aux dirigeants polonais ou allemands, ils auraient sans états d’âme zigouillé des milliers de leurs compatriotes, mais, en face d’eux, l’Empereur avait décrété qu’on ne tirerait pas. Et ils n’imaginaient même pas pouvoir désobéir. Gorbatchev, cet apparatchik secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique, avait décidé qu’on n’utiliserait plus la force pour contraindre le peuple. La liberté ne se discute pas, elle ne se marchande pas et ne se divise pas. C’est tout ou rien.

Dans la stupéfaction et l’incrédulité générales, la contagion se répandit dans l’Empire. Les régimes vermoulus, à bout de souffle, d’idées et de légitimité, s’effondrèrent à une vitesse sidérante. Le 9 novembre 89, le mur de Berlin s’écroula et le monde communiste sombra avec lui.

Joseph regretta que le premier dirigeant soviétique à avoir voulu instaurer un socialisme à visage humain ait été le dernier.

– Dommage surtout qu’il ait été communiste, répondit Helena en allant rejoindre les centaines de milliers de manifestants de la place Venceslas.

Une semaine après la chute du Mur et en deux jours, les Tchèques se débarrassèrent de leur Parti communiste sans qu’une goutte de sang soit versée. On jeta aussitôt les drapeaux rouges et les symboles de l’oppression, on retira le mur de fer barbelé qui ceinturait le pays vers l’Allemagne de l’Ouest : on pouvait enfin sortir librement du pays.

On pouvait y entrer aussi.

Début décembre, un ciel d’étain recouvrait Prague, le grésil commençait à verglacer. Dans les rues en pente du Hradčany, les passants faisaient attention à ne pas glisser. Chaussé de ses après-ski, Joseph avançait en tenant un sac de provisions. Il croisa une femme avec un chien, bavarda deux minutes avec elle, caressa la tête de l’animal et reprit son chemin. Sur le trottoir, en face de l’Académie de musique, un homme massif qui s’appuyait sur une canne lui barra le passage. Il portait un pardessus à chevrons clairs ouvert sur un ventre proéminent, une abondante chevelure blanche lui couvrait les oreilles et formait une queue-de-cheval sur sa nuque. Joseph s’écarta et dépassait l’homme, quand ce dernier l’appela dans son dos :

– Joseph !

Joseph se retourna lentement, l’homme vint à sa rencontre. Ils se dévisagèrent quelques secondes.

– Pavel ? murmura Joseph.

Pavel acquiesça. Ils restèrent ainsi à se redécouvrir, puis Pavel écarta les bras, sa canne lui échappa, ils s’étreignirent et s’embrassèrent.

– Ça fait combien de temps ? demanda Joseph, ému.

Pavel chercha un peu.

– J’ai fui en 51. Ça fait… trente-huit ans ! C’est si loin maintenant… Je suis tellement heureux, tu ne peux pas savoir, vieux frère. Tu n’as pas changé, toi, toujours aussi beau, moi j’ai pris quarante kilos.

– Pavel, je suis désolé, Tereza est morte.

– Ah bon ?

– L’année dernière, une méchante pneumonie. On n’a rien pu faire.

– Bon sang ! J’aurais tellement voulu la revoir.

– On a vécu ensemble pendant presque trente ans.

– Je ne savais pas.

– On était très seuls tous les deux.

– Je ne t’en veux pas. On n’a pas choisi nos vies. Je suis sûr qu’elle a été heureuse avec toi.

– C’était longtemps après ton départ et bien après celui de Christine.

– C’est pour ça ! J’aurais dû m’en douter. Un jour, c’était en mai 68, je l’ai croisée à Paris. Rue Vavin. Je l’ai reconnue et elle aussi, j’en suis sûr, elle m’a dit que je me trompais, qu’elle ne s’appelait pas Christine, mais c’était elle. La même voix, la même allure. Toi, tu n’étais pas physionomiste, moi si.

Joseph resta songeur, il s’efforça de sourire.

– Et puis Ludvik et Helena sont mariés, ils ont trois enfants.

Quand Ludvik ouvrit la porte, il découvrit un homme corpulent aux cheveux blancs en bataille dans l’encadrement de la porte et Joseph en retrait. Son regard alla de cet homme à Joseph, retourna à l’homme qui le dévisageait avec un sourire inquiet. Et puis, il comprit. Il resta pétrifié, des larmes se mirent à couler sans qu’il fasse rien pour les retenir. Il hoquetait, sa mâchoire tremblait, mais il n’arrivait pas à bouger. Ses pleurs attirèrent Helena.

– Qu’est-ce qu’il y a, Ludvik ?

Son mari pleurait dans les bras d’un homme âgé qui lui tapotait l’épaule. À son tour, elle découvrit Pavel. Elle lui sauta au cou, l’embrassa avec fébrilité et cria :

– Antonin, les filles, venez, votre grand-père est de retour !

Pavel était venu pour retrouver sa famille et l’atmosphère du pays (le brouillard lui manquait), pourtant il ne pensait pas rester longtemps. Une semaine au plus.

Ludvik dut insister, le menacer de ne plus jamais le revoir s’il repartait si vite. Pavel accepta (presque à regret) de s’installer chez lui. Il affirma que les revenants ne devaient jamais emmerder les vivants, sinon c’était un film d’horreur. Mais il se montra intraitable et refusa de passer les fêtes avec les siens. En arrivant, il ignorait ce qu’il allait trouver, qui était vivant ou mort. Il s’était préparé au pire depuis toujours et n’attendait rien de précis. Il y avait un trou de trente-huit années. Une vie entière. Il s’était organisé avec sa solitude, il avait besoin de temps pour s’habituer à l’idée d’avoir à nouveau une famille et se rappeler à quoi elle servait.

Il raconta la bonté et le courage d’un patron pêcheur turc, sa fuite dans la cale de son bateau, son arrivée au port de Kihikoy et sa vie difficile de réfugié politique à Paris, les amis qu’il s’était trouvés dans un club d’échecs. Comment il avait cru mourir de chagrin, s’était laissé aller à trop boire et trop manger, et puis comment la blessure avait fini par s’étioler et cicatriser. Comment il avait rangé Tereza et Ludvik dans un coin de sa mémoire, un beau souvenir qui ne le faisait plus souffrir.

– Une fois qu’on a réussi à faire son deuil, on n’a plus envie de retourner au cimetière.

Il découvrit ses petits-enfants. Antonin était en troisième année de médecine, parlait peu et écoutait attentivement, Anna voulait devenir journaliste dans la presse féminine et Klara, encore au lycée, n’avait envie de rien. Ce grand-père ressuscité, avec son catogan et sa vie mystérieuse, les fascinait, elles lui posèrent cent questions auxquelles Pavel ne sut pas répondre. Ses petites-filles l’interrogèrent sur les tendances de la mode parisienne. Pavel essaya de les secouer (mentalement). Cela le désolait de constater que la jeune génération ne pensait qu’à s’acheter des vêtements hors de prix, à regarder des séries américaines et à faire la fête.

– On s’est battus pour que vous ne soyez plus victimes de l’exploitation, pas pour que vous deveniez de gentils consommateurs.

– On pourra venir te voir à Paris ? demandaient Anna et Klara.

Antonin était le seul à s’intéresser vaguement à la politique. Pour les vacances, il préparait un grand périple à moto avec son meilleur copain (ils passaient leur temps libre à réparer une vieille Norton fatiguée) pour visiter l’Europe, découvrir les gens et comment ils vivaient. Après, quand il aurait son diplôme, il avait décidé de travailler quelque part en Afrique.

En Tanzanie, peut-être.

Ludvik demanda un congé exceptionnel, mais avec les événements, il y avait tellement de travail que ce ne fut pas possible. Il réussit à grappiller quelques heures chaque jour pour passer du temps avec son père. Il n’arrivait pas à comprendre que Pavel veuille rester en France et ne revienne pas s’installer définitivement dans son pays.

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