Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Joseph n’avait pas envie de s’expliquer. L’insistance de Helena l’avait mis mal à l’aise. Il avait trouvé deux ou trois bons arguments pour justifier son refus, pensait qu’elle sauterait le pas et partirait avec Antonin. Lui, c’est ce qu’il aurait fait. Mais il ne l’encouragea pas à s’en aller. Autant se planter un poignard dans le cœur.

Après l’invasion, quand ça commença à chauffer, il vit à quel point les jeunes étaient excités et voulaient en découdre. Il savait qu’après, ce serait pire, que le Parti leur ferait payer leurs envies de liberté. Il se demanda alors si cela valait la peine de rester et de passer sa vie dans une prison à ciel ouvert. Peut-être pourrait-il recommencer ailleurs ? Mais pas à Paris. Il s’était juré de ne jamais y retourner. Il ne voulait pas y faire de mauvaises rencontres. Il y avait là-bas un fantôme qu’il ne voulait pas croiser. Et puis, un jour après l’autre, il n’y eut pas de répression brutale, pas de vengeance, et à la surprise générale, Dubček fut maintenu au pouvoir. Helena traversa une sale période, elle participa à tous les mouvements de protestation, et ça la déprimait plus que tout. Il fallut prendre sur soi, revenir en arrière, chasser ces rêves insidieux qui avaient enchanté le printemps.

Au début, Joseph avait imaginé qu’elle pourrait partir seule et lui laisser le gamin. Un soir, il lui avait dit entre deux portes :

– Ne t’inquiète pas, tu sais. Je serai toujours là pour Antonin. Je m’occuperai de lui.

Elle l’avait dévisagé comme s’il était devenu fou.

– Qu’est-ce que tu crois ? Que je vais laisser mon fils ? Pour qui tu me prends ?

Quelques jours plus tard, ils attendaient Ludvik qui était en retard pour le dîner. Tereza faisait jouer Antonin. Joseph eut un frisson. Il crut voir Christine. Helena regardait par la fenêtre, les yeux perdus dans le lointain, son épaule appuyée contre le mur, elle se coiffait et passait inlassablement, interminablement, la brosse dans ses cheveux courts.

Le 13 avril 69, on fêtait les deux ans d’Antonin. Ce jour-là, Ludvik attendit Helena à la sortie de l’Académie de cinéma. Elle ne fut pas surprise de le voir. Depuis quelques mois, il passait souvent la chercher. Il l’avait beaucoup soutenue pendant les mois qui avaient suivi l’invasion (en réalité, ils s’étaient soutenus mutuellement). Sans lui, elle ne savait pas ce qui serait arrivé. Il l’avait empêchée de commettre une grosse erreur en lui conseillant de ne pas poursuivre le mouvement de protestation avec ses camarades de l’Académie.

« Maintenant, cela ne sert plus à rien. Faisons notre travail et vivons tranquilles. »

De son côté, elle lui avait remonté le moral quand son amie lui avait signifié brutalement leur rupture. Magda avait téléphoné au journal. Il pensait qu’elle appelait pour lui donner rendez-vous à la cantine mais elle lui avait annoncé sans ménagement que c’était fini entre eux, leur histoire était une erreur, elle tenait à son mari et à sa famille plus qu’à tout. Petr avait montré sa générosité en lui pardonnant son écart, et donc adieu.

Ludvik en était resté tétanisé. Mais, passé le premier choc, il s’en était plutôt bien remis.

« Elle n’était pas si intéressante que ça, tu sais, c’était purement physique. Il n’y avait rien d’autre entre nous, tu comprends ? » avait-il dit à Helena.

Heureusement, Magda avait quitté le journal. Il n’avait plus à la croiser dans les couloirs. Elle avait suivi Petr à Ostrava, où il avait trouvé un poste de soudeur.

Ludvik avait acheté un jeu de cubes pour Antonin (il lui achetait un jouet par semaine) et un livre pour elle. Il lui achetait des livres d’occasion français (un par mois environ). On aurait pu craindre qu’après s’être tellement engagé avec les réformistes et avoir réclamé la démocratie en assemblée générale, Ludvik ait des problèmes avec la nouvelle direction, mais il avait été nommé chef de service au Rudé právo .

« Huit responsables ont fui à l’étranger, expliquait-il. Je ne me fais guère d’illusions, c’est un avancement pour combler les trous. »

Helena avait les pires difficultés avec le cours d’optique. C’était très technique. Elle n’en voyait pas l’intérêt mais il n’y avait pas moyen d’y couper. Ils marchèrent côté à côte et elle lui exposa ses problèmes de diffraction et de réfraction, de prisme et de dioptre, il l’écouta comme si cela le passionnait. Elle s’arrêta pour allumer une cigarette. Il la fixa droit dans les yeux, il était assez rouge et respirait de façon hachée.

– Helena, est-ce que tu veux m’épouser ?

Elle ne sut pas trop quoi répondre. Peut-être avait-elle mal entendu.

– Tu veux qu’on se marie, tous les deux ?

– Je me suis dit que ce serait le meilleur choix qu’on pourrait faire. Qu’est-ce que tu en penses ?

– Je ne sais pas, Ludvik, il faut que je réfléchisse.

– Parce que moi, je t’aime vraiment. Je n’arrête pas de penser à toi. On était promis l’un à l’autre. Et même si on a attendu, ça nous a permis d’avoir plus d’expérience. Maintenant, ça renforce ma conviction.

– Je n’avais pas imaginé qu’on se marierait ensemble.

– Il n’y a pas longtemps, ça nous aurait semblé évident. On était bien tous les deux, non ?

– C’est vrai, mais il s’est passé tellement de choses dans nos vies. Je ne sais plus où j’en suis, je dois faire le point, Ludvik, laisse-moi du temps.

– Tu n’es pas pressée. Ce n’est pas une obligation, on peut aussi vivre ensemble sans être mariés.

Helena était gênée de se montrer si peu enthousiaste. Elle se refroidissait elle-même. Elle s’efforça de lui sourire, chercha une parole encourageante mais qui ne l’engagerait pas trop, quelque chose qui lui laisserait de l’espoir sans la ficeler. Aucune idée ne se présenta.

– Faut voir, fit-elle.

Helena ne savait pas quoi faire. Un jour, elle s’apprêtait à dire oui, et quand elle se trouvait devant Ludvik, elle se taisait. Mille raisons la faisaient reculer et quelques-unes pouvaient la décider à accepter. Elle tardait, craignait qu’il finisse par renoncer et s’affolait, pensait que c’était une sacrée opportunité. Elle ne se voyait pas avec un autre homme, faire la belle, rire, séduire, être aimée par un inconnu, cette seule idée l’horrifiait. Ludvik au moins, elle le connaissait. Peut-être que si elle le laissait trop lanterner, il finirait par se lasser et aller voir ailleurs. Elle n’avait personne à qui demander conseil. Joseph était le seul à qui elle aurait eu envie d’en parler, mais elle se doutait de sa réponse. À son tour, elle alla chercher Ludvik au journal.

– Tu es toujours d’accord pour qu’on se marie ?

– Bien sûr, je n’attends que ça.

– Et Antonin ?

– Si tu veux, je l’adopte.

– Il n’y a qu’à se marier.

– C’est formidable.

– Oui.

Joseph et Tereza furent ravis de ce dénouement. À nouveau, Joseph surprit, à deux reprises, Helena se brossant les cheveux, d’un geste machinal, toujours recommencé (mais il n’en parla à personne).

Oui, cela le dérangeait vraiment.

Ce fut un mariage socialiste. En petite pompe.

Il y avait eu de nombreux signes avant-coureurs. Des revendications d’indépendance, d’autonomie et de démocratie clamées haut et fort contre le Parti. En Pologne, en Hongrie et à présent en Allemagne de l’Est. Le pouvoir communiste ne réagissait plus. Comme ces cadavres qui continuent de tressaillir après la mort. En d’autres temps, cette agitation n’aurait pas duré cinq minutes. On aurait arrêté et condamné les meneurs, ça aurait calmé les autres. Jamais un Brejnev n’aurait toléré les rodomontades de Solidarność, il aurait envoyé les tanks à Gdańsk, ils auraient tiré sur les ouvriers du syndicat, ils en auraient tué jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus dans les rues. Le monde entier aurait protesté et, après, on n’en aurait plus entendu parler. Et voilà que le meilleur allié de l’Empire commençait à gronder, des dizaines de milliers d’Allemands défilaient dans les rues à jour fixe. Silencieusement. Pacifiquement. Sans que personne s’interpose. Comme s’il n’y avait plus de police ou d’armée dans ce pays.

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