Guenassia, Jean-Michel - La Vie rêvée d'Ernesto G.

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La Vie rêvée d'Ernesto G.: краткое содержание, описание и аннотация

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Tenir jusqu’au bout.

Le mardi 26 juillet 66, une réunion des responsables de la troisième section de la Sécurité intérieure en charge de la lutte contre l’ennemi de l’intérieur examina le cas de Joseph Kaplan. Sourek fit un tour de table des enquêteurs. Il avait au préalable analysé les rapports, lu avec attention les comptes rendus d’interrogatoires. Force était de reconnaître qu’on n’avait rien tiré de lui. Hormis un lieutenant qui préconisait la poursuite des investigations mais sans fournir de raisons objectives, les onze autres furent d’avis que cela ne servirait qu’à perdre son temps. Sourek reconnut son erreur. Personne ne lui en voulut. On ne pouvait pas réussir à tous les coups.

Souvent, le pêcheur ne ramène rien à la surface.

Après sept jours et six nuits, il fut donc décidé de libérer Joseph Kaplan. On lui permit de prendre une douche chaude, un coiffeur le rasa, on lui donna une chemise verte, un costume gris trop grand pour lui et des chaussures cloutées. On le fit attendre dans une cellule propre. Et, en fin d’après-midi, sans un mot, on le mit dehors. Joseph se retrouva rue Bartolomejska, leva la tête et ne vit que du ciel bleu.

Il souriait, se disant que ce ciel était magnifique, quand il vit Helena se précipiter vers lui. Elle se jeta dans ses bras. Elle l’embrassait, lui palpait le visage, les larmes aux yeux. Il lui caressa les cheveux. Ils restèrent serrés longtemps l’un contre l’autre.

Helena lui posa plein de questions mais Joseph ne voulait pas parler. Il ne dit pas un mot des conditions de sa détention ni des mauvais traitements qu’il avait subis. Même plus tard, avec Tereza, il refuserait d’en parler. Il avait horreur des gens qui se plaignaient (lui, personne ne lui avait planté un couteau dans le cœur). Il ne savait pas si c’était la peur qui lui clouait le bec ou s’il ne voulait pas devenir une victime.

Ou un peu des deux.

– Je suis là. Nous sommes à nouveau réunis. C’est le principal.

Joseph décida de rentrer à pied. Il avait besoin de se dégourdir les jambes et de respirer. Il savourait sa ville retrouvée. Il avançait en se tenant le bras gauche. Helena le trouva amaigri et fatigué.

– C’est ce costume de policier qui me donne mauvaise mine. Et Ernesto ? Où est-il ?

– Ernesto est reparti chez lui.

– Ah bon.

Elle baissa la tête, songeuse.

– Tu veux qu’on en parle ? dit-il.

– Ce n’est pas utile. Ça ne le fera pas revenir.

– Je crois que c’est une bonne chose. Vous deux, ça n’aurait pas marché.

– On ne le saura jamais. Tu sais, il t’aimait beaucoup.

– Moi aussi, je l’aimais bien. Helena, tu es jeune, tu as la vie devant toi. Ce n’était pas un homme pour toi.

Il la prit par l’épaule et ils avancèrent ainsi. Cette tempête les avait tourneboulés. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas éprouvé ce sentiment de calme. Ni Helena, ni Joseph n’évoquèrent les épreuves traversées. On fit comme si c’était une interpellation ordinaire pour lui, une séparation banale pour elle.

Une autre façon de continuer à vivre ensemble.

Note

2. Traduction de Louis Viardot, éd. BeQ.

3. Va te coucher.

4. Entrez !

5. Poème d’Ernesto Guevara.

Joseph avait changé. Des choses qui, auparavant, ne retenaient pas son attention revêtaient désormais une importance particulière. Par exemple, il tenait à ce que la famille se réunisse au moins une fois par semaine. Ils étaient convenus de déjeuner ensemble tous les dimanches. Ludvik, qui n’avait pas une vie facile avec sa maîtresse (il ne pouvait la voir qu’un dimanche sur deux quand le Sparta jouait à domicile, au Letna Stadium, parce que son imbécile de mari ne ratait aucun match de son équipe favorite), s’arrangeait pour passer en coup de vent. De même, avant Joseph ne prêtait pas attention aux fêtes, maintenant il voulait les célébrer et « marquer le coup », comme il disait.

– Une famille, c’est comme une chorale, quand il en manque un, les autres chantent faux.

Quand il avait lancé cette affirmation, Tereza et Helena s’étaient regardées, surprises. Les anniversaires étaient désormais des étapes sacro-saintes. S’ils étaient à Kamenice, Joseph et Tereza revenaient exprès à Prague. Sinon, Helena et Ludvik faisaient le déplacement.

– Même pour une soirée, ça vaut la peine, non ?

La famille s’était agrandie. Le 13 avril 67, Antonin était né. Un bébé tout rose avec un air posé et des yeux marron perçants. Helena le déclara de père inconnu. Personne ne posa de questions. Elle avait été admise à l’Académie de cinéma, des études chronophages avec des horaires de fou. Tereza avait hérité d’Antonin. Elle n’attendait que ça. Ça lui donnait une bonne raison pour fuir Kamenice et rester à Prague. Jamais bambin n’eut autant de brassières. Joseph en avait profité pour s’organiser et ne passait plus que trois jours au sanatorium, il avait réussi à faire embaucher un jeune médecin dévoué et consciencieux et espérait passer la main prochainement.

Le 9 octobre 67 était un grand jour. Helena fêtait ses dix-neuf ans. Pour l’occasion, Joseph avait décalé le déjeuner du dimanche au lundi soir. Pour une fois, tout le monde était à l’heure et personne n’était pressé. Tereza avait préparé un dîner de gala qui l’avait retenue tout l’après-midi dans la cuisine. Joseph s’était occupé d’Antonin, lui avait fait prendre un bain et l’avait langé. Helena arriva la dernière, à 19 heures, couverte de plâtre et de peinture, car elle travaillait aux décors d’un film. Elle prit une douche et donna le biberon à Antonin. Le dîner fut excellent et enjoué. Joseph apporta le gâteau au chocolat en le portant à bout de bras. Helena souffla ses dix-neuf bougies d’un coup. Ce fut le moment des souhaits et des embrassades. Puis chacun remit son cadeau. Tereza avait tricoté un pull violet.

– Je sais, ce n’est pas très original, mais un beau gilet, on en a toujours besoin.

Ludvik lui offrit Quai des brumes , de Mac Orlan. Helena, qui avait tellement aimé le film, fut folle de joie à l’idée de lire le roman qui l’avait inspiré et de pouvoir réfléchir au travail de l’adaptation. Joseph lui tendit un paquet enveloppé d’un papier blanc de la taille d’une boîte à chaussures. Helena découvrit un radio transistor portable Philips en plastique beige et vert.

– Tu as pu en avoir un ! s’écria-t-elle en lui sautant au cou.

– Il est inutile de me demander comment j’ai réussi à me procurer ce matériel capitaliste. Cela contribuera probablement à aggraver mon dossier. J’espère qu’il marche parce que, pour le service après-vente, il faudrait passer à l’Ouest.

L’appareil pesait dans les trois kilos, ses deux antennes métalliques permettaient de capter les ondes longues et moyennes. Helena demanda comment il marchait. Joseph enfonça un des cinq boutons de la façade, la radio se mit à grésiller. Il fit tourner la molette de gauche et capta différentes stations. Un speaker parlait en allemand, un autre en anglais. De la musique d’opéra, une discussion dans une langue inconnue, sans doute du hongrois, une publicité en français pour un magasin de meubles sur les Grands Boulevards. Joseph regarda le cadran des stations.

– C’est Radio Luxembourg.

Le carillon retentit pour le journal parlé de 21 heures :

– « L’actualité, ce soir, est dominée par la confirmation de la mort d’Ernesto Guevara en Bolivie… »

La première réaction d’Helena fut : « Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas le mien. »

Joseph augmenta le son, ils se rapprochèrent et firent comme un rempart autour de l’appareil, tête baissée vers la lumière jaune.

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