— Oui !
— Euh !
— Quoi ?
— Qu’est-ce que vous pouvez me dire ?
— Je peux vous dire que vous ne savez plus votre texte…
— Si vous étiez intelligent, dites-moi donc qu’est-ce que je dois vous demander à présent ? Votre Sérénité, pouvez-vous me dire, c’est très important, concentrez-vous, pouvez-vous me dire quel est le numéro du compte en banque de monsieur ?
— Oui.
— Vous pouvez le dire ?
— Oui !!
— Vous pouvez le dire ?
— Oui !!
— Il peut le dire !! Bravo ! Il est extraordinaire, il est vraiment sensationnel. Votre Sérénité, quelle est la nature du sous-vêtement de monsieur ?
— Monsieur porte un slip.
— Oui. De quelle teinte ?
— Saumon fumé.
— Tiens, tiens, en quoi est-il ?
— En chachlick mercerisé.
— Ah ! Il a un signe particulier ?
— Oui. Il y a quelque chose d’écrit dessus.
— Quoi donc ?
— Suivez la flèche.
— C’est merveilleux. Tout à fait extraordinaire ! Votre Sérénité, monsieur que voici que voilà a-t-il un signe particulier ?
— Oui, un tatouage.
— Ah ! Un tatouage ! Très intéressant ! C’est bien exact, n’est-ce pas ? Je ne le lui fais pas dire ! C’est bien exact ! Et où se trouve situé le tatouage de monsieur ?
— Je suis extrêmement fatigué, je m’excuse…
— Allons, allons, voyons… Monsieur Schumaker !
— … C’est très délicat et je suis fatigué.
— Il est dans un état épouvantable, excusez-le. Votre Sérénité, je vous demande où se trouve situé le tatouage de monsieur ?
— Le tatouage de monsieur est situé à un endroit que l’honnêteté et la décence m’interdisent de préciser davantage.
— Ah ! bon, mais qu’est-ce que vous entendez par là ?
— Oh ! par là j’entends pas grand-chose !
— Je vous prie de vous concentrer davantage, espèce de malotrou ! Alors, que représente le tatouage de monsieur, s’il vous plaît ?
— Bon ! Le tatouage de monsieur représente… enfin lorsque monsieur est en de bonnes dispositions… le tatouage représente : d’un côté la cueillette des olives en Basse-Provence, et de l’autre un épisode de la prise de la Smalah d’Abd el-Kader par les troupes du duc d’Aumale en mil huit cent quarante-trois.
— Ah ! Parfait ! Et de plus ?
— Et c’est en couleurs !
— Ah ! C’est en couleurs ! Bravo ! Mes félicitations, monsieur ! Vraiment, si, si, vraiment très bien ; mes compliments, madame ! Madame a de la lecture pour les longues soirées d’hiver, c’est parfait. Votre Sérénité, vraiment, vous avez été extraordinaire, c’est vrai, vraiment, il est vareuse… il est vareuse…
— Eh !..
— Non, il est unique, pardon, je me suis trompé de vêtement, mais ça ne fait rien. Il ne me reste plus qu’à envoyer des baisers à l’assistance publique. Bonsoir, mesdames, bonsoir, mesdemoiselles et bonsoir, messieurs.
Le grand petit monde de Pierre Dac est composé de personnages sortis de son imagination qu’il a utilisés pendant cinquante ans, au hasard de ses sketches, éditoriaux et feuilletons. Une famille loufoque dont voici les membres principaux, cités par ordre analphabétique…
Sosthène Veauroulé
Léontine Vazymou
Albert Tunoulès
Célestine Troussecotte
Adjudant Tifrisse
Amadeus et Julius Schpotzermann
Johnny Pullmann
Commissaire Poiloluc
Révérend père Paudemurge
Sébastien Mouchabeux
Antonin Michazéreau
Slalom Jérémie Ménerlache
Isidore Lapilule
Nicolas Leroidec
Jonathan Lesrenforarrive
Alexandre Lehihan
Zorbec Legras
Léon Lamigraine
Guy Landneuf
Hubert de Guerlasse
Arthur Gouldebaume
Anatole Glockenspiel
Wilhem Fermtag
Jules et Raphaël Fauderche
Sylvain Étiré
Antoinette Duglambier
Jean-Marie Coldepatte
Gédéon Burnemauve
Napoléon Bougnaplat
Philémon Baucishuit
Marie-Louise Badufiacre
Marie-Chantal Avanterme
Moïse Asphodèle
Et réciproquement…